ghost from the past (azriel)

L'un des points le plus positif de son retour à Bowen était qu'il pouvait voir ses parents quand il le voulait. Solal avait toujours été proche d'eux, en particulier de sa mère et ça avait été difficile pour lui de ne plus les voir régulièrement lors de ces onze dernières années. Bien sûr, il était revenu à Bowen de temps en temps mais c'était différent lorsqu'il était à deux pas de chez eux. Il avait décidé de passer la journée à la maison familiale et de préparer un bon repas pour ses parents. Il ne tenait sa passion pour la cuisine d'aucun de ses parents, même si sa mère était une très bonne cuisinière, elle ne le faisait pas par passion. C'était sûrement grâce à elle et les bonnes odeurs de ses petits plats lorsqu'il était petit, que Solal s'était intéressé à ce domaine en étant petit. Après le repas, alors que le père Shillinglaw était monté se reposer un peu et que l'italien buvait un café avec sa mère dans le salon, on frappa à la porte et celle-ci s'ouvrit directement, laissant entendre des pas qui s'approchaient doucement vers la pièce. Solal manqua d'avaler sa gorgée de travers lorsqu'Azriel entra dans le salon, tout sourire. Cela faisait onze ans qu'il ne l'avait pas vu et que les deux ne s'étaient pas donné de signe de vie. Il mentirait s'il disait que son frère ne lui manquait pas, car au fond, vraiment au fond, c'était un peu le cas, mais il lui vouait une haine tellement forte que ce sentiment de manque n'avait jamais fait surface. Il se doutait bien qu'il serait amené à le revoir un jour, le plus tard aurait été le mieux. Il le regarda un instant, silencieux, pendant que tous les souvenirs lui revenaient en tête. Joanna, l'accident, la douleur, la peine, le deuil... Le jour où sa vie avait perdu tout son sens. Il eut envie de crier, de le frapper même, mais c'était comme s'il était pétrifié. Il réussit finalement à se relever du canapé, essayant de faire mine de rien même si son regard assassin le trahissait largement. « Je vais prendre l'air. » lança-t-il en s'adressant à sa mère. Il l'embrassa sur la tête et sorti pour s'asseoir sur la terrasse en ignorant totalement son frère. Par respect pour ses parents et pour éviter qu'ils se fassent encore du souci, il avait toujours utilisé le silence comme seule arme contre son frère, même lors des nombreuses fois où il avait eu envie de lui en coller une.

Un peu au hasard, il avait été convenu qu'Azriel passe voir ses parents dans l'après-midi, le temps de prendre un café, et des nouvelles au passage. C'était souvent comme ça, une proposition lancée à l'envolée par Az ou par ses parents, de temps à autres, comme la plupart des jeunes trentenaires devaient le faire avec des parents habitant les environs. Ils ne se retrouvaient pas en famille tous les dimanches, mais ils décidaient de se retrouver sans trop planifier les choses, ou bien Az passait même à l'improviste quand il se sentait d'aller saluer ses géniteurs. C'était donc confiant, serein, que l'Italien passa le pas de la porte après s'être brièvement annoncé de quelques coups de phalange sur la porte. Il posa son skate dans le hall d'entrée, sa chemise en jean ouverte sur un simple t-shirt blanc. Décontracté, une après-midi normale, quoi. Peut-être un peu moins normale que d'ordinaire, il était vrai. Il avait eu ses parents au téléphone récemment encore, et le sujet de conversation avait un peu tourné autour de Solal, en une orbite dangereusement instable. Il sentait bien que leurs vieux, sa mère plus particulièrement, essayait de pousser la situation à la réconciliation. C'était un sujet peu abordé, dans la famille, tout comme le fait qu'il y manquait un troisième enfant. Azriel avait coupé court avec douceur, même s'il se doutait que le sujet reviendrait sur le tapis, maintenant que son aîné était rentré au bercail quelques mois auparavant, après des années d'absence où il avait été bien plus facile d'écourter ce sujet. « Ciao, anziani. » lança-t-il avec légèreté dans sa langue natale en arrivant au bout du couloir. En passant la limite du salon, le cadet des frères Shillinglaw sentit un courant d'air glacial traverser son corps, ses muscles se crispant brusquement, en découvrant Solal attablé avec leurs parents. S'il parvint à garder un visage impassible, il s'arrêta tout de même, un poil assommé par cette vision. Solal ne laissa d'ailleurs pas planer le suspens, car déjà il quittait la pièce, s'adressant uniquement à leur créatrice. Même sans contact visuel, Az pouvait percevoir dans chaque fibre de son corps la hargne qu'avait placé son frère dans ces mots, indirectement dirigés vers lui. Le skateur garda le silence, le suivant du regard alors qu'il emmenait son amertume sur la terrasse, puis décocha un coup d’œil suspicieux à sa mère. Vu le sourire un peu fuyant qu'elle lui adressa, il voyait juste : elle avait fait exprès d'inviter Azriel, et de ne mettre aucun de ses deux enfants au courant de son projet. Sinon, Solal ne serait jamais venu. L'Italien soupira, échangeant un regard entendu avec sa mère, puis sortit à son tour sur la terrasse. Il se roula une clope, la mine détachée, mais on sentait les traits de son visage imperceptiblement tendus. « On peut pas lui en vouloir d'essayer d'arranger les choses. » souffla-t-il sans préambule, la voix calme et profonde comme toujours, faisant référence à l'évident stratagème de leur mère. Az ne disait jamais grand chose et laissait plutôt le temps à l'interlocuteur de prendre la parole, attentif à ce qu'il disait et ne disait pas, lui laissant le choix serein de ce qu'il voulait exposer de soi. Il écoutait, il observait, Az. Mais Solal avait les mêmes gênes, et l'Italien était bien placé pour savoir que s'il ne faisait pas un pas, il n'avait aucune chance de tirer le moindre mot de son frère.

Les parents Shillinglaw étaient au courant depuis le début que Solal n'avait jamais pardonné à Azriel le décès de leur sœur et surtout du fait qu'il n'avait jamais été puni pour ça. Il ne pouvait pas en vouloir à ses parents de défendre leur fils, mais il n'avait jamais compris ces réactions. Depuis treize ans, il avait totalement renié l'existence d'Azriel, ou plutôt le fait qu'ils faisaient partie de la même famille. Cette haine enfouie en lui depuis de nombreuses années n'était jamais sortie, il ne l'avait jamais exprimée à son frère et s'était simplement contenté de couper les ponts avec lui et avait demandé à ses parents de respecter son choix, comme lui respectait le leur. Visiblement, ils n'étaient finalement pas décidés à le respecter. Déjà lorsqu'il avait quitté Bowen, sa mère ne cessait de lui parler d'Azriel, lui racontant des choses sur lui dont il n'en avait rien à faire. Elle n'avait jamais vraiment accepté que ses deux fils soient brouillés, mais c'était ainsi et Solal ne manquait pas de lui rappeler à chaque fois qu'il n'avait pas envie d'entendre parler de lui. Il savait sa mère têtue, comme le reste de la famille d'ailleurs, mais pas au point d'élaborer un stratagème pareil, obligeant les frères Shillinglaw à se faire face. Solal resta calme, préférant quitter la pièce pour éviter d'exploser et laisser sortir ces émotions qui le bouffaient littéralement de l'intérieur depuis toutes ces années. Effectivement, comme le dit Az en le rejoignant à l'extérieur, ils ne pouvaient pas en vouloir à une mère de souhaiter que ses enfants se réconcilient. Il resta silencieux un instant, en pensant que s'il ne disait rien, on lui foutrait la paix. Il se sentait coincé, il avait envie de partir et de laisser encore une fois tout ça en plan, mais il en était incapable sur le moment. « ça c'est sûr. » qu'il finit par répondre sur un ton calme et posé, sans daigner le regarder, ses yeux fixant un point dans le vide. « En même temps, qu'est-ce qu'elle croyait ? Qu'on allait boire un café ensemble en parlant du bon vieux temps ? » Son ton était devenu plus tranchant, à la limite de l'agressivité. Il n'avait rien à dire à Azriel, le simple fait qu'ils soient à quelques mètres l'un de l'autre lui donnait la nausée.

Azriel ne se rappelait même plus de la dernière fois où il avait échangé des paroles avec son aîné, tenu à distance par ses ondes assassines. Il avait toujours respecté la réaction de Solal et avait laissé les choses comme ça, il estimait qu'il n'avait pas à le forcer de quoi que ce soit. Son frère avait tous les droits de lui en vouloir jusqu'à la fin de ses jours. C'était difficile, par moments, même si au fil du temps, il s'était habitué à constater la totale absence de Solal dans son existence, hormis les rares mentions qu'en faisaient ses parents. C'était presque comme parler d'un inconnu. Sauf qu'il ne l'était pas du tout, un inconnu. Avant l'accident, ils étaient même plutôt complices, l'aîné bien plus sage que son cadet, à cette époque, mais tout de même soudés, avec leur petite soeur. Si Az s'était habitué à ne plus avoir de frère dans sa vie, au final en même temps qu'il avait dû s'accoutumer à ne plus avoir sa cadette non plus, il n'en effaçait pas moins les souvenirs de leur enfance et adolescence. Mais il comprenait, Az. Il avait souffert, culpabilisé, pleuré, s'était détesté au moins autant que son grand frère le détestait. Il avait supplié, négocié avec l'univers, il avait traversé, replongé, s'était relevé. Pour finalement faire la paix avec lui-même. Il entendait toutefois parfaitement bien que l'aîné des Shillinglaw ne l'entende pas de cette façon. Il pardonnait son frère de le haïr de la même façon qu'il s'était pardonné son erreur fatale, ses excès inconscients. Il avait changé, après ses vingt ans, drastiquement. Qui ne l'aurait pas fait ? « Je ne sais pas. » répondit d'abord Az, s'acclimatant déjà à la voix de son frère qu'il n'avait plus entendue depuis des lustres. « Qu'on parviendrait à parler, peut-être, ce qui est déjà un exploit en regardant les treize dernières années. » ajouta-t-il d'un ton calme, pas proche de la décontraction, mais au moins dans un esprit de modération. Si on y regardait bien, on pouvait remarquer que l'Italien était toujours crispé et sur la réserve, attitude qu'on lui voyait peu. Mais bien que ce soit de circonstances, il travaillait dur intérieurement pour tenter d'adopter la posture la plus ouverte et sereine possible.

Treize années s'étaient écoulées depuis l'accident. Treize ans pendant lesquels l'aîné des Shillinglaw avait dû essayer de s'habituer à l'absence de sa petite sœur, chose  qu'il n'avait jamais réussi à faire en réalité. Pendant ces années, il avait eu quelques moments d'apaisement, des moments de bonheur aussi, même s'il avait plus fait semblant qu'autre chose. En même temps qu'il avait perdu sa soeur, il avait aussi perdu Azriel, qu'il avait pourtant tellement aimé durant les quelques premières années de leur vie. C'était une double-peine qu'il avait choisi de s'infliger, il n'avait pas pu faire autrement. Le pardon lui paraissait tout bonnement impossible, c'était simplement hors de sa portée. Et même si son frère lui avait parfois manqué dans des moments de sa vie où il aurait eu besoin de lui, il avait toujours chassé ses pensées, il les avait enfouies au plus profond de lui-même, ne laissant que la haine prendre le dessus. Se retrouver face à Azriel l'affectait plus que ce qu'il pouvait laisser voir. Il pestait intérieurement contre leur mère d'avoir élaboré ce stratagème pour que les frères se retrouvent nez à nez dans cette maison qui les avait vu grandir et se déchirer. Il essayait tant bien que mal de refouler les émotions qui menaçaient de remonter à la surface, restant immobile et neutre, sans daigner poser son regard sur celui qu'il haïssait du plus profond de son âme, incapable de prendre la fuite. La voix d'Azriel lui paraissait incroyablement calme et sereine pendant que lui avait juste envie d'exploser. « J'étais très bien, moi, pendant ces treize dernières années. Et toi aussi, d'après ce que j'ai pu entendre de maman. Elle continuait de me parler de toi, sans cesse, j'aurais dû me douter qu'elle allait nous faire ce plan merdique. » Il regardait fixement devant lui, essayant de se contrôler au maximum pour ne pas être agressif. « Tu veux parler, toi ? Tu as quelque chose à me dire ? » demanda-t-il simplement, même s'il ne voyait pas ce qu'ils auraient pu avoir à se dire. Si on creusait un peu, Solal aurait eu des tas de choses à dire à son frère, des choses qu'il aurait dû dire treize ans en arrière, qui l'auraient sûrement aidé à passer à autre chose. Mais il préférait se persuader que renier son frère était la meilleure solution et qu'il n'avait rien à lui dire.

Il pouvait voir les jointures des doigts de son frère se blanchir sous la force de ses mains serrées, de ses muscles crispés. Sa mâchoire tendue et son regard fixe. Et s'il était conscient de l'effort considérable que ce dernier déployait pour ne pas aboyer, il percevait la sécheresse et l'acidité de son ton. Il y était préparé, néanmoins. Et quelque part, il préférait ça, cette attitude mordante de froid, qu'à un silence lourdement explicite. Az laissa son frère cracher son ressentiment et sa frustration quant à ce moment, ce piège élaboré par leur mère qui n'était certes pas très malin, mai certainement désespéré. Bien que l'issue soit plus que prévisible. Enfin, Solal n'avait pas quitté la maison, rien que ça représentait peut-être un infime changement dans le non-lien qui les avait lié depuis treize ans. « Qu'est-ce que tu veux entendre de moi, Solal ? » demanda Azriel, se tournant vers son frère, dans cette posture ouverte et plus que vulnérable. Placide, mais en aucun cas désinvolte. On pouvait lire dans son regard noisette les fantômes d'un passé qui les hantait, et qui venaient maintenant rouvrir la plaie de son âme, prêts à le torturer, les torturer tous les deux. Deux frères en déchirures qui n'avaient plus que le silence en commun. Le brun cherchait un moyen, bien malgré lui, de reconnecter le moindre minuscule lien commun sectionné entre son aîné et lui. Et il était là, prêt à se faire envoyer chier, à s'en prendre une peut-être même. Il était prêt à ne jamais voir cette situation évoluer, et encore une fois, jamais il ne blâmerait Solal pour cela. Mais il voulait savoir, si au bout de treize années, il n'y avait pas une chose que son frère désirait entendre sortir de sa bouche. Un geste qu'il aurait pu faire, même si celui-ci ne devait rien changer entre eux, qu'il allège au moins d'une plume la rancœur et la haine de son aîné.

C'était déjà un grand pas pour les deux frères de réussir à échanger ces quelques mots, aussi durs soient-il, après tout ce silence qui avait régné pendant toutes ces années. Un silence pesant qui laissait transparaître toute sa colère, c'était ce que Solal avait choisi pour faire comprendre à son frère qu'il ne voulait plus rien savoir de lui. C'était peut-être le moment de briser ce silence, de parler, de mettre enfin les choses à plat, mais il ne savait pas par où commencer, Solal, parce qu'il avait tant de choses à dire et en même temps rien du tout. La situation n'allait probablement pas changer même s'il parlait. Au mieux, il serait libéré d'un poids, mais l'absence de sa petite sœur le pèserait jusqu'à la fin de ses jours. La question de son frère le fit tiquer. Il laissa un silence s'installer pendant quelques secondes et il daigna enfin tourner la tête pour poser les yeux sur lui. « Je sais pas. Que t'es un connard, par exemple ? » C'était sorti du cœur et honnêtement, ça lui faisait du bien. Il eut soudainement envie de bouger, il avait l'impression qu'il allait exploser s'il restait immobile. Il se leva de sa chaise et fit quelques pas, en gardant quand même une certaine distance avec son cadet. « T'es conscient de la chance que t'as eu de t'en tirer sans être puni ? D'avoir pu continuer tranquillement ta petite vie après ce que t'as fait ? » Ce n'était évidemment pas le cas, Azriel avait été puni de la pire des façons. La culpabilité avait dû le ronger pendant des années et plus encore. Mais ça, Solal n'en avait pas conscience, aveuglé par sa rancœur, il préférait se dire que son frère ne s'en était jamais vraiment voulu et qu'il avait continué de vivre comme si de rien était. « Tu trouves pas ça injuste ? » demanda-t-il finalement, le regard planté dans celui de son frère. Au fond, même s'il avait été puni, Solal lui en aurait voulu de la même façon. Il aurait juste préféré qu'il assume ses conneries.

Az accusa le coup, hochant la tête. C'était amplement mérité, et si c'était tout ce que son frère avait à lui dire, il pouvait l'entendre. Il était bien d'accord avec lui. « Y a pas de mot qui peut exprimer à quel point j'étais con. Et t'as raison de haïr cette personne, je la hais aussi. Mais j'ai tout fait pour ne plus la voir dans le miroir. Je ne suis plus cette personne. » Azriel lui-même était presque surpris de la conviction dont il avait fait preuve en prononçant cette dernière phrase. Lui qui ne pouvait se dire qu'il était totalement dissociable de l'être qu'il était alors, jusqu'à ses vingt ans. Et pourtant c'était vrai. Il ne pourrait jamais se racheter, c'était tout simplement impossible, ce qu'il avait causé était irrécupérable. Impardonnable, si l'on en croyait l'attitude de Solal depuis treize ans. Il en était bien conscient. Mais il pouvait se dire qu'il ne ressemblait plus en rien à l'égoïste fêtard de l'époque, insouciant et trop à l'aise dans ses excès et ses erreurs. Il verrait toujours encore une part de ce garçon à peine sorti de l'adolescence dans le miroir. Parce qu'on ne se défaisait pas si facilement de sa culpabilité, même après autant d'années. Mais s'il devait être rationnel et honnête avec lui-même, il devait pouvoir affirmer qu'il n'était plus ce garçon. « Si. » souffla-t-il à mi-voix, expiant ce qu'il pensait en un douloureux aveu pour répondre à son frère. Évidemment qu'il trouvait ça injuste, il avait lui-même supplié ses parents de le laisser payer pour ce qu'il avait fait, et plutôt deux fois qu'une. Mais comme leurs géniteurs l'avaient souligné à l'époque, ce n'était pas ça qui ramènerait leur fille cadette. Un enfant disparu et l'autre derrière les barreaux, ça n'équilibrait certainement pas la balance de la souffrance. Et s'il avait passé des heures et des jours à tenter de convaincre le monde de le punir, aussi durement que possible, il avait compris avec le temps le choix de ses parents. Ils l'avaient protégé, et leur argument, dans leur peine, faisait sens. « Je suis désolé, Solal. Tellement, tellement désolé. Mais ni un million d'excuses, ni des années d'emprisonnement, ni peu importe ce qui tu veux m'infliger, ne la ramèneront. » Prononcer ces mots, pourtant justes et véridiques, le tourmentait et le blessait probablement autant que son frère. Il s'en voulait presque de les dire, comme si chercher la paix avec son aîné était synonyme d'absolution, chose qu'il n'obtiendrait jamais, et ne cherchait d'ailleurs pas. Mais il devait les dire, ces mots. Peu importe les conséquences. Malgré ça, il ne parvint pas à prononcer le nom de leur sœur. Malgré ses efforts pour rester serein et garder son recul, son coeur se serrait à lui en arracher les côtes.