Des retrouvailles plus tranquilles (ft Giovanni)

Aujourd'hui allait être une bonne journée, une journée où je me reposerais mais aussi une journée où j'allais prendre des décisions. Ces dernières commençaient à devenir urgentes. Les semaines défilées et je voyais mon corps se transformait légèrement. Ce matin, j'avais peiné à fermer mon sous-vêtement et en fin de journée, mon pantalon me paraissait toujours bien trop serré. La semaine dernière, j'avais pris rendez-vous pour éventuellement interrompre ma grossesse. Je n'avais pas encore pris ma décision mais j'aimais avoir le choix. Il me restait donc six jours avant de décider.
Après avoir passé la journée à rêvasser, à regarder des vidéos ridicules, je décidais qu'il était temps de faire quelque chose de ma journée. Une douche rapide suffit à me redonner contenance physique. J'essayais de mettre une de mes paires de jeans, mimant une scène de l'exorciste au moment de fermer mon ventre, le rentrant au maximum. Je finis par abandonner la tâche, choisissant une paire de leggings noir, simple mais basique. Lorsque je devais choisir mon haut, je me rabattis sur un t-shirt blanc et mis une chemise par dessus. Cela couvrait un petit peu mon ventre. Je ne souhaitais pas que cela se sache. Si je choisissais d'interrompre ma grossesse, je ne souhaitais pas répondre aux éventuelles questions de mon entourage.
Une fois en dehors de mon appartement, je pris la direction du centre-ville à pied. J'avais toujours adoré marcher et j'appréciais cet exercice simple. J'en profitais pour découvrir ma nouvelle ville et ses nouveaux paysages qui s'offraient à moi. Je pris le temps de faire quelques photos et les envoyer à mes amis, ceux de Melbourne. Ils me répondirent avec beaucoup d'enthousiasme, me souhaitant pleins de belles choses dans ma nouvelle ville. Alors que je commençais à avoir mal aux pieds, n'ayant pas choisi les bonnes chaussures évidemment, je décidais de me rendre dans un bar. Je me rendis dans le premier bar que je trouvais, n'en connaissant aucun dans la ville. J'allais directement vers le comptoir. Etant seule, je n'aimais pas m'asseoir à une table. J'avais bien envie d'une bière, bien fraîche, mais je savais que ce n'était pas raisonnable.
Alors que le barman arrivait vers moi, je fronçais les sourcils. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part mais je n'arrivais pas à remettre le nom sur cette personne. Je décidai de m'adresser à lui, commandant mon verre d'une voix polie, espérant ne pas froisser cette personne en ne la reconnaissant pas.

"- Bonjour, je voudrais un thé glacé s'il vous plait."

Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire de l’assassinat de mon ex petite copine Clara. Elle était tout simplement unique a mes yeux, elle était la femme idéale. Celle que je voulais épouser, celle avec qui je voulais avoir des enfants. Un avenir tout tracé. Je voulais même quitter l’Italie avec elle, pour aller vivre au bout du monde. Je pense à elle tous les jours, elle me manque terriblement. J’ai certes refait ma vie, mais elle sera l’unique femme dans mon cœur. Je sais que c’est égoïste de pensé ça en vivant une nouvelle histoire d’amour, mais notre amour était tellement fort que je sais que ce sera impossible de revivre ça un jour. Un amour si grand ça n’arrive qu’une seule fois dans la vie. Je ne crois pas aux miracles. Pourtant, j’essaye d’être le meilleur homme, une personne que je n’étais pas quand j’étais en Italie. J’avais un passé sombre, je suis un ancien mafieux, j’ai fait de la prison avant de venir en Australie pour me faire une toute nouvelle vie. Tourner la page, c’est très dur, tout  recommencé, il faut avoir de très bonnes épaules pour le faire. J’ai su me reconstruire. Un nouveau métier, un boulot plus calme avec beaucoup moins d’ennui. La prison était la pire expérience de toute ma vie, je ne le souhaite à personne même pas à mon pire ennemi. Je pouvais me faire tué à tous moments, un coup de couteau était évité de peu. J’aurais pu y laisser ma vie. Trainer avec les mauvaises personnes peut te coûter la vie, il faut vraiment se faire tout petit quand on est en prison, malheureusement avec de dangereux criminels enfermer avec soi, c’est impossible. Je dors très peu la nuit, dès que je ferme les yeux, je fais des cauchemars, c’est tout simplement invivable. Mes nuits blanches sont de plus en plus compliquées à gérer. J’essayais de contenir ma colère, ma douleur, ma souffrance. J’essaye de rester le mec cool que l’Australie à adopté. J’étais au bar en train de siroter mon verre d’alcool qu’on venait de me servir, puis une ravissante demoiselle s’approche de moi en m’adressant la parole. Je la regarde en souriant avant de lui répondre. Bonsoir, on s’est déjà vu non ? Dis-je en buvant une gorgée de mon verre. Je fais signe au barman en lui disant que c’était moi qui payais le verre de la jeune femme. T'était mon infirmière ? J’avais eu un léger accident. Dis-je en souriant une nouvelle fois. Je suis désolé, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Giovanni. Elle voit des tonnes de patient dans une journée, alors je comprendrais qu’elle est oubliée mon prénom. Je rajoute avant de poursuivre mais tu peux m’appeler Gio.

Alors que ma boisson fraîche arrivait vers moi, je pris mon téléphone quelques secondes avant d’être interrompue. La tâche n’était pas fraîchement passionnante de toute manière. Je n’étais pas du genre à passer beaucoup de temps sur mon téléphone, à regarder tout et n’importe quoi tant que cela passe le temps. Je préfère largement observer les gens, la manière dont ils parlent que cela soit verbal ou non. Je pouvais parfois me perdre pendant de longues minutes juste à regarder autour de moi, à prendre le temps de le faire dans ce monde qui vit si vite. Tout en rangeant mon téléphone dans ma poche, je m’apprêtais à sortir de la monnaie pour payer quand l’inconnu à mes côtés m’offrit ce verre. Intriguée, je l’observais. Malgré une observations plus accrue, je ne parvenais pas à mettre un nom sur la personne qui venait tout juste de m’interpeler.
Il n’était pas rare que je croise des patients en dehors du service des urgences. Régulièrement, j’arrivais à mettre un nom sur la personne, me rappelant également occasionnellement le motif d’entrée. Pourtant, je n’arrivais pas à me rappeler où j’avais vu cet homme avant qu’il ne m’indique que c’était un de mes anciens patients. Mon cerveau me jouait vraiment des tours depuis que je suis enceinte. J’avoue que j’étais septique quand les femmes de mon entourage disait que la grossesse changeait vraiment beaucoup de choses. J’étais bien obligée de le reconnaître à présent. Mon corps avait déjà évolué, pas que dans le bon sens à mes yeux. Je déplorais les nausées matinales, les envies alimentaires soudaines et souvent inappropriées à la saison actuelle et maintenant je perdais tout bonnement mes capacités intellectuelles. Je pestais intérieurement quelques fractions de secondes avant de me rappeler que le jeune homme, Giovanni comme il venait de m’en informer, était en train de m’observer et attendait probablement une réponse de ma part. Je lui souris donc, tâchant de paraître la plus polie possible alors que je lui répondais :

« - Enchantée Gio. Désolée, je ne me rappelle pas de toi… Je vois passer tellement de monde par jour que j’ai du mal à me rappeler les noms et les visages. Mais je vois que tu t’es remis de ton accident apparemment, tant mieux. Et merci pour le verre, c’est très gentil. »

Quand j’avais ouvert mon bar, un homme voulait me mettre des bâtons dans les roues. La raison ? J’étais une concurrence, il ne voulait absolument pas que mon petit commerce voie le jour. Il ne savait pas à qui il parlait ou il mettait les pieds. S’il connaissait mon passif, je penserais que ce crétin se serait fait tout petit. Ça avait commencé avec des menaces, j’avais beaucoup rigolé face à lui, lui ne comprenait pas, car il pensais me déstabiliser. Plus d’un commerce voulaient ouvrir, mais avec lui, ils ont tous abandonné avec la pression. Ce genre de méthode me fait doucement rire, pour moi, c’était enfantin. Je suis ce genre d’homme, mais en pire, pour moi, ce mec est seulement un guignol. Les muscles ne font pas tout à chaque fois qu’il venait dans mon bar, il venait en bande, des mecs aussi baraquer que lui. Impressionné ? Pas du tout, j’ai connu pire comme adversaire, car toute ma vie, j’ai eu des adversaires. Toute ma vie, j’ai dû lutter pour réussir ce que je voulais entreprendre. Une ruelle sombre une batte de baseball et ce mec aurais eu une vie courte. Je pense que même ses potes auraient peur de moi, de l’homme que je suis. Mon ancien moi était un monstre ce genre de personne, c’est de petite mouche qu’on écrase violemment. Il aurait vraiment souffert, il serais traumatisé à vie, mais le karma la rapidement achevé au bout de quelques mois de mon bar, le sien avais coulé pour faillite. Je me suis frotté les mains, je sais que ce n’est pas bien de se réjouir du malheur des autres, mais avec cette énergumène, c’est toujours bon de lui rappeler que c’est un échec et qu’il le sera toute sa vie. Je n’ai plus eu de nouvelle de sa part, il n’est pas resté dans le métier, car je pense que je l’aurais vu dans les journaux de la ville. Ne jamais jouer au plus malin avec moi, vous serais toujours perdant. Ils ne savent pas que cette fameuse loi du plus fort, c’est ma famille qui l’a inventé. Ce genre d’homme, vous n’êtes personne dans ce monde, même avec un Gio complètement différent de celui de l’Italie. Ce n'est pas grave t'en fais pas, je peux le comprendre, dis-je en souriant. Oui, ça va beaucoup mieux merci. Dis-je en souriant à nouveau. Je suis content de mon rétablissement. Mais de rien, ça me fait plaisir. Dis-je en buvant une gorgée de mon verre. On passe un bon moment mademoiselle ?

J’étais toujours ravie d’apprendre que mes patients se remettaient de leur passage par les urgences. Bien que j’aimais que ce service soit éphémère, les patients ne restant jamais bien longtemps entre nos murs, j’appréciais avoir de leurs nouvelles à posteriori. Lors de mon choix d’affectation à la sortie de l’école, j’avais immédiatement demandé les urgences. La vie dans un service classique m’avait profondément ennuyé pendant mes études. J’étais de ceux qui ne souhaitait pas savoir ce que la journée leur réservait. J’aimais ne pas avoir de routine quotidienne au travail ce qui était totalement en inadéquation avec ma vie personnelle d’ailleurs. Dans cette dernière, j’étais plutôt stricte, structurée et j’avais besoin de ma routine quotidienne. J’étais donc vraiment différente de la professionnelle et cela me rassurait en un sens. Je lui répondis donc avec une voix satisfaite :


« - Tant mieux alors si les choses s’arrangent de ton côté. »

Alors que je sirotais mon thé glacé, mon téléphone vibra. Un nouveau message d’Oliver, mon ex-compagnon. Au début de notre rupture, il n’avait pas pris la peine de prendre de mes nouvelles. Depuis quelques jours, il ne cessait de le faire, à croire qu’il était au courant de ma situation ce qui était tout bonnement impossible. Personne n’était au courant sauf ma gynécologue. Comme à chacun de ses messages, je lui répondais froidement « Je vais bien, bonne journée. ». Je ne souhaitais pas savoir comment il allait, cela aurait été de l’hypocrisie et ce n’était clairement pas un de mes défaut. Une fois cela fait, je remis une nouvelle fois mon téléphone dans ma poche et soupirait un petit coup. Cela me faisait toujours du bien pour relâcher les tensions. Une fois cela fait, je répondis à Gio qui était toujours à mes côtés et dont j’avais omis l’existence pendant quelques instants.

« - Oui plutôt. La compagnie est sympa, l’ambiance est bonne et ce thé glacé fait beaucoup de bien. Et toi, tu connais cet endroit ? »

Malgré la perte de mon amour Clara, malgré le fait que je ne retrouverais plus jamais cet amour intense. Je suis de nouveau en couple. C’est une relation assez spéciale, une relation que je n’ose pas aux yeux du monde. J’ai peur du jugement des autres. Certaines personnes ne peuvent pas comprendre ma situation. Je suis en trouple. Je suis amoureux de deux femmes. Sarah la première. Enora la seconde. Cette dernière va venir emménager avec nous. C’est une étape supérieure dans notre relation. J’ai hâte de vivre avec elles. Je pense que je serais à l’aise avec elles, car de toute façon, c’est moi qui avais proposé pour qu’elles viennent chez moi. Attention, il n’y a rien de pervers dans notre trouple, bien au contraire, ce n'est que de l’amour. De réels sentiments. Je n’ai pas peur d’aimer à nouveau. Est-ce que j’en aime une plus que l’autre ? Non je les aimes de la même façon. Elles sont uniques en leur genre. Des caractères bien différents, mais elles me plaisent comme elles sont. J’adore leur tempérament. Elles sont vraiment adorables avec moi. Elles s’entendent super bien, le feeling est rapidement passé. Le plus drôle, c’est quand je suis au travail, je leur manque. Elles me demandent toujours des nouvelles. Je suis taquin parfois avec ce sujet, je m’en amuse beaucoup, mais elles le prennent bien. Elles comprennent mon humour. Oui, je n’aime pas me voir dans cet état. Dis-je en souriant en buvant une nouvelle fois dans mon verre. Oui, je viens pas mal de fois ici, ça me plaît beaucoup. Dis-je en souriant à nouveau. J’adore le thé glacé, j’en bois sauvant à l’apéro. Dis-je avant de poursuivre est toi, c’est toi ta boisson préférer ? Ou ton plat préférer par exemple ? Dis-je en attendant une réponse de sa part. De mon côté, j’aime les choses simples, comme des brochettes a la viande. C’est vraiment trop bon. Je le fais une à deux fois par semaine, quand je ferme mon bar. Oui, je n’ai aucun problème à me faire ce genre de repas quand je rentre à pas d’heure chez moi. J’aime bien parler avec elle, faire connaissance, c’est une fille plutôt sympathique. Est-ce que ça va ? J’avais remarqué que la belle blonde était occupée avec son téléphone. Peut-être un ex assistant… J’ai connu ça avec des anciennes conquêtes.

Je trouvais agréable que ce presque inconnu me parlait. Je parlais évidemment à mes nouveaux collègues et quelques voisins mais je n’avais pas encore beaucoup de conversations orales qui ne parlaient pas de mon travail. Cela était donc rafraîchissant comme conversation. Je réagis donc à la question de Gio concernant ma boisson préférée.

« - On peut dire ça ces derniers temps oui. »

A vrai dire, ce n’était absolument pas ma boisson préférée. Je préférais largement une bonne bière bien fraîche, blanche de préférence, et en bonne compagnie c’était encore meilleur. Pour autant, ce n’était actuellement pas possible pour moi. J’allais devoir me contenter de thé glacé pour les prochaines semaines. Enfin les prochains mois serait plus exact.

« - Des brochettes à la viande ? Ça doit être très bon. »

J’étais une fan de viande bien que j’essayais de réduire ma consommation. Cependant, la mention des brochettes me mit l’eau à la bouche. Je les voyais bien servis avec des frites et une bonne sauce au poivre. Je pourrais en saliver. Je décidai alors de lui désigner également mon plat préféré qui est en vérité un dessert. J’ai une appétence pour le sucré apparemment.

« - J’ai une passion pour les muffins à la myrtille. Je pourrais manger mon poids en muffins. »

Je trouvais très sympathique à lui de s’inquiéter de cette interruption via mon téléphone. Je pensais avoir réussi à cacher un peu mon exaspération pour Oliver et ses messages mais je n’avais apparemment pas réussi. Je décidai donc de lui livrer une petite partie de mon histoire. Je ne connaissais personne, ou presque, à Bowen et je n’avais finalement que très peu parler de mon ex compagnon. D’ailleurs, j’avais encore du mal à l’appeler ainsi après dix ans de vie commune. Voilà pourquoi je balbutiais un peu en répondant à Gio :

« - Oh ...euh...Oui, un ex insistant. »

Je suis du genre jaloux, voir même possessif. C’est un caractère qui ne me plaît pas trop, mais que je dois vivre avec, je n’aime pas partager. Je suis quelqu’un qui peut rapidement me mettre en colère quand quelque chose ne me plaît pas. Je sais toujours tout, on ne peut rien me cacher. Il y a deux semaines, j’avais appris qu’on avait dragué Sarah en boite de nuit, j’étais hors de moi. J’avais détruit un meuble de ma chambre. Un meuble précieux que j’avais construit moi-même, mais à ce moment précis plus rien ne comptais. Je pensais juste à ce mec qui draguait ma copine. Pour que je redescende, je met
extrêmement longtemps voir tout un week-end. J’ai un caractère bien trempé, il ne faut surtout pas me chercher. La jalousie est un vilain défaut, je peux être hors de moi impossible de contrôler mes réactions
quand je suis ainsi. Je regarde la jeune femme en souriant avant de lui répondre. Ah oui ? J’étais intrigué par sa réponse, mais je ne voulais pas insister. Oui, on peut dire que c’est l’une de mes spécialités les
brochettes la viande. Dis-je en souriant à nouveau. Oh, c’est trop bon les muffins, je dois bien avouer que sa fait super longtemps que je n'en avais pas mangé. Ah ce genre d’ex ? Il n'y a pas pire que des ex
insistant si la jeune femme à besoin d’un garde du corps tel qu’un bel apollon italien, je veux bien me sacrifier. Il y avait un fond de musique pas trop de monde. Je regarde une nouvelle fois la jeune demoiselle. Ça te dirait une petite danse ? C’est pour te remercier de t’être occupé de moi quand j’étais blessé à l’hôpital.

Le jeune homme était à l’écoute de tous mes propos mais je ne rebondis pas sur sa première question. Oui, le thé glacé n’était pas ma boisson de prédilection mais non je ne souhaitais pas me répandre sur le pourquoi du comment. Je me contentais donc de passer à la question suivante, espérant qu’il ne le prendrait pas mal que je ne souhaite pas tant me dévoiler sur mon histoire personnelle avec un homme inconnu, un ancien patient de plus.

« - Oui ce genre d’ex… Mais l’essentiel étant que c’est de l’histoire ancienne. »

Si seulement mes propos étaient vrais, cela serait sûrement plus facile pour moi de passer à autre chose. Pourtant, je savais que je me rappellerais toute ma vie d’Oliver via la vie que je portais actuellement en moi.  

J’étais assez surprise en entendant la proposition de danser de ce charmant jeune homme, dans le bon sens. J’aimais beaucoup danser mais je ne le faisais que dans de très rares occasions, lorsque je sortais en boite de nuit plus jeune par exemple. Aujourd’hui, je ne faisais plus du tout ce genre de soirée, ce n’était plus de mon âge. Il me fallait des jours après pour me remettre de l’effort que ça demandait à son corps surtout vu l’alcool que je pouvais consommer dans ce genre de soirée. Amusée de sa proposition et aimant le son qui passait actuellement dans le bar, je répondis au jeune homme tout en me levant de mon siège :

« - Avec plaisir bien qu’il ne soit absolument pas nécessaire de me remercier. Je le fais avec plaisir et puis c’est mon métier, je fais ça toute la journée. »

C’était toujours un plaisir d’être remerciée pour son travail. Pourtant, j’étais souvent mal à l’aise quand on me remerciait. Après tout, je faisais uniquement mon travail, ce pourquoi j’étais payée. Aider les autres était également quelque chose de naturel chez moi. J’ai toujours eu besoin de me rendre utile. Plus jeune, c’était auprès des animaux. Dès que j’ai eu l’âge, mes parents ont accepté que je sois bénévole auprès du zoo de Melbourne. La tache n’était, certes, pas glorieuse puisque j’aidais uniquement à laver les enclos, mais je me sentais utile et c’était bien là le plus important à mes yeux. Plus âgée, je me suis rendue à l’hôpital de Melbourne, ignorant alors que je ferais une partie de ma carrière d’infirmière là bas, pour me rendre utile au service de néonatalogie. La tâche était, cette fois-ci, plus agréable. Mon rôle était de faire du peau à peau avec les nouveaux-nés qui étaient séparés de leurs mères. Cela les aidait à se calmer ou encore réguler leur température. Je passais donc une après midi par semaine à cette tâche. Être remerciée d’aider les autres étaient donc un peu gênants à mes yeux car j’avais l’impression qu’on me remerciait d’être moi-même.