Boy, you're an alien | Samuel

Il était en train de taper un rapport sur une enquête qui lui tenait à cœur. Il avait pu arrêter le père d’une jeune femme qui l’avait violé et battu, et il avait vraiment eu du mal à convaincre la jeune femme de porter plainte, car elle n’avait que lui sur qui compter financièrement. C’était le genre de femme qui vivait des syndromes de Stockholm beaucoup plus poussé qu’auparavant. Il n’avait pas idée de ce qu’il comptait faire par la suite, mais son collègue lui envoya un e-mail avec la photo d’un homme, qui pourrait être un suspect dans le meurtre de deux ou trois hommes. Il inspecta comme il le fallait le visage de ce criminel et il l’imprima dans son crâne. Ses traits étaient durs mais il savait comment faire pour repérer un criminel. Pour l’instant, il avait autre chose à faire, s’il repérait l’homme, il l’arrêterait, mais il n’était pas l’heure de s’occuper de ça.

Il passa une main sur son visage, et il se regardait dans le miroir des toilettes du commissariat. Il avait une sale tête, il n’était même pas rasé, complètement ko. Sa vie privée le rendait dans un état catastrophique, et c’était plus que fatiguant. Il en profita ensuite pour sortir prendre l’air, et se faire un restaurant tout seul. C’était une bonne idée, et ça allait lui mettre un peu de baume au cœur. Il entra dans son restaurant préféré en demandant la même table que d’habitude. On lui fit signe pour qu’il puisse y aller, et il s’installa tranquillement, en ouvrant son netbook pour continuer à travailler tout en dégustant l’apéritif que lui servait son ami serveur. « Merci Jim, c’est cool. Tu m’amènes un rosé ? » Il le remercia d’un sourire, et il bloqua sur un homme qui se trouvait en face de lui, de profil. Il le reconnaissait. C’était le portrait que son collègue lui avait envoyé. Il passa sa langue entre ses lèvres et il se mit en mode « agent ». Il le fixa, et au moindre mouvement, il comptait attaquer.

Il récupéra son verre, et il le but par petites gorgées, mais son réflexe fut de s’installer sur la chaise en face de l’homme. Il avait son arme en main, sous la table et il la mit, pointé vers l’homme, près à tirer. « Ta photo traine partout dans les bureaux fédéraux. Tu fais un mouvement, je te tire une balle dans un membre pour éviter de t’enfuir. Quel est ton nom ? » Il avait fini sa journée et il se sentait obliger de bosser. Ca le gonflait, mais il faisait son travail, toujours.

Il pinça ses lèvres en souriant légèrement. Il le provoquait. Il ne le connaissait pas. Personne ne connait Samuel quand il se sentait d’attaque. Ce jeune homme en face de lui pensait qu’il allait gagner, mais autant renter dans son jeu non ? Il fallait continuer sur cette voie. Il montra sa carte d’agent. « Agent Nightingale. On va écourter le jeu. Je suis fatigué, je n’ai pas envie de me prendre la tête avec un assassin. Soit vous me suivez au poste sans que j’ai à poser de question, soit vous me répondez. N’essayez pas de jouer au plus con, c’est moi qui vais gagner. » Il ne bougea pas d’un poil, et il regardait l’assiette du voisin, qui était déjà bien rempli, avec des mets qu'il appréciait. Il avait bon goût, et ça lui donnait faim. Il fit signe à Jim, le serveur, de venir. « Amène-moi mon assiette ici. Je prendrais comme d’habitude. »

Il toisait cet homme. Il n’avait pas l’air d’un assassin ou même d’un monstre, c’était étrange. Il en profita pour finir son verre de rosé. Actuellement, il n’était pas dans ses heures alors il pouvait se permettre un peu d’alcool, mais son attention ne baissait pas pour autant.

Malgré sa fatigue, il savait écouter. Samuel était le genre de garçon qui faisait très négligé dans son travail, voire jemenfoutiste, mais en fait, il était très minutieux et perfectionniste. L’homme, Castiel, parlait comme s’il savait ce qu’il se passait, comme si Sam connaissait son histoire, alors que ce n’était pas le cas, mais au moins, Castiel lui donna les informations sans même qu’il insiste un peu plus. « Je n’étais pas du tout au courant de tout ça. » Jim amena les deux assiettes, et il posa son arme entre ses jambes, pour être libre de ses mains. Samuel avait de très bons réflexes, et de toute façon, Castiel n’avait pas l’air de vouloir fuir, il devait savoir que c’était inutile. Il passa sa langue entre ses lèvres, et il regarda son plat. « Bon appétit. » Il commença à déguster son magret de canard qu’il aimait particulièrement grillé. Ces petits détails faisaient ce que le plat était. La perfection pour les papilles de Samuel.

Il levait ensuite les yeux vers son interlocuteur. Samuel, parfois, était un peu bourrin dans son job, mais là, il avait envie de prendre le temps de cuisiner et rôtir son criminel. « Dites-moi tout alors. Je n’ai pas lu votre dossier car on m’a juste envoyé votre photo avec le fait que je devais vous attraper si je vous voyais. Racontez-moi votre histoire. »

Son sang ne fit qu’un tour. Des hommes avaient tué un agent fédéral ? Un collègue de loi, qui avait été assassiné. Il fronça les sourcils en écoutant attentivement ce que l’homme était en train de développer. Il passait sa langue entre les lèvres, et retenait chaque mot, chaque nom qu’il lui donnait. C’était intéressant à savoir, pour une prochaine traque, mais en attendant, il se sentait mal à l’aise car il compatissait à la vengeance de Castiel. Il soutenait le regard de son interlocuteur, et il soupirait fortement. « Bien. On se tutoie, ça va être plus facile. » Il mangea un morceau de son magret, en le dégustant. On aurait pu croire que c’était deux amis en train de parler calmement mais la conversation était tout autre, dans un registre beaucoup plus sombre qu’il n’y paraissait.

Il essayait de comprendre, tout en réfléchissant à chaque phrase que Trooper prononçait, et malheureusement son côté humain l’emportait sur tout le reste. Il but son verre dans une longue gorgée, puis il continua. « Je ne vais pas t’arrêter. Explique-moi quel genre d’homme était ton père, je voudrais savoir. Ca me motiverait à t’aider dans ta traque. Je suis flic. Je sais ce que je fais. » Il ne lui laissait pas vraiment le choix, en fait.