you got a friend in me (jules)

J’étais complètement décalqué ce matin-là, j’avais quitté l’appartement de Manny un peu avant deux heures et n’avait atterrit dans mon lit qu’une demi-heure plus tard. La piqure du réveil à six heures du mat’ avait été violente. La douche et les trois cafés qui avaient suivi avait à peu près réussi à me donner forme humaine, et si mon corps était crevé, mon esprit, lui, était aux anges. Je me sentais bien, étrangement bien même et je n’avais pas éprouvé cela depuis longtemps. Cette espèce de sérénité enivrante qui faisait complètement oublier la fatigue. Sur le chantier, je bossai avec entrain, sifflotant presque. En débochant, je pris la route pour rentrer à Bowen et trouvai une place assez rapidement - par miracle - en centre ville. Quand j’entrais dans le Hendrix, mon pote Jules était déjà installé à une table, je le rejoignis tout sourire.
— Ca fait plaisir de te voir, lui dis-je en tapant affectueusement l’épaule.
Je viens m’asseoir en face de lui.
— Dernière fois que tu m’ghostes ! fis-je en pointant un doigt faussement accusateur vers lui, un grand sourire aux lèvres.

@jules keynes

Tu avais laissé de côté toute la famille Rutkowski depuis que Charlie sortait avec Woody. Pourtant, t’étais très ami avec Avery et Elias, dans le temps. Par contre Nevaeh restait toujours quelqu’un qui te rendait indifférent, et puis en plus elle te détestait de tout son être alors bon. Mais quand Elias t’avait engueulé par message, tu avais fais des courbettes pour t’excuser. En même temps, tu lui devais bien ça. Vous aviez convenu d’une heure pour aller boire un verre au Hendrix et rattraper le temps perdu. Tu étais arrivé en sortant du journal où tu bossais et tu avais pris une table à l’intérieur. T’avais attendu qu’il arrive pour commander quelque chose. Mais il arrivait néanmoins assez rapidement. Du coup, tu te levé quand il arrivait à la table pour le saluer. « Moi aussi ça me fait plaisir, mec » dis-tu en répondant à son accolade. Vous vous asseyiez ensuite et c’est là qu’il te demandait de ne plus faire le fantôme avec lui. Son doigt accusateur et son petit sourire sur les lèvres te faisait rire. « Oui, pardon, promis j’arrête » dis-tu avec un rire. Puis tu reprenais une attention un peu plus sérieuse envers ton ami. « T’as une petite mine, il était bien ton date hier soir ? » demandas-tu ensuite avec un sourire en coin.

J’étais du genre à défendre ma famille bec et ongles, à devenir fou quand quelqu’un touchait à un cheveu de ma tribu, aussi ne pouvait-je pas vraiment en vouloir à Jules pour son attitude. Si j’avais trouvé ça injuste de me faire porté les agissements de mon frère ainé, je devais admettre qu’à sa place, je n’aurais pas faire les choses différents. Woody était malheureux, et ça me crevait le bide mais il n’avait pas été correct avec Charlie. Je pouvais comprendre que cela ne passait pas pour Jules. J’ai heureux qu’il ait finalement accepte de me retrouver au Hendrix, ce soir, histoire de renoué un peu avec notre amitié. J’adorais Jules, je le considérai comme un ami véritable. Je le charriai un peu en arrivant puis je m’installai en face de lui. J’avais à peine posé la fesse droite sur ma chaise qu’il me posa une question sur mon date de la veille. Aussitôt, un sourire se peignit sur mon visage, c’était l’effet qu’avait Manny Garcia sur moi, et je ne m’étais pas attendu à cela.
— Bah écoute…c’était…surprenant, dis-je sans me départir de mon sourire.
Je me perdis brièvement dans mes pensées, puis me ressaisis soudain, frappant doucement la table du plat de la main, en levant les yeux vers Jules.
— Allez, se commande un truc ?

Vous étiez un peu les même dans votre fratrie avec Elias. Là pour protéger tout le monde bec et ongles. Mais il était moins rancunier que toi, vu qu’il t’avait rapidement excusé pour le fait que tu l’es ghosté pendant quelques mois. Tu savais pas vraiment pourquoi tu avais fais ça, même avec Avery, mais t’avais envie de te concentrer sur Charlie et peur que Woody lui fasse du mal. C’était à l’ainé que tu devrais en vouloir, pas à tes amis Rutkowski. « T’as l’air totalement ailleurs, mon pote ! » dis-tu avec un léger rire. Toi, tu avais passé la soirée avec Ashlee, c’était surement une des dernières fois mais tu ne le savais pas encore, ça. Lui, tu ne savais pas avec quel homme il avait échangé la veille mais tu étais un peu curieux quand même. En sortant de ses pensées, Elias frappait sur la table pour te proposer de boire quelque chose. « Hell yes » dis-tu avec un sourire en coin. Tu interpellais alors un des serveurs pour qu’il vienne prendre votre commande. Pour toi, c’est comme d’habitude, tu prenais une ginger beer, c’était sans alcool puisque tu n’y avais pas forcément droit. Même si une pinte ne ferait pas de mal à personne, tu n’avais pas envie de t’y risquer. « Bon, maintenant racontes-moi, j’veux tout savoir ! » dis-tu avec un sourire. Tu parlais de son date mais aussi de sa vie de sa vie en général que tu n’avais pas partagé pendant les quelques mois où tu avais fais l’imbécile.

Jules avait mit le doigt sur l’état d’esprit exact qui me traversait, j’étais ailleurs. C’était surprenant qu’un simple date me mettent dans un état pareil. Même si, le date en lui-même avait été surprenant, dans le bion sens du terme. J’avais découvert une petite partie de ce que Manny avait laisser entrevoir sous sa coquille, et cela me rendait…heureux ? Peut-être. Je n’avais pas poussé le questionnement si loin, mais la remarque de mon ami me fit remarquer que, en effet, quelque chose avait subtilement changé depuis la veille.
Nous commandâmes à boire, une ginger beer pour lui, une pinte de blonde pour moi, et fûmes rapidement servi. Je pris une premier gorgée puis souris à Jules.
— On a matché sur BBT, je m’attendais à pas grand chose pour dire la vérité. Et puis…j’sais pas, il m’intrigue…y’a quelque chose de spécial en lui que je n’arrive pas à décrire.

Tu voyais qu’Elias n’était pas à 100% avec toi et qu’il était un peu perdu dans ses pensées. Mais ça te faisait sourire. Il semblait avoir passé un bon date la veille et s’être plutôt bien amusé avec le gars qu’il avait rencontré. Tu soulignais du coup son état d’esprit et il t’expliquait pourquoi il était comme ça. « J’imagine que même si t’as marché avec lui sur le BBT, c’est pas une histoire d’une fois ? » demandas-tu curieusement à ton ami. Il avait l’air piqué par cet homme. Tu ne connaissais pas vraiment cet état d’esprit, tu n’avais jamais été amoureux de toute ta vie. Les boissons arrivèrent rapidement à vous et tu trinquais alors avec ton ami. « A ta nouvelle rencontre » dis-tu avec un sourire en coin avant de boire une gorgée de ta bouteille de ginger beer. Tu relevais ensuite les yeux vers ton ami, un peu curieux de savoir qui était la personne qu’il avait rencontré. « Comment il s’appelle ? » demandas-tu avec un sourire en coin. Non pas qu’il était obligé de te répondre, c’est juste que tu étais un peu curieux à son sujet. S’il ne voulait pas te dire qui c’était, il en avait totalement le droit.

Matcher sur BBT ne signifiait pas grand chose en général. On peut y faire de très belles rencontres, je n’ai pas l’audace de prétendre l’inverse, il m’est d’ailleurs arriver quelque fois de garder avec les mecs rencontrés par ce biais, mais Jules a flairé quelque chose que je ne peux pas nier. Avec Manny, ce n’est pas juste un match sur une application. Je ne parviens pas à l’expliquer et c’est encore très récent, mais je sais au fond de moi que c’est un peu plus que ça. Le garçon m’intrigue, de bien des façon et je sais d’ores et déjà que j’ai envie d’en connaitre plus sur lui et de passer du temps avec ce garçon curieux.
— Il s’appelle Manny, il joue de la guitare et tu sais à quel point j’aime les artistes.
J’éclate de rire avant de prendre une gorgée de ma boisson, puis, je me tourne à nouveau vers mon ami.
— Et toi ? Quoi de neuf ?

BBT c’était un peu ta source pour tes rendez-vous et tes plans culs. On va pas se le cacher, tu es très friand de ça. Pour un gars qui ne veut pas se poser et qui a peur de l’avenir, ça te convient bien d’être ainsi. Mais Elias n’est pas forcément comme toi. Après, c’est ta maladie qui joue vraiment dans la balance parce que tu rêverai de rencontrer quelqu’un qui te titille l’esprit comme il a l’air d’être titillé, ton ami. Légèrement intrigué, tu demandais à ton ami comment s’appelait ce jeune homme qu’il avait rencontré. « Ohhh, un artiste ! C’est sympa ça ! » dis-tu avec un sourire en coin. Tu riais à l’unisson avec ton ami après qu’il ai explosé de rire. Quand il te demandait ce qu’il en était pour toi, tu soupirai avant de prendre une gorgée de ta bière. « J’vois plusieurs meufs, de temps à autre. J’suis pas très fixe comme gars tu sais, j’aime bien quand ça dure une nuit seulement » dis-tu avec un léger sourire.

J’aimais en effet les hommes doués de leurs mains, avec un petit plus pour ceux qui avaient une âme d’artiste. Je n’avais vu Manny joué de la guitare qu’une fois, je l’avais vu lui, une seule fois d’ailleurs, et j’étais déjà sous le charme. Au point d’ailleurs que ça me déstabilisait un peu. C’était rare qu’un rendez-vous BBT me laisse un pareil souvenir. Jules, quand à lui, me confia qu’il n’était pas dans une optique de se fixé, qu’il préférait aller butiner au gré de ses envies.
— Tant que tout le monde est content, je vois pas le mal, notai-je en buvant une gorgée de bière.
Je marquai un silence, puis reposai mon attention sur Jules.
— Comment va ta soeur ?

Elias avait une vie mouvementé sur le BBT, tout comme toi. Mais il semblait avoir trouvé chaussure à son pieds et tu étais content pour ton ami. « On est d’accord » dis-tu avec un sourire. Il était heureux dans sa nouvelle relation, et tu étais heureux de faire ce que tu faisais. Tu n’avais pas besoin de te poser, tu n’étais pas le genre de gars qui se pose dans une relation avec quelqu’un. Ou tu ne l’étais plus, du moins. Tu prenais une gorgée de ta boisson en écoutant la question du jeune Rutkowski. « Elle… elle remonte la pente on va dire » soufflas-tu avec un sourire en coin. Tu ne savais pas trop comment aborder ça parce que c’était bien avec le frère d’Elias que ta soeur avait failli avoir un bébé. Et tu ne connaissais pas Woody, ni la relation entre ton ami et son grand frère. « Elle va aller mieux avec le temps » soufflas-tu avant de reprendre une gorgée de ta boisson.

Je n’avais jamais eu de problème à assumer ma sexualité mouvementé. Tant que le respect des uns et des autres étaient là, tant que tous le monde avait les cartes en main, je ne voyais pas le mal, d’autant que je me protégeais. Je savais que Jules partagerait mon point de vue. La discussion, toutefois, dévie sur sa soeur, ex-copine - ou, pas vraiment ex, enfin…bref c’est compliqué - de Woody. Je gratifie mon ami d’une petite moue lorsqu’il me donne de ses nouvelles.
— Je me doute que c’est pas facile pour elle, et…Woody…
Je soupire longuement.
— J’ai pas vraiment de news, alors…

Parler du mal-être de ta soeur, ça te faisait mal aussi. Mais c’est normal, vous êtes jumeaux. Tu ne savais pas trop comment le vivait le grand frère d’Elias. Et secrètement, tu voulais le savoir. Parce que Charlie, elle, était au fond du sceau. Ton ami te confiait qu’il n’avait pas beaucoup de nouvelles, que ça devait être dur pour eux. Tu étais un peu égoïste en ne pensant qu’à ta jumelle, mais c’était ça, d’être jumeaux. « Rien du tout ? » demandas-tu curieusement à ton ami. Tu ne veux pas non plus trop rentrer dans ce débat là, mais tu es quand même curieux de savoir.

Je ne me sens pas vraiment à l’aise avec cette histoire. Parce qu’elle implique un de mes potes, premièrement et que ça me fait chier que les histoires de mon frère aient un impact sur les miennes. J’aimerais être complètement neutre là-dedans mais c’est complètement impossible. Et Woody, au milieu, continue à faire sa tête de con.
— Il nous laisse sur un silence radio…je sais qu’il va mal, mais il refuse notre aide.
Aussi houleuse que pouvait être ma relation avec Woody, ces dernières années, je l’aimais. Et cela me rendait fou de ne rien pouvoir faire pour lui.

Ce sujet était sensible pour lui comme pour toi. Tu n’étais pas un grand fan du grand frère de la fratrie Rutkowski mais c’était le copain de ta soeur jumelle alors tu te devais de faire un effort quand même. « Apparemment, il laisse tout le monde en silence radio » soufflas-tu simplement. Il faisait ça avec Charlie mais avec ses autres amis aussi. Tu ne le connaissais pas bien, mais tu savais que c’était pas quelque chose d’inhabituel. « Bon, on va pas déprimer et parler des histoires de nos fratries comme ça, mais plutôt de quelque chose de mieux, non ? » dis-tu avec un léger rire comme pour détendre l’atmosphère. Tu ne voulais pas rester dans ce mood là pendant toute votre soirée ensemble, ça serait dommage quand même, déjà que vous veniez de vous retrouver.

Mon frère se comporte parfois comme un vrai con, j’en ai conscience. Mais je sais aussi que c’est un stratagème de defense. Pour ceux qui l’entoure, malgré tout, ce n’est pas toujours facile. J’en ai souvent fait les frais, comme lui a fait les frais de ma colère. Chacun réagit avec ses propres armes, avec ce qu’il a à sa disposition, et pas toujours de la manière la plus adéquate possible. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, comme on dit. Je pince les lèvres et acquiesce à la suggestion de mon ami.
— Non, t’as raison, on va pas se pourrir la soirée…
En réalité, évoquer ce sujet avait sans doute déjà donné le ton, mais on allait tâcher de s’en détacher.
— Bon, et toi ? T’es projets ? La chaine, tout ça ? ça roule ?