anything is possible when you have the right people there to support you (cha & levi)

Sans trop savoir pourquoi, Levi avait décidé de ne pas agir en véritable abruti, accordant le bénéfice du doute à Charlie. Il n’allait pas s’en cacher, li avait discerné une sincérité presque troublante dans ses mots, dans sa façon de s’adresser à lui et de le rassurer. Levi, il avait appris à cerner le monde qui l’entourait, lui qui avait toujours préféré être à la place de celui qui écoutait, qui observait en silence. Avec Charlie, bien qu’il ne l’avait croisé que deux fois au total, il n’avait ressenti un mauvais a priori, percevant en elle cette douceur innée qui donnait envie de lui faire confiance. « Totalement, c’est un zéro pointé. » Lâcha-t-il, prenant une mine faussement désolé avant qu’un sourire ne vienne étirer ses lèvres, ses yeux captant l’amusement dans ceux de la pâtissière. « Drôle, j’crois que c’est le mot, oui. » Rit-il à son tour, incapable de ne pas s’imaginer se déhancher sur le comptoir, conscient que les retrouvailles n’en auraient été qu’encore plus gênantes. « Je t’en aurais pas voulu. » Ajouta-t-il à ses mots, n’ayant aucun mal à imaginer que ce genre de comportement aurait sans doute fait taire son envie d’apprendre à le connaître un peu plus. « J’veux pas te froisser, donc on va dire que c’est un peu des deux… » La taquina-t-il, lui qui en venait presque à la trouver touchante Charlie, bien qu’il savait à quel point la naïveté pouvait être ravageuse lorsqu’on tombait sur des âmes aux intentions douteuses. « Sache en tout cas, que j’faisais pas semblant de t’écouter. Même si mon état laissait à désirer. » Clarifia-t-il, avec un regard rassurant.

L'atmosphère régnait beaucoup plus détendue depuis que Charlie et Levi s'étaient installés dans ce café. Tous deux riaient, à plaisanter comme si ils se connaissaient depuis plusieurs années. Ce sentiment étrange était une douce sensation. Je refuse d'avoir un zéro! C'est pas d'ma faute si j'ai échoué, j'ai rencontré le prof plus tard que le mec éméché! Éméché oui, elle ne voulait pas dire bourré pour paraître impolie. En réalité elle n'avait pas remarqué qu'il était saoul, au contraire, elle s'était dit qu'il avait bu à la limite un ou deux verres, pas plus. Naïve Charlie, Levi l'avait bien compris. Il ne voulait pas non plus la froisser alors il l'avoua à demi-mot. Non mais je sais que je devrais faire un travail sur moi-même. approuva-t-elle en haussant les épaules. Le genre de résolution qu'elle ne tiendrait jamais. Difficile d'aller contre son tempérament, et pourtant, on ne lui avait pas toujours fait de cadeau, elle qui fut trahie à plusieurs reprises. Mais elle était ainsi, Charlie, à voir le bon en chacun. Par ailleurs si Levi lui affirma qu'il n'avait pas fait pas semblant de l'écouter, elle le crut aussitôt. Son intention de clairifer les choses la toucha et cela se voyait, elle qui prit un air attendri. Je trouve pas que tu étais dans un sale état ! Mais bon, tu me rassures déjà...Parce que moi aussi je t'ai raconté des trucs ultra perso, tu sais. admit Charlie avec sérieux. Tristement, elle reporta son regard sur sa tasse de café à moitié vide. Pour tout avouer, comme toi, j'évite un peu le sujet "père".  Parce qu'elle en avait aussi honte, de ce sujet-là. Son père n'avait rien d'une figure paternelle aimante, qui sacrifierait sa propre vie pour ses enfants. Cela lui faisait donc du bien de se sentir comprise, et ça même si c'était un parfait inconnu. Mais maintenant Levi, représentait bien plus. Peut-être pas encore un ami, mais quelqu'un avec qui elle pouvait échanger et se confier en retour.

Il était désormais bien plus à l’aise en présence de Charlie, Levi dont les traits s’étaient détendus, sa posture moins crispée et le regard moins fermé. Et il savait que ça avait été le but de ce moment improvisé autour d’un café, eux qui à présent, parvenaient à converser sans une once de gêne. « Sur ça, j’te donne un point. » S’amusa-t-il, lui qui ne pouvait que lui donner raison puisqu’elle ne l’avait croisé qu’une seule fois, au beau milieu de la nuit dans un bar où ses consommations s’étaient enchaînées. Il avait vite compris Levi, qu’ils différaient sur leur manière de se comporter en société, Charlie qui donnait sans doute trop rapidement sa confiance quand lui, avait cette peur maladive de la trahison. Il ne pouvait certainement lui donner aucune leçon, ayant conscience qu’il ne faisait lui non plus aucun effort pour travailler sur sa peur de s’ouvrir aux autres, encore plus depuis qu’il avait remis les pieds à Bowen. « Je le sais bien. » Répondit-il, ses mots accompagnés d’un regard entendu, presque doux alors qu’il sentit un léger pincement au cœur en apercevant son regard se baisser. En une seconde, il put s’identifier à elle, dans ses silences qui en disaient long sur la peine qui pouvait l’animer, sur cet échec qu’ils devaient tous les deux porter. « On n'a pas été gâtés tous les deux, on dirait… » Lâcha-t-il, son regard traversé par une lueur désolée, lui qui comprenait, même sans en connaître tous les détails, l’enfer qu’elle avait pu traverser, et qui ressemblait à s’y méprendre au sien.

D'un point de vue extérieur, ils avaient l'air proche. Levi et Charlie plaisaient et riaient, créant d'ors et déjà leur première private joke. Tu savais pas à qui t'avais à faire, hein? Mais sache que j'ai étudié la physique cantique moi, monsieur. Je ne pouvais qu'être bonne élève lui dit-elle en faisant mine de vouloir l'impressionner. Si Charlie avait été autrefois douée pour les théories physiques, elle l'était beaucoup moins pour se méfier des gens. Levi avait intérêt à être très bon professeur pour l'initier à ne pas faire trop confiance aux gens. Le sujet dériva ensuite, sur un ton plus sérieux. Levi venait de rassurer Charlie. Ce soir-là où ils se sont rencontrés, il ne faisait pas semblant d'écouter bien qu'il était éméché. Charlie avait un regard ampli de gratitude, car mine de rien c'était important pour elle aussi ces confidences. Elle était reconnaissante qu'il l'ait rassuré. Puis très vite ses yeux fuyaient ceux de Levi, impossible de cacher sa gêne. On dirait bien, oui. approuva-t-elle en haussant les épaules, pensive. La discussion prenait un tournant qui rendait Charlie bien trop mélancolique. Elle voulut tout de suite y remédier. Ils avaient passé un si bon moment à rire tous les deux, qu'elle voulait garder cette note de bonne humeur. Mais tu sais ce que j'aime faire, pour ne pas y penser? Pâtisser. Elle retrouva instinctivement le sourire. C'était de loin ce qu'elle aimait le plus faire ; sa passion ultime. Il faudrait que tu passes un jour à Imogen. lui suggéra-t-elle, avec enthousiasme.

Levi, il s’autorisait maintenant à relâcher la pression, laissant de côté son besoin constant d’avoir le contrôle sur tout pour simplement profiter de cet instant, d’humain à humain. Et il comprenait que Charlie, au-delà de ses airs inoffensifs, était tout sauf une personne malintentionnée, les mots qu’ils échangèrent n’en étant qu’une preuve de plus. « J’vois ça ouais, t’es beaucoup trop douée, je m’incline. » Lui répondit-il, rentrant dans son jeu avec cet amusement qu’on pouvait à présent lire dans la lueur éclairée de ses iris. Et alors qu’ils évoquèrent de nouveau le soir de leur rencontre, Levi put repérer un voile plus sombre, presque mélancolique, recouvrir le regard de la jeune pâtissière, comprenant aisément qu’ils s’étaient aventurés sur un sujet sensible, qu’ils redoutaient tous les deux, celui de leurs pères respectifs. Il hocha faiblement la tête, lui adressant ce regard entendu, presque compatissant, parce-qu’il imaginait très bien ce qu’elle pouvait ressentir, lui qui avait encore en tête la troublante similarité de leurs histoires. Et avant même qu’il ne puisse tenter de lui répondre, Charlie reprit la parole et son regard brilla à nouveau, presque immédiatement, Levi esquissant un sourire à cette vision. « Seulement si tu me promets de me faire goûter tes meilleures pâtisseries. » Lui répondit-il avec malice, retrouvant le regard enjoué de la blonde. « Et toi tu pourrais passer au Wojna’s un de ces quatre. J’ai entendu dire qu’il y avait un barman assez généreux qui aimait bien offrir des verres. » Avança-t-il, lui lançant un clin d’œil complice.