j'ai tendance à bloquer | Rosalia

Journée libre. Dans ces moments là, c’était toujours la même chose : tu voulais faire plus et plus encore. Mais une journée n’était composée que de vingt-quatre heures, et tu avais du mal à contenir ton envie et ton programme débordait. D’abord, un peu de sport. Comme à ton habitude, tu t’étais levé tôt. Pas par conviction : en fait, t’étais plutôt du genre à aimer les grasses matinées interminables, à traîner dans ton lit avec ton chat, Shakespeare. Mais en bon hyperactif que tu étais, c’était tout simplement impensable.

Une fois ta session de sport terminée, tu avais été prendre une douche, puis fait une pause de quelques heures devant ta Switch : avec ta console, tu étais comme un gamin : on savait quand tu commençais, mais il était impossible de prévoir quand tu lâcherais ton écran et les aventures épiques de Link et Épona. Midi. Il était temps de manger, puis de faire un brin de shopping ; aussi prenais-tu le parti de héler le premier taxi. Après quelques minutes de trajet, tu t’étais arrêté dans ton fast food préféré. Comme d’habitude, tu avais choisi ton menu favori, et comme d’habitude, tu avais pris place derrière la vitre, côté rue : Tu aimais regarder la vie qui s’éprouvait là, dans les rues de New-York. Le grouillement des gens qui s’affairaient tandis que toi, tu t’octroyais une pause dans ta vie de course. Treize heures trente. Il était temps pour toi de filer vers l’avant dernière étape de ta journée : aller acheter quelques costumes, ni trop chers –tu ne pouvais pas te le permettre financièrement ; ni de trop mauvaise qualité – tu ne pouvais pas te le permettre d’un point de vue stylistique. Tu flanais un long moment dans les rayons, et une fois ton bonheur trouvé tu te dirigeais tranquillement aux cab… Bordel de merde ! Il était déjà dix-sept heures ?! Mais où était passé ton temps ?! T’allais être en retard pour ton rendez-vous avec ton agent. Ni une ni deux, tu passais à la caisse et fonçais jusqu’à l’ascenseur à l’autre bout du magasin, dans lequel tu t’engouffrais en courant. Ce n’est que trop tard, que tu vis la porte se refermer sur une demoiselle. Oups. Pas le temps. Elle n’aurait qu’à prendre les escaliers. Oh, en temps normal, tu n’étais pas du genre goujat. En fait, t’étais de ceux qui retenaient les portes et laissait passer devant toi : on t’avait toujours dit d’être poli. Mais là, c’était ta carrière, qui en dépendait. Alors clairement… tant pis pour la politesse. Tu laissais la porte se refermer, adressant à la jeune femme un sourire faussement désolé. Et tu appuyais sur le moins un. Le parking. Seulement voilà : tu avais à peine le temps de regarder l’heure sur ton téléphone, que tu sentais sous tes pieds une énorme secousse. Surpris, tu te jetais sur la cloison à côté de toi. Lumières qui grésillaient. Bruit sourd. Noir complet et puis… de nouveau, les néons qui se rallumaient. Nom de dieu. T’étais flippé comme jamais. Tu appuyais frénétiquement sur le bouton d’appel, lorsque tu vis la porte s’entrouvrir sur… le sol au dessus de toi ? Eh merde. T’étais définitivement coincé dans l’entresol. Le retour de karma, t’étais pas du genre à y croire, mais il fallait bien admettre que c’était violent.

@Rosalia Rivera