[over] But you are the fire, I'm gasoline - charlian

Un nouveau souffle dans la vie de Charlie, rendait la pâtissière heureuse et épanouie. Persuadée que cette fois, elle pouvait affronter toutes les embûches, elle avait dit oui à Woody. Avec beaucoup d'optimisme, elle se disait que son frère Jules finirait par voir par lui-même qu'elle faisait le bon choix.

Il y a peu de temps, elle avait pris les commandes d'une boutique Imogen qui venait d'ouvrir à l'autre bout de la ville. Jamais elle n'avait eu autant de responsabilités, c'était effrayant mais vivifiant. De la bonne adrénaline. Charlize était bien évidemment là en soutien si besoin, car Charlie apprenait encore dans la gestion de la boutique. Cette journée-là elle avait enchaîné quelques heures derrière les fourneaux. Quand elle voulut sortir pour rentrer, elle portait encore son tablier dont elle avait oublié de retirer. Distraite, elle le fut beaucoup moins lorsque l'entrée d'un homme dans la boutique lui éveilla des souvenirs. Des souvenirs douloureux, qui lui déclencha instantanément un profond sentiment de culpabilité. Cet homme-là, Julian, n'était autre que l'homme qui avait poussé la femme forte et fragile à la fois qu'elle était aujourd'hui. Eux deux, cela avait été trop vite, trop fort. Il l'avait poussé à s'enfuir de lui / de Sydney, à tomber très rapidement dans les bras d'autres pour l'oublier, pour finalement regretter et réaliser que l'amour requiert des sacrifices et qu'on ne peut pas toujours le fuir. De plus, ce qu'elle ne pouvait pas lui retirer, c'était de lui avoir donné le goût à la pâtisserie. Pour  toutes ces raisons, Charlie fut troublée en reconnaissant Julian. Elle le savait natif de Bowen mais ne s'était clairement pas attendu à le recroiser ici, après deux longues années sans se parler. C'était un sentiment désagréable, de le voir là, et d'avoir l'impression qu'il s'agissait d'un étranger. Son visage habituellement très expressif, ne put cacher à quel point elle était troublée. Qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-elle brusquement, malgré elle. 

Qu'est-ce que tu fais là? ton regard qui la détaille, de haut en bas. de bas en haut. sourcil arqué. visage impassible. regard froid. distant. silence lourd et pesant. poids des années passées à ruminer son absence. son départ. le deuil d'une relation passionnelle, mais tellement belle. ton regard, sombre, qui plonge dans le siens. En général, on dit bonjour avant d'agresser les gens. Mais bon, apparemment quand on ne sait pas dire au revoir, on n'est pas capable de la politesse inverse non plus.

ton regard qui se détourne d'elle, léger soupir au coin des lèvres. symbole d'une lassitude amer qui n'a que trop besoin de s'exprimer. ton regard, indifférent, qui vient caresser le présentoir. étrangement bien mieux achalandé que tu ne l'aurais imaginé. je cherche un responsable. que tu lâches simplement, tout en continuant ta rapide inspection de la devanture. lentement, ton regard s'adoucit, attiré par une création qui te rappelle à des souvenirs, comme si, d'instinct, tu savais que c'était elle qui en était la créatrice. pourtant, tu n'en dis rien, te contentant de poser, de nouveau, un regard glacial sur elle et le tablier qu'elle arborait je dépose des cv... que tu lâches, à contre cœur, en déposant rapidement la feuille mentionnée sur le comptoir.

« You've awoken me, but you're choking me
I was so obsessed
Gave you all of me, and now honestly
I got nothing left »

De son regard noir, il la dévisageait.  Si Charlie voulait souvent prétendre être une femme forte, pleine d'assurance, ce n'était pas présentement le cas. Julian lui fit payer son impolitesse par un silence glacial et pesant. Il planta son regard dans le sien, et soudainement Charlie peina davatange à ne pas se sentir coupable. Julian avait raison de lui en vouloir et ne se gêna pas de lui rappeler la façon dont elle était partie. Gênée, la blonde semblait s'enfoncer dans le sol. Désolé, Julian. s'excusa Charlie avec sincérité. C'est juste... que... te voir ici... tentait-elle ensuite de se rattraper. Sûrement était-il trop tard pour lui présenter des excuses. De toute façon qu'est-ce qu'elle aurait pu dire? Pardon d'être partie, j'ai été une sale égoïste, lâche, qui a pris la fuite parce que notre histoire devenait trop belle, trop dangereuse pour moi. Il lui rirait au nez. Elle se contenta simplement de l'observer, lui qui scrutait la vitrine de ses pâtisseries. Son cœur se serrait, au souvenir qu'elle avait commencé ainsi : leurs doigts emmêlés à créer ses premiers gâteaux. Il cherchait un responsable. Charlie se mordit la lèvre inférieure. Je suis... la Cheffe Pâtissière... de la boutique. Jamais elle n'aurait cru penser être aussi embarrassée en annonçant son statut dont elle était si fière. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises.  Tu cherches du travail? s'étonnait Charlie, abasourdie. Julian, sans emploi? Lui qui était entrepreneur, auteur de pâtisseries à succès ; vraiment la blonde n'arrivait pas à comprendre comment il avait put tout quitter. Cet homme qu'elle connaissait autrefois ambitieux et déterminé, avait-il changé? Que s'était-il passé pour qu'à son tour, il quitte Sydney?

Désolé, Julian. trop facile. trop rapide. inutile. léger rictus sur tes lèvres symbole de ton indifférence à ce petit mot simplement jeté là. C'est juste... que... te voir ici... sourcil arqué, tu l'observes, détaché. tu la laisses se dépatouiller dans ce merdier qu'elle a, elle même, créé. le trouble est partagé, mais tu ne laisses rien paraitre. pendant un temps, tu as hésité. à la chercher. à venir, jusqu'ici, pour la retrouver. pendant un temps, tu as eu le cœur brisé d'avoir trop donné. trop espéré. à la moindre sonnerie de ton téléphone. au moindre appel. au moindre sms. ton cœur avait trop souvent battu la chamade en espérant entendre le son de sa voix. ou un simple mot sur un écran. celui-là même qu'elle venait d'énoncer quelques secondes auparavant. me voir ici ? ça fait quoi, charlie ? remords ? culpabilité ? honte ? est-ce que ça fait battre ton cœur un peu plus vite, charlie ?

Je suis... la Cheffe Pâtissière... de la boutique. qu'elle lâche simplement à ta demande de rencontrer un responsable. cruelle ironie. t'en rirais presque si une part de toi ne s'en était pas un jour douté; si une part de toi ne ressentait pas une certaine fierté. tu te contentes d'esquisser un léger sourire, bien malgré toi. tu es devenue celle que tu étais destinée à devenir, charlie. Tu cherches du travail? l'intonation de sa voix. l'interrogation palpable sur ses traits. et ce sourire sur tes lèvres. rictus plus mauvais qu'il ne l'avait été. ton cynisme soudain prêt à se répandre et à laisser pourrir tout ce qu'il rencontrerait. j'ai une question, charlie. tu te dresses soudain face à elle, fier et hautain. ça fait quoi ? tu ne la laisses pas demander à quoi tu fais référence, tu ne lui laisses même pas le temps de rassembler ses esprits. ça fait quoi d'avoir couché avec un mec pour qu'il t'apprenne tout ce qu'il savait ? de l'avoir abandonné une fois que tu es devenue douée ? et de le voir aujourd'hui te quémander un travail ?

« You've awoken me, but you're choking me
I was so obsessed
Gave you all of me, and now honestly
I got nothing left »

L'effet de revoir un fantôme, et encore, Charlie se serait mieux portée en voyant rentrer un vampire dans sa boutique. Sur le coup, elle fut pétrifiée de le voir ainsi, toujours avec cette assurance dans le regard. Désolé. Voilà ce qu'elle parvenait seulement à articuler mais c'était honnête. Elle éprouvait de profonds regrets, d'autant plus qu'elle percut une certaine rancœur quand il exigea savoir ce que cela lui faisait de le voir ici. Bizarre. admit-elle, visiblement de plus en plus gênée par la situation. Le pire restait à venir, elle comprit alors qu'il était à la recherche d'un travail et Julian le lui confirma à sa façon. Avec des pics, des mots blessants, tranchants, lui qui était si habile en la matière. Il avait pourtant tort si il pensait qu'elle s'était servi de lui. En réalité, leur histoire avait compté pour elle et il lui arrivait bien souvent d'éprouver un sentiment de honte en repensant à la façon dont s'était terminé les choses.   Face à l'animosité de Julian, Charlie tenta de garder son sang froid. Elle lui prit le bras pour l'attirer vers une table isolée. Le contact sur sa peau lui fit ressentir une sensation étrange. Immédiatement elle retira sa main, comme si ce toucher lui avait brûlé l'épiderme. Charlie empêchait que les bons souvenirs l'envahissent. Écoute je comprends que tu sois en colère commença-t-elle par dire à voix basse. Je sais que j'ai merdé. Ça vaut ce que ça vaut aujourd'hui, mais je m'excuse, d'accord? J'ai été lâche, stupide, tout ce que tu veux, mais je m'en suis voulu, je te jure. lâcha-t-elle d'un ton abrupt, en colère contre elle-même.

Bizarre. c'est étrange comme tu t'étais attendu à entendre toute une floppée de mots, mais pas celui-là. tout sauf ça. alors, tu la regardes. tu la détailles. ton regard planté dans le siens, comme si tu cherchais à sonder ses pensées, à trouver quelque chose dans ses yeux. n'importe quoi. mais pas bizarre. tu t'attendais à autre chose. une autre émotion. mais tu ne serais même pas capable de dire laquelle.

mais tu n'eus pas le temps de trouver ce que tu cherchais. soudain, le contact de ses doigts contre ta peau t'arracha à ta contemplation. contact fugace. brulant. inattendue. un tremblement qui parcourt ton corps. comme une douche glacée. tes yeux qui s'arrachent aux siens pour se poser sur ses doigts délicats contre ton bras.

sans que tu ne t'en rendes compte, elle t'avait attiré plus loin. à l'abri des regards. à l'abri des scandales. il ne faudrait pas que la cheffe pâtissière de l'établissement ne soit la cible des ragots de ce trou paumé. cela ferait jaser, si cela se savait. la façon dont elle avait acquis ses connaissances, et celle dont elle t'avait traité. Et, quand elle prit la parole, son intonation avait changé. telle la petite fille murmurant un secret. Écoute je comprends que tu sois en colère ton bras vient se poser contre ton torse pour croiser l'autre. tes deux bras blottis contre toi, comme pour l'empêcher de te toucher à nouveau. comme si tu cherchais à te protéger d'elle. large sourire hypocrite aux coins de tes lèvres. Parce que tu crois que je suis en colère, Charlie ? Pourquoi le serais je ? tu étais passé par bien des phases après son départ, et surement que la colère en avait fait partie, mais de tout cela, il ne restait rien. Rien que la déception et la rancœur. l'incompréhension. le manque de réponse. la fuite d'une gamine qui avait emporté loin de toi tout ce que tu lui avais donné. et toutes ces questions qui étaient restées. qui avaient flottés dans ta tète, jour et nuit. encore et encore.

il n'y avait plus ni colère, ni rancune. aujourd'hui, ne restait qu'un amer constat. tu lui avais tout donné. elle avait tout emporté. et aujourd'hui, c'était elle qui volait vers des sommets. simple constat. froid et implacable. mais sans la moindre once d'une quelconque colère à lui cracher au visage.

Je sais que j'ai merdé. Ça vaut ce que ça vaut aujourd'hui, mais je m'excuse, d'accord? J'ai été lâche, stupide, tout ce que tu veux, mais je m'en suis voulu, je te jure. Des excuses murmurées dans un coin parce que tu as peur du scandale, ça ne vaut rien, charlie. t'excuser parce que tu es mise devant le fait accompli n'arrangera rien. et pour tout te dire, je suis content pour toi... tu laisses un léger silence s'installer, l'hésitation retenant les mots au bord de tes lèvres... Je n'ai jamais douté de toi ou de tes capacités. Tout ça... tu balaies la boutique du regard pour appuyer ta référence tu le mérites.

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Gave you all of me, and now honestly
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Tout le monde savait que dans cette petite ville, les rumeurs / ragôts circulaient vite. Pour en avoir fait les frais un bon nombre de fois, elle ne voulait pas que cela se reproduise. Surtout qu'elle venait tout juste de se fiancer avec Woody, et de se remettre de leur relation montagneuse. Alors elle attira Julian dans un coin plus isolé des regards et oreilles indiscrètes. Elle le vit remonter et croiser ses bras, comme si l'avoir touché avait été quelque chose de repoussant. Une fois de plus il blessa Charlie, qui essayait tant bien que mal de lui présenter ses excuses. Il la coupa dans son élan. Elle vit rouge.  Joue pas à ça lui prévient Charlie qui commençait à perdre son calme.  Si il n'était pas en colère, pourquoi agissait-il ainsi? Pourquoi la piquer? Était-ce que le fruit de la rancœur? La blonde tenta d'exprimer ses excuses, brèves, peut-être, cependant sincères. Mais elle comprit rapidement que ses paroles étaient vaines et vides de sens aux yeux de Julian. Peu importe ce qu'elle dirait, peu importe si elle se justifiait minablement. Elle le regardait scruter les alentours comme si il évitait à tout prix de soutenir son regard. À son tour, elle croisa les bras. Tu es content pour moi? Je le mérite? répéta-t-elle, sur un ton incrédule. Donc là tu montres que tu es content pour moi? En me balançant des pics, sur notre histoire qui date de plus de deux ans Julian. Deux ans! lui dit-elle en haussant un peu plus le ton. Au diable l'indication. Deux années écoulées, néanmoins il avait toujours cette capacité à la pousser à bout. Sauf que cette fois, il n'y aurait plus de réconciliation au lit qui faisait perdurer cette alchimie entre eux.

Joue pas à ça. ordre intimé sèchement. Sinon ? que tu demandes simplement, sourcil arqué et léger rictus aux lèvres, plus amusé par la situation que piqué au vif.

Tu es content pour moi? Je le mérite? qu'elle répète, visiblement incrédule face aux propos énoncés. Tes lèvres veulent laisser échapper une réponse, mais rien ne te vient. Après tout, pourquoi développer ou justifier tes propos. Donc là tu montres que tu es content pour moi? En me balançant des pics, sur notre histoire qui date de plus de deux ans Julian. Deux ans! Soupir qui s'échappe à tes lèvres alors que l'une de tes mains vient se poser sur ton visage, signe d'une exaspération grandissante. En quoi tes talents en pâtisserie ont quoi que ce soit à voir avec la lâcheté dont tu as pu faire preuve envers moi ou notre histoire ? tu laisses un léger silence s'installer, un voile plus sombre couvrant ton visage jusque là impassible. Deux ans, Charlie. Deux ans que tu es partie, que tu m'as laissé là. Seul, sans toi. Tu t'attendais à quoi ? Des applaudissements ? Des remerciements ? Tu es une petite princesse égoïste et lâche. tu prends et tu pars, sans te soucier des sentiments des autres. tu veux faire comme si de rien n'était et que je me contentes d'applaudir ta réussite ? la fuite et la lâcheté, c'est ton truc, pas le miens. Moi, je suis assez mature pour affronter la vérité. Et pour en parler. Toi, t'as juste pas changé!

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Julian ne se contentait pas des simples excuses mais pourtant honnêtes de Charlie. Plus ils discutaient, plus ils se disputaient. À croire que rien n'avait changé entre eux, sauf qu'aujourd'hui le cœur de la Cheffe Pâtissière battait pour un autre. Julian semblait maîtriser la situation, confiant, très sûr de lui, lâchant des pics par-ci et par-là. De son côté Charlie essayait de se contrôler ses pulsions pour ne pas tout envoyer valser.   Qu'est-ce que tu racontes? lui demanda-t-elle d'un air déconcertant. Dernier espoir que le drapeau blanc se dresse entre eux. Julian allait mettre sa patience à rude épreuve... jusqu'à qu'il brisa ce court silence, en brisant aussi tout sur son passage. Petite princesse égoïste et lâche. Non elle n'était plus comme ça, Charlie. La fuite et la lâcheté, c'est ton truc. Nouveau coup de poignard. T'as juste pas changé. C'en fut de trop. Tu crois que j'ai juste cherché à coucher avec toi, pour apprendre à patisser? Et tu crois me connaître, toi? Elle s'interrompit et leva sa main, ornée de sa bague de fiançailles. T'étais juste pas le bon, Julian. lâcha-t-elle sur un ton de méchanceté qui ne lui ressemblait pas. Lui balancer son bonheur en pleine figure. Elle pensait, naïvement, que cela lui suffirait pour qu'il tourne les talons. Dans le fond, Charlie n'était pas une mauvaise personne, bien qu'elle ait fait souvent de mauvais choix. Bien souvent durant leur relation qu'elle jugeait parfois toxique, elle se disait qu'il réveillait le pire en elle.

Tu crois que j'ai juste cherché à coucher avec toi, pour apprendre à pâtisser? Et tu crois me connaître, toi? T'aurais bien répliqué d'une de ces remarques cinglantes dont toi seul avait le secret, mais elle ne t'en laissa pas le temps, te coupant l'herbe sous le pied, asséchant l'oxygène de la pièce jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Plus rien que le vide et le silence assourdissant de ton cœur cognant contre tes temps. Rien que ce petit diamant scintillant sous un faible néon. Reflet terne et aveuglant. Ton regard braqué vers ce doigt brandi avec fierté. T'aurais préféré qu'elle t'en montre un autre. Le majeur, de préférence. N'importe quoi, mais pas ça. Pas cet annulaire orné d'un bijou fièrement porté et arboré. La gorge sèche. Le souffle court. L'oxygène qui en vient à manquer. Uppercut en plein cœur.

T'étais juste pas le bon, Julian. Juste. C'est marrant comme un simple mot, un si petit mot, pouvait représenter tant de choses. cinq lettres à peine. Précisément. Exactement. Toi. Julian Bratford. Ce petit mot te désignait toi, précisément. Insuffisant. Toi comme problème.

Rictus mauvais au coin des lèvres. Oiseau blessé. Acculé. Lentement, tes mains viennent à cogner l'une contre l'autre, puis de plus en plus rapidement, tes applaudissements raisonnant bientôt dans toute la boutique, attirant l'attention des quelques clients présents. donc, c'est bien des applaudissements que tu veux. félicitations, charlie! tu cesses soudain d'applaudir pour plonger ton regard, sombre, dans le siens. mais dis moi, lui tu comptes l'abandonner à quel moment précisément ? devant l'autel ? enfin, en partant du principe que t'iras jusque là.

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Julian l'avait poussé à bout, et sans réfléchir, Charlie avait voulu lui retourner la monnaie de sa pièce. Elle lui montra sa main, ou plutôt son doigt, avec sa bague de fiançailles. Il lui était impossible de ne pas penser à Woody, à cet instant. Elle lui lança cette phrase cinglante, juste pour le faire taire, sans envisager qu'elle allait le blesser. T'étais juste pas le bon. Sombre vérité. À l'époque, elle avait choisi la fuite. Elle l'avait regretté un bon nombre de fois et appris à ses dépits que ce n'était pas la solution. Depuis plus d'une fois, ce fut elle qu'on délaissa et elle se promit à elle-même que plus jamais elle ne ferait subir ça. Aujourd'hui, fiancée, elle ne se projetait qu'avec lui. Deux années s'étaient écoulées après le départ de Charlie. Deux années, où de l'eau avait coulé sous les ponts - du moins c'était ce qu'elle croyait. Julian eut cette réaction très innatendue, en applaudissant de ses mains pour attirer la curiosité des clients. Il s'arrêta et la regarda d'un air sombre, lui demandant quand est-ce qu'elle a allait abandonner celui dont elle aimait à présent. La Cheffe Pâtissière vit rouge. T'arrête? T'es pathétique, là! À te donner en spectacle! rétorqua Charlie, en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus? Je t'ai présenté mes excuses! Je suis désolée! continua-t-elle de se justifier en haussant les épaules.

T'arrête? T'es pathétique, là! À te donner en spectacle! léger sourire amusé au bord des lèvres, s'en était à se demander lequel des deux était le plus pathétique. l'homme blessé par les propos d'une ex trop longtemps pleurée. ou la femme assez mesquine pour arborer une bague de fiançailles aux yeux d'un ex qu'elle n'est plus censée aimer. l'indifférence aurait été une arme bien plus efficace que cette tentative pour le faire réagir. le blesser parce que ses mots l'avaient heurtée. la vérité blesse. un partout, balle au centre.

Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus? Je t'ai présenté mes excuses! Je suis désolée! une raison ? une explication ? t'hausses les épaules, non pas que ça ait encore la moindre importance. t'avais plus vraiment besoin de savoir pourquoi. pourquoi elle était partie, comme ça. du jour au lendemain. sans une note. sans la moindre explication. sans un au revoir. t'avais plus besoin de comprendre ce que t'avais bien pu faire de mal, ce que t'avais bien pu dire qui avait justifié qu'elle parte sans ne jamais prendre la peine de se retourner. sans un message. sans un appel.

des questions, tu t'en étais posées. pendant des mois, voire des années. pour comprendre. pourquoi. à ne plus être capable de faire confiance, à ne plus savoir accorder ta confiance, à ne plus être capable d'ouvrir ton cœur. mais elle avait surement raison. quelle importance après tout ? quelle audace. pourquoi un simple désolée ne te suffisait il pas ? pourquoi ne pouvais-tu pas juste tourner la page après le mal qu'elle avait pu te faire. Qu'est ce que tu voulais de plus, Julian ?

tu pars sans un au revoir, sans un mot, sans une explication... mais t'as raison, j'suppose que je devrais juste oublier et passer à autre chose, comme toi tu l'as fait !? après tout, j'suis quoi moi ? un simple paillasson sur lequel tu t'es essuyé les pieds avant de passer au prochain ? quel droit ai-je de te le reprocher ou de vouloir comprendre ? quand quelqu'un te brise le cœur, faut juste dire merci et passer à autre chose... mais t'as conscience que les gens ont des sentiments ? que ça peut ... soudain, tu cesses de parler, conscient que tu parles surement dans le vide. Conscient que si elle n'en avait rien à faire à l'époque, elle n'en avait surement pas plus à faire aujourd'hui. toi. tes sentiments pour elle. le mal qu'elle avait bien pu te faire. tant qu'elle, elle était heureuse et avait su tourner la page et trouver l'amour, quelle importance que toi t'ais pu en souffrir ?

Tu es une petite princesse égoïste et lâche. tu prends et tu pars, sans te soucier des sentiments des autres.
mais quelle importance de le dire une fois de plus ?
tu sais quoi ? peu importe charlie. je te souhaite d'être heureuse.

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Que pouvait-elle dire de plus? Désemparée, Charlie se limitait aux excuses car en réalité, elle n'avait pas de quoi se justifier. Dans le fond Julian avait eu raison, elle avait été lâche et égoïste. A croire que le lion avait ruminé dans sa cage durant deux années entières, il explosa maintenant. Sans doute que la bague de fiançailles de Charlie, avait réveillé une plus profonde rancune. C'était un coup bas. De toute évidence si elle avait voulu lui faire tourner les talons avec ce tel geste, Julian semblait peu loin de craquer. Face au désarroi de son ex mentor, aussi borné qu'elle pouvait l'être,  Charlie ne pouvait rester insensible.Oui je le suis. Je voulais pas te l'apprendre comme ça.   regretta-t-elle, en haussant elle aussi les épaules. J'aimerais te donner une explication, mais je n'en ai pas. Tout ce que je peux te dire c'est que notre histoire était... Folle. Ça partait dans tous les sens, je ne maîtrisais plus rien. Et moi je ne voulais pas être esclave de mes sentiments, alors j'ai préféré partir. T'as raison, j'ai été lâche. finit-elle par admettre, le regard fuyant. La gorge nouée elle ne savait plus quoi rajouter de plus à ses piètres explications. Julian allait sûrement rester déçu par ses aveux, qui n'avaient aucune originalité. Néanmoins la Cheffe Pâtissière avait parlé avec honnêteté.

Oui je le suis. t'esquisses un léger sourire, comme mal à l'aise. t'aurais voulu pouvoir t'extraire à cette conversation vide de sens. vide de tout. oui, elle était heureuse. aujourd'hui, elle l'était. mais toi, t'avais juste pas étais assez. juste pas le bon. Je voulais pas te l'apprendre comme ça. ce sourire gêné qui reste dessiné au bord de tes lèvres, comme s'il retenait les mots que t'aurais voulu pouvoir cracher. mais tu l'as fait, charlie. tu l'as fait. tu m'as craché ton bonheur au visage, comme une gifle. comme un coup de poignard en plein cœur.

J'aimerais te donner une explication, mais je n'en ai pas. Tout ce que je peux te dire c'est que notre histoire était... la phrase, comme suspendue dans le temps. les secondes qui s'égrainent alors qu'elle cherche quel mot serait le plus adéquat. t'en aurais tellement à réciter en cet instant. mais tu te contentes de rester là, silencieux et immobile. concentré sur elle. à l'affut du moindre mot qu'elle pourrait choisir pour qualifier votre histoire. Folle. t'es pas sûr que t'aurais choisi celui-là, mais il vous correspond plutôt bien. montagnes russes dans lesquelles t'as l'impression d'être à nouveau monté. Ça partait dans tous les sens, je ne maîtrisais plus rien. sans t'en rendre compte, tu t'es mis à acquiescer. Légèrement. Simple mouvement de tète. T'es même pas sur de savoir pourquoi t'acquiesces. si t'es simplement d'accord, ou si t'as envie d'en finir avec cette conversation.

Et moi je ne voulais pas être esclave de mes sentiments alors t'as préféré m'asservir moi, m'enfermer dans une cage de doutes et de questions, dans un tourment d'incompréhension. alors j'ai préféré partir. léger rire, emprunt de cynisme et de dédain. Fuir aurait été un mot plus adéquat. T'as raison, j'ai été lâche. Conclusion plus que parfaite pour une conversation qui n'avait rien de cela. Tu la regardais sans la voir, ton regard simplement posé sur ce fantome du passé. Un fantôme pour qui tu n'avais, probablement, jamais vraiment existé.

Tu donneras mon CV à ton responsable ?! tu te contentes d'ajouter, comme si l'entièreté de la conversation n'avait jamais eu lieu, soudainement de nouveau indifférent à la réalité qui pouvait t'entourer.

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