and it'll be us, just for a while (peckson)

En six mois la vie de Perry a pas mal changé sur un peu tous les aspects et ce n’est pas franchement pour le rassurer. Entre sa relation avec Jackson qu’il a encore du mal à qualifier de couple et l’annonce de l’existence d’un fils caché de sept ans, les mois ont été riches en émotions. Si tout n’a pas vraiment été éclairci sur sa relation avec le brun et qu’il n’a pas encore officiellement présenté le jeune homme à ses enfants, ni même totalement à ses amis, il a pu constater qu’il n’a plus franchement envie d’aller voir ailleurs, au moins pour l’instant. Et pourtant il a bien essayé, avec Elias notamment, mais son esprit était bien trop occupé à penser au corps nu de Jackson pour apprécier les mains de son ami sur son corps. S’il n’y a pas eu de grande déclaration pour l’heure entre eux, il y a définitivement quelque chose qui a changé depuis le premier janvier et leur discussion dans une chambre d’hôpital française. Pas franchement adepte des petits dîners romantiques en tête à tête, Perry a bien voulu faire une exception, après tout ils fêtent leurs six mois de relation, sans pour autant qu’ils ne l’aient explicitement dits ni l’un ni l’autre. Pour l’occasion ils se sont donnés rendez-vous sur la plage pour une petite soirée à deux, leur premier véritable date si on y réfléchit bien. Le jeune papa a pour mission de s’occuper du repas et Jackson d’à peu près tout le reste, ce qui regroupe essentiellement la boisson et un tissu pour s’asseoir sans être plein de sable. Pour le repas il ne faut pas trop en attendre de Perry qui a décidé de commander une pizza à l’un des camions de la ville. Mais ce sont des très bonnes pizzas attention ! Comme à son habitude il arrive en retard sur l’heure, le carton dans les bras. Il repère Jackson et vient s’asseoir à côté de lui en disant « Désolé, y’avait plus de monde que ce que je pensais et ils ont un peu galéré à comprendre ma commande. » Il pose la large boîte entre eux deux « Pizza moitié végé moitié pepperoni. » Car s’il y a bien une chose qu’il connaît chez son petit-ami, c’est son goût en matière de pizza. Même s’il a pu goûter la pizza végé lors de leur week-end à Sydney et qu’il n’a pas trouvé ça mauvais, rien ne pourra battre la pizza pepperoni aux yeux de Perry.

Perry et toi, vous en étiez pas exactement là où t’aurais pensé, en t’imaginant cette année défiler, au nouvel an. Après sa visite à l’hôpital et cette première vraie conversation sur votre relation, évidemment tu t’étais mis à t’imaginer la suite des choses. Pour la première fois, ça se concrétisait un peu, lui et toi. T’avais calmé tes ardeurs en te disant que Perry était un peu à reculons et que c’était correct, que vous pouviez prendre votre temps, que tu le guiderais comme il te l’avait demandé. Que tu lui montrerais que ce n’était pas aussi effrayant que ça, d’être à deux. Vous l’étiez déjà, en quelque sorte, manquait plus qu’à mettre l’étiquette, mais c’était souvent ça qui faisait peur. Six mois après, vous étiez encore à peu près dans le même flou, même si tu savais que Perry avait des sentiments pour toi, ils n’avaient pas encore été verbalisés plus que ça, il ne t’avait pas présenté à qui que ce soit comme étant son petit ami, même … tu ne savais même pas encore si vous étiez exclusifs. T’avais pas osé demander, la réponse te faisait peur. De ton côté, depuis janvier, t’avais été qu’avec Perry. T’avais pas envie d’être avec qui que ce soit d’autre que lui. Même avec Charlie, avec qui t’avais pourtant souvent fini tes soirées quand vous étiez tous les deux solos dans vos chambres respectives, depuis six mois tu ne la rejoignais plus et elle avait probablement compris pourquoi. Elle te manquait, certes, mais par respect pour ce que t’étais en train de bâtir avec Perry, même à l’aveugle, tu ne voulais pas gaffer. C’est avec lui que tu voulais construire quelque chose sur le long terme, même si tu ne savais pas encore si ça évoluerait en ce sens-là. Tu t’y accrochais, à cet espoir, à ce souhait. D’ailleurs ce soir, ce fut une belle surprise que d’être invité à rejoindre le Youtubeur pour un pique-nique dans le sable, au bord de l’eau. T’avais qu’à amener la boisson et une couverture – il devait bien se douter qu’avec tes revenus, si t’étais en charge du repas, c’aurait été pas mal dégarni. T’avais emmené une bonne bouteille de vin, quand même, ainsi qu’une grande couverture bourgogne que t’avais volée à ta colocataire pour la soirée. T’attendais Perry, les pieds dans le sable, assis sur le bout du tissu. Le vin était posé à côté de toi, les deux coupes tenant en équilibre dans le petit trou que tu leur avais fait dans le sable. Avec un peu de retard, Perry vint te rejoindre et s’assit à côté, une bonne odeur de pizza émanant de la boîte qu’il tenait. Ça te fit sourire. Ça te rappelait Sydney. « Ils ont galéré à comprendre moitié végé moitié pepperoni ? » Demandas-tu, dubitatif. Il était probablement en train de s’inventer une excuse pour justifier son retard alors qu’il avait juste pris une trop longue douche. « Merci d’être allé nous chercher ça. » Tu t’avanças vers lui pour l’embrasser. « Normalement le vin devrait bien s’accorder. Comme je savais pas ce que tu prévoyais, j’ai pris une palette plus passe-partout. » T’avais l’air de t’y connaître mais en fait c’est le gars de la succursale qui t’avait dit ça.

Quand il s’agit d’arriver à l’heure, il ne faut pas trop compter sur Perry. Il a une notion du temps approximative et arrive rarement quand il faut aux rendez-vous. Penny peut en témoigner, il lui ait arrivé plusieurs fois de devoir attendre que son père vienne la récupérer après l’école parce qu’il était parti en retard du travail et qu’il pensait que ça passerait. Jackson était perplexe sur son excuse quand à la commande de pizza. Même si faire moitié moitié n’est quelque chose de si exceptionnel, il faut croire que ça n’arrive pas souvent et que le jeune homme n’arrive pas toujours à s’exprimer clairement. « Ouais...en même temps qui mange des pizzas végé ! » dit-il en souriant pour taquiner le brun. Ce fut source de débat chez eux à Sydney même si au final Jackson a gagné puisqu’il a réussi à convaincre son comparse d’en manger et qu’il a à peu près apprécié. Après s’être assis, ils s’embrassèrent et ce genre de moment paraît toujours assez surréaliste pour Perry. Il n’a eu que peu de relations où il n’avait pas dragué un ou une inconnue pour l’embrasser. Une relation amoureuse quoi. La seule et unique autre s’est terminée sur cette même plage il y a plus de six ans maintenant. C’est un oiseau difficile à attraper le Peach et si Jackson aurait sans doute préféré qu’il soit un peu plus proche du petit ami idéal, il a tout de même réussi à faire passer le célibataire le plus célèbre de Bowen en homme en couple. Le brun a de son côté ramené du vin et la couverture sur laquelle ils sont installés. « Tu sais j’y connais absolument rien en vin donc t’aurais pu prendre le truc le plus pourri du monde, j’aurais pas vu la différence à mon avis. » Lui sa spécialité c’est les mojitos, en dehors de ça il est plutôt nul pour évaluer si un alcool est bon ou mauvais. « D’ailleurs avant que j’oublie. » dit-il en plongeant sa main dans la poche arrière de son pantalon. « J’ai vu ça l’autre jour en me baladant et ça m’a fait penser à toi. » Il sort un petit porte-clef représentant une figure d’acrobate. Même si Perry n’a toujours pas eu l’occasion de le voir à l’œuvre, il sait que cette passion compte beaucoup pour le brun, même s’il n’a plus autant l’occasion de la pratiquer que par le passé.

Tu levas les yeux au ciel en riant quand il ramena un peu son dégoût pour les pizzas végés sur le tapis. T’avais quand même le souvenir qu’il n’avait pas détesté ça tant que ça ! Certes, il préférait de la viande sur ses pizzas, mais c’était pas une raison pour dénigrer tes choix. Ça ne te faisait pas réellement de la peine, mais tu pris quand même une mine boudeuse, juste parce que. « On est beaucoup, tu sauras, dans cette … religion ! » C’est pas tellement le mot que tu voulais utiliser mais t’avais rien trouvé de mieux, alors tu ris. Perry te rendait encore nerveux même après tout ce temps, même après plus de deux années à apprendre à vous connaître. C’est que c’était tout récent que vous vous fréquentiez, plus ou moins officiellement. Plus ou moins, parce que c’était assez officiel pour vous deux, mais ce ne l’était pour personne d’autre ou presque. Tu l’embrassas parce que tu voulais que ça te suffise, votre petite bulle, alors tu t’enfermais dedans à chaque fois que t’en avais l’occasion, pour oublier que le reste du monde existait quand même. Tu présentas ensuite ton choix de vin qui était plutôt aléatoire de ton côté, tu t’en étais juste remis aux conseils du gars. « Ouais, j’y aurais pas trop vu la différence non plus, mais apparemment ce Pinot noir va moins me donner mal à la tête demain matin … Moins de … ah, je me souviens plus ce que le gars a dit. Mais je me suis dit que ce serait bien pour qu’on puisse continuer la soirée demain matin, si on veut … » Tu souris, une lueur de malice et d’excitation dans le regard, parce que quand même votre vie sexuelle demeurait quand même une des meilleures parties de votre relation. Tu redéposas la bouteille de vin rouge quand Perry plongea sa main dans sa poche, pour t’offrir un petit porte-clef d’acrobate. Tu souris, réellement touché qu’il ait pensé à toi. « Merci, Perry. Il est très cool. J’vais peut-être arrêter de perdre la clé de la maison, avec ça. » Tu ris, le mettant dans ta poche pour ne pas le perdre. « Ça tombe quand même bien ce cadeau, ça m’ouvre un peu la porte … » Tu marquas une pause, un peu nerveux. « J’t’ai pas dit mais ça fait plusieurs mois que j’ai intégré l’équipe du Cabaret Delirium … J’voulais pas t’en parler tout de suite parce que je savais que tu voudrais venir voir une représentation et moi j’voulais avoir le temps de me remettre en forme, de redevenir comme avant, quoi. Mais là, j’pense que ça y est, je me sens … Je me sens bien, je me sens à l’aise. J’aimerais bien que tu viennes me voir. » Enfin, toi et les autres. Mais surtout toi. Tu voulais son regard à lui, sur toi.

Se lancer des petites piques sans méchanceté derrière ça a toujours fait parti de leur relation à tous les deux, bien avant que leur période type lune de miel de couple ne commence. Et Perry aime bien ça, il a toujours aimé un peu taquiner les gens, sans non plus aller trop loin. Lui même se vexe facilement et boude, même si la minute d’après tout est oublié. « Tu vas faire venir tes copains de secte pour me forcer à manger des brocolis ? » demande-t-il en riant. Les légumes ça n’a jamais été ses amis même si influencé par son petit-ami et les autres, il en mange un peu plus maintenant. En parti parce que son alimentation catastrophique a commencé à lui faire prendre du poids, la trentaine passée et il est hors de question pour lui, que même à peu près casé, il se laisse aller et ne soit plus aussi séduisant que dans sa prime jeunesse. Mais il mange encore des pizzas et il boit de l’alcool aussi. Le vin ce n’est clairement pas sa spécialité ni celle de Jackson mais il apprécie l’effort même s’il espère qu’il n’a pas mis trop cher dans cette bouteille. En général c’est Perry qui dépense de l’argent pour eux. Faut dire qu’il en a pas mal, de quoi s’offrir à peu près tout ce qu’il veut et faire pâlir le moindre habitant de Bowen avec sa fiche d’imposition exorbitante. « Ah je comprends mieux le choix du coup. » dit-il avec un sourire en coin. « Mais c’est surtout pour toi, parce que moi j’ai toujours été en état de continuer nos soirées le matin...toi par contre, des fois fallait à peine te parler. » Et pourtant même en ces lendemains de soirées là il était resté auprès de lui. Dans l’espoir sans doute que Jackson finisse par être en état de remettre le couvert mais sans doute aussi parce que ça lui plaisait bien d’être juste avec lui. S’il avait été un peu futé Perry aurait pu comprendre que le brun n’était pas juste un mec comme ça pour lui. Les choses auraient pris beaucoup moins de temps à avancer s’il n’était pas si aveugle ! Il lui offrit ensuite un petit porte-clef, pour une fois il ne s’était pas ruiné. Il n’est pas plaqué or ou avec des diamants, non juste un porte clef classique à quelques dollars. Le jeune homme ne s’attendait ensuite pas à la révélation de Jackson. C’est donc ça qu’il faisait pendant tout ce temps. Le jeune papa avait décidé de ne rien dire mais il commençait à devenir jaloux et à se demander s’il était le seul à ne pas aller voir ailleurs dans leur relation. Il ne voulait pas être chiant alors il avait gardé ça pour lui mais à présent ça fait sens. « Wouah ! C’est génial ! » Il était réellement content pour lui parce qu’il sait combien ça compte à ses yeux. Il le prend dans ses bras, écrasant sans doute à moitié la pizza au passage puis ajoute « Tu sais t’avais pas besoin d’attendre...j’aurais bavé devant tes abdos quand même. » Et sûrement ses fesses aussi qui n’ont clairement pas besoin de rembourrage pour être rebondies bien comme il faut. « J’aurais le droit à un pass VIP pour venir féliciter l’artiste après le show ? » Forcément cette idée lui vient immédiatement en tête même s’il est réellement content de pouvoir assister à une représentation de son copain. « J’veux pas savoir ce que t’as fait pour que Tahlia tienne sa langue pendant tout ce temps ! » Sa coloc ne lui a rien dit, pourtant elle bosse là-bas et elle a déjà bien dû croiser Jackson à l’appart une nuit ou il était là, non ? Peut-être qu’elle s’est juste dit que c’était un mec de passage vu que Perry ne s’épand pas franchement sur sa relation en public.

Tu ris à la réplique de Perry à propos de copains de secte. T’étais même pas là-dedans, en plus, tous tes amis n’étaient pas des végétariens ou des gens sur des diètes très strictes style kéto, paléo ou des trucs du genre. Le régime alimentaire des autres ça te regardait pas trop, tant que toi tu respectais ce que ton corps avait besoin, et, de temps en temps, envie. « Je pense que rien qu’avec mon propre pouvoir de persuasion, je pourrai te les faire manger, tes brocolis. » Tu arquas un sourcil, malicieux. Ton pouvoir de persuasion t’était pas sûr d’en avoir un, vraiment, mais tu te disais que peut-être que Perry serait prêt à faire quelques efforts pour toi. Bon, cela dit, il y avait des légumes bien meilleurs que le brocoli à lui faire apprivoiser. Tout comme il existait des vins sans doute bien meilleurs que celui que tu avais acheté, mais il devait aussi en exister des plus cheaps un peu moins bon, parce que tu t’étais un peu forcé pour vous acheter un truc qui ne vous ferait pas grimacer à la première gorgée. T’avais pensé amener des mojitos, mais t’avais peur de foirer la recette, ou que ce soit trop chaud une fois arrivé à la plage, alors tu t’étais rabattu sur le vin. « Ouais ben j’ai jamais eu l’habitude de boire, hein … Là, je commence à mieux comprendre comment ça fonctionne. » Comme si ça prenait un guide d’utilisateur ! Enfin, pour toi, un peu. T’avais pas pu faire tes premières erreurs de grosses cuites à l’adolescence, t’étais bien trop occupé à t’entraîner pour le cirque dans ce temps-là. Depuis que t’étais à Bowen, et les années commençaient à s’accumuler maintenant – trois ans pile, ce mois-ci ! – t’avais commencé à boire et à gérer un peu mieux tes consommations au fil du temps. Maintenant que tu avais repris les acrobaties cependant, tu recommençais à faire attention à ton alimentation et ça paraissait. Ton corps reprenait déjà ses allures d’avant. T’étais plus défini, plus ferme, plus fort. Perry t’offrit d’ailleurs le petit porte-clef d’acrobate, ce qui t’ouvrit la porte pour lui annoncer que t’avais repris cette carrière, en quelque sorte, délaissant enfin le salon de thé. « Ouais mais j’avais pas envie que tu viennes et que tu te dises ah il a fait ça pendant toutes ces années ? pourtant il est pas si doué. » Jamais Perry ne se serait dit ça, sûrement, mais ça te jouait dans la tête, ton anxiété de performance qui revenait au galop. « Bien sûr t’auras le droit de venir backstage dès que les lumières se seront éteintes. J’t’attendrai dans mes petits collants. » Tu souris. Il te parla de Tahlia et ça te fit rire. Effectivement, elle t’avait rapidement reconnu et vous aviez longuement discuté, les soirs après les spectacles, et tu lui avais fait promettre de garder la surprise pour Perry. Elle était sympa, Tahlia. Tu ne savais pas jusqu’à quel point elle était au courant de votre relation mais en tout cas, elle avait jugé ta présence dans la vie de Perry assez sérieuse pour être de ton côté et garder le mystère.

Les légumes ça n’a jamais été les bons amis de Perry. Ses parents ont toujours été très laxistes sur la question, le laissant manger à peu près ce qu’il voulait sans trop se soucier d’un quelconque équilibre, il n’a donc jamais appris à apprécier les haricots, la salade ou tous les autres légumes dont il doit ignorer le nom d’une bonne partie. Petit à petit il a commencé à en intégrer dans son alimentation, en partie pour ne pas que ses filles finissent comme lui mais aussi parce que son dernier bilan sanguin n’est pas franchement glorieux. Par chance il a un petit ami adepte des légumes qui ne rechigne pas à en manger, ce qui l’aide un peu même si au final ils ne partagent pas beaucoup de repas ensemble. « J’aime beaucoup ton pouvoir de persuasion. » répondit-il avec un sourire en coin. S’il y a bien quelque chose qui fit parfaitement entre eux, c’est le sexe. Ils se sont toujours compris, ont toujours été sur la même longueur d’onde et ont aussi toujours beaucoup apprécié ces moments. L’avantage c’est que même s’ils en viennent à se disputer, ce qui vu le caractère de Perry risque d’être plutôt rare, leur réconciliation sur l’oreiller sera toujours mémorable. « Tu commences à comprendre que si tu enchaînes les verres sans boire un peu d’eau le lendemain matin t’as l’impression qu’on joue du tam tam avec ta tête ? » lui dit-il pour le taquiner. Le fait que Jackson soit novice en matière d’alcool fait toujours beaucoup rire Perry qui lui est plutôt un expert en la matière, même s’il n’y a pas de quoi être fier. En tout cas il ne blâmera jamais le brun s’il ne veut pas boire ou s’il veut être raisonnable, lui même ne boit plus autant qu’avant, déjà pour sa santé mais aussi parce qu’il préfère passer une soirée où il se souvient de tout plutôt que d’en oublier la moitié parce qu’il a trop bu. De toute façon la consommation de l’acrobate risque d’être un peu plus raisonné puisqu’il a repris son ancien travail, au cabaret cette fois et l’alcool ne doit pas vraiment faire parti des recommandations pour garder la forme. « C’est vrai que c’est tout à fait le genre de remarques que j’peux faire. » dit-il en riant, comme s’il avait suffisamment d’esprit critique pour se rendre compte que Jackson n’est pas à son maximum. Lui sait jouer trois morceaux à la guitare et n’arriverait sans doute pas à faire un dixième de ce que le brun arrive à faire, donc question talent il ne peut pas franchement critiquer. « J’y compte bien ! Tes collants ne feront pas long feu. » répond-il avec un sourire malicieux. « Bon faudrait peut-être manger la pizza avant qu’elle refroidisse. » ajouta-t-il presque immédiatement, histoire de ne pas continuer les sous entendus qui pourraient vite faire prendre à la soirée une toute autre direction. Il ouvrit la boîte contenant une pizza bi-goût et attrapa une part de son côté, aux pepperonis. « T’as un truc pour ouvrir la bouteille ? »

Tu levas les yeux au ciel en riant quand Perry te nargua à propos des verres d’eau qu’avant, tu ne prenais pas entre deux ou trois consommations. « Ça, et aussi que c’est bien de pas les boire en quatre gorgées, les cocktails, même s’ils goûtent le jus. Ils sont tous des traitres, les cocktails. » Ils étaient également des traitres au niveau des calories, et c’est pour ça que tu allais devoir freiner un peu ta consommation. T’avais pris l’habitude de sortir à chaque semaine, depuis que t’étais à Bowen, c’était socialement plus facile aussi parce que pas mal de tes amis aimaient bien se réunir pour l’apéro, pour des cinq à sept ou carrément pour de grosses fiestas jusqu’à très tard. T’espérais juste que les gens ne commenceraient pas à se dire que t’étais nul, en soirée, parce que de plus en plus tu rentrerais tôt et tu ne prendrais pas d’alcool, ou alors très peu. T’étais persuadé que tu pourrais continuer à avoir du plaisir, même sans l’ivresse, mais ce n’était pas tout le monde qui le voyait comme ça et tu le savais. La raison de ces restrictions : ton retour comme acrobate, cette fois au Cabaret Delirium. C’était une discipline chère à tes yeux, à ton cœur, et si ce n’était pas tous tes collègues qui étaient autant disciplinés que toi dans leur propre activité, toi tu voulais suivre les règles. T’avais été éduqué comme ça. Il ne fait donc aucun doute qu’après plusieurs mois à répéter, à te pratiquer, pendant des heures – au point que Perry ait des doutes sur ta fidélité ! -, tu étais maintenant prêt à ce qu’il vienne te voir performer. Tu le poussas légèrement sur l’épaule quand il mentionna, sarcastique, que c’était tout à fait son genre de te sortir des critiques comme celles que tu t’étais imaginées. « Laisse mon stress me faire peur tranquille. » Tu ris, sachant pertinemment que Perry avait raison. Il était trop tard, cependant, le temps avait passé et maintenant, t’étais au top de ta forme. « Tant que tu les déchires pas. J’m’en rachèterai pas après chaque numéro. » Prévins-tu à propos de tes collants. Ça payait un peu mieux que le salon de thé, au Delirium, mais tu n’étais pas riche non plus. Perry vous ramena à l’ordre en parlant de la pizza qui se ferait froide si vous ne mangiez pas. Tu hochas la tête. « J’ai pris une twist cap, je me suis pas cassé la tête. » Certains diraient que c’était pas des vins de bonne qualité, quand c’était un bouchon comme ça, mais vous aviez déjà établi que ça vous importait pas trop. Tu l’ouvris en forçant à peine et tu laissas couler le liquide rouge dans les deux coupes que tu avais emmenées. Perry avait déjà la bouche pleine d’une bouchée de pizza pepperoni et fromage. « Bon, même pas la patience pour un toast. »

En temps qu’expert en maîtrise de la gueule de bois (et surtout son évitement), Perry aimait beaucoup taquiner le brun sur sa consommation qui jusqu’à peu était encore insouciante sur ses conséquences. Il trouvait ça plus drôle qu’autre chose, quoique qu’un peu frustrant parfois, de le voir au fond de son lit le lendemain matin après avoir un peu trop abusé des cocktails. « Au moins avec les shots tu sais à quoi t’attendre mais pour m’être réveillé plusieurs fois pas très frais après avoir bu un peu trop de mojitos, j’suis bien d’accord ! » C’était à l’époque où ils ne se connaissaient pas encore. Du temps où Perry venait de débarquer à Bowen, jeune et fringant, sans emploi et passant sa vie sur la plage ou dans les bars à draguer. Il avait bien trop souvent un verre de mojito dans les mains, son cocktail de prédilection. Heureusement ce dangereux amour ne lui a jamais joué des tours, il n’est jamais tombé dans l’addiction et a réussi à freiner sa consommation, petit à petit. S’il garde de bons souvenirs de soirées où il était passablement éméché, notamment lors de la croisière il y a de ça pas mal d’années, il arrive aussi à s’amuser sans ça. Quelques verres sans finir trop mal en soirées ou avec des amis et c’est très bien. Il a toujours en lui l’idée que si jamais ses enfants ont besoin de lui, il faut qu’il soit un minimum frais et pas un père complètement bourré. La conversation repartie vers la reprise du métier d’acrobate par Jackson, ce qui expliquait quelques trucs dans son comportement ces derniers temps. « Nan mais c’est gentil de penser que j’ai besoin que tu m’impressionnes. » Alors qu’en vérité il s’en fout un peu. Enfin il trouve ça stylé, c’est un peu le bonus, mais il n’a pas besoin qu’il soit un super acrobate pour l’aimer, mais ça il faudrait qu’il soit bourré pour lui avouer de cette manière. « Je peux l’enlever délicatement ou toi tu peux l’enlever parce que je suis pas sûr d’arriver à faire ça doucement. » S’il n’est pas un bourrin en toute circonstances, la vue de Jackson dans les airs pourrait lui donner de griller quelques étapes et de se montrer un peu moins courtois avec ses vêtements. Le brun servit le vin avant d’accuser Perry de ne pas entendre, ayant déjà une part de pizza dans la bouche. Il avala sa bouchée avant de répondre. « Voilà, on peut le faire le toast. » Il posa son bout de pizza pour n’avoir que le verre en main. « A ton nouveau boulot, c’est ça qu’on fête j’imagine ? » Ouais il n’est pas très bon pour les toasts et il ne faut pas lui demander d’évoquer leur six mois ensemble, c’est un peu trop lui demander.

Tu te contentas de rire quand Perry appuya tes propos, quant au niveau de traîtrise des cocktails. T’avais jamais eu l’opportunité, la chance ? de le voir dans un état de gueule de bois. Perry s’était toujours plutôt bien contrôlé en ta présence, est-ce que c’était par exprès ou bien était-il mature et responsable sur au moins un plan de sa vie ? Tu ne lui poserais pas cette question-là, t’avais pas envie de donner l’impression d’être le centre de son univers et de mériter qu’il fasse pas trop de folies en ta présence. En plus, si t’apprenais que c’était juste pour ça, clairement tu te sentirais mal qu’il ne profite pas pleinement de ses soirées. Bref, ça importait peu au fond, et c’est pour ça que tu ne relanças pas la discussion à ce propos. Alors, Perry avait profité de ce moment plat pour te donner son cadeau, le porte-clef d’acrobate, et toi t’avais vu l’occasion de lui annoncer que tu bossais maintenant comme artiste au Cabaret Delirium. Ça sembla le réjouir, surtout pour la portion après-spectacle. T’espérais quand même qu’il en avait quelque chose à faire de ta performance, même s’il répondait que t’avais pas besoin de l’impressionner avec ton numéro. Tu souris légèrement, masquant une légère moue. « C’est moi qui ai besoin de t’impressionner, plutôt. » T’avais envie de le chambouler, de le bouleverser avec ton numéro, t’avais envie d’être, dans son regard, une œuvre d’art. Perry semblait davantage intéressé à t’enlever ton costume, lui. C’était flatteur, en un sens, ouais. T’aimais le fait qu’il désire ton corps à ce point-là. Mais tu voulais aussi qu’il désire tout le reste de ton être, de ton identité. « Pourtant j’sais que t’es capable d’être doux quand tu veux. » Fis-tu remarquer en arquant un sourcil, amusé. T’avais quelques exemples très imagés en tête. Avant de penser à tout ça cependant, il vous fallait manger. Tu servis donc le vin et pendant ce temps-là, Perry se bourrait déjà de pizza, ce que tu lui reprochas rapidement. Tu levas les yeux au ciel quand il avala sa bouchée direct. « T’étouffe pas, quand même. » Tu levas ta coupe vers la sienne, et quand il trinqua pour ton nouveau boulot, se demandant quoi d’autre fêter de toute façon, tu sentis ses épaules s’affaisser un peu. Non mais à quel point il était déconnecté, Perry ? C’était hallucinant. Tu comptais pas faire tout un plat du fait que ce n’était pas officiellement un rendez-vous pour vos six mois. Vous étiez ensemble et c’était ça l’important. Mais qu’il fasse un toast en n’étant même pas capable d’y songer, même pas un tout petit peu, ça te fit de la peine. Tu te ramenas à l’ordre en te remémorant votre conversation au Nouvel an. C’était à toi de l’aider à naviguer. « Tu sais, lors de la première année d’un couple, généralement il y a quelques moments-clés à célébrer. Des étapes franchies, quoi. Ces jours-ci on passe un certain cap, toi et moi … » T’essayais de voir s’il allait le réaliser par lui-même ou s’il était vraiment, complètement à l’ouest.

Pour flatter son ego, rien ne vaut Perry qui est relativement impressionnable et sera émerveillé comme un enfant par tout et n’importe quoi. S’il a le melon et n’hésite pas à se complimenter lui-même, il n’est pas non plus avare lorsqu’il s’agit des autres. Il s’enthousiasme facilement et est très bon public, même s’il n’y connaît rien. Il est sûr qu’il sera impressionné par le spectacle de Jackson, il n’aura aucune idée d’à quel point c’est difficile, d’à quel point c’est technique. De toute façon il n’est pas juge de compétition, pas besoin de vouloir attribuer des points. « T’as pas besoin de ça pour m’impressionner tu sais. » Ne peut-il s’empêcher de répondre avec un sourire en coin. « Franchement faut pas que tu t’en fasses trop pour ce que je vais penser, j’suis plutôt bon public. » Même si les spectacles de magie, d’acrobaties et de clown ce n’est pas franchement ce qu’il a l’habitude de voir ou d’apprécier, s’il s’agit de son petit copain en justaucorps moulant, il n’aura aucun mal à être passionné. Justement il compte bien lui retirer une fois le numéro terminé, à l’abri des regards. « Oui mais là je suis pas sûr d’être dans le mood douceur, mais je peux faire un effort si tu fais pas tout pour me rendre dingue ! » Il peut bien réussir un peu à contrôler ses ardeurs mais si le brun décide de le provoquer pour qu’il craque, il n’est pas sûr de réussir à retirer bien délicatement le costume de Jackson. Ils n’y sont pas encore de toute façon. Pour l’heure il faut plutôt manger la pizza et trinquer, dans cet ordre pour Perry qui engloutit déjà une part de pizza avant que les verres ne soient servis. « T’en fais pas, tu as devant toi le champion moins de quatorze ans de mangeage de pizza du comté de Harris au Texas. » C’est un titre très précis et à peu près la seule compétition que Perry a gagné de sa vie, cela explique sans doute son aptitude à manger rapidement une pizza. Ils étaient prêts à trinquer, le jeune homme suggérant de porter un toast au nouveau travail de Jackson mais visiblement il n’y avait pas que ça. Il sentit que le brun retenait un certain agacement face à son oubli. Il cherchait dans sa tête, ce qu’ils pourraient fêter tous les deux et rien qu’à entendre les mots couples et première année, il avait presque envie de fuir. Dans sa tête il s’arrangeait toujours pour ne pas trop se qualifier d’en couple, dans une relation ou toutes ces choses qui impliqueraient qu’il est avec quelqu’un, que c’est sérieux et qu’il tient un peu trop à cette personne. Son expression était absente, comme si quelqu’un venait d’appuyer sur son bouton off. Il cogitait mais son esprit était brouillé par tout un tas d’autres choses, son verre toujours dans la main, prêt à trinquer. Perry n’a jamais vraiment été en couple, en tout cas pas jusqu’à fêter des événements de couples type la Saint-Valentin, qu’ils n’ont pas passé ensemble cette année puisque la veille il a appris l’existence de son fils, ce qui l’a pas mal perturbé. Il compte, ils se sont mis ensemble en janvier, enfin s’il y a vraiment une date officielle, il n’en sait rien. Comment est-ce que ça fonctionne ce genre de trucs ? Est-ce qu’il faut considérer le premier janvier comme date ? Ou une autre ? C’est définitivement plus simple quand il n’y a pas d’histoires de date, de couple, d’amour. Il compte sur ses doigts, janvier, février, mars, avril, mai, juin. Six. Déjà ? Il s’est passé tellement de choses dans sa vie que les six mois sont passés en un éclair. Mais ça doit être ça la solution, non ? Il relève la tête et dit, comme s’il était en train de vivre une interro surprise à l’école et il n’a jamais aimé ça. « Six ? » Il a peur de s’être planté. « Ça fait six mois depuis le premier janvier, c’est ça ? » Parce qu’il n’est pas non plus sûr d’avoir bien compté et qu’il n’arrive pas vraiment à formuler que c’est six mois depuis le premier janvier qu’ils sont en couple, ensemble, qu’ils se voient souvent, qu’ils dorment ensemble et qu’ils font même un date romantique tous les deux.

« Peut-être pas, mais j’en ai envie. » Avais-tu répondu à Perry avec un sourire et un haussement d’épaules. Au-delà d’un besoin, tu désirais que ton petit ami (!) soit subjugué par ta performance. Peu importe avec qui tu performerais ce soir-là, ou alors si t’étais en solo, tu t’en fichais, tout ce que tu voulais c’était que le regard de Perry soit sur toi, rien que sur toi, que tu l’envoûtes de ton art. Ton art qui t’était si cher. C’est probablement pour ça que ça te tenait tellement à cœur de l’impressionner. Tu savais que c’était à peu près le seul domaine dans lequel t’étais réellement doué. En tout cas, ce n’était pas en lui préparant du thé que t’allais le faire tomber raide dingue amoureux de toi, ça, c’est certain. Perry te disait de ne pas t’en faire à propos de ses réflexions à lui, puisqu’il était bon public. Ça se voulait rassurant mais ce n’était pas ce que tu voulais entendre. Tu te contentas de bouder intérieurement, tu savais qu’il ne comprenait pas, et qu’au fond ce n’était pas si grave que ça. Perry semblait pas mal plus passionné par ce qui suivrait le spectacle. « Ah bah non, tu mettras pas le blâme sur moi ! C’est à toi d’apprendre à te contrôler. » Le narguas-tu avant de te pencher vers lui pour l’embrasser, pour ensuite te tourner vers la bouteille de vin qui attendait patiemment dans le sable. Tu l’ouvris et pendant ce temps, Perry ne t’attendit pas pour commencer à manger. Aucune gêne, celui-là. « Pourquoi je suis pas surpris ? » Demandas-tu à propos des concours de mangeage de pizza. C’était très américain, ça. Très Texas, oui. Et très Perry. Tu levas ton verre pour trinquer et tout ce que Perry trouva à souligner, c’était ton nouveau job. Certes, c’était matière à célébrer, mais il y avait aussi un autre événement plutôt important, enfin à ton avis, une étape de franchie entre vous deux qui méritait qu’on la souligne. Perry ne semblait même pas l’avoir dans un tout petit coin de sa tête. Ouais, ça t’irrita, et oui tu fus obligé de te parler dans ta tête pour ne pas être un gros bébé. Mais ce léger moment d’agacement avait probablement paru dans ton visage parce que tu remarquas l’interrogation de Perry. Rapidement, tu te ressaisis, te rappelant votre deal fait en début d’année. Tu serais son guide. Son phare pour naviguer les eaux troubles de l’amour. Alors, en détours, tu lui expliquas ce que vous fêtiez aussi, en quelque sorte. Heureusement pour toi, il devina. Autrement, ça t’aurait un peu vexé – encore plus. « Oui, c’est ça. Ça fait six mois aujourd’hui, qu’on est ensemble. » Toi, t’osas le dire, peu importe comment ça le ferait réagir. Vous étiez ensemble, fuck, t’avais pas envie de faire semblant ou de l’ignorer tout le temps. « Et ça n’a pas été si terrifiant que ça, pas vrai ? » Demandas-tu, peut-être pour alléger tout ça et lui faire réaliser qu’effectivement, les six derniers mois avaient été beaux, smooth, sans prise de tête. Qu'il n'avait pas à craindre à ce point ses sentiments.

Globalement il ne faut jamais attendre grand-chose de Perry, il n’a pas l’esprit critique pour deux sous et est globalement à peu près toujours content. Il sait qu’il appréciera le spectacle de Jackson juste parce qu’il aime le voir, peu importe s’il est doué ou non, il ne s’en rendra pas vraiment compte. Surtout qu’il risque d’avoir en tête ce qu’il se passera à la fin du spectacle plutôt qu’autre chose. Il sait qu’il ne devrait pas toujours tout ramener au sexe mais c’est un peu son point d’encrage dans cette relation qui le déstabilise complètement. « Bon d’accord...je serais doux mais irrésistible, on verra si toi t’arrives à te contrôler. » répondit-il sur un air de défi avant d’embrasser son petit-ami. Il s’imagine déjà faire un strip-tease dans la loge du brun juste pour l’embêter (et l’exciter) et que ses habits ne restent pas longtemps en place. Comme il commence à manger avant même d’avoir trinqué, Perry évoque sa victoire à un concours de nourriture, lorsqu’il était enfant au Texas, ce qui n’étonne pas franchement Jackson. « Parce que tu sais tout ce que ma bouche peut contenir. » Ne peut-il s’empêcher de répondre avec un sourire équivoque. Les sous-entendus cochons il connaît, mais lorsqu’il s’agit d’un peu plus de romantisme, il est aux abonnés absents. Il finit tout de même par trouver, sans être totalement sûr de lui, que cela fait six mois qu’ils sont ensemble, même s’il ne le formule pas comme ça. Il n’arrive pas à réaliser, même si Jackson lui formule les choses sans détour. Après six mois il n’a pas l’impression d’avoir bougé, d’avoir évolué, d’être un peu plus un bon copain, enfin juste un copain acceptable. Il n’a pas l’impression de plus s’y faire non plus. Le brun tente de le rassurer en lui disant qu’au final ça n’a pas été si flippant. « Si...enfin c’est cool mais je flippe tout le temps, je sais pas comment dire mais j’crois que je me protège de l’inconnu et du coup dès qu’on pourrait être un peu plus, je fuis. » Parce qu’ils ont beau être ensemble, il ne s’étale pas auprès des autres sur sa relation, il ne parle pas de ses enfants à son petit-ami, enfin pas autant qu’il le fait avec toutes les autres personnes qu’il côtoie. Il ne lui dit que des choses superficielles sur lui et ne rentre jamais dans les choses un peu plus sérieuses de sa vie. Perry aimerait que les choses soient plus simples, parfois il se dit qu’il avait raison de ne pas être en couple avant, parce qu’il est incapable de gérer ça et de le vivre sereinement, malgré les conseils avisés de ses amis les plus proches à qui il peut se confier sur le sujet.

Tu ris quand il parla de ton contrôle à toi. T’avais toujours été une personne extrêmement en contrôle, parfois un peu trop, au point que ça en devenait obsessif. T’avais pas eu l’impression d’avoir le choix, à une époque, de fonctionner différemment. Dans le monde dans lequel t’avais grandi, avec les athlètes, le cirque, les acrobaties, la gymnastique, il avait toujours fallu que tu suives le programme à la lettre. Ça avait déteint sur toutes les sphères de ta vie. Puis, le cirque avait fermé et t’avais découvert un autre style de vie, plus libre, et ce contrôle-là t’avais un peu échappé. Tout aurait pu partir en vrille à partir de là mais t’avais su gérer assez correctement, même si Perry dirait peut-être le contraire par rapport à l’alcool. Il fallait bien que tu fasses tes petites erreurs par-ci par-là, celles que tu n’avais pas pu faire à l’adolescence. « T’es toujours irrésistible et j’m’en sors plutôt pas mal, non ? » En tout cas, là, t’étais capable d’être assis à côté de lui sans lui dévorer la face devant tout le monde. Bon, vous n’étiez pas non plus mille sur la plage. Vous étiez chanceux, c’était assez calme ce soir. Tu embrassas Perry sans perdre ton sourire, puis tu te tournas pour ouvrir la bouteille de vin pendant qu’il s’empiffrait. Évidemment qu’il avait déjà participé à des concours de bouffe au Texas. C’était tellement prévisible, et classique américain. À son sous-entendu, tu ris, à la fois hilare, à la fois gêné. Pourquoi Perry ne pouvait-il pas doser ? Être à la fois aussi drôle et cochon, à la fois être capable de romantisme ? Ce serait visiblement trop, pour lui, qui ne pouvait même pas acquiescer à tes propos. Lui, il avait flippé. Lui, il avait trouvé les six derniers mois assez effrayants. C’eut l’effet d’une douche froide. « C’est encore l’inconnu, pour toi ? Y’a rien vraiment de plus que ça, Perry. À part que les autres soient au courant. Entre nous deux, ça ne change rien d’autre. Même si on rendait ça officiel, le quotidien resterait le même. » Tu soupiras, fronçant tout légèrement les sourcils, parce que t’étais un peu déçu et un peu heurté, aussi. « À moins que ce soit ça, le truc qui cloche et qui te fait flipper. T’as pas envie que les autres sachent qu’on est ensemble ? » Et donc, le simple fait que tu l’évoques, ça le ferait fuir. C’est lui qui le disait. Dès qu’il pensait à quelque chose de plus entre vous, il fuyait. Et à tes yeux, c’était ça qu’il manquait à votre relation : la commune renommée de votre couple. Ça valait autant pour vos potes que pour la famille de Perry.

Heureusement qu’ils arrivent un minimum à se contrôler tous les deux, au moins en public, sinon les choses seraient relativement gênantes, et illégales. « J’ai pas sorti tous mes atouts. Mais j’accepte le compliment. » répondit-il en souriant. Perry n’est jamais contre quelques compliments, qu’ils viennent de lui-même ou de quelqu’un d’autre. Forcément quand ils viennent de Jackson, c’est un peu différent, ça lui booste un peu plus l’ego qu’avec d’autres, même s’il ne lui dit pas. Le romantisme et les bonnes manières étant relativement absentes chez le jeune homme, il ne manque pas d’engloutir une part de pizza avant de trinquer devant le coucher de soleil, moment d’ordinaire relativement romantique, surtout lorsqu’il s’agit de célébrer six mois ensemble. Si le brun s’attendait à pouvoir se remémorer ce moment, il sera sans doute déçu, Perry ayant toujours le don de gâcher ce genre de moments, en l’occurrence avec ses insécurités et ses peurs. Il aurait peut-être pu choisir un autre moment pour en parler mais il est relativement mauvais en timing et pour garder les choses pour lui. En général il arrive à les mettre dans un coin de sa tête et a ne plus y penser pendant un moment, mais là il ne veut pas faire semblant. Après tout la communication dans un couple c’est important, non ? Il sent forcément la déception de Jackson à ses propos. Il le savait qu’il le décevrait, il a l’impression de ne faire que ça, sauf au lit, là au moins il sait qu’il gère mais pour le reste, il est le dernier de la classe. « C’est pas que j’ai pas envie qu’ils le sachent, je te cache pas mais...l’inconnu pour moi c’est que t’aies une place centrale dans ma vie. J’ai toujours eu ma famille, mes amis, le sexe mais jamais un copain, toi. Je sais pas faire les choses naturellement. » tente-t-il de lui expliquer sans être sûr d’être clair. « Y’a des trucs auxquels je pense mais que j’te dis pas parce que les conversations sérieuses tu vois bien que j’suis nul pour ça et à chaque fois j’préfère t’embrasser plutôt que de commencer à parler sur des trucs qui vont sûrement te rendre triste, comme là. » Il se passe une main dans la nuque avant d’enchaîner. « En fait c’qui me fait flipper c’est que t’aimes pas les gens qui sont dans ma vie, mes amis, mes colocs mais surtout mes enfants. On a jamais parlé de ça tous les deux parce que of course on va pas parler d’enfants maintenant mais j’en ai déjà des enfants et je sais pas comment tu te sens par rapport à ça. Enfin j’sais pas si t’aimes bien les enfants quoi. » Il se sent soulagé d’enfin avoir pu lui dire ce qu’il ressent là-dessus mais il appréhende aussi sa réponse.