all i want for new year's eve is you (peckson)

Il a passé sa journée à paniquer. Il a bien essayé de penser à autre chose, de se dire que tout ira bien, ses pensées revenait toujours à Jackson bloqué dans la tempête de neige. Au début il se disait qu’il n’avait pas de réponses à ses SMS parce que le brun devait être occupé ailleurs et que clairement Perry n’attend pas à ce qu’il soit à lui répondre dans la minute. Mais quand il a entendu parler de cette histoire de touristes perdus partis en expédition malgré la tempête, il s’est dit que peut-être il était parmi ce groupe. Il en a eu la confirmation par Charlie qui l’informa que Jackson n’était pas au chalet. A partir de ce moment-là, il a passé son temps à attendre, à envoyer des messages au brun et à se lamenter auprès de Concho. Il passa un peu de temps avec Penny aussi. Tout le monde était bloqué au chalet de toute façon. Passer du moment avec elle et son colocataire lui faisait un peu penser à autre chose, le temps d’un instant. Sa fille a dû le trouver bizarre d’être aussi agité et de la prendre dans ses bras un peu trop souvent en lui disant qu’il l’aime. Histoire de se rassurer un peu et sur les bons conseils de Concho, il a décidé d’appeler le poste de secours pour qu’ils le préviennent quand ils les auraient retrouvé. De toute façon il ne les imagine pas mourir de froid dehors, ce n’est même pas une option dans sa tête. Perry essaie de penser à autre chose tandis que le réveillon se profile mais le cœur n’est pas à la fête. La tempête s’est un peu calmée dehors, ce qui a permis aux secouristes d’avancer grandement dans leurs recherches. Alors que la nuit est tombée depuis un moment, le jeune homme reçoit un appel l’informant qu’ils ont été retrouvé et qu’ils ont été emmené à l’hôpital pour être suivi mais qu’ils vont bien. Même si cette nouvelle le rassure, il décide de filer à l’hôpital, laissant Concho et les enfants au chalet. Il n’a même pas pensé qu’il ne serait pas avec eux pour la nouvelle année et il ne leur a pas laissé le temps de lui dire. Heureusement qu’il s’était bien couvert car le trajet jusqu’à l’hôpital, même s’il ne dura qu’une demi-heure, l’avait bien frigorifié.

En arrivant à l’accueil, à moitié en courant, il dit, sans doute trop rapidement pour que la personne en face de lui puisse vraiment le comprendre, surtout qu’elle ne doit pas parler aussi bien anglais que lui. « Bonjour ! Je viens voir un homme qui a été transféré ici il y a moins d’une heure, il était coincé dans la tempête avec un autre groupe, il s’appelle Jackson...euh... » Il réalisa soudain qu’il n’a pas vraiment idée du nom de famille de celui qu’il vient voir. Il l’a déjà vu écrit c’est sûr mais il ne l’a pas imprimé. Il a une mémoire des noms tellement nulle. Heureusement, malgré ses informations approximatives et tandis qu’il cherchait quelque part dans ses mails le billet d’avion de Jackson pour Sydney, l’infirmier lui indiqua un numéro de chambre. « Merci ! » dit-il dans un français déplorable. Il mit quelques minutes à trouver la chambre, essentiellement à cause de son sens de l’orientation très approximatif. En entrant il fut soulagé de ne pas voir Jackson relié à une montagne de machine et plâtré de la tête au pied. « Si tu voulais que je prenne soin de toi t’avais pas besoin de partir en expédition pendant une tempête, fallait juste me le dire. » dit-il en retrouvant son sens de l’humour, à présent qu’il est certain que son...ami ? Va bien, ou en tout cas pas si mal. Il attrapa la chaise réservée aux visiteurs et la plaça contre le lit du brun puis s’assit dessus.

À la base, tu ne regardais jamais les conditions météorologiques à venir. À moins qu’on t’envoie des alertes d’ouragans ou de trucs du genre, tu te disais juste que tu prendrais la journée telle qu’elle était. Ton téléphone t’aurait peut-être envoyé des alertes de cette tempête si tu l’avais réglé au pays dans lequel tu te trouvais, mais t’avais préféré enlever la configuration automatique, pour qu’il soit toujours programmé pour Bowen. C’est pas comme si tu quittais souvent l’Australie, depuis deux ans. Ce matin, tes partenaires de randonnée ne semblaient pas trop alarmés non plus. Ils avaient effectivement entendu parler d’une tempête, d’une belle bordée de neige qui vous attendait, mais ça vous avait juste motivés à enfiler les raquettes pour ouvrir le sentier en même temps que la neige tombait dessus. De toute façon, vous aviez un guide, alors même si ce n’était pas bien balisé ou un truc du genre, il saurait vous orienter.

C’était sans prévoir qu’une avalanche surviendrait exactement sur votre trajectoire.

Tu l’avais vue, derrière toi, derrière le chemin que vous veniez d’emprunter à flanc de montagne. Quinze minutes plus tôt, et c’était vous, recouverts de cette chute de neige inattendue – inattendue, mais prévisible si on se fiait aux avertissements qui fusaient présentement dans les médias. T’avais eu l’impression que toute la montagne avait tremblée et puis tout s’était couvert de blanc devant tes yeux. T’avais du mal à voir le randonneur en avant de toi.  

Des heures à attendre dans cette position que le guide jugeait plus sécuritaire, plus à l’abri d’autres avalanches. Des heures à te geler, ton corps qui ne bougeait plus n’arrivant plus à se réchauffer. Des heures sans nouvelles de qui que ce soit, puisque ton téléphone avait eu le temps de geler dans ta poche. La batterie était à plat. Des heures à te demander si vous alliez passer la nuit ici, si t’allais mourir de froid, si t’allais finir tes jours mort gelé en raison de ton insouciance.  Des heures à te demander si ça allait se terminer comme ça entre Perry et toi, par la mort, sans jamais qu’un des deux ait le courage de faire le premier pas en avant. La neige continuait de tomber et la visibilité était de zéro, même si on vous cherchait, ce serait impossible de vous apercevoir.

Ce n’est que des heures plus tard, alors que le soleil s’était couché depuis un bon moment, que les secouristes vous retrouvèrent dans la montagne. On vous ramena à Chamonix et, puisque vous étiez tous plus ou moins en état de choc et complètement congelés, on vous emmena à l’hôpital pour un suivi. Les bouts de tes doigts et de tes orteils étaient grisâtres en raison des engelures. On t’avait retiré tes vêtements humides et t’avais donc dû enfiler une chemisette d’hôpital. L’infirmière t’avait conseillé de bouger les doigts et les orteils de temps en temps pour favoriser la circulation sanguine, mais ça te faisait mal, un picotement accompagné d’une sensation de brûlure, c’était atroce. T’étais donc en train de grimacer de douleur quand Perry entra dans ta chambre avec son humour qui ne semblait jamais ébranlé. « Nan, j’avais repéré l’infirmière à l’accueil et je voulais qu’elle prenne soin de moi. Du coup j’me suis arrangé pour aboutir ici. » Tu esquissas un faible sourire, t’étais fatigué, vidé. Tu fronças légèrement les sourcils. « Qu’est-ce que tu fais ici ? J’veux dire … comment tu savais que j’étais ici ? Que j’faisais parti du groupe de randonneurs ? » Ton téléphone était branché à côté de toi, en train de charger, mais il n’avait pas encore assez de batterie pour rouvrir. T’avais pas vu tous les messages et les appels manqués de Perry. T’avais pas connaissance de toute l’inquiétude qui l’avait habité.

En arrivant et en voyant que Jackson a l’air de bien aller, même s’il ne semble pas dans sa meilleure forme, Perry sent le stress de toute une journée retomber. Il est soulagé, tout va bien, enfin à peu près. Il espère que le brun n’aura pas de séquelles, qu’il est sous surveillance mais qu’il n’y aura pas de problèmes. Il n’est pas médecin et possède pas vraiment de compétences dans ce domaine, sachant que son domaine à lui c’est plus la drague et la pop culture, pas de quoi sauver des vie. Il ne sait pas si les choses pourraient mal tourner même si Jackson est sain et sauf dans une chambre d’hôpital. Bon il se remet un peu à stresser du coup. Il détend l’atmosphère avec une blague, comme à son habitude, le jeune homme ne manque pas de répliquer que lui visait plutôt l’infirmière pour prendre soin de lui. « Ah, j’dérange du coup. J’vais vous laisser hein, j’voudrais pas ruiner ton coup. » dit-il en espérant que Jackson ne prendrait pas ça au sérieux et en espérant que sa blague ne soit pas sérieuse. Il est bien mieux que l’infirmière, non ? Perry pensait qu’il n’aurait pas à justifier le pourquoi du comment il a atterri ici pas moins d’une heure après que le brun soit arrivé. Dans les films ce genre de trucs arrivent tout le temps sans que les personnages ne se posent un seul instant la question de comment l’autre a su. De toute façon ça ne sert à rien de lui cacher, il lui a envoyé tout un tas de message tandis qu’il tournait en rond au chalet. « J’t’ai envoyé des messages mais t’as pas dû rallumer ton téléphone. » dit-il en voyant le téléphone charger dans un coin de la pièce. « Mais j’vais te raconter ma journée du coup, qui a sans doute été pire que la tienne ! » Toujours prêt à se faire plaindre mais il est sûr qu’à la place de Jackson il s’en serait peut être pas sorti. Bon déjà il serait jamais parti en randonnée donc ça évite le problème. « Du coup c’matin j’t’ai envoyé un message pour savoir c’que tu faisais pour le nouvel an. Comme tu répondais pas alors qu’on n’était pas censé sortir de chez nous, j’me suis dit que c’était bizarre, j’vois pas trop c’que tu pourrais de plus intéressant à part me parler quoi...bref ! Après ils ont parlé des randonneurs qui ont été pris dans une avalanche du coup j’ai demandé à Charlie si t’étais au chalet ou pas et elle m’a dit que non. Donc là j’me suis dit que question intelligence on est à peu près au même niveau pour faire des trucs aussi débiles. Et du coup j’ai appelé les gens des secours pour qu’ils me disent quand ils allaient vous retrouver. Et du coup me voilà, même si bon tu préfères l’infirmière visiblement. » Même dans les moments les plus dramatiques, Perry est incapable de raconter une histoire d’un ton sombre, il est toujours obliger de blaguer, de taquiner, c’est sa manière d’être et c’est aussi comme ça qu’il se dit qu’il a seulement réagit comme un ami et qu’à aucun moment il y a un peu plus dans l’histoire. En baissant son regard vers les mains de Jackson, il ajoute « J’aurais dû amener les chaufferettes de Charlie pour tes mains. Tu veux que j’te les réchauffe ou alors ça ferait juste empirer le truc ? » Il n’a pas envie de faire n’importe quoi et qu’au final Jackson soit blessé par sa faute. Parfois il peut être plus catastrophique qu’une avalanche.

Tu souris. T’aurais bien aimé que l’infirmière en question, celle qui surveillait ton cas, rentre dans ta chambre à ce moment précis. Il s’agissait d’une infirmière probablement au bord de la retraite, très sympathique, très douce, mais franchement on se doutait que tu n’aurais pas été jusqu’à aller te foutre en plein milieu d’une avalanche rien que pour qu’elle soit aux petits soins avec toi. Mais c’était que Perry et toi pour l’instant, et au fond, ça te plaisait pas mal ça aussi. T’avais énormément pensé à lui pendant les heures d’attente à te geler le corps tout entier. Le voir en vrai, et pas juste en images mentales près du désespoir, ça avait son côté rassurant. « Tu pourrais être mon wing man, sinon. » Plaisantas-tu. « Plus sérieusement, hum, nan j’voudrais bien que tu restes. Je suis content de te voir. » Admis-tu. Allez, t’avais failli crever de froid là-haut, ça ferait ouvrir les yeux à n’importe qui. Le genre de prise de conscience de t’as qu’une vie à vivre, il faut saisir le moment présent, il faut dire à ceux qu’on aime ce qu’on ressent, tout ça. Tu demandas à Perry la question qui t’obsédait : comment se fait-il qu’il était déjà au courant de ta présence à l’hôpital, et qu’il s’était rendu jusqu’ici aussi vite ? On venait à peine de vous ramener, tout le groupe. T’avais terminé tous les petits examens de check-up il y avait une quinzaine de minutes à peine. Tu tournas la tête vers ton téléphone. T’étais intrigué de découvrir le nombre de messages et d’appels manqués, du coup. « Non, j’ai appris aujourd’hui que quand il fait bien froid, un téléphone ça perd rapidement sa batterie … » Dis-tu. Avant même l’avalanche et l’attente, t’avais voulu prendre des photos des montagnes – avec la tempête ça donnait un truc trop stylé – mais t’avais pas pu en prendre tout au long du trajet, t’avais rapidement vu que le pourcentage indiqué en haut à droite descendait à vive allure. « Ah ouais je me doute que comparativement à ce que j’ai vécu, pour toi ça a été un calvaire. » Répondis-tu, bien sarcastique, avec un sourire aux lèvres quand même. Tu connaissais Perry. Plus rien ne t’étonnait. « Déjà, j’ai plein de potes qui sont à Chamonix alors j’aurais très bien pu être avec eux. J’apprécie ta compagnie mais j’ai une vie, quand même, hein. » Lâchas-tu en essayant de lever l’index pour énumérer tes points, mais ça te faisait trop mal, t’abandonnas vite l’idée. « Ensuite, c’était pas débile comme idée, combien de fois encore j’pourrai venir faire de la randonnée dans les Alpes ? Le guide parlait pas d’une si grosse tempête, tout semblait sous contrôle ce matin. » Te justifias-tu même si  ouais, clairement, ce guide avait fait preuve d’imprudence et il était tout autant idiot que le reste de la bande de randonneurs. « Et finalement … Pourquoi tu t’intéressais à ce que je faisais pour le Nouvel an ? T’avais envie de débuter l’année avec moi ? » Un sourire plutôt content, mais aussi un peu fendant, se dessina sur tes lèvres. Un peu plus tard, Perry baissa les yeux vers tes mains. Elles étaient pas trop jolies à regarder. « Nan apparemment faut pas faire ça, faut pas les frotter. Ça a été mon réflexe aussi mais le docteur m’a chicané. Ça commence à se réchauffer, là, c’pour ça qu’ça fait aussi mal. On va m’donner un gel d’aloès ou un truc comme ça, pour plus tard. » Mais t’aurais bien voulu l’avoir dès maintenant. Tu te retenais pour ne pas trop grimacer de douleur. T’avais l’impression que tes extrémités brûlaient. Encore heureux que t’avais pas eu d’engelures sur le pénis.

En entendant parler de wing man, Perry aurait été prêt à partir mais le brun rajouta aussitôt qu’il voulait bien qu’il reste et qu’il était content de le voir, ce qui fit sourire le jeune homme qui ne voulait pas être le seul à être content d’être ici. Enfin content, il aurait bien évité d’avoir à rendre visite à Jackson dans un hôpital mais il préfère ici plutôt qu’à la morgue, ce qui aurait été beaucoup moins réjouissant. « Comme si t’avais besoin de quelqu’un pour t’aider à choper et puis encore moins moi, j’risquerai de tous te les piquer. » répondit-il en plaisantant. Et surtout il ne s’imagine pas une soirée où ils seraient ensemble mais que chacun repartirait de son côté avec quelqu’un d’autre, il s’est trop habitué à finir les soirées avec lui pour que ça change. Ça y est, Jackson fait parti de ses habitudes. Perry partit ensuite dans un récit de sa folle journée consistant à paniquer que son ami, enfin le type avec qui il a passé la plupart de ses nuits depuis qu’il est à Chamonix plutôt, soit blessé ou pire. Mais comme il n’est pas trop du genre à raconter de grands récits dramatiques, il le ponctue de blagues et de petites taquineries envers le brun, histoire de ne pas trop montrer qu’il était vraiment pas bien pendant toutes ces heures à attendre d’avoir des nouvelles. Oui il a un peu peur de montrer qu’il tient pas mal à lui au final. Jackson répond point par point à ses remarques, ce qui fait sourire le jeune homme qui est déjà prêt à répliquer. « Y’aurait fallu que tu rendes tôt visite à tes fameux amis pour pas être dans la tempête ou alors y être hier soir, mais bon j’sais où t’étais hier soir vu que j’étais pas mal là. » Il ne peut s’empêcher de sourire en repensant à leur soirée et à toutes leurs soirées d’ailleurs. Leurs petites fugues tard le soir pour se retrouver chez l’un ou l’autre, ça lui plaît bien. « Pour la randonnée dans les Alpes, ça peut s’arranger. » dit-il simplement en hochant la tête. Il lui a bien offert un week-end à Sydney, la prochaine étape c’est une semaine à la montagne, non ? Et pour le nouvel an, il est un peu moins sûr de lui parce que ça implique un peu plus de dévoiler ce qu’il ressent mais il se lance tout de même. « Je sais pas, j’voulais savoir si t’avais un truc pour t’inviter sinon, j’me disais que ça aurait pu être sympa, je sais pas. » Il doutait un peu parce qu’il ne savait pas si son partenaire était sur la même longueur d’onde ou s’il était plutôt à accepter de passer la soirée du nouvel an avec lui seulement s’il a vraiment rien de prévu et qu’il est son dernier choix. Mais actuellement il s’inquiétait surtout de l’état des mains de Jackson qui n’étaient pas vraiment dans leur meilleure forme. Il voulait l’aider à aller mieux mais visiblement les réchauffer n’est pas la meilleure idée. « Ah je vois, mais elles vont redevenir normal bientôt, non ? Tu vas pas perdre tes doigts ? » demanda-t-il inquiet. Il demanda ensuite « Ta bouche aussi faut pas trop y toucher ou ça c’est bon ? » Et il n’a même pas d’arrière pensé autre que de l’embrasser quand il dit ça, il a juste besoin d’un contact, de le retrouver un peu.

Heureusement que tu ne t’étais pas arrêté à la proposition du wing man, t’aurais juré avoir senti un mouvement de départ chez Perry. Il était cependant resté bien en place quand t’avais ajouté que tu voulais qu’il reste, que t’étais content de le voir. T’avais pensé à lui souvent, là-haut, le cœur serré, le corps gelé. T’avais même été égoïste au point de te dire que t’aurais préféré qu’il soit coincé dans la tempête avec toi. Au moins vos corps auraient pu partager le peu d’chaleur restante et Perry aurait trouvé le moyen de te faire rire dans le chaos blanc, t’en étais certain. Malheureusement, traîner Perry Peach en randonnée pédestre aussi tôt le matin, ça relevait de la fiction. « J’en conclus que tu te trouves pas mal plus beau, sexy et charmant que moi ? Pfeh, okay. C’est noté. » Répondis-tu en détournant la tête, boudeur. Quel narcissique ce Youtubeur ! En même temps il faut un peu l’être pour se foutre la tronche sur Internet à chaque semaine. Mais c’était le ton de plaisanterie à chacune de ses répliques qui te faisait les aimer, ses répliques. Et sa personne. Le jeune homme continua d’ailleurs à s’enfoncer dans sa propre personne en racontant sa journée comme si c’était lui, la victime, aussi. Ce n’était pourtant pas lui qui avait les doigts tout gris comme si t’étais en train de te transformer en zombie. Alors, tu le repris point par point, te délectant de ce petit jeu verbal qui te faisait oublier tes souffrances de décongélation. « Mes amis sont peut-être lève-tôt eux aussi. » Et toi tu l’étais, Perry le savait. À moins d’une soirée fortement alcoolisée – qui, là, te mettait complètement k.o. pour la matinée -, tu étais généralement debout un tout petit peu avant le soleil dépendamment de la période de l’année. Perry te répondit ensuite que pour les randonnées dans les Alpes, ça pourrait s’arranger. Tu souris légèrement mais ça te rendait quand même mal à l’aise, toutes ces offres de t’emmener à l’autre bout du monde si c’est ce que tu souhaitais. Comment pouvait-il lui rester des sous dans son compte en banque s’il jouait la fée marraine auprès de tous ses potes ? Il serait peut-être temps qu’il te le dise, ou que tu le comprennes, que t’étais pas juste un ami. « T’sais cette proposition n’implique pas seulement de nous y emmener, mais d’y participer, aussi, avec moi, à ces randonnées en montagne. » Précisas-tu, doutant qu’il te suive dans des ascensions jour après jour. À ta question par rapport au Nouvel an, qui avait un peu affolé ton cœur, la réponse de Perry le laissa un peu confus, ton petit cœur. « Je n’ai officiellement plus de truc, en tout cas. Enfin, à moins que passer le nouvel an à l’hôpital soit a thing. » Tu soupiras doucement, la tête bien enfouie dans ton oreiller, regardant Perry avec sérieux. « T’as pas à rentrer dans la nouvelle année dans un environnement aussi déprimant que le mien, tu sais. Tu avais sûrement des plans auxquels m’inviter. Tu devrais y aller quand même. » L’idée d’être tout seul ici et de regarder les feux d’artifice par la fenêtre, ça ne t’enchantait pas vraiment. Mais l’idée de savoir que Perry se forçait à rester là, peut-être, ça ne te faisait pas plaisir non plus. T’aurais voulu qu’il te dise qu’il restait parce qu’il avait envie d’être avec toi, parce que c’était tes lèvres qu’il voulait embrasser à minuit tapant, parce qu’il voulait débuter l’année comme il voulait la passer au grand complet : à tes côtés. Mais t’aurais pu lui dire tout ça, toi aussi, quitte à te prendre un vent. Mais dans votre relation, t’avais l’impression que Perry menait, que t’étais inférieur, qu’il était inatteignable. Il t’intimidait, Perry, et ça t’empêchait de faire le premier pas. « Normalement, non … Quelques heures de plus et c’était sans doute ça, mais apparemment, c’est encore récupérable même si ça a l’air de rien, là. » Dis-tu en relevant les mains, bougeant tout légèrement les doigts. Tu relevas les yeux vers Perry à la question sur les lèvres. « Nan, ça c’est bon. » Lâchas-tu avec un sourire de gamin qui obtient enfin ce qu'il voulait.

S’il devait se retrouver à jouer les potes qui aident Jackson à conclure, Perry serait plutôt mauvais. Selon ses propres dires parce qu’il risquerait de lui piquer ses cibles mais surtout parce qu’il essayerait de saboter les choses pour comme par hasard, qu’il ne reste plus qu’une option pour eux que de finir la soirée ensemble. Oui, ça serait plus simple pour lui de faire ça que de dire au brun que c’est avec lui qu’il a envie d’être, pour la soirée et même un peu plus. « Bah dis-donc, tu deviens aussi susceptible que moi ? » dit-il en riant pour le taquiner. En temps normal c’est lui qui aurait eu ce genre de réaction et qui se serait mis à bouder. S’il ne doute pas de son charme, il sait que face à Jackson, il y a clairement match et il n’est pas sûr de le gagner, surtout s’ils sont tous les deux torses nus. Perry essayait de trouver des arguments pour montrer que son inquiétude était tout à fait légitime et qu’il n’essayait pas de stalker son amant. C’est vrai, il aurait pu juste être occupé ailleurs pour ne pas lui répondre mais en général, il ne passait jamais autant de temps sans réponse. Ils n’ont pas échangés beaucoup de sms tous les deux mais ces dernières semaines les choses ont changé, encore plus à leur arrivée à Chamonix où ils se sont quasiment plus vus que depuis leur rencontre. « Si tu marches devant moi, ça pourrait me faire une situation. » dit-il avec un air angélique. Il n’est clairement pas un grand randonneur mais s’il a une motivation pour l’encourager, il peut bien essayer. En l’occurrence avoir Jackson devant lui et il ne dit pas ça pour qu’il puisse lui ouvrir la voie, non il pense seulement à pouvoir mater ses fesses et l’embrasser derrière les sapins. Les randonnées ne sont plus d’actualité pour l’instant, ni vraiment le nouvel an. « C’est pas déprimant si je suis là. » Perry amène sa bonne humeur partout où il va, même s’il ne garde pas que des bons souvenirs des hôpitaux. Il y a vu Siobhan pour la première fois mais aussi le désespoir d’Aisling face à cette naissance, le cancer de sa mère et son issue fatale. Dans ces moments là il a eu du mal à garder le moral, à être positif et à remonter le moral de tout le monde. Mais Jackson ne va pas mourir et il n’a pas envie de le laisser seul. « J’étais avec Concho et Penny, je pense qu’ils se remettront de mon absence. » Il les voit tous les jours et ça pourrait être aussi le cas avec le brun, s’il le voulait. De toute façon le temps de rentrer au chalet, la nouvelle année sera passée alors ce n’est pas la peine. « Et puis je vais pas te laisser ici tout seul, à part si tu as prévu une fête surprise dans ta chambre à minuit. » Et il serait un peu déçu que quelqu’un vienne gâcher ce moment, l’un des rares qu’ils ont tous les deux, complètement sobres et où le sexe ne semble pas être une option. Inquiet, Perry lui demande si ses doigts vont se remettre de ce long moment dans le froid. « On vérifiera plus tard si tout fonctionne bien alors. » Oui il a quelques idées de tests pour vérifier la bonne motricité des doigts de Jackson, pas vraiment le genre que les médecins font. Comme les lèvres du brun sont intactes, Perry s’approche de lui pour les embrasser. Il pose une main sur la joue du jeune homme et embrasse tendrement ses lèvres dans un baiser bien plus doux que ce dont ils ont l’habitude tous les deux. Quelques instants plus tard il se recule pour regarder son amant, celui pour qui il ressent quelque chose sans vraiment oser se l’avouer. « J’suis tellement heureux que tu sois là et pas tout gelé sous la neige. »

Tu découvrais que tu l’étais quand même pas mal, susceptible, en fait. Ça dépendait avec qui. T’avais jamais connu ça parce qu’au cirque t’avais toujours accueilli la critique ou les commentaires un peu plus négatifs comme une manière de t’améliorer, de briller encore plus. L’artiste en toi voulait se surpasser alors t’avais besoin de douter de toi, qu’on te souligne tes faiblesses, pour que tu puisses les travailler jour après jour. Mais aux côtés de Perry, t’avais tellement envie de lui plaire, t’avais tellement besoin de l’entendre te complimenter, de sentir que c’était toi et toi seul qui animais son être, que tu t’égarais dans cette susceptibilité. Tu tâchais quand même de la rendre fausse aux yeux des autres, de faire passer ça pour des blagues, mais la vérité était que tu voulais que Perry Peach te voit dans sa soupe. C’était malsain de souhaiter tout ça alors que tu ne lui en disais rien. Ça commençait d’ailleurs à te travailler pas mal, en-dedans de toi. « Oh, j’sais pas si c’est un niveau atteignable. » Le narguas-tu, puisque lui aussi pouvait parfois se renfrogner après des commentaires négatifs sur sa personne. Il se mettait lui-même sur un piédestal alors ça faisait mal quand on le ramenait les deux pieds sur terre, visiblement. Mais il ne boudait jamais bien longtemps, Perry, heureusement. Il te parla ensuite d’éventuels voyages que vous pourriez refaire ensemble dans les Alpes pour aller randonner dans de meilleures conditions, puisque t’étais vraisemblablement prêt à tout pour t’aventurer sur les sommets des montagnes. Tu ris quand il mentionna tes fesses comme motivation à grimper. « Si tu veux qu’on s’rende en haut des sentiers à temps, faudra pas que tu m’arrêtes aux cinq minutes pour satisfaire ton envie de me toucher le derrière. On risquerait de devoir passer la nuit dans les bois. » Étrangement, t’avais comme l’impression que Perry n’en serait pas plus perturbé que ça. Il ne sembla pas non plus déboussolé par l’idée de passer le Nouvel an ici, avec toi, dans cette chambre d’hôpital maussade avec tes doigts gris. « C’est clair que pour moi, ce serait beaucoup moins déprimant. Mais pour toi … Enfin, j’veux juste pas que tu te sentes obligé, quoi. J’vais survivre. » Tu esquissas un sourire. Ton cœur lui criait de rester mais ta tête te disait de se calmer, de ne pas trop montrer tes sentiments. Tu hochas la tête quand il mentionna qu’il était avec son colocataire et les enfants, que c’était avec eux qu’il prévoyait entrer en 2022. « Nan, j’ai pas réussi à convaincre assez d’infirmières de délaisser tous les autres patients pour ma fiesta. » Dis-tu dans un sourire. «  Ta fille ne serait pas trop déçue ? » Mais la réflexion de Perry était exacte, le temps de rentrer au chalet, la nouvelle année serait passée. Peut-être même que sa fille dormirait déjà. Tu informas Perry de l’état de tes doigts et secoua la tête en entendant ses plans de vérifications et de réhabilitation. « Tu penses déjà à ton plaisir alors que je suis même pas encore sorti de ma chemisette d’hôpital. » Toi aussi t’y pensais. Être rien qu’avec lui et ne pas pouvoir le toucher comme tu le voulais, c’était de la torture. T’étais pas habitué à devoir te retenir, hormis en public face à sa fille ou ses amis, mais dans ce temps-là tu savais toujours comme les soirées se termineraient : dans ses bras, à l’abri des regards. Cette nuit, tu savais que ça ne pourrait se terminer ainsi, en raison de ton état. Heureusement que les baisers étaient toujours possibles. D’ailleurs, Perry s’approcha de ton visage et posa doucement ses lèvres sur les tiennes. On aurait presque dit qu’il avait peur de te faire mal, tellement ce fut doux et tendre. T’eus l’impression que tout ton corps s’électrifia d’un coup, d’ailleurs ça te fit mal aux pieds et aux mains, comme si la douleur elle aussi avait été victime de ce courant électrisant. Tu ne bronchas pas pour autant, appréciant bien trop ce contact auquel t’avais pas l’habitude avec Perry. « J’suis heureux que tu sois celui à être venu me voir, aussi. » Tu marquas une pause, hésitas un peu, avant d’ajouter : « Tu sais j’ai beaucoup pensé à toi quand j’étais coincé là-haut. À un moment j’ai eu peur de crever là, sans jamais pouvoir te dire au revoir. Sans pouvoir te voir une dernière fois. » And it scared you to death.

Question susceptibilité, Perry en tient une bonne. Sur ce côté il n’est pas facile à battre. Il se met à bouder pour un rien. Heureusement, il ne lui en faut pas non plus beaucoup pour qu’il arrête de bouder. Une partie du temps il fait ça seulement parce qu’il trouve ça drôle mais en vérité il est souvent vexé des remarques qu’on peut lui faire. Ça peut paraître un peu paradoxal pour quelqu’un comme lui, qui montre toujours qu’il a confiance en lui, qu’il n’a pas besoin de l’approbation des autres pour se sentir. Mais dans les faits, il a besoin d’être approuvé, d’être entouré de gens qui l’apprécient et qui le complimentent aussi, éventuellement. Jackson joue un peu sur les deux tableaux, lui glissant des compliments de temps à autre mais n’hésitant pas non plus à le remettre à sa place lorsqu’il prend un peu trop la grosse tête. « Ah bah super. » répondit-il avant de faire une moue boudeuse puis d’éclater de rire. Non le brun n’est pas plus susceptible que lui, heureusement d’ailleurs sinon ils passeraient tous les deux leur temps à se bouder comme des enfants de cinq ans. Mais des sujets un peu plus sérieux vinrent sur la table, même si Perry essayait toujours de les détourner un peu. Oui il aimerait bien partir en randonnée avec Jackson même s’il déteste marcher, encore plus en montagne parce qu’il faut monter, que c’est épuisant, qu’il n’y a pas de plage, pas de mer. Mais s’il est avec le jeune homme, Perry est content. Il s’en rend peu à peu compte mais il a grand mal à se l’avouer et à s’avouer tout ce que cela implique. « Je toucherai avec les yeux. » dit-il avec un sourire même s’il sait très bien qu’il aura du mal à garder ses distances. Il a déjà du mal quand il y a du monde autour alors sur un petit sentier avec quasiment personne autour, il sait bien qu’à chaque arbre il s’imaginera se planquer derrière pour profiter un peu de son temps avec le brun. Autant dire que la randonnée risquerait d’être encore plus épuisante au final. Pour l’instant, il n’est pas question de randonnée en montagne, surtout après la mésaventure de Jackson, pour laquelle il aurait bien pu y laisser sa vie. Heureusement, il est là et même si une chambre d’hôpital n’est pas le lieu le plus joyeux pour passer le nouvel an, Perry ne compte pas le laisser tout seul, surtout pas après avoir traversé la ville pour venir le voir. « J’ai déjà connu pire nouvel an, t’en fais pas. » En dehors du cadre qui n’est pas le plus approprié, il est content de pouvoir passer ce moment symbolique en compagnie de Jackson, même s’il ne lui dira jamais comme ça. Le brun pense à Penny, ce qui fait sourire celui qui vient d’abandonner son meilleur ami et les enfants pour venir voir son amant blessé. « Je crois qu’elle préfère que je sois ici. » Parce que sinon il n’aurait sûrement pas arrêté de parler de Jackson de la soirée, qu’il aurait eu un petit air un peu triste toute la soirée en pensant à lui, tout seul, blessé dans sa chambre d’hôpital. Et surtout il n’aurait pas pu s’enlever de la tête l’idée que quelqu’un d’autre serait venu le voir et lui aurait piqué sa place. Mais il est là, et il a déjà les idées mal placées, ce qui n’a rien de vraiment étonnant. « Comment ça MON plaisir ? » demande-t-il indigné. Il faudrait que le brun soit un acteur digne des Oscars pour réussir à faire semblant aussi bien d’apprécier les moments qu’ils passent tous les deux. Dans l’histoire ils sont deux à profiter. Comme ils ne peuvent pas pratiquer les activités dont ils ont l’habitude lorsqu’ils sont tous les deux (le crochet et la pétanque bien sûr), Perry décide tout de même d’embrasser Jackson, tendrement, bien plus que ce dont il a l’habitude. Ouais, il est content qu’il soit là, il n’était clairement pas prêt à ce que leur histoire se finisse là. Le jeune homme sent un peu le stress monter vu le tour que prend la conversation. Jackson ne lui met pas de stop, au contraire. « J’ai pas envie qu’il y ait de dernière fois. » IL n’a pas envie qu’il parte, il a envie qu’il reste avec lui. Il ne sait pas trop ce qu’il dit, ce que ça veut vraiment dire mais c’est comme ça qu’il ressent les choses. Perry se penche à nouveau vers le brun pour l’embrasser, un peu plus passionnément cette fois.

Tu souris en entendant Perry te répondre qu’il toucherait avec les yeux, comme ça vous ne perdriez pas de temps de montée et vous pourriez redescendre avant le crépuscule. Ça t’étonnait de sa part, bien honnêtement, t’aurais cru que les attouchements passeraient toujours avant tout, même avant votre confort ou votre sécurité, mais peut-être que lorsqu’il était question de survie en forêt Perry Peach était pas mal moins à l’aise ! T’en découvrais un peu plus chaque jour. « J’t’en croyais même pas capable ! » Lanças-tu avec un regard amusé. Sans doute que l’homme d’affaires lui-même avait un peu de mal à se croire. Quoique, depuis qu’il était entré dans ta chambre d’hôpital, Perry ne t’avait pas touché – pas encore. En même temps, avec tes extrémités en décomposition, tu te doutais que tu ne donnais pas trop envie d’être approché. Perry avait raison de penser qu’une prochaine randonnée en montagne n’était pas pour maintenant. Tu ne pensais pas être traumatisé de l’expérience, mais qui sait, parfois ça se ressent plus tard. Et pour le moment, t’avais quand même pas du tout envie de te retrouver dans une mauvaise posture comme celle-là, tu préférais prendre le temps de te remettre sur pieds. Heureusement que le séjour à Chamonix s’achevait, autrement t’aurais perdu de précieuses journées de ce voyage. Déjà, tu gâchais ton Nouvel an et fort probablement celui de Perry aussi, puisqu’il était encore avec toi alors que minuit approchait dangereusement. Le Youtubeur t’assura qu’il avait connu de pires célébrations de la nouvelle année. Toi aussi, d’ailleurs, même si on aurait pu croire qu’être sur un lit d’hôpital, c’était plutôt dur à battre. Mais Perry était là pour contrebalancer. « Ah ouais ? On a du temps devant nous, tu devrais me raconter, ça va me divertir et me déculpabiliser en même temps. » Proposas-tu avec un sourire. Enfin, tu ne parlais pas de tout de suite tout de suite, mais plus tard dans la nuit s’il voulait bien te tenir encore un peu compagnie. Non, pour tout de suite, vous aviez déjà la tête ailleurs. Après qu’il t’ait affirmé que Penny le préférait sans doute ici – ce qui te fit plaisir à entendre -, le jeune homme te parla de vérifier si tout ton corps fonctionnait correctement, dans un avenir rapproché. « Oh ! T’oserais m’faire croire que t’en retires rien du tout, toi ? » T’indignas-tu à ton tour, avant de sourire. « Mais ouais, ok, y’a aussi mon plaisir là-dedans. » Toi non plus tu pouvais pas lui faire avaler le contraire. T’y trouvais toujours ton compte, avec Perry. Encore plus lors de ce baiser que vous veniez tout juste d’échanger. Un baiser doux, un baiser long, un baiser tellement tendre que t’eus l’impression qu’il arriva à apprivoiser tous les papillons dans ton ventre. Tu ouvris un peu plus ton cœur à Perry en lui partageant les pensées que t’avais eues là-haut, coincé entre la vie et la mort, presque. Sa réponse t’arracha un bout de ton cœur qui s’envola entre vous deux et bordel, t’aurais aimé qu’il l’attrape, mais c’était trop flou et trop confus encore. Ce sont tes lèvres dont il s’empara à la place, avec plus de passion cette fois. Tu te détachas de lui après un moment et lui dis : « Normalement quand y’a pas de dernière fois en vue … Ça veut dire quelque chose, non ? » Quelque chose de plus. De plus grand. De plus concret. Tu plongeas ton regard dans le sien, brillant de sérieux, brillant d’espoir.

Sur le moment il peut bien se dire qu’il arrivera à rester un minimum sérieux en randonnée avec Jackson, mais le moment venu il ne peut rien promettre. Déjà il n’a jamais vraiment fait de randonnées, en tout cas pas des vrais trucs sérieux. Il a déjà fait des balades avec des amis avec de l’alcool dans leur sac pour passer la nuit dans un coin perdu à boire, manger et faire la fête. A part ça, pas grand-chose. Il lui faudra sans doute quelques baisers ou un peu plus pour le motiver à marcher et finir le chemin. Il se plaindra sûrement toutes les trente secondes et le brun finira sans doute par marcher plus vite pour l’abandonner. Perry en randonnée, ça n’est pas une très bonne idée quand on tient à sa santé mentale. « Des fois je sais me tenir...à peu près. » répondit-il en souriant. Des fois, mais pas très souvent. Devant ses filles il y arrive parce qu’il préfère les préserver de ses aventures, en dehors de ça, il n’a aucune gêne à embrasser quelqu’un devant des gens. Pour le reste il préfère être un peu plus discret, essentiellement pour des questions de légalité et de tranquillité. Mais ce soir il risque bien de ne pas rester si pudique, surtout vu les émotions qu’il a vécu dans la journée. Et puis, c’est le nouvel an, il a bien le droit de contourner un peu les règles, non ? Il rassure Jackson, passer sa soirée ici avec lui n’est pas le pire nouvel an qu’il ait pu avoir. Mais maintenant qu’il a dit ça, le brun a envie de connaître ses histoires. « J’sais pas si ça serait bien divertissant et puis tu risques de plus me regarder pareil après. » tente-t-il alors qu’il sait que ses histoires ne sont pas si extraordinaires que ça et qu’il en faudra sûrement plus à Jackson pour qu’il le voit autrement. Forcément Perry ne peut se retenir de parler de sexe. Il faut dire que c’est un peu ce qu’il a en tête lorsqu’il a le brun en face de lui, ça et tout un tas de choses. « Chacun y trouve son compte, moi j’trouve ça plutôt pas mal. » Dans leur histoire aucun n’est vraiment à plaindre lorsqu’il s’agit du sexe, ils en profitent tous les deux allègrement. Mais comme pour l’instant ils ne peuvent pas vraiment faire ce qu’il a en tête, Perry décide tout de même d’embrasser son amant et de lui révéler, à demi-mot, qu’il a envie qu’ils se revoient. Jackson rebondit sur ses mots, demandant quelques précisions. « P’t’être...je sais pas trop. » S’il s’attendait à une grande déclaration, il va être déçu mais en même temps s’il s’attendait à une grande déclaration de sa part c’est qu’il n’a pas encore compris comment fonctionne le type avec qui il couche. Il le regarde, il ne sait pas trop quoi ajouter, il faudrait qu’il ajoute quelque chose mais rien n’est clair dans sa tête. « C’est juste que...j’ai flippé aujourd’hui et...on a passé des moments sympas tous les deux cette semaine et...j’aimerais bien que ça continue un peu à Bowen. » Que quoi continue, il ne saurait trop dire mais quelque chose, il compte un peu sur Jackson pour réussir à mettre des mots sur tout ça, il doit plus s’y connaître que lui en ce qui concerne les relations amoureuses.

« Mmmh. À peu près, ouais. » Clairement tu doutais de tout ça mais peu importe en fait, si vous alliez en randonnée durant un mois un peu plus chaud, t’aurais aucun problème à passer la nuit dehors en raison de vos égarements sexuels. Une nuit à la belle étoile, au sommet d’une montagne, seul avec Perry, est-ce que c’était vraiment un scénario catastrophe ? Au contraire, c’était plutôt romantique, et finalement ce serait peut-être toi qui ne saurais pas te tenir à ce moment-là. Rien que pour provoquer ce moment unique. Ce que tu vivais actuellement avec Perry, c’était également assez unique. Après tout, il était en train de laisser de côté tous les plans de Nouvel an qu’il devait probablement avoir et ce, pour rester à ton chevet d’hôpital. Ça aussi, c’était romantique, et pourtant vous n’en étiez pas encore là dans vos sentiments. Enfin … toi, si. Mais ce n’était pas révélé au grand jour. Perry ne te rendait pas la tâche facile lorsqu’il était question de vous ouvrir l’un à l’autre. Alors, tu restais sur la surface, lui réclamant ses histoires de nouvelle année ratée. « Ah parce que tu penses que j’ai une belle image de toi actuellement ? » Demandas-tu en riant. N’importe quelle histoire ne ferait que renforcer ce que tu savais déjà de lui, au pire. Perry ne cachait pas trop ses failles, en tout cas de ce que tu pensais. C’était quelque chose que t’appréciais de lui, d’ailleurs. Autant que son amour-propre, qui t’énervait de temps en temps, mais qui te faisait également sourire. Quand vous parliez de sexe, forcément Perry se mettait un peu sur un piédestal, mais pour le coup il avait quand même raison de le faire. « Ouais, c’est un assez bon deal je trouve. » Répliquas-tu à propos du fait que vous y trouviez tous les deux votre compte. Puis, la discussion prit une toute autre tournure alors que le Youtubeur mentionna ne pas vouloir de dernière fois entre vous deux, ce qui te laissait comprendre qu’il n’avait pas envie que ça se termine, cette histoire ambigüe que vous trainiez depuis plus d’un an. Tu cherchas à ouvrir un peu plus cette porte mais comme d’habitude, l’homme d’affaires restait bien vague. T’en avais marre de ne pas savoir vous situer. Marre de sentir que tu t’accrochais à lui mais que le contraire n’était pas aussi vrai. « Moi j’ai pas envie que ça ne continue qu’un peu, Perry. » Rectifias-tu dans son discours. « Ça fait plus d’un an, qu’on a ces moments sympas. Et c’est vrai que ce sont de bons moments qu’on a. Et j’me rends compte que des moments du genre, plus le temps passe, plus c’est qu’avec toi que j’ai envie d’en vivre. » T’emmenais doucement le sujet de l’exclusivité, en espérant ne pas le faire fuir. Si c’était le cas, alors quand minuit sonnerait, ce serait vraiment le pire Nouvel an possible pour toi. Le corps ET le cœur brisés.

Lorsqu’il s’agit d’être sérieux ou se tenir convenablement à des événements plutôt distingués, Perry est vraiment le pire. Il arrive à faire illusion une partie du temps au travail, mais lors des réceptions il a bien du mal à être comme toutes ces personnes qui restent bien droites à discuter très sérieusement boulot. Il va plutôt aller manger moitié du buffet de petit four, s’enfiler des cocktails s’il y en a et aller parler à tout le monde comme s’ils étaient ses amis. Alors forcément Jackson a du mal à croire qu’il puisse se tenir, surtout s’il n’y a qu’eux deux, au milieu de la nature. Même s’il pourrait arriver à ne pas plaquer le brun devant le premier arbre venu, il s’arrêterait sans doute toutes les deux minutes pour se plaindre ou regarder un truc quelconque sur le bord du chemin. Partir quelque part avec Perry c’est comme partir avec un enfant de cinq ans mais qui a des bien plus grandes jambes pour partir n’importe où. La discussion dériva sur leurs souvenirs respectifs de mauvais nouvels ans. Le jeune homme tenta s’esquiver le sujet, histoire que Jackson ne le voit pas différemment après mais celui-ci ne se gêna pas de lui lancer une petite pique. « Bah j’espère bien ! J’suis quand même traversé une fin de tempête un soir de nouvel an pour venir te voir. » dit-il en finissant par une moue boudeuse. S’il avait été juste un peu romantique il aurait pu approfondir ses paroles pour parler un peu de ce qu’il ressent mais c’est Perry, c’est un peu trop lui en demander. Non, il préfère plutôt parler de sexe, un sujet où il est bien plus à l’aise tant que cela n’implique pas des sentiments. « Je vais pas retenir le assez dans ta phrase sinon j’vais aller bouder dans un coin. » répondit-il avec un mince sourire. Il n’a pas envie d’être vu comme un assez bon deal par Jackson, il veut être le meilleur deal et pas juste pour coucher ensemble, ce qu’il tente de lui dire ensuite, à demi-mot, sans vraiment ce qu’il ressent lui non plus. Le brun décide de mettre un peu plus les pieds dans le plat, sentant sans doute que si son comparse continue à diriger la discussion, ils risquent pas de se comprendre avant quatre jours. Face à la réponse de Jackson, le jeune homme est à la fois complètement flippé, perdu mais aussi heureux que leur semblant d’histoire ne se finisse pas en cette nouvelle année. « J’crois que ça va pas être un grand reveal si je te dis que tout ça, ça me fait flipper pas mal, parce que j’suis pas franchement habitué à ça, tu vois. » Il ne sait pas trop quoi lui dire. Il n’aurait peut-être pas dû se précipiter pour le voir sans vraiment savoir ce dont il a envie mais d’un autre côté il ne voulait pas laisser filer cette opportunité et voir Jackson arrêter leur relation naissante pour aller avec quelqu’un d’autre d’un peu plus facile à vivre.

« Emphase sur le fin de tempête. » Lâchas-tu avec un sourire moqueur. « T’aurais gravi la montagne, en pleine tempête, pour venir me retrouver ? » Évidemment que tu blaguais, t’aurais jamais demandé ça de toute façon. Même pas espéré. C’aurait été carrément suicidaire, même pas du tout romantique, du coup, puisqu’il aurait été l’inconscient à mettre sa vie en danger alors qu’il avait deux filles. Puis, de toute façon, t’étais qu’une passade, il pouvait peut-être dépenser tous ses billets sur toi pour te faire plaisir et pour que vous passiez du bon temps, parce que des billets il en avait plein son compte en banque, mais une vie on n’en a qu’une seule. Tu l’imaginais pas la risquer pour toi, simple aventure que t’étais, même si c’était l’une des plus longues aventures que t’avais vécue dans ta vie sentimentale. « Avec la grandeur de la chambre, ce serait assez awkward que t’ailles bouder juste là, c’est la seule place que je peux regarder. » Tu souris. « C’est un très bon deal. » Rectifias-tu alors, pour qu’il arrête sa moue boudeuse. Quelques minutes plus tard c’aurait été à toi de bouder si t’avais pas décidé d’être mieux que ça et de mettre un peu plus de mots sur ce que tu ressentais. Perry venait de dire qu’il voulait que votre truc, or whatever that was, continue un peu à Bowen. Tu repris ces mots-là précisément, car ils avaient résonné en toi, de leur connotation négative à tes oreilles, parce qu’ils donnaient une fin sans en donner une, à votre histoire. Ces mots-là faisaient juste te rendre encore plus confus parce que Perry ne prenait pas position en disant qu’il voulait que ça continue un peu. Il ne voulait pas que ça s’arrête, mais il ne voulait pas que ça s’éternise non plus. Qu’il choisisse l’un ou l’autre mais toi t’arrivais plus à tanguer entre les deux, dans ta tête, dans ton cœur, t’avais besoin d’être fixé. Alors, tu t’ouvris à Perry, lui confirmant que toi, t’avais envie que ça continue aussi mais pas qu’un peu, que tu voulais de ces moments-là par milliers avec lui. Il sembla pris au dépourvu. Tu baissas les yeux quand il avoua finalement que ça le faisait flipper pas mal, ce que tu venais de lui dire. Il n’avait pas l’habitude. « Ouais, j’ai cru comprendre, ça. » Soufflas-tu, avant de relever les yeux vers lui, l’air un peu piteux. « Si ça te fait fuir j’aurai au moins ma réponse. » Ça te faisait de la peine parce que t’aurais voulu profiter un peu plus de votre relation, avoir su que tout ça se passerait ce soir, t’aurais vécu les derniers jours au maximum, t’aurais étampé les secondes avec lui à ta mémoire, sachant que ça te glisserait entre les doigts pile poil au moment où minuit sonna et que les feux d’artifices dehors explosèrent. Tu tournas les yeux vers la fenêtre, regardant les éclats de couleurs colorer le ciel. « Happy New Year. » Murmuras-tu pour vous deux.

Si Jackson s’attendait à une grande preuve d’amour en entendant Perry lui dire qu’il aurait traversé des océans à la nage pour lui, il risque d’être déçu. Pas aventurier ni courageux pour un sou, il n’y a peut-être que pour ses enfants qu’il serait capable de mettre sa vie en danger pour sauver quelqu’un. Surtout qu’il sait qu’il serait capable de mal finir lui et que ça ne risque pas d’arranger la situation. « Nan, j’aurais payé des gens pour le faire. Ça aurait été con qu’on te retrouve et que moi j’sois en train de geler dans un coin perdu parce que j’suis pas capable de me repérer. Ça aurait fait un peu Roméo et Juliette version neige un peu nulle. » Mais il était venu à la fin de la tempête, ce qui n’est déjà pas si mal sachant qu’il aurait pu rester dans le confort de son chalet avec les enfants et son meilleur ami. Il ne put s’empêcher de rire en s’imaginant bouder à deux mètres de Jackson, la situation aurait été très ridicule. A la correction du jeune homme, il sourit. « Je préfère ça. » Par contre ce qu’il apprécie moins en revanche c’est les conversations à cœur ouvert, les grandes déclarations, les moments sérieux où il s’agit de mettre des mots sur l’avenir de leur relation non définie. Il est bien obligé d’avouer que s’il a fait ce trajet jusque là, en fin de tempête, ce n’est pas que le brun est juste un plan cul parmi d’autre. Pour autant il n’arrive pas vraiment à dire ce qu’il ressent ou ce qu’il veut, parce qu’il n’en a pas la moindre idée au fond. Il n’arrive pas à identifier tout ce qu’il se passe en lui, ce qu’il aimerait pour la suite si ce n’est pouvoir continuer à partager des nuits avec Jackson. Il semble déçu mais il devait bien se douter, en connaissant Perry, qu’il ne risquait pas de lui faire une grande déclaration d’amour digne d’un film romantique. Un peu déçu de ne pas être à la hauteur des attentes du jeune homme, Perry alla jusqu’à la fenêtre, regarder la nuit dehors, super vue. Mais malgré le temps, quelques feux d’artifices furent tirés, signe que minuit était passé. Ils ont officiellement fêtés la nouvelle année ensemble mais de manière relativement peu festive. Il finit par se retourner. « Je sais pas trop ce que t’attends de moi. T’as bien vu comment je suis, je serai jamais le petit ami parfait, je serai jamais celui qui prépare un dîner aux chandelles surprise, qui fait de longues déclarations émouvantes. J’serai jamais ce gars là, c’est pas moi. Moi j’suis le mec marrant, le bon pote, le bon coup, le gars qu’on voit juste un nuit pour un bon moment mais pas pour la vie ou quoi. J’veux pas te promettre des trucs que j’serai sûrement pas capable d’être mais j’peux essayer au moins d’te rendre un peu heureux. »