what do you know about love ? ft. Jules Keynes

Manwë n’avait pas vu son cousin depuis un moment, il faut dire qu’avec cette histoire de meurtre, il avait opté pour vivre reclu dans le coin le moins accessible de l’espace caravaning et sortait de moins en moins de chez lui. Il ne recevait pas non plus, dans son espèce de caravane aux allures de recyclerie comme le dirait… Une certaine Hazel. Parce qu’elle… Elle venait souvent ici. Trop souvent, sans doute…

Le brun avait finalement remonté le fil de ses messages dans son téléphone, supprimé bon nombre de menaces et propos injurieux, ça lui avait pris du temps, au dinosaure, de faire du tri. Une part de lui voulait simplement se débarrasser au moins un peu de toute la haine qui gravite autour de lui. C’est comme ça qu’il avait trouvé l’audace de proposer à Jules de le rejoindre, un soir… Il imaginait bien la surprise de son cousin, parce que ce n’était jamais à l'initiative du luthier que les deux compères se retrouvaient.

Ainsi soit-il, ce fameux soir arriva. Installé sur la terrasse constituée de palettes posées sur la terre brute. Sur celles-ci, un vieux canapé, une chaise pliante et un foyer pour faire un feu. Il vivait le plus simplement possible, à l’abris des arbres et il se sentait mieux ici qu’en ville, il se sentait bien, isolé. Il pouvait choisir les personnes qu’il voyait, et même si pendant des mois il avait choisi de ne voir personne. Il changeait peu à peu, revenait à la vie. Naturellement, il s’empoissonnait avec une clope lorsque Jules arrive. Il se pencha pour éteindre son bâton de nicotine à la vue de son cousin qui avait probablement passé un certain temps à trouver l’endroit en question. Même si Jules possédait un nouveau poumon, il n’avait pas l’intention de l’enfumer, au sens littéral. “ Hé, ça fait vraiment longtemps hein ? Toujours aussi beau gosse ! “ Il souriait malgré tout au risque de paraitre à normalement rayonnant, faut dire qu’en ce moment… Les choses allaient globalement pas si mal, ouais… Il pourrait même dire qu’il est parfois… Juste heureux. Il pourra toujours pretexter que c’est parce que ça lui faisait du bien de le revoir, bien plus qu’il ne le voulait bien se l’admettre. Jules et Charlie, c’était bien la seule famille qu’il aimait, la seule part de Keynes qui ne lui faisait pas honte. “ Tu t’es perdu ou quoi ? L’diner a failli refroidir. “ Qu’il lui dit en désignant du menton les bières posées au sol, par flemme de déplier la petite table.

Quelle fut ta surprise quand tu recevais un message de ton cousin qui te proposait de venir manger chez lui. Depuis toutes ces histoires de meurtre, tu t’étais un peu mis à l’écart. Ne voulant pas ternir encore plus sa réputation, tu avais écris un article qui montrait plus ses qualités que ses défauts. Ça n’avait pas plu à ta hiérarchie mais bon, tant pis. Au moins, tu avais essayer de redorer le blason de ton cousin, parce qu’il n’avait pas besoin d’une mauvaise pub. Alors sans plus attendre, tu avais pris le chemin vers la nouvelle demeure de ton cousin, que tu ignorais donc, tu avais mis du temps à trouver l’endroit. Mais tu étais finalement arrivé à bon port. « Ça fait longtemps, en effet ! Mais même si ça fait longtemps, j’pensais pas que tu serai aussi content de me voir » dis-tu avec un rire quand il te faisait un compliment. Il semblait être vraiment heureux de te voir là et de partager un moment avec toi. Mais surtout, il semblait simplement… heureux ? Et ça, c’est pas vraiment dans le genre de Manwë. « Ecoute, mec, j’connaissais ce quartier mais bon, j’t’avoue que c’est pas facile de se repérer par ici » répondis-tu avec un sourire en coin, regardant les environs de sa caravane. Ça lui allait bien de vivre ici, en marge de la société. Tu te demandais même pourquoi il ne l’avait pas fait avant d’ailleurs. « Comment tu vas ? Enfin, tu as l’air d’aller très bien et ça, ça m’étonne un peu j’t’avoue mais j’suis content si c’est le cas ! » demandas-tu à ton cousin, le sourire aux lèvres. Tu avais apporté une tarte que tu étais aller chercher dans la boutique où bosse ta soeur, tu l’avais déposé sur la table avant de t’assoir sur une des chaises qui étaient là.

Manwë avait eu besoin de temps, beaucoup de temps pour vivre avec ce qu’il avait fait, à vrai dire, il avait tout fait pour se faire oublier du quotidien des personnes qu’il aimait… Parce qu’il pensait tout simplement partir. Loin de Bowen, loin de ses souvenirs douloureux. Puis tout avait changé, ouais… Si brusquement. Ses projets de vivre ailleurs, de quitter cette ville qui l’avait vu naître, souffrir, tuer et désormais… Aimer ? Bon sang de Bowen.

Partir n’était plus d’actualité, il s’occupait un peu mieux de son atelier de lutherie et puis il y avait ce vide, ce petit manque qui le grignotait depuis sa prise de décision. Ouais, la présence d’êtres qui lui étaient chers et il ne savait absolument pas comment renouer contact avec ces derniers. Mais s’il y avait une personne avec qui se serait presque simple, c’était bien Jules. Il fut incapable de masquer la joie que ça lui faisait, de voir son cousin en bonne santé et même si le repas n’allait clairement pas être gastronomique, ils allaient passer un bon moment. “ C’est pas l’plus évident, c’est le but. “ On peut pas vraiment tomber chez lui par hasard, et ça lui convenait parfaitement, vraiment !

Il tend à son cousin une canette de bière avant de jeter du petit bois sur le feu au sol, ça éloignait les bêtes et surtout ça servait de four. Oui, parce que Manwë n’avait franchement pas d’équipement, c’était devenu un roi d’la boite de conserve et ça lui convenait parfaitement ainsi. “ Ça t’étonne, pourquoi ? J’devrais être en train d’pleurer dans mon coin ? “ Il le taquinait bien sur, parce qu’en vérité, des moments sombres en face à face avec ses pensées, il en avait eu plus d’un. “ Tu sais que j’vais toujours bien, t’as vraiment aucun souci à t’faire, quoi qu’il arrive, j’vais gérer. “ Il avait un air sérieux à ce moment là, Man n’en était pas à sa première galère de vie et il savait que ça n’était pas terminé, pas tant qu’il sera en vie. Il ne se rendait pas compte qu’il avait juste l’air, un peu trop bien pour un Manwë Druid Sauvage. Le Manwë va bien, mais il n’est pas spécialement solaire, voyez-vous ? Il n’était pas non plus irradiant de lumière, pour ceux qui l’connaissent pas, il a juste l’air à peu près normal… “ C’est un gâteau d’ta soeur ? Le diner est sauvé alors. “ Alors il trinque avec Jules, affichant un sourire discret. C’était étrange d’être à nouveau ensemble et en même temps… Ça faisait un bien fou.

Il y avait eu des hauts et des bas avec l’histoire de Manwë. Vu qu’avec ta soeur vous ne portez pas le même nom de famille, ça n’avait pas eu d’impact sur vous même si tu as clamé haut et fort son innocence et que tu en es encore persuadé. C’est ton cousin, c’est la famille, c’est pour ça que tu es sûr qu’il n’a jamais commis un tel crime. Mais là n’était pas le sujet de vos retrouvailles ce soir. Tu avais pris la route vers sa nouvelle caravane, dans le trailer park que tu ne connaissais pas très bien mais tu avais rapidement trouvé la sienne. « Ça te va bien, le cliché de l’homme isolé dans le fin fond de Bowen. T’es un cliché, mec » dis-tu avec un léger rire en saluant ton cousin. Tu avais emmené un gâteau de la pâtisserie où bosse ta soeur pour le dessert. Ça faisait longtemps que vous ne vous étiez pas retrouvé tous les deux comme ça. La dernière entrevue était beaucoup moins fun. « Non ça m’étonne pas parce que justement, comme tu dis, tu vas toujours bien et tu trouves toujours une solution à tes problèmes et c’est plutôt bien » dis-tu avec un sourire bienveillant. Malgré le caractère morose de ton cousin, tu savais qu’il pouvait se relever de n’importe quelle situation, de toujours trouver une solution à ses problèmes et que ça ne l’affecte pas plus que ça. Et toi, t’en étais incapable. Tu prenais place autour de la table de l’australien et vous trinquiez en riant. « J’avais peur de rien manger alors j’suis passé voir Charlie avant pour qu’elle me donne un truc mangeable » dis-tu avec un sourire en coin pour taquiner ton cousin.

“ Eh bien, on va trinquer aux clichés ce soir ? “ Parce que lui aussi dans le fond, c’est un peu un cliché le p’tit Jules, avec son petit accent français, sa jolie petite coiffure et sa petite cours de dames digne de Louis dix mille.

Manwë, malgré les circonstances, c’était un peu moins morne qu’à son habitude. Sans être un mec qui pleurniche à longueur de journée, il n’avait rien d’un éblouissant rayon de soleil en été. Il était plutôt un gros nuage stagnant qui laissait passer tout juste ce qu’il faut en lumière. Sauf que là, il y avait un poil trop de lumière, dans ses yeux verts. Ça serait mentir de sa part, de se dire qu’il est plutôt heureux ces derniers temps. Il craint seulement de le dire, comme si ça allait s’évaporer s’il avait le malheur de l’avouer. Néanmoins, cette différence n’échappa pas à son cousin bien qu’ils ne s’étaient pas revus depuis un moment.

“ T’as eu raison, de faire ça. “ Un gâteau de Charlie, ça ne se refuse certainement pas ! “ Comment va-t-elle, Charlie ? Toujours prévue de s’marier ? “ Il appuie sa dernière question d’une grimace puis leva les yeux au ciel. Probablement un sujet qui fâche, mais Manwë ne s’était pas tenu à jour depuis. Il ne voyait pas d’un mauvais œil le mariage de Charlie avec cet homme, mais le mariage dans sa globalité. Même sa relation naissante avec une certaine petite rousse beaucoup trop jeune pour lui, ne le faisait clairement pas changer d'opinion sur l’absurdité du mariage. Mais bon… C’est ce que les gens font, il parait. “ J’vais être obligé de ressortir cet affreux costard à paillettes ? “ Demande-t-il avec un petite sourire en coin. Il évitera de passer pour la magicien de la soirée encore une fois, un comble qu’il ne porte pas particulièrement dans son cœur ce genre d’escroc… “ Si tu comptes te marier, comme vous êtes jumeaux, vous pouvez pas faire un jour de souffrance pour votre cousin en commun, hein ? “ Bien que la perspective d’un double mariage n’avait absolument rien de rassurant pour le grand tatoué. “ Mais l’idéal, ça serait de me désinviter, vraiment… “ Ça ne le blesserait pas, au contraire, il en serait enchanté.

« Aux clichés alors » dis-tu avec un rire à gorge déployée. Tu étais toi-même un cliché du bon français, on va pas se le cacher. C’est ça qu’on vit à Paris pendant presque 10 ans avant de revenir sur la terre sainte de ses origines. La question d’après de Manwë te fit comme mal au ventre. Charlie et son mariage… C’était malheureusement plus trop d’actualité, surtout depuis qu’elle avait fait une fausse couche. Mais vous n’en aviez pas parlé à votre cousin, parce qu’il avait ses propres problèmes à gérer à ce moment-là avec l’assassinat de son père. Alors tu le laissais parler, en buvant ton verre, tes yeux te trahissaient surement de ton mal-être mais bon, t’allais lui expliquer. Tu te re-positionnais sur ta chaise quand il avait fini de parler et tu t’éclaircissais la gorge. « Well,… Charlie se marie plus et elle a fait une fausse couche » soufflas-tu en te pinçant les lèvres, parce que c’était difficile pour toi aussi d’en parler. Elle avait disparu pendant quelques temps, sans qu’elle te donne de nouvelles et ça t’avait fait énormément de mal. Mais bon, elle souffrait assez de son côté et tu n’avais pas à en rajouter une couche. « Donc tu peux ranger ton costume à paillettes » dis-tu avec un sourire triste avant de reprendre. « Quant à moi, si seulement une femme voulait de moi autre chose que pour mon cul, j’pourrai peut-être me marier mais c’est pas gagné » ajoutas-tu sur le ton de l’humour pour détendre l’atmosphère.

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Après avoir trinqué et rigolé, vient le regret. Man’ est un peu surpris, en général la troisième étape arrive beaucoup plus tard dans une soirée ! Charlie n’allait vraiment pas bien et il n’avait rien vu, il n’avait pas épaulé sa cousine, il n’avait été présent pour personne ces derniers mois. Bien sûr, si on l’avait appelé, il serait venu sans une once d’hésitation. Mais il s’était fait oublier, pour que les gens n’éprouvent pas le besoin de l’avoir près d’eux. Le grand tatoué soupire avant de prendre une bonne gorgée d’alcool. “ J’ignorais tout ça, j’ai pas… Enfin j’ai jamais vraiment été un membre de la famille ‘normal’, mais j’ai un peu merdé. “ Les histoires de meurtres ne justifient pas tout. Il soupire avant de planter son regard vert dans celui de Jules. “ C’était égoïste. J’ai essayé d’me faire oublier, vraiment… J’voulais partir d’ici Jules, quitter Bowen. “ Quitter Bowen, deux mots qui peuvent paraitre fous de la part d’un homme qui n’a jamais mis un pied en dehors de cette ville en quarante piges avant sa cavale à l’autre bout du pays. “ C’est pas pour maintenant… Probablement pour jamais. “ Parce qu’il y avait cette fille ici, cette femme qu’il aimait. Le brun adressa au plus jeune un sourire rassurant avant de lui donner une tape (d’une force qu’il pense modérée) sur l’épaule “ Peut-être que si tu mettait des pantalons moins serrés, elles verraient moins ton cul non ? “ Il s’mit à rire, lui qui donne des conseils de mode, on aura tout vu ! M’enfin, le jour où vous verrez Manwë Druid dans un pantalon slim, il pleuvra des cochons en pâte d’amande ! Ou alors c’est qu’une certaine Hazel a refait toute sa garde-robe, d’ailleurs, ce soir-là, il n’était pas si mal accordé point de vue vestimentaire.

Il ne pouvait pas savoir ce qu’il se passait dans vos vies, le pauvre Manwë, il en avait assez bavé avec la sienne et vous n’aviez pas pu lui donner les nouvelles. Charlie n’était pas en pleine forme, la fausse couche ensuite le mariage abordé, plus rien n’allait. Alors tu venais de lui confier toutes les dernières informations à propos de votre vie. « T’as toujours été un membre de la famille normal pour nous, Man’ ! » dis-tu en hochant la tête positivement avant de reprendre. « C’est juste que tu avais tes soucis et puis, Charlie s’est beaucoup renfermée sur elle-même, même à moi elle me parle à peine » soufflas-tu en baissant la tête. Et pourtant vous étiez jumeaux, votre lien est énorme. Il te disait qu’il avait eu cette envie de quitter Bowen, et tu pouvais le comprendre. Il avait eu beaucoup d’emmerdes par ici et c’était pas la meilleure des villes quand tu voulais te reconstruire, Bowen. « Je peux comprendre… Mais pourquoi pour jamais ? » demandas-tu curieusement. S’il voulait le faire, il en était capable, tu le savais. Alors tu te questionnais de savoir ce qui pouvait le retenir ici. C’était pas vous, tu le savais, il y avait bien une autre raison. Sa phrase suivante te faisait éclater de rire, de quoi bien détendre l’atmosphère. « Hééééé, ils sont très bien mes pantalons » dis-tu sans t’empêcher de rire.

Il esquisse un léger sourire lorsque Jules affirme qu’il a toujours été un membre normal de la famille. Il sait que son cousin le pense, comme il pense que Manwë est innocent dans cette histoire de meurtre. Dans ces deux cas de figure : il se trompe. “ Je ne serais pas très utile de toutes manières, mais je pense qu’elle a besoin de toi. “ Ils sont très liés, tous les deux, des jumeaux quoi. Man’ lui n’est pas doué pour réconforter, il est plutôt l’homme idéal pour cogner et s’prendre des coups à la place des autres, ça ne le dérange pas d’avoir ce rôle. Au final, il préfère ça plutôt que de devoir jouer les mecs empathiques, il n’avait pourtant pas un cœur de pierre, mais il lui était difficile d’exprimer ses propres émotions, alors dealer avec ceux des autres… Ça lui semblait toujours bien compliqué.

Les deux hommes riaient ensemble, pour s'alléger le cœur sans nul doute. “ Oui, ils sont très bien… “ dit-il avec humeur bien qu’il ne pouvait s’empêcher de se dire que les vêtements moulants devraient sincèrement être strictement réservés aux femmes. “ C’est pas comme si j’pouvais m’permettre de donner des conseils en chiffon, hm ? “ Avec sa pathologie, ses tenues étaient parfois un feux d’artifices de couleurs !