pyromane de ton cœur, canadair de tes frayeurs. (lys)

pyromane de ton cœur,
canadair de tes frayeurs

« Verdict ? » demandait Az de l'autre côté de la porte de la salle de bain, assis au sol et appuyé contre le mur. Un mince sourire amusé creusait ses joues, animant ses fossettes. Il était prêt à n'importe quelle réponse, ils n'en étaient pas à leur premier test de grossesse. Mais forcément, une vive curiosité se faisait entendre dans sa voix, même si aucune attente ne venait forcer le ton. Ce n'était pas comme s'ils se mettaient la pression pour parvenir à concevoir. Certes, cela faisait un moment qu'ils essayaient maintenant, mais dès la première fois où ils en avaient parlé, il n'avait jamais été question de mettre un timing sur leur désir d'enfant. Les choses se feraient en temps voulu, philosophie partagée par les deux amoureux. Il n'en étaient pas moins sujet à une pointe d'excitation quand venait parfois l'occasion de faire un test, dans l'idée d'une certaine chance que Lys soit enceinte. Mais ce n'était pas une course, et ils prenaient chaque résultat comme il venait. Souvent avec de l'humour, d'ailleurs, trait qui les unissait bien. L'Italien venait de passer ses trente-quatre ans, désormais, et il se rappela avec chaleur et une pointe de nostalgie de son anniversaire précédent. Celui ou ils avaient décidés de devenir parents. Ça le faisait sourire un peu plus, alors qu'il attendait la réponse de la belle peintre.

Comme à chaque fois que je constatais un léger retard sur mes menstruations, un petit espoir naissait en moi. Azriel et moi avions décidé d’avoir un enfant plus d’un an plus tôt et si les tests négatifs s’enchainaient depuis, nous tâchions de prendre cela avec légérté, sans nous mettre de pression. Je ne niais pas néanmoins qu’une petite déception me prenait à chaque fois que je voyais une barre s’afficher sur ce fichu test au lieu de deux. Mais Azriel savait toujours comment me faire relativiser. Nous serions parent un jour, mon amoureux en était persuadé, ce n’était qu’une question de temps. Et s’il s’avèrait que nous avions besoin de nous faire aider en ce sens, un jour, nous saurions taper aux bonnes portes. L’un comme l’autre, nous étions parfaitement alignés sur la question. Ce mois-ci, presque par automatisme, j’ai fais mon test, alors qu’Azriel est venu passer du temps à l’appart avec moi. Je l’entends me demander le verdict à travers la porte, termine de me laver les mains, puis regagne ma chambre où m’attend mon amoureux. Le test à la main, je me laisse tomber en arrière sur mon lit en soupirant.
— Négatif, je souffle en fixant mon plafond.
Puis, après un court instant, je me redresse sur mes coudes et fixe mon attention sur Azriel.
— Je crois qu’on doit vraiment relire la recette, je le taquine.

Le soupir un peu déçu, ou peut-être plutôt blasé, se faisait entendre dans le ton de Lys. Et il ne pouvait nier qu’une minuscule bulle d’espoir venait d’éclater. C’était normal, après tout, à chaque test, ils ne pouvaient s’empêcher de nourrir un peu d’excitation, d’attente. Forcément, que ça faisait un petit quelque chose quand ça retombait. Mais ils relativisaient tout deux chaque nouveau test négatif, patiemment. Ça arriverait quand ça arriverait. Ça pouvait paraître cliché comme phrase, le genre de truc que sa nonna pouvait lâcher et tourner à toutes les sauces. Mais c’était un peu vrai, et ils ne désespéraient pas. Affalée sur le lit, Lys ne mit d’ailleurs pas longtemps à ramener ses iris pétillants de malice sur lui, pour formuler une blague sur leurs connaissances en matière de reproduction. L’Italien éclata de rire et hocha la tête. « Peut-être qu’on nous a menti toute notre vie, et que c’est pas comme ça qu’on fait des bébés. » renchérit-il sur le ton de l’humour, se rapprochant de sa copine en venant s’asseoir en tailleur juste devant le lit. « En tout cas, pas de risque de faillite pour les entreprises qui fabriquent les tests, si c’est le cas. » soupira-t-il, les traits toujours amusés. « Je sais pas si t’y as développé un attachement particulier dans la salle de bain d’ailleurs, mais je peux aller jeter celui-ci. » ajouta-t-il, l’expression malicieuse, en désignant le test que la jeune artiste avait emmené faire une balade dans la chambre.

La remarque d’Azriel me fit sourire. Etant donnée le nombre de test que nous avions fait, à nous seul, sur l’année qui venait de s’écouler, je n’imaginais pas ce que cela pouvait représenter à l’échelle du Monde. Le test toujours dans la main, je me redresse pour le donner à mon amoureux avant de me figer tout d’un coup. Mes yeux fixent le petit bout de plastique, et je reste bouche-bée quelques secondes.
— Az…, je parviens à murmurer.
Deux barres. Le test, qui affichait une barre unique quelques minutes plus tôt, affiche désormais deux barres pleines. Un petit supplément qui change toute la donne. Mon coeur tambourine dans ma poitrine quand je lève le regard vers Azriel, plongeant dans ses iris brunes pour y lire la même interrogation qui me traverse. J’ose à peine bouger, comme si le moindre mouvement allait briser le bonheur qui est en train de se frayer doucement une chemin vers ma poitrine.

Blaguant sur le fait que Lys ne semblait pas vouloir se séparer du test de grossesse, l’Italien proposa d’aller jeter ce bâtonnet qui avait désormais rempli son rôle. Quoi que. Peut-être pas, finalement. L’espoir gagna Azriel dès qu’il vit l’expression changer sur le visage de sa copine, ses traits prenant la forme de la surprise et de la confusion. Il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle Lys pouvait afficher subitement cet air, mais il n’osait même pas laisser cette pensée prendre forme dans son esprit. Certainement que ce jour allait finir par arriver, mais ils avaient essuyé tant de refus, encore aujourd’hui, ou du moins c’est ce qu’ils avaient pensé. Mais dans les premières secondes, le trentenaire n’osait pas y croire. Il croisa le regard chaud et intense de Lys, son nom au bord de ses lèvres, alors que la pensée prenait forme, s’enracinant déjà dans sa tête alors qu’il n’avait même pas encore vu lui-même les barres, témoin de ce qu’aucun n’osait prononcer, comme si l’une d’elle allait disparaître si c’était le cas. Ses iris noisette se posèrent enfin, presque en coin, sur le test. Le résultat était là. Tout comme sa partenaire, il osait à peine bouger, pour une raison inexplicable. « Loin de moi l’idée de te mansplainer un test de grossesse, mais… Quand y a deux barres, ça veut pas dire que c’est positif ? » demanda Azriel, prenant le recours habituel qu’était l’humour, tandis que la perplexité toujours en place sur son, les yeux plissés pour être sûr qu’il lisait bien le résultat, mais l’euphorie gagnait déjà le creux de sa poitrine.

C’est fou comme tout tient à si peu de choses. Deux barres. Deux toutes petites barres sur un test de grossesse. Ca peut paraitre rien, et pourtant, aujourd’hui, à ce moment précis, j’ai l’impression de jouer ma vie. Deux barres qui me laissent coite. J’ose simplement prononcer le prénom de mon amoureux, qui semble se figer lui aussi, tout comme moi. On reste un moment comme ça, jusqu’à ce qu’Azriel use de son ton léger pour briser la solennité du moment. Un rire s’échappe de mes lèvres. « T’es con » je pouffe, tout en enroulant mes bras autour du cou d’Azriel. « Je crois que c’est ce que ça veut dire, oui » je dis alors avec émotion. Je sens mon coeur imploser dans ma poitrine, et j’ai la sensation que mon sourire ne quittera jamais plus mon visage tant je suis heureuse. Des larmes de joie affluent au coin de mes yeux, tandis que mon front se colle à celui d’Azriel. « C’est dingue » je murmure, tout en me mordant la lèvre pour ne pas pleurer. J’attrape le visage de mon compagnon avec tendresse, et caresse ses joues de mes deux mains, avant de planter un baiser sur ses lèvres. J’ai la sensation de plonger dans un bain d’allégresse pur à cet instant et je ne vois qu’une seule façon de célébrer la douceur de ce moment. Je prolonge mon baiser, tout en ramenant Azriel vers moi. Mes bras passent dans son dos, tandis que j’attire son corps contre moi, pour m’allonger avec lui sur le lit. Nos lèvres se séparent un instant, puis je rouvre les yeux pour lui offrir un sourire espiègle. « Je peux plus te laisser partir, maintenant que tu m’as fait un enfant… » je le taquine, tout en venant caresser son nez du bout du mien.

hj : vraiment désolée pour ce retard