Se tenir à carreau (Fede)

Ces derniers jours, Livio ne touchait plus terre ! Entre les préparatifs du mariage, le boulot au haras, Leandro, l'aide qu'il apportait à Aura pour la reprise de la boutique, le jeune italien ne voyait pas les journées passer. Fort heureusement, Leandro faisait désormais ses nuits, ce qui permettait aux jeunes parents de pouvoir recharger les batteries. Un mariage, c'était tout de même une sacrée pression. Surtout en arrivant sur la dernière ligne droite pour laquelle il y avait toujours un tas de choses à faire. Mais aujourd'hui, Livio avait réussi à se trouver un petit créneau pour lui, pour souffler. Aura avait fermé la boutique plus tôt et avait récupéré le petit pour un moment mère/fils privilégié. Alors, Livio en avait profité pour prendre du temps pour lui, s'accordant les dernières retouches de son costume avant de rendre visite à Fede pour un futur projet de tatouage - qu'il fera sûrement après le mariage et le voyage de noces. Profitant d'avoir son beau-frère à ses côtés, il l'invita pour une bière bien fraîche au Hendrix, où l'ambiance était toujours très bonne. Ce n'était d'ailleurs pas Fede qui allait dire le contraire. Installés à l'une des tables à l'intérieur, leur commande fraîchement arrivée, Livio leva sa pinte de bière pour trinquer avec l'aîné des Luciano. "A tes premières semaines de mariage et au mien qui arrive." dit-il, en souriant. "A peine Leticia Luciano arrivée que je t'arrache Aura." ajouta-t-il avec un rire. Dans quelques jours, sa belle brune allait devenir Aura Manzoni et c'était étrange pour Livio de se dire qu'il allait épouser une femme. "Comment tu as fait pour survivre aux derniers jours de préparatifs ? J'ai l'impression que rien n'est prêt ! Et je ne te parle même pas de Aura qui dégaine ses to-do list à tout va ! " Il riait Livio mais au fond, on sentait tout de même tout son stress.

Ça faisait seulement un mois que tu étais marié et tu avais déjà l’impression que ça faisait des années. La vie de jeune couple se passait extrêmement bien, et le voyage de noce avait été parfait. Tu avais reçu la visite de Livio au salon aujourd’hui, pour parler d’un nouveau tatouage. Ça tombe bien, parce que tu voulais discuter avec lui à propos de son mariage avec ta petite-soeur. Quoi ? T’es un grand frère, et en plus italien, alors forcément que tu es protecteur voir même sur-protecteur. Alors tu te devais bien de lui faire ton discours de frère. Il te proposa après avoir parler de son futur tatouage d’aller boire une bière au Hendrix. Tu n’avais pas foutu les pieds dans ce bar depuis très longtemps et ça te rendait un peu nostalgique. Au loin, tu voyais tes anciens collègues au bar que tu saluais d’un signe de main avec un grand sourire. Puis vous alliez vous assoir dans un coin. Deux bières arrivaient rapidement parce que vous les aviez commandé en rentrant dans l’établissement. « A ton futur mariage » soufflas-tu avec un sourire en coin en trinquant avec Livio. « C’est vrai ça, t’as vu qu’il y avait une nouvelle Luciano alors tu en profites pour m’en piquer une » dis-tu avec un léger rire. Mais rire qui n’était pas que pour la blague mais tu étais aussi sérieux. Ça c’est ton côté protecteur qui ressort. Quand Livio te demandait comment tu avais survécu aux dernières semaines de préparations du mariage et tu riais en posant ta bière sur la table. « Alors j’ai utilisé une technique secrète mais je te la donnerai pas parce que c’est ma soeur et que maintenant j’ai l’image que je ne voulais pas avoir dans la tête » dis-tu avec un gros rire.

C'était étrange, parce qu'en sortant avec Aura, Livio s'était éloigné d'Enzo, son ami de toujours, mais avait appris à connaître et à apprécier Fede, le frère aîné. Il fallait dire qu'ils avaient pas mal de points en commun, dont le tatouage, raison qui l'avait d'ailleurs mené à voir son beau-frère aujourd'hui. Il en avait profité pour l'inviter à boire une bière bien fraîche au Hendrix, l'ancien bar où Fede travaillait auparavant. Une fois installés et une fois leurs bières arrivées, Livio leva sa pinte et trinqua avec Fede. « On va surtout trinquer à ces deux femmes qui auront réussi à nous mettre la bague au doigt. » Le passé de Fede était apparemment bien rempli, tout comme celui de Livio. Le charme italien, tout simplement ! Charme italien bien vite rangé puisqu'ils étaient désormais tous les deux bien pris. Livio esquissa un sourire en entendant les mots de Fede, affichant un faux air innocent : « Désolé, mais je te la pique sans aucune culpabilité. » En venant à Bowen, il n'aurait jamais pensé se marier de sitôt. Et pourtant, il était le plus heureux de se dire qu'il allait bientôt lier sa vie à une autre. Il but une gorgée de sa bière, demandant conseil à Fede sur la manière de supporter les dernières semaines de mariage. Mais il éclata de rire en comprenant que ce n'était pas le genre de conseils que l'on partageait quand ça concernait l'une de ses sœurs. « Ok, ok, j'ai compris ! Bon, je vais rester sur la technique de la crème glacée, alors. Même si tu connais ta sœur, c'est une boule de nerfs. » Il garda son sourire sur les lèvres, enchaînant : « ça ne t'a pas fait bizarre de te dire que tu allais te marier ? Du style, ça y est, ça devient vraiment sérieux... » Non pas que Livio doutait, loin de là. Mais c'était un pas énorme dans la vie d'un homme. Finies les bêtises, les conquêtes, il n'était l'homme que d'une femme.

Avant qu’il ne se mette avec Aura, tu ne connaissais pas très bien ton beau-frère. Mais pourtant, il était le meilleur ami de ton petit frère. Avec le temps, à force de se côtoyer, tu avais appris à le connaître et il semblait être un homme bien pour ta soeur mais aussi pour élever ton neveu. Et dieu sait que la famille c’est important à tes yeux, ça doit être un gène italien ça d’être très centré sur la famille. « C’est une bonne idée » dis-tu avec un rire avant de trinquer avec Livio. Aura et Leticia avait réussi à vous passer la bague au doigt et pour des mecs comme vous, c’était inespéré. Quand il te disait qu’il te piquait ta petite soeur sans aucune culpabilité, tu riais. « Ça, j’avais remarqué » dis-tu avec un rire. Non pas que ça te dérangeait, parce que tu appréciais beaucoup le jeune homme et tu savais qu’il rendrait ta soeur heureuse. Mais c’était l’instant de grand frère sur-protecteur en toi qui sortait de temps en temps. Malgré tout, tu avais réussi à faire rentrer en toi cet aspect de ta personnalité pour lui laisser vivre sa vie comme elle l’entendait. Suite à tes révélations sur le stress du mariage, l’italien se mit à rire à son tour en comprenant totalement ce que tu voulais dire. « La crème glacée, c’est bien. Et si un jour tu as le remède magique pour calmer ses angoisses et son stress, t’aura encore plus mon respect » dis-tu avec un léger rire. Tu savais qu’elle était une grosse boule de nerf, Aura et tu savais que Livio la soutenait dans tout ce qu’elle faisait ; le fait qu’elle reprenne la boutique d’antiquaire, qu’elle élève leur fils et qu’elle s’occupe du mariage. « Oh mon pote, ça m’a fait tellement peur, j’ai paniqué pendant un moment. J’me suis posé beaucoup de question avant, en me disant qu’elle allait me dire non, que ça se trouve un jour elle voudrait divorcée, qu’on ne serait peut-être pas heureux ensemble » dis-tu en reprenant un air un peu plus sérieux. Tu marquais un temps de pause en prenant une gorgée de ta pinte de bière avant de reprendre. « Mais le jour même, quand je l’ai vu au bras de son père descendre l’allée, tous ces doutes se sont envolés et je n’y ai plus jamais pensé » dis-tu avec un sourire en coin. « C’est angoissant un mariage, c’est normal de se poser des questions, tu sais » dis-tu pour le rassurer.

Aura et Leticia méritaient clairement plus d'un toast pour avoir réussi à passer la bague aux doigts de ces deux-là ! Bien sûr que Livio avait espéré, plus jeune, rencontrer l'amour avec un grand A, avoir une jolie vie de famille, mais il n'aurait jamais cru que cela arrive aussi vite. En arrivant à Bowen, il savait qu'il allait revoir Aura, mais il ne pensait pas tomber amoureux aussi vite. Il avait juste espéré renouer des liens et comprendre pourquoi elle l'avait ghosté pendant sept ans. Finalement, elle était celle avec qui il allait se marier. Quelle belle histoire, non ? Il s'amusa à dire à Fede qu'il lui piquait sa petite sœur sans aucune culpabilité, mais plus sérieux, il ajouta : « Tu sais que je vais prendre soin d'elle, n'est-ce pas ? » Il tenait à le dire, même si Fede l'avait sûrement remarqué ces deux dernières années. Bien sûr, l'approche du mariage faisait stresser les deux futurs époux et avaient poussé à quelques disputes. Aussi, Livio tentait-il d'avoir quelques conseils pour vivre les derniers jours avant le mariage plus sereinement. Mais il comprit très vite que le conseil qu'avait en tête Fede n'était pas le genre de conseil dont on discutait avec son beau-frère. Ils rigolèrent alors sur la crème glacée, Livio haussant toutefois les épaules en entendant la fin de phrase de Fede. « Je crois que le remède magique pour calmer ses angoisses, c'est de s'appeler Enzo. » Il n'était pas dupe, Livio, il savait que le jumeau d'Aura était le plus à même de calmer sa sœur. Ça, il l'avait compris quand Aura avait fait une crise d'angoisse pendant qu'Enzo était injoignable. Et malgré tout, cela restait une source d'angoisse parmi tant d'autres. Fede exposa d'ailleurs ses propres angoisses alors qu'il allait se marier avec Leticia. « Comme si elle allait te dire non ! Elle n'attendait que ça : que tu deviennes son mari. » dit-il tout sourire. Mais il comprenait Fede, ces angoisses faisaient écho chez Livio. A croire qu'ils aimaient bien se prendre la tête pour rien. Livio afficha toutefois un sourire attendri quand il comprit que le jour du mariage, tous les doutes de Fede s'étaient envolés. « Vivement le jour du mariage, alors ! » rétorqua-t-il en riant. Mais cela restait normal d'avoir de telles questions, comme le rassura Fede. « Peut-être. Mais je ne sais pas, j'ai toujours peur que l'on s'emballe. » commença-t-il à avouer. « Je ne remets pas en question mes sentiments pour Aura. C'est la femme de ma vie, je le sais. Mais je le sais aussi parce que j'ai vécu tout ce que je devais vivre avant. » Les déceptions amoureuses, les ruptures, les amours non réciproques, les histoires d'un soir. Tout ce que Aura n'avait pas vécu finalement. « J'ai peur de ne pas être celui qu'elle veut réellement, qu'elle finisse par trouver... mieux. C'est con, je sais. » Pas si con quand on savait que Fede avait aussi eu peur du divorce, de ne pas rendre sa femme heureuse...

C’était un peu inespéré pour vous deux, avec Livio, de vous marier. Certes, tu avais toujours voulu trouver la femme de ta vie mais après tes trente ans, tu avais lâché l’affaire. Il a fallu que cette belle brésilienne pointe le bout de son nez dans ta vie pour chambouler tout le reste. « J’espère bien que tu vas prendre soin d’elle. Sinon… » dis-tu en mimant un couteau sous ta gorge. Tu ne restais pas sérieux très longtemps puisque tu éclatais de rire. Mais bon, il savait que tu étais un grand frère protecteur avec Aura, et qu’elle était la prunelle de tes yeux. Tu voyais qu’il reprenait un peu plus de calme et de sérieux quand il te parlait du mariage. Qu’est-ce que ça faisait ? Qu’est-ce qu’on ressentait ? A vrai dire, tu n’étais toujours redescendu de ton petit nuage et tu avais peur d’en sortir. Pour toi, c’était une bulle de bonheur et tu ne voulais pas qu’elle explose. Ta soeur était entrain de tout préparer pour ce mariage mais aussi de gérer sa nouvelle boutique, et leur fils. C’était une magicienne, tu savais pas vraiment comment elle faisait pour s’en sortir. Et pour ça, tu la respectais énormément. Tu riais légèrement quand Livio te donner la raison du calme de ses angoisses. « Tu marques un point » dis-tu toujours avec ce léger rire qui s’échappait de ta bouche. Les jumeaux avaient toujours été super proches et tu savais que les deux pouvaient se comprendre sans même parler. Ils avaient ce pouvoir l’un envers l’autre que tu n’avais jamais eu sur eux et ça même si tu étais de la même fratrie qu’eux. Tu partageais à Livio tes angoisses d’avant le mariage, que tu avais eu peur que Leti te fasse faux bond au dernier moment. Mais il avait les mots justes, elle n’aurai jamais fait ça. « Je sais mais c’est quand même resté dans un coin de ma tête jusqu’au moment où on s’est dit oui » dis-tu avec un léger sourire. Forcément, c’est un moment important dans la vie d’un couple et c’est normal de se poser des questions. Tu lui confiais que quand tu l’avais vu descendre l’allée avec son père, tu avais oublié tout l’espace d’un instant, même les gens présent dans la salle. C’est de bon coeur que tu riais avec lui quand il te disait qu’il avait hâte que ce moment arrive. « C’est même totalement con ce que tu dis » dis-tu avec un léger rire. « Plus sérieusement, tu as vécu ta vie, Aura a vécu la sienne et au final vous allez vous marier. Si ça c’est pas un signe que vous êtes fait pour finir votre vie ensemble, je ne sais pas ce que c’est » dis-tu en posant une main sur son épaule, un sourire bienveillant sur les lèvres.

Livio rit de bon cœur en voyant le geste menaçant de Fede si jamais il ne prenait pas soin d'Aura. « Je vais dire à ta sœur que tu m'as menacé. » répliqua-t-il, telle une fausse balance. « Déjà qu'Enzo ne m'avait pas fait de cadeau... » en rajouta-t-il une couche avant de rire de plus belle. Mais il termina, sérieux : « Promis, je ferai tout pour la rendre heureuse. » Voir Aura sourire, rire, la voir le regarder avec ses grands yeux bruns pleins de douceur, c'était son carburant. Il aimait la voir évoluer, mûrir et porter avec brio tous les projets qu'elle avait en tête. Comme à l'instant présent où elle assurait la casquette de maman, d'entrepreneuse et de future mariée. Elle était fascinante, même si cela occasionnait du stress. Pour une angoissée comme Aura, ce n'était pas toujours facile. Il y en avait un qui arrivait mieux que quiconque à calmer la jeune femme : Enzo. Ce que Fede ne renia pas. « Leur relation est tellement fascinante. C'est comme s'ils sont dans la tête de l'un et de l'autre. » dit-il avec un sourire. Lui, il était extérieur à tout cela mais Fede avait vécu avec les jumeaux. Il connaissait donc très bien cette relation et les étrangetés affiliées à celle-ci. Autre chose qu'il connaissait bien : le mariage et les doutes en amont. Livio l'écouta évoquer ses doutes, sa peur que Leti dise non, qu'elle veuille vite divorcer. Des doutes infondés, encore plus quand Livio savait à quel point Leti n'attendait que cela. Elle lui avait glissé ses envies quand ils étaient partis à la recherche de la bague de fiançailles pour Aura. « En gros, on est libéré qu'au moment où elles disent oui, c'est ça ?! » demanda-t-il en riant. C'était drôle d'être libéré au moment où l'on se faisait passer la fameuse corde au cou. Mais Livio comprenait ce qu'il voulait dire puisqu'il vivait lui aussi les mêmes doutes.Des doutes complètement con comme le souligna Fede. « C'est vrai. Surtout quand on y pense qu'elle ne me parlait plus depuis plusieurs années. Et que je la retrouve ici, qu'on tombe amoureux, qu'on ait un bébé... Ouais, c'est complètement fou quand on y pense. » Mais au fond, il y aura toujours une peur infondée, notamment par le fait que sa belle brune n'avait connu que lui, comme expérience masculine, sur le plan charnel. Mais ça, ce n'était pas le genre de truc à échanger avec le grand frère. « J'espère que tu auras raison. Parce que si c'est le cas, vous allez devoir me supporter dans votre famille ad vitam æternam. » Et cela lui plaisait à Livio, les Luciano, c'était comme des frères.

« Ça, elle doit déjà s’en douter » dis-tu avec un rire. Tu disais ça sur le ton de la rigolade, mais si Livio s’avérait faire du mal à ta petite soeur, c’était sur que tu allais le lui faire regretter. « Ahhhhh, Enzo ! » dis-tu simplement avant de prendre une gorgée de ta boisson. Le frère jumeau était encore plus protecteur que l’aîné, mais ça c’est compréhensible. Livio était son meilleur ami, avant d’être le futur mari de sa soeur. Tu comprenais que ça pouvait être une situation délicate. « J’espère bien, fratello » répondis-tu en lui faisant un clin d’oeil. Tu ne doutais pas de la sincérité de ton beau-frère quand il disait qu’il rendrait Aura heureuse. Ou du moins, tu l’espérais. « Des fois, j’me demande si c’est pas le cas » soufflas-tu au jeune homme. Il avait raison sur ce point. Aura et Enzo étaient toujours connectés, quoi qu’il arrive. C’était presque flippant quand on y faisait vraiment attention. Vous vous concentriez de nouveau sur les doutes du mariage du jeune italien. De ton côté, tu avais paniqué totalement le jour de ton mariage. C’était comme si, au moment où le mot oui à traverser ses lèvres, que tu te sentais libérer. Et c’est ce que Livio venait tout juste de te demander. « T’as tout compris ! Tant qu’elle a pas dit oui, tu vas paniquer. Mais après, y’a pas de raisons qu’elle te plante devant l’autel et qu’elle s’enfui en courant » dis-tu avec un sourire en coin. C’était sans nul doute qu’Aura était folle amoureuse de son homme. Ils avaient fait un enfant ensemble, c’est pas rien ça ! « J’avoue que votre histoire n’est pas conventionnelle, mais c’est ce qui fait que ça va durer, j’en suis persuadé » répondis-tu avec un sourire. Ils avaient eu une relation qui partait mal au départ mais maintenant, en faisant le constat de leur vie, ils ont vécu de belles choses ensemble. Notamment Leandro, qui est la prunelle de leurs yeux. « Et on est très heureux de t’avoir dans la famille, tu le sais, ça ? » dis-tu en posant une main amicale sur l’épaule de ton interlocuteur.