Cakes and walks - Julian Bratford

Pour passer le temps, je m'étais inscrite sur cette application de rencontre, ciblée sur la ville de ce que j'en avais compris. Et en swipant ici et là, j'avais commencé à discuter avec un chef pâtissier prénommé Julian, plus âgé que moi, mais qui avait accepté de me faire visiter une partie de la ville un soir... et même satisfaire mon palais sucré.

Enfilant une petite robe rouge à fleurs blanches, je quittais la maison de Knox, une fois celui ci rentré, pour partir à la découverte de la ville. Un bus me déposa sur la place de la ville, où j'attendais là, en regardant plusieurs fois la photo de Julian, pour ne pas me tromper et le reconnaître.

Ce que je n'avais pas réalisé alors, c'est la taille, il était bien plus grand que moi, lorsqu'il s'approcha de moi. Un sourire aux lèvres, je lui fis la bise, comme si nous étions amis de longue date, et le remerciais d'être venu ce soir. Un grand brun aux yeux verts, pas réellement mon style, mais plutôt pas mal quand même, dire le contraire serait mentir !  

- Heum... par quoi tu veux commencer ? Lui dis-je simplement, pour amorcer ce rendez vous de visite nocturne.

Me positionnant à son côté, je marchais en le suivant, frottant la main l'une contre l'autre, un peu anxieuse mine de rien. Pas fan des sites de rencontres, là j'y étais allée au culot !

depuis ton retour, t'avais rapidement réalisé que la ville n'avait eu de cesse de changer. parfois, t'errer au grés de tes pensées dans ces décors où, plus jeune, t'avais évolué. mais, bien souvent, tu te surprenais à ne plus rien reconnaitre. certaines vieilles bâtisses avaient été rénovés. certains magasins avaient fermés. le monde avait continué à tourner. et il avait changé.

plus rien n'était pareil.
et pourtant, tout était similaire.
les mêmes ruelles mal éclairées.
les mêmes éclats de rire.

t'avais passé la journée dans la cuisine familiale à t'affairer sur le plan de travail où tout avait commencé. des années en arrière. une autre vie. t'avais essayer de t'affairer à reproduire d'anciennes recettes, essayer de les modifier, de les améliorer. mais le résultat n'avait eu de cesse de te décevoir. rien n'était assez bien. rien n'était assez beau. perfectionniste dans l'âme, tu ne parvenais plus à te satisfaire de ce que cette ville t'avait un jour offert. bowen n'avait plus rien pour toi. ta place n'était plus ici.
et pourtant...  

t'avais fini par dresser quelques entremets mousse chocolat blanc et framboises en part individuelle, le tout recouvert de paillettes de feuilles d'or, avant de pousser un profond soupir. Sydney te manquait. ton chez toi te manquait. ton autre vie. mais tu étais ici à présent. ici et maintenant. et c'était sur ça que tu devais te concentrer. alors, t'avais emballer les quelques pâtisseries dans une de ces élégantes boites en cartons dont le pliage rendrait fou n'importe quel afficionados de montage de meuble suédois, et t'avais fini par filer. sans dire au revoir. non pas que quelqu'un pourrait te le reprocher, triste habitude que t'avais toujours eu à l'époque où tu vivais encore officiellement sous ce toit.

et puis, paquet sous le bras, t'avais déambuler dans la ville, à la recherche d'une petite silhouette blonde qui te sauta dessus avant même que tu n'eus le temps de l'identifier. deux bises collées sur les joues, telle une enfant qui ne sait pas vraiment comment s'y prendre, et te voila à devoir aligner plus de deux mots, sans vraiment avoir pris le temps de réfléchir à ce que tu pourrais bien dire. alors, tu ne réponds pas tout de suite à sa question, te contentant de marcher en direction de la place principale. cette place qui, malgré le temps qui s'était écoulée, avait gardé son charme d'antan. ce charme qu'avait les places des petites villes. une place fleurie. bordée de commerces au charme ancien. de statues. de bancs. le centre de la ville. son point névralgique. c'est d'ici que tout bon parcours de découverte de bowen se doit de commencer! . lentement, tu te tournes vers elle, plongeant un regard malicieux dans le siens. mais comme promis, et pour être sure que tu ne fasses pas une crise d'hypoglycémie, une petite dose de sucre... que tu ajoutes tout en lui tendant le petit paquet abritant tes quelques pâtisseries du jour.

@Mercedes Berkeley

Mon regard s'agrandit réellement quand il me tendit la boîte en carton et je rougis même un peu.

- Je ne pensais pas que tu le ferais... C'est trop gentil à toi, merci beaucoup...

Je me mordis la lèvre, ouvrant la boîte pour découvrir ses créations.

- C'est magique comme moment, je sais que ça doit te sembler ridicule, toi qui a les mains en or, parce que tu peux faire ça... moi je n'ai qu'un bon palais, et des mains incapables de cuisiner... je le regarde et j'hoche la tête. Incapable réellement, je suis une calamitée en cuisine, du coup j'ai arrêté d'essayer.

Je plongeais un index dans une mousse et le portais à ma bouche. Un grand "mmmmh" se fit entendre, je fermais les yeux aux anges réellement. Je stoppais son avancée, posant mon avant bras sur le sien.

- Je viens de jouir... bravo, c'est rare d'y arriver si vite.

Je le regardais droit dans les yeux, tentant de masquer un sourire, et j'éclatais de rire en voyant sa tête.

- Plus sérieusement, que fais tu sur un site de rencontre ?

Je plongeais de nouveau mon index vers la petite verrine, et me délectais des saveurs sur ma langue.

Je ne pensais pas que tu le ferais... C'est trop gentil à toi, merci beaucoup... pour toi, les mots avaient toujours eu une importance et, quand tu faisais une promesse, tu la tenais. pour toi, t'être engagé à lui apporter une douceur sucrées signifiait que tu te devais de le faire. parce que les mots ont une valeur. parce que tu es un homme de paroles, et de principes. mais tu ne prends pas la peine de le préciser, te contentant de lui sourire poliment.

C'est magique comme moment, je sais que ça doit te sembler ridicule, toi qui a les mains en or, parce que tu peux faire ça... moi je n'ai qu'un bon palais, et des mains incapables de cuisiner... une nouvelle fois, tu te contentes de sourire. mais, cette fois, c'est davantage avec amusement. oui, tu savais faire ça. transformer du sucre et des œufs en chefs d'œuvre sucrés. cuisiner. donnant du sens aux éléments, aux aliments. mais à toi, ça te semblait normal, naturel. parce que tu ne savais rien faire d'autre. Incapable réellement, je suis une calamitée en cuisine, du coup j'ai arrêté d'essayer. ton sourire s'est transformé en un léger rire. c'est quoi ton truc à toi, du coup ?

tu la regardes plonger son doigt dans le petit carton d'emballage pour en extraire une légère portion de mousse au chocolat blanc et la glisser entre ses lèvres. tu la regardes savourer ce petit moment, les yeux clos, et, une nouvelle fois, t'esquisses un léger sourire. amusé par sa douceur, son innocence.

Je viens de jouir... bravo, c'est rare d'y arriver si vite. tes grands yeux émeraudes qui s'écarquillent sous l'effet de la surprise. la petite princesse innocente n'était peut être pas si candide que ça après tout. les mots choisis. le sous entendu. l'ensemble t'avait pris de court, ce qu'elle ne manqua pas de remarquer puisqu'elle éclata d'un franc rire. Rien de bien étonnant, t'as dis toi même que j'avais des mains en or... Métaphore filée. Double sens. Tu te contentes d'hausser les épaules, un léger sourire toujours dessiné sur tes traits, pas vraiment indifférent au compliment.

Plus sérieusement, que fais tu sur un site de rencontre ? tout sourire disparait soudainement de ton visage, tandis que tes yeux glissent jusqu'au clocher. t'aimerais pouvoir te soustraire à la question, et jouer les guides touristiques, pour de vrai. t'aimerais lui raconter ce que tu sais de cette Eglise, et les quelques anecdotes de tes soirées passées sur cette place. mais t'es pas vraiment de ce genre là, de ceux qui fuient et esquivent. t'es même plutôt du genre un peu trop franc parfois. pourtant, les secondes s'égrainent et le silence s'installe sans qu'aucune réponse ne vienne faire face à sa question. disons que j'ai quitté cette ville il y a plusieurs années de ça, et que j'connais plus vraiment personne... Réponse à la fois vague et honnête. Réponse qui laisse tes tourments en suspens. Réponse qui te permet de ne pas avoir à parler de cette fille qui t'a, un jour, brisé le cœur, pour le piétiner à nouveau quelques jours plus tôt. Cette fille qui te pousse à faire n'importe quoi, rien que pour lui prouver que tu t'en fous de cette bague à son doigt... Du coup, j'ai juste besoin de faire de nouvelles rencontres.

@Mercedes Berkeley

J'éclatais de rire, au moins il avait de l'humour le chef pâtissier. Dissimulé dans un porteclé tout fait banalisé de mon trousseau, se trouvait une petite cuillère, un peu de la forme des cuillères à glace, et je la sortis l'air de rien, pour m'attaquer plus sérieuse à une des mousses. Et plus proprement aussi.

J'avais voulu lui faire la conversation, que ce soit sans doute plus sympathique comme visite, mais à sa réponse et son air renfrogné, je me fis la réflexion que j'avais merdé.

- Donc enchantée je suis Mercedes Berkeley, canadienne de mon état, qui vit ici, parce que j'y suis fille au pair. Si j'ai un master en économie internationale, je n'ai absolument pas le travail qui va avec, et ne l'aurais probablement jamais. Lui avais-je résumé brièvement, pour qu'il cerne un peu plus a la gonz.

Gonz pour ne pas dire le cas ! Non parce que ne pas avoir de boulot à 20 ans, passe encore mais à 25 ans !! Mes parents ont faillit avoir une attaque quand je leur ai dit que j'avais accepté un poste de fille au pair en Australie. Diplômée de Berkeley justement, et pas foutue de se faire embauchée ailleurs... je suis un peu le miracle et le drame de mes parents.

- As tu une pâtisserie ouverte ici ?

sans dire un mot, tu l'observais, te souvenant soudain pourquoi tu avais, un jour, tant aimé faire ce métier. tu la regardais s'affairer à sortir une petite cuillère de son porte-clés pour manger, de bon cœur, le reste des sucreries que tu avais apporté. elle t'apparaissait si douce, si innocente, le soleil de la fin de journée se reflétant sur sa chevelure d'or. elle te rappelait ta sœur, celle pour qui tu avais commencé à faire ces desserts sucrés. pour elle. pour la faire sourire, elle. pour lui faire oublier les brimades et reproches que vous viviez, chaque jour, à la maison. elle avait cette même candeur sur ses traits. cette même douceur. ce même plaisir à avaler chaque bouchée de tes desserts. ça te remonterait presque le moral de voir ça, de ressentir le plaisir qu'elle ressentait en se délectant d'une dose surement trop élevée de sucre.

Donc enchantée je suis Mercedes Berkeley, canadienne de mon état, qui vit ici, parce que j'y suis fille au pair. Si j'ai un master en économie internationale, je n'ai absolument pas le travail qui va avec, et ne l'aurais probablement jamais. sans que tu ne t'en rendes compte, un sourire sincère était venu se dessiner sur tes traits, d'accoutumée sévères. elle te rappelait cette sœur que tu avais, un jour, laissée derrière. l'intonation de sa voix. cette façon qu'elle avait de détourner la conversation, comme si de rien n'était, naïvement. avec bienveillance. et bien enchanté, mercedes. j'aimerais bien me présenter d'avantage mais je crains qu'il n'y ait rien de plus à dire sur moi que ce que tu ne sais déjà. t'avais soudain une dizaine de questions en tète, l'envie d'en savoir un peu plus sur elle. pourquoi avait-elle décidé de tout plaquer pour venir dans un pays où elle ne connaissait personne ? pourquoi ici ? mais, la réalité te revint en mémoire, le souvenir de ta propre envie de tout plaquer, de partir, et de tout recommencer. ce besoin d'un nouveau départ dans une ville où tu ne connaissais rien, ni personne. mais toi, tu n'avais pas été aussi loin. tu n'étais pas allé plus loin que sydney, n'ayant jamais quitté ton australie natale. alors, tu te surpris à l'envier. à l'admirer. elle, si jeune, qui avait osé faire ce que tu savais que tu ne ferais jamais.

As tu une pâtisserie ouverte ici ? le souvenir de la devanture de ton enseigne. ton nom sur la porte. tes créations à la carte. alors, à nouveau, un voile sombre recouvre ton visage. non que tu réponds simplement, dans un souffle. je n'ai plus rien. je... j'avais un salon de thé à sydney il y a encore quelques semaines, mais je l'ai vendu. tu cherches tes mots, tes pensées s’emmêlant soudain. j'ai postulé pour obtenir un poste ici. dès mon embauche, j'espère que tu seras ma première cliente...

@Mercedes Berkeley

- Il y a toujours beaucoup à dire sur soi... mais que tu gardes pour toi, ton jardin secret soit, après tout tu es mon guide pour l'heure, peut être un jour, un ami, mais vraiment un guide.

Je ne me formalisais pas, et terminais de manger, nous marchions tranquillement, sans qu'il me bassine avec des histoires sur les lieux, juste en découvrant de mes yeux.

- Avec plaisir, et si tu cherches des gens pour investir en toi, je viens d'une famille fortunée, et j'ai de nombreux amis fortunés... soulever des fonds, ce n'est pas si compliqué, quand on a le réseau. Lui confiais-je simplement. Mais oui je serais cliente, ce dessert m'a mise en émoi.

On fit un tour de la ville, du centre, quand l'envie me prit de rejoindre la mer. Pas pour m'y baigner non, mais pour s'y balader.

- On rejoint l'océan ? J'aime bien marcher dans le sable, et toi ?

les souvenirs qui t'assaillent. tous différents. tous confus. ces lieux chargés d'histoire. de ton histoire. tous ces moments passés, gamin, à courir dans ces rues. à patienter paisiblement pendant que ta mère se rendait chez chaque commerçant. et puis, plus tard, marcher main dans la main avec celle que ton cœur avait désignée. les soirées arrosées sur la place. les rires qui se répercutaient sur ces murs. ils t'avaient vu grandir. ces murs pavés de pierres anciennes. ces ruelles commerçantes dans lesquelles vous vous aventuriez.

Il y a toujours beaucoup à dire sur soi... silencieusement, tu l'écoutes, songeur. non, il n'y avait rien de plus à dire sur toi. depuis que tu avais quitté bowen, tu avais fait de ta carrière une priorité, reniant tout le reste, y compris ta famille. tu n'avais plus rien eu que ton commerce, commerce pour lequel tu avais tout sacrifié. vie sociale et vie privée compris. et aujourd'hui, tu n'avais plus rien. rien que ce rêve avorté, et ce talent gâché. honte que tu n'étais pas prêt d'avouer. mais, quand elle évoqua la possibilité pour vous de devenir, un jour, amis, tu te surpris à sourire. parce que des amis, tu n'en avais plus beaucoup. bien trop peu. parce qu'à eux aussi, tu leur avais tourné le dos. pour ce nouveau départ. pour ce rêve que tu avais effleuré du bout des doigts. alors oui, toi aussi, tu l'espérais, que tu serais capable d'être, un jour, à nouveau l'ami de quelqu'un.

et si tu cherches des gens pour investir en toi, je viens d'une famille fortunée, et j'ai de nombreux amis fortunés... soulever des fonds, ce n'est pas si compliqué, quand on a le réseau. tout sourire disparait alors de ton visage, un voile de tristesse venant le remplacer. et ce gout amer en travers de ta gorge, comme si quelque chose t’empêchait soudain de respirer. J'aurais voulu te rencontrer plus tôt! que tu te contentes de dire, un gout d'amertume sur la langue.

le souvenir de l'acte de vente si vite signé, parce qu'il t'avait fallu trouver une solution, la plus rapide possible. parce que tu avais eu besoin de fonds. parce que l'assurance ne pouvait pas couvrir tous les frais. et elle, elle te balançait ça comme ça. t'avais beau être conscient que ce n'était que bienveillance et gentillesse, mais tu ne pouvais t’empêcher de ressentir cette pointe de jalousie. cette sensation d'injustice.

et qu'est-ce qui t'a donné envie de quitter ta famille pour venir ici, à l'autre bout du monde ? tes parents, ils sont d'accord avec ça ? avec quoi ? l'envie d'aventure ? l'envie d'un nouveau départ. mais est-ce que tu t'étais un jour soucier de ce que tes parents, à toi, en avaient pensé de ton départ ? t'avais beau être conscient que bowen et sydney étaient des villes voisines à l'échelle du monde, et en comparaison du canada et de l’Australie, il n'en était pas moins que tu avais son age quand tu avais fait le choix de tout plaquer, toi aussi.

On rejoint l'océan ? J'aime bien marcher dans le sable, et toi ? tu laisses échapper un rire sincère. Tu m'charries là, pas vrai ? tu la regarde avec une bienveillance retrouvée. les balades sur la plage. c'est ce que j'ai noté comme centre d'intérêt dans mon profil sur l'application... J'en viendrai presque à penser que tu cherches à me séduire en me proposant un date parfait... une nouvelle fois, tu laisses échapper un léger rire, amusé, avant de lui indiquer le chemin jusqu'à la plage.


@Mercedes Berkeley

Il avait sourit, il avait sourit ! un vrai sourire parfait, le genre qui avait illuminé son visage en entier et fait briller ses yeux bleus ! Un sourire ça fait toujours sourire, même la plus triste des personnes, sourirait en face d'un sourire et je ne suis pas une personne triste, je suis une personne joyeuse et sympathique, et je souris avec lui. Le trouvant nettement moins difficile d'accès, avec ce smile sur les traits... mais je dois être la dernière des connes, puisque ma proposition, le rend alors triste de nouveau, et fermé comme une huître, qu'avais-je dit de si extraordinaire ??

- Je ne veux pas, en fait, je suis désolée, je balance ça comme ça, mais peut être que tu es un homme fort et fier qui préfère nettement se débrouiller sans aide, ce que je peux comprendre hein, je suis désolée si mes paroles te braquent, je pensais pas à mal... me précipitais-je de dire, en posant une main sur son bras, pour rapidement effacer les précédentes paroles.

Sa réponse me laisse un peu hésitante.

- Et bien tu me rencontres maintenant, et tout à un but dans la vie, c'est probablement parce que c'est le timing parfait, pour faire autre chose de cette main tendue, non ? Je suis d'avis que rien n'arrive pas hasard.

Je jetais ce qui était terminé, le remerciais encore en léchant ma petite cuillère de poche et la rangeais dans mon sac à bandoulière.

- Oh et bien... je ne sais pas où est ma place. C'est permanent chez moi, je ne sais pas où est ma place. Je me suis inscrite sur un site d'au pair et j'ai parlé avec ce papa Knox... enfin papa pas vraiment, c'est l'oncle de la petite, il en a la garde depuis que sa sœur est morte dans un accident. Mes parents ne sont pas contre, je pense qu'ils aimeraient que je trouve ma place en ce monde... ils m'aident pas mal, même si mon argent a été gagné par mes soins, dans divers jobs et boulots qui ne m'ont pas retenus à eux.

Je ris lorsqu'il parla de rencard, et en nous dirigeant vers la plage, je le regardais.

- En fait, j'ai rien lu, tout a été effacé de ma mémoire, quand j'ai vu pâtissier, je ne sais même pas quel âge tu as, c'est dire... et puis j'avais pas compris réellement que c'était un site de rencontres. Je pense que je sais pas trop où me situer aussi dans ce domaine, je suis donc pas indiquée dans ta vie de ce côté ci, mais amie... je suis une amie sympa !

[...] peut être que tu es un homme fort et fier qui préfère nettement se débrouiller sans aide, ce que je peux comprendre hein, je suis désolée si mes paroles te braquent, je pensais pas à mal... sa main sur ton bras. c'est sa douceur qui te fait sourire. sa candeur. cette faculté à réagir. à parler. elle est tout l'inverse de toi. comme si aucun filtre ne la retenait. comme si elle laissait simplement les mots s'échappaient à sa bouche, avec une facilité qui te déconcertait et te donnait envie de sourire encore.

tu n'avais rien d'un homme fort. tu connaissais tes faiblesses, faiblesses face auxquelles tu n'avais pas peur de sombrer. mais elle n'avait pas tort sur le reste. tu étais un homme fier avec un égo surdimensionné. tu étais de ces hommes qui ne laissaient rien paraitre. de ceux qui cachaient leurs sentiments, de ceux qui les enfouissaient si profondément qu'ils parvenaient à se convaincre qu'ils n'existaient plus, qu'ils n'existaient pas. longtemps, tu t'étais débrouillé seul. C'est seul que tu avais gravi les échelons, seul que tu t'étais rendu à la banque pour signer ton prêt, seul que tu avais pris la décision de vendre ta boutique.

elle ne te laisse pas le temps de répondre, de lui expliquer qu'elle n'a rien dit de mal que déjà elle déverse un nouveau flot de paroles, sous entendant que votre rencontre était probablement du à la providence, comme si elle avait un objectif précis. Alors, cette fois, c'est un sourire tendre et sincère qui s'affiche sur tes lèvres. un sourire emprunt de douceur et de bienveillance. j'vais y réfléchir. que tu te contentes de répondre, tout en posant sur elle un regard bienveillant et sincère. mais... tu n'as rien de mal, au contraire... ton sourire s'élargit. ça fait bien longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un de ... les mots te viennent à manquer. gentil ?

soudain, toujours sous l'effet de cette innocence qui semble la caractériser, elle s'éloigne vers une poubelle pour jeter l'emballage des pâtisseries et elle revient vers toi, sa petite cuillère encore à la bouche. la question qui te trottait en tète depuis quelques instants s'envole vers elle. t'aurais presque pensé qu'elle ne t'aurait pas répondu, qu'elle aurait éludé la question, comme l'aurait fait la plupart des gens, mais elle n'en fait rien, te répondant avec toute la simplicité et l’honnêteté du monde.  je ne sais pas où est ma place. Le choix des mots t'interpellent. T'esquisses un sourire. Bienveillant. Comme pour la remercier d'oser se confier à toi, te doutant que de tels mots représentent beaucoup. Alors tu l'écoutes tandis qu'elle te parle d'elle et de ce père adoptif pour qui elle travaille à présent. Et, tandis qu'elle te parle d'elle et de l'espoir qu'elle nourri d'un jour trouver sa place dans ce monde, vous marchez jusqu'à la plage. et est-ce que c'est ici ? est-ce que bowen te donne l'impression d'être à ta place ?

La plage qui apparait devant vous alors que vous continuez à parler, comme deux vieux amis, la conversation oscillant d'un sujet à l'autre, avec simplicité, jusqu'à en revenir à parler de ce fameux site de rencontre qui vous avez mené jusqu'à cet instant. En fait, j'ai rien lu, tout a été effacé de ma mémoire, quand j'ai vu pâtissier un léger rire s'échappe à tes lèvres. je ne sais même pas quel âge tu as, c'est dire... t'esquisses un légère grimace J'viens d'avoir 35 ans! un nouveau rire. t'es presque mal à l'aise de faire un tel aveu. Être sur un site de rencontre à 35 ans. j'avais pas compris réellement que c'était un site de rencontres. cette fois, c'est un rire franc que tu lâches, amusé par les propos de la jeune femme et la candeur avec laquelle elle les prononce. Je pense que je sais pas trop où me situer aussi dans ce domaine, je suis donc pas indiquée dans ta vie de ce côté ci, mais amie... je suis une amie sympa ! Ça je n'en doute pas. que tu réponds, du tac au tac, après sa dernière réplique. et à dire vrai, je crois que j'ai bien plus besoin d'une amie que d'un rancard ces derniers temps...