blurry lines. (maggie)

« On est d’accord, mais je voulais pas non plus te mettre les pieds dans les plats! » Que tu disais en riant doucement. Il avait rien géré du tout, mais quelque part, tu le comprenais. Tu le comprenais maintenant parce qu’avec ton cancer, ça te faisait mal… Tu te disais que tu ne pourrais plus t’attacher comme avant. T’étais qu’une petite bombe à retardement. Une petite bombe qui pouvait faire bien plus de mal que ce que tu souhaitais réellement. Tu pouffais de rire en l’entendant parler de son beau corps. C’était amusant un peu, tout ça. Puis, Charlie elle te parle des questions que tu lui poses et tu éclates de rire. « Bon ça va, tu gagnes cette manche parce que j’manque un peu de tact, mais juste un peu! » Que tu lui rappelles avec un fou rire. « J’perds pas de temps, Charlie. » Que tu lui dis avec un petit sourire à la commissure des lèvres. T’en avais plus de temps à perdre. « C’est pas parce que t’as pas de délicatesse, au contraire, t’en as. C’est juste que parfois, tu la mets de côté. Mais si tu veux, Bulldolove. » Elle avait pas eu de relation sérieuse depuis ton départ et quelque part, ça te rassurait parce que tu te disais que certaines choses ne changeaient pas. « Et ça te manque? » Que tu lui demandes, curieuse. Toi, tu ne savais pas trop si ça te manquait. Jules te manquait, mais c’était pas pareil… « Et surtout, dis-moi : t’es heureuse, Charlie? »

S'accordant sur le fait que leur ami commun n'avait pas eu le comportement le plus exemplaire à l'époque, les deux jeunes filles riaient, surtout, avant tout. Et si elles évoquaient tout ça avec légèreté aujourd'hui, tout n'avait pas toujours été si simple, bien moins même que ce que Charlie imaginait. Mais pour l'instant, c'était bon de profiter de l'air pur et facile de leurs retrouvailles, aussi inattendues soient-elles. « Merci, c'est bien de reconnaître que je suis une winneuse. » s'enflamma la médecin, toujours dans l'exagération, bien entendu, et l'assumant avec un naturel déconcertant. « Ben oui, je vois ça ! » s'exclama-t-elle en riant, ce sourire éclatant creusant toujours ses joues, quand Maggie affirma qu'elle ne perdait pas de temps. « Ouais, c'est toi qui le dit. » déjoua-t-elle en mimant un air désinvolte, même si elle savait bien que son amie n'était pas dans le faux. Puis, elle la connaissait depuis toute petite, elle pouvait bien faire confiance à son jugement. « Ooooh, Bulldolove, c'est trop mimiii ! Un savant mélange de ce qu'on vient de dire. » s'enthousiasma la brune, des cœurs dans les yeux appuyant son accord pour ce petit surnom. « Euh... Eh ben euh... Non, enfin j'me suis toujours suffi à moi-même. » répliqua-t-elle d'abord, mais en proie à quelques réflexions. Au fond, est-ce que ça lui manquait pas un peu ? Elle avait suffisamment eu le temps de se pencher sur la question ces derniers mois, et même d'en parler. « Enfin, si, sans doute. » admit-elle ensuite, même si une moue un peu rabougrie prouva que c'était loin d'être agréable pour elle de le reconnaître. Mais c'était vrai, et Charlie, elle aimait pas mentir, même si ça lui coûtait de dire qu'elle était pas toujours la superhéroïne solitaire et libre comme l'air qu'elle pensait être. « Pourquoi, j'ai l'air malheureuse ? » souleva-t-elle ensuite, affichant un sourire franc, arquant un sourcil presque provocateur. Bien détourné, Cha'.

Une winneuse, voilà comment elle se qualifiait alors que toi, tu riais légèrement. « Bulldolove, c’est ton nouveau surnom et ça tombe bien, j’trouve que ça te va bien. » Et elle concluait en disant que c’était un savant mélange de tout ce qu’on disait. Et c’était ça avec Charlie, simple comme ça. La brune se justifie en disant qu’elle se suffisait à elle-même et quelque part, tu la jalousais un peu de s’aimer comme ça. « J’ai pas dit ça non plus, Cha. » Que tu lui dis en levant les yeux au ciel. « Je te le demande, comment toi tu te sens avec ton petit cœur. Parce que je sais que ta clavicule, elle est vachement chouette, mais ton petit cœur, il va comment, lui? Il a pas l’air malheureux, il a surtout l’air d’être derrière une cage thoracique d’enfer, hein. »

Charlie sourit de toutes ses dents, son visage solaire s’illuminant comme pour approuver totalement le choix de son nouveau surnom. Maggie et elles se connaissaient depuis trop longtemps que pour ne pas retomber sur la même longueur d’onde en quelques minutes, peu importe les distances et années qui s’étaient égrainées. Elle fit la moue devant les questions de la belle rouquine, moue qui s’effaça toutefois rapidement, parce que bon, elles savaient se parler, toutes les deux, se dire les choses et se comprendre sans toujours en faire des caisses – même si Charlie, elle adorait en faire des caisses. « Hé ben puisque tu l’demandes, mon petit cœur, il est juste extrêmement heureux de retrouver sa meilleure copine d’enfance. Je suis contente que tu sois rentrée, Mag’. Même si ça m’avait coûté une clavicule, j’aurais été contente. » répliqua-t-elle finalement, toute trace de mise en scène disparue, ne laissant qu’une authenticité pleine de chaleur qu’on pouvait apercevoir par moments chez la jeune médecin. Elle ne put s’empêcher de tendre les bras pour faire un gros câlin à la jeune femme, ne pouvant faire autrement qu’exprimer la joie qu’elle ressentait – une fois la surprise passée – de retrouver Maggie.

End.