god must hate me, he cursed me for eternity (nikolaj)

Les rares fois où tu pouvais sortir de ta chambre, c’était pour aller piquer quelque chose à la cafétéria de l’hôpital. Même si tu avais ton infirmière personnelle Charlie pour t’emmener de quoi manger, tu aimais bien te balader dans les couloirs. Depuis cette rencontre avec Nastya, tu avais demandé, enfin même plus ordonné, au personnel soignant de te laisser une petite heure pour sortir de ses foutus murs blancs qui t’entouraient. Ils avaient accepté en mettant un milliard de condition mais pas grave ! Tu étais prêt à tout subir si c’était pour te balader ailleurs que dans ta chambre si morose. Cette après-midi, tu avais décidé d’aller chercher quelque chose à boire pour changer de l’eau. C’est bon l’eau, c’est sympa mais au bout d’un moment c’est chiant. Y’a zéro fun. Alors tu avais pris au comptoir de la cafétéria une bouteille d’Oasis tropical. De l’eau de source et du fun ! C’était bien ça dont tu avais besoin, du fun. Alors tu te posais à une table pour boire et profiter un peu, loin des autres patients et soignants. Tu reconnaissais quand même une tête au loin, dans la cafétéria. Mais ce n’était pas forcément quelqu’un que tu appréciais. En fronçant les sourcils, tu voyais un homme assez grand, élancé et très mince. Vu les photos que tu avais vu de lui, aucun doute pour dire qu’il s’agit de Nikolaj, le mec d’Ashlee. Il avait pas forcément envie de te voir ici, et tu n’avais pas forcément envie de le voir non plus. Alors tu te relevais de ta chaise pour partir de là. Mais quand tu te levais, tu sentais quelque chose sous tes fesses, sur ton jogging. Tu regardais la chaise et tu voyais du chocolat fondu dessus. « Pourquoi faut que ça m’arrive à moi ce genre de choses ? » dis-tu pour toi-même mais à voix haute. On aurait bien dit que tu t’étais fais dessus et c’était pas forcément agréable. Surtout quand tu vas surement rencontrer pour la première fois un gars dont tu n’es pas le plus grand fan et dont il n’est pas le tien.

@Nikolaj Hjörleifsson

Suite à sa petite crise de claustrophobie inopinée de la veille, et la tension que ça avait mis sur son muscle cardiaque, il avait été fortement recommandé au webdesigner d'aller passer quelques tests, routiniers lui avait-on dit, juste par précaution au vu de sa condition. Le garçon avait froncé les sourcils, guère enchanté, lui qui passait son temps à vivre comme s'il n'avait pas le moindre problème cardiaque. Parce que techniquement, il pouvait très bien nier l'affaire, il était pas aux portes de la mort non plus. Il pouvait très bien vivre avec confortablement toute sa vie. Mais y avait toujours un risque, et valait mieux être prudent, chose que Nikolaj n'était pas. Et vu que dans la panique, il avait appelé les secours hier pour le sortir de ce putain d'ascenseur, bon. Il avait quand même dû sortir son historique médical, et voilà qu'il payait une petite visite au service cardiologie. C'était pas la fin du monde, mais le brun détestait se faire rappeler ses faiblesses. Il avait donc passé l'électrocardiogramme, le test à l'effort et l'IRM en boudant, avait conclu par une petite prise de sang juste pour dire, mais soit, c'était fini maintenant. Il avait juste hâte de sortir d'ici et espérait ne croiser personne. C'était ça aussi, qu'il n'aimait pas. C'était ça qui le stressait, en fait. Risquer que quelqu'un découvre sa cardiomyopathie, qu'on découvre qu'il avait déjà été opéré, qu'on découvre qu'il avait des chances de tomber raide juste pour une petite course, ou juste parce que son cœur avait décidé de l'emmerder. Non, Niko avait trop d'ego que pour laisser quelqu'un s'approcher de ce petit souci, qui n'était pas difficile à masquer au quotidien. Le problème, c'est qu'il aimait tellement vivre comme s'il était invincible, Niko, qu'il n'aidait pas son cas. Courir, faire du parkour, fumer, refuser une médication préventive. Mais comme il s'en était sorti jusqu'ici, il avait décidé qu'il continuerait très bien à défier les probabilités ainsi. Et que ce n'était pas nécessaire que qui que ce soit soit au courant, à part l'une ou l'autre rare exception. C'était sans compter le fait qu'il allait croiser ce vieux type, là. Jules. Il avait failli passer à côté sans le voir, en plus, fuyant cet hôpital tête baissée, mais Jules s'était levé. Et une fois qu'il avait croisé son regard, impossible pour l'Islandais de continuer sa route avec un air de fuyard. Oh non, son ego l'aurait pas supporté. « Ça pique les meufs des autres mais ça se fait dessus quand ça doit assumer... Classe. » siffla-t-il en s'arrêtant. Ouais, c'était pas de bol qu'ils se croisent, encore moins ici. Ça rajoutait encore plus à l'animosité du garçon, d'ailleurs. Putain, si ce type allait baver à Ashlee qu'il l'avait vu ici... La confrontation était donc sa seule option pour éviter cette situation. Il avait déjà travaillé sur une excuse pour sa présence ici, durant ses tests, au cas où. Et là, il était en train de calculer la meilleure façon de faire tourner ce hasard à son avantage. Même si la colère qui grondait en lui, celle qu'il n'avait pas vraiment pu déverser sur Ash, menaçait d'emporter sa raison.

C’était bien la dernière personne que tu voulais croiser par ici… Il n’y avait personne de pire que Nikolaj pour toi en ce moment. Surtout après les aveux d’Ashlee par message. Tu t’étais levé de ta chaise, en tenant ta perfusion et en remettant correctement ton tube à oxygène dans ton nez mais tu voyais que tu t’étais assis sur une trace de chocolat. Manque de bol pour toi, Niko l’avait remarqué en marchant vers toi. Vous aviez eu un eye contact. Et il était venu à ta rencontre. T’avais vraiment pas envie de lui parler, pas maintenant en tout cas et surtout pas après ce qu’il s’est passé avec ta sale tache de chocolat sur les fesses. Ça faisait vraiment gamin. Tu ne savais pas pourquoi il était là mais lui, il devait savoir pourquoi tu étais à l’hôpital. « Funny » dis-tu en soufflant. Tu attrapais une serviette pour essayer de nettoyer ton jogging mais bon, ça semblait quand même bien incrusté sur le tissus. Tant pis pour toi. « Aux dernières nouvelles, j’ai piqué la meuf de personne » dis-tu en relevant les yeux vers le jeune homme. Vous ne vous connaissiez pas. Vous saviez juste que vous aviez Ashlee en commun tous les deux. « Tu rend visite à quelqu’un ou t’es juste venu mal me parler comme ça ? » demandas-tu ensuite au brun. Ta question était un peu détournée, tu voulais vraiment la raison de sa visite à l’hôpital. Peut-être que ça te servirait de moyen de pression pour qu’il te foute la paix. Après tout, tu n’avais pas envie de te prendre une raclée dans cet état là, et encore moins par ici.

Rien qu'à voir sa gueule, Nikolaj avait envie de le frapper, en fait. Il l'avait suffisamment vue sur son compte insta par-dessus l'épaule d'Ashlee quand elle passait son temps sur son téléphone, à causer avec lui ou d'autres connards. Mais principalement lui. Cette pensée lui fit serrer les poings. Mais vu l'état de ce type, il ne pouvait décemment pas le cogner, peu importe à quel point ça le démangeait. Quoi qu'il n'était même pas tout à fait certain qu'une bouteille d'oxygène le freinerait, il pouvait être incorrect à ce point là, en réalité. Mais jusque-là, il se maîtrisait. Plus ou moins, sachant qu'il aurait tout aussi bien pu passer son chemin. « Ouais, c'est ça. » cracha-t-il à mi-voix, une expression dénigrante sur le visage. Pour lui c'était même pas un débat, évidemment qu'il lui avait piqué sa meuf, peu importe de quelle façon. Ash avait passé de plus en plus de temps à lui causer, à penser à lui, il l'avait bien vu, il la connaissait depuis trop longtemps pour y être aveugle et il était suffisamment jaloux et possessif aussi pour remarquer quand on lui piquait la vedette. Et c'était même pas comme si la rouquine avait essayé d'être discrète. « Oh sorry, tu voulais un high five peut-être ? » rétorqua le brun d'un air narquois. « J'suis venu voir un de mes clients qui est hospitalisé, pas que ça t'regarde, anyway. » poursuivit-il tout de même avec un haussement d'épaules. Certes, ça ne le regardait pas, mais ça soulèverait moins de questions s'il faisait déjà tourner l'information de l'excuse qu'il avait trouvée.

Tu savais que le norvégien n’était pas ton fan numéro un mais plutôt ton premier hater à vouloir te ratatiner la tronche. Heureusement pour toi, vous étiez dans un hôpital et tu savais qu’il ne lèverait pas la main sur toi ou même qu’il ne déclencherait pas une bataille. Pour toi, tu n’avais volé la meuf de personne. Certes, tu avais couché avec Ashlee mais au début, tu ne connaissais pas sa relation avec le jeune homme ne face de toi. Tu n’avais jamais voulu d’emmerde. Mais malheureusement, tu les avais attiré comme un aimant. Tu voyais qu’il était entrain de monter en pression face à toi. « Par contre, si t’es pas capable d’être calme, tu peux aussi partir, hein » dis-tu en fronçant les sourcils. Le jeune homme serrait les poings et toi tu te mettais à tousser parce que t’avais zéro force. Alors tu t’asseyais de nouveau sur ta chaise, te laissant un peu tomber parce que tu savais que tu risquais d’en prendre pour ton grade et t’avais plus la force d’être debout pour ça. « Eh bah très bien, j’ai pas demandé des détails non plus, hein, calmes-toi. Vis ta vie ! » ajoutas-tu en levant les yeux au ciel.

hj:

C'était probablement totalement immature et absolument pointless de venir chercher ce gars, mais ça, ça ne traversait même pas l'esprit du webdesigner. Il s'en foutait comme de l'an quarante là, de comment on pouvait juger son comportement. Son problème le plus immédiat, c'était de se retrouver au même endroit que ce type qui avait réussi à emmener Ashlee loin de lui. Niko était toujours en colère contre la sulfureuse rousse, et il ne se priverait sûrement pas de lui faire savoir à chaque occasion durant les prochains moins de chaos entre eux, mais dans le fond, c'était jamais totalement elle qu'il avait envie de blâmer. Il l'aimait trop que pour vraiment la détester, même si aimait l'accuser de tous les maux. Mais non, au fond de sa psyché, c'était sur Jules qu'il avait envie de passer sa colère, ou sur un autre mec à qui il arriverait à attribuer la responsabilité de lui avoir fait perdre du terrain, même. « Þú munt sjá hvað það er þegar ég er ekki rólegur, ef þú heldur áfram, fáviti. » gronda-t-il dans sa barbe. C'était rare que Nikolaj ait recours à l'Islandais, il ne pratiquait presque plus cette langue, mais de temps en temps, particulièrement quand il pestait, ça lui revenait. Il était bien conscient que personne n'aurait pu comprendre ce qu'il marmonnait, mais ça le défoulait et l'aidait à se retenir de faire une connerie, genre casser la gueule à un malade dans un hôpital. « J'aimerais bien, mais c'est compliqué si tu m'la piques, cette vie. » grogna-t-il, toujours agressif et accusateur. Ce dialogue allait forcément être tout sauf productif. Sauf si Niko cédait à la tentation et finissait par lui coller une beigne, mais ça revenait à se tirer une balle dans le pied avec Ash. Après, au point où ils en étaient...

hrp:

T’étais pas forcément en position de force pour rétorquer face à Nikolaj. Mais pourtant il a fallu que vous vous croisiez à la cantine de l’hôpital et que vous vous cherchiez des noises. C’était évident que ça allait arriver un jour, tu le savais. Mais tu ne pensais jamais que tu serai autant en position de faiblesse face à lui. T’en avais pas envie, t’avais envie de montrer que t’étais un homme fort et que tu te laissais pas abattre. Mais c’était totalement raté. Il marmonnait dans barbe dans une langue qui t’étais inconnu et tu soufflais en te laissant tomber sur ta chaise. De toute façon, tu n’avais rien à redire, t’avais pas compris ce qu’il disait. « C’est pas le but » dis-tu simplement en haussant les épaules. T’étais fatigué, t’avais pas vraiment envie de te battre et puis t’étais pas en forme pour le faire en tout cas. « J’me mettrai plus en travers de ton chemin, si c’est ça que tu veux savoir » ajoutas-tu en levant les yeux vers lui. Tu voulais pas lui faire pitié, loin de là, mais tu voulais pas te battre non plus, t’avais plus la force de ça. T’aurai été hors de cet hôpital et en pleine forme, peut-être que vous en seriez venu aux mains. Mais là, c’était ni le lieu ni le moment pour le faire. Tu te ferai rétamer si c’était le cas.

hj:

Il avait beau être un sale con par moments – beaucoup de moments, genre celui-ci -, Nikolaj n'était pas réellement de nature violente. Il n'avait pas un comportement exemplaire et les raisonnements les plus respectables, mais c'était pas dans ses habitudes d'aller casser la gueule à des gens pour un oui ou pour un non. Quand il répondait physiquement, c'était vraiment qu'on l'avait poussé au bout du bout, ou qu'on avait touché une corde sensible – et ça y en avait pas des masses, chez lui. Alors malgré cette envie d'en coller une à cet abruti qui le démangeait, il n'était pas prêt de franchir cette ligne. Par contre, le flinguer du regard, ça il pouvait faire. Être le plus arrogant et désobligeant possible, aussi. Surtout quand il était face à un mec qui en menait pas large, avec sa perfusion et son air blafard. Il le reconnaissait sans mal, ça lui faisait plaisir à Niko, de voir que le fameux amour secret d'Ashlee, était juste ce type mal en point. Et non, il n'y avait pas une once de compassion dans le regard de l'Islandais, ni nulle part ailleurs dans son esprit. Sans doute qu'il se sentait moins menacé, même si la colère grondait toujours. Qu'il était content de voir que son adversaire était un gars en chemise d'hôpital. C'était d'une stupidité sans nom, mais son ego le prenait plutôt bien. Même si c'était peut-être le même numéro de chien battu de ce Jules qui avait réussi à attendrir Ash. Contre toute attente, le brun sembla se rétracter sans mal. « Ouais, c'est ce que je voulais entendre. » grogna-t-il entre ses dents. Ce qui était vrai, mais ça n'apaisait pas plus que ça son agressivité, pourtant. Probablement parce qu'il n'y croyait pas trop, pas totalement. Et aussi parce que si ce type lui affirmait qu'il se retirait de la bataille, ça ne changeait pas les sentiments d'Ashlee. « Tiens-toi loin d'Ash. » ajouta-t-il, le ton toujours aussi menaçant, bien que calme.

Cette confrontation allait forcément arriver un jour. Mais t’aurai bien aimé qu’elle arrive une autre fois que maintenant. Tu n’étais pas au top de ta forme, avec ta perfusion dans le bras à te trimballer tes médicaments comme le grand malade que tu es. T’aurai préféré lui faire face, lui montrer que tu n’étais pas si faible que ça. Mais non, la vie en a fait autrement. C’est bien pour ça que tu t’étais laissé retomber sur ta chaise en soufflant, l’air désespéré. T’avais rien à perdre après tout, il aurait pu te foutre un pain ça aurait été pareil. Mais il n’avait pas l’air d’être enclin à faire ça dans un hôpital, même si la rage se lisait dans son regard. « Tant mieux » dis-tu en soufflant. T’avais pas envie de te mettre en barrière de son chemin et puis qui sait, ça se trouve demain tu allais crever comme une merde dans ton lit d’hôpital et personne n’aurait de tes nouvelles. Alors à quoi bon se battre et chercher la merde ? A rien, qu’on soit clair. « Vos désirs sont des ordres » dis-tu avec un mince rire. Tu ne te moquais pas, mais au moins tu voulais que les choses soient claires et elles l’étaient pour le coup. Il n’y avait rien à rajouter, vous n’alliez pas parler plus de toute façon. Tu te relevais de ta chaise en attrapant ta perfusion avant de lever le regard vers l’islandais. « Bonne vie à toi » dis-tu en le saluant de la tête.

hj:

Nikolaj serra les dents, devant la réponse ouvertement ironique du malade. Il était peut-être un con aux grands airs suffisants, mais Jules n'était pas totalement en reste, c'était certain. L'Islandais grinça des dents, mais ne répliqua pas : au moins il avait ce qu'il voulait, en partie. Que ce type qui semblait à deux doigts de clamser fasse autre chose de sa vie que tourner autour d'Ashlee. Sur ces derniers mots, son interlocuteur se leva de sa chaise, ce qui semblait lui demander un effort conséquent. Niko ne broncha pas, le suivant du regard, un regard mauvais. « Ouais, à toi aussi. » gronda-t-il, renfrogné, regardant le garçon tituber comme il le pouvait pour quitter la cafétéria. « Enfin, ce qu'il t'en reste. » marmonna-t-il, sans savoir s'il l'avait dit suffisamment fort pour qu'on l'entende. C'était d'une mesquinerie sans nom, et absolument pas nécessaire, mais la haine de Nikolaj envers ceux qui convoitaient ce qu'il considérait être à lui, n'avait pas de limites, pas même celles de la décence élémentaire. Sur ce, il tourna les talons à son tour.

End.

Niko me fait tellement honte