♦ Retrouvailles - Judy.

Ah le week-end... Un peu de repos ne me faisait en aucun cas du mal. Je passais mes journées à photographier des endroits, des paysages, des personnes, mais pourtant je ne m'en lassais jamais. La photographie était devenue un réel refuge pour moi, j'adorais ce que je faisais et je ne voulais en aucun changer mes habitudes. Je me levais donc, sagement, de bon matin, pour prendre un bon petit déjeuner, histoire de prendre des forces. J'étais ensuite faire mon petit "train-train" du matin, douche, etc. Je m'étais habillée simplement, comme à mon habitude, j'avais 27 ans, mais j'étais toujours très jeune dans ma tête. Du moins, je faisais de mon mieux. Je regardais les photos de mon salon, je repensais à des souvenirs, mais je pensais surtout à ma petite sœur Judy qui me manquait énormement. Il était environ 10h quand je décidais de sortir pour me diriger vers le Nord de la ville, il y avait toujours du monde, les rues commerçantes étaient toujours pleines, et c'était l'occasion de m'arrêter boire un verre, voir manger en tête-à-tête avec moi-même... Ah le célibat, ça devenait de plus en plus d'être seule, mais bon, je finissais par prendre l'habitude. J'arrivais donc en ville, toujours accompagnée de mon appareil photo bien évidemment. Je marchais tranquillement, et je m'arrêtais pour photographier les commerces, et les personnes qui étaient de dos. J'essayais d'analyser leurs faits et gestes, analyser leur façon de marcher, leur expression de visage. Je photographiais donc tout, et n'importe quoi à la fois. Une jeune femme était de dos. Elle transmettait quelque chose, même sans voir son visage, sans la connaître, quand je la regardais, je ressentais quelque chose. J'avais donc décidé de la photographier, par instinct. Non, ce n'était pas possible... Judy ? Non ce n'est pas possible, Judy était encore à Los Angeles, elle m'aurait prévenu de son arrivé. Et pourtant, je m'avançais vers elle. J'étais toute proche, je posais ma main sur son épaule, et elle se retournait... Stupeur. C'était bien elle. Un large sourire s'affichait sur mes lèvres, l'émotion était très forte, elle m'avait tellement manqué. Mais pourquoi ne m'avait-elle pas prévenu ? Je pris ma petite protégée dans mes bras. « Judy ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'as tellement manqué ma puce ! Tu es arrivé quand ? »

J'avais encore du mal à réaliser que ma petite sœur était en face de moi. Depuis toute petite, je l'avais aimée, protégée, comme si c'était ma propre fille, je savais que Judy souffrait autant que moi de l'absence de notre mère, mais c'était le sujet de discussion à éviter. Notre père aussi souffrait de l'absence, et lui devait d'autant plus souffrir quand il la savait dans le lit d'un autre. Ma mère et moi n'avions jamais été très complice, et j'avais compris qu'aucun lien ne serait établi entre nous lorsque à l'enterrement de mon père, je l'ai vu, sans verser aucune larme, alors qu'elle était sa femme. J'étais profondément choquée, elle n'avait donc aucun sentiment, un cœur de pierre. Quand j'avais annoncé mon départ pour Bowen, elle était heureuse, elle n'a jamais essayé de me retenir, ma mère ne m'avait jamais dit qu'elle était fière de moi. Passons, Judy m'avait donc fait une surprise, en effet, surprise ratée, mais la voir ici en était une grande. Elle avait une grosse valise, je me demandais donc si elle venait pour des vacances. « Et oui, je suis toujours accompagnée de mon appareil. Mais tu es vraiment sublime ma puce, je suis contente de te voir ici, la surprise est un peu ratée c'est sur mais t'avoir là en face de moi ici à Bowen crois-moi que s'en ai une grande. Mais alors, tu viens ici pour des vacances ? Ou alors tu vas m'annoncer la merveilleuse nouvelle que tu t'installes avec moi ? »Je lui souriais, j'admirais son doux visage. Je l'aimais à un point, inimaginable. Elle et moi n'étions pas si différentes que ça, nous n'avions seulement que 4 ans de différence.

Il est vrai que Judy avait eu des "au revoir" difficile avec notre mère. Elle avait décidé de couper les ponts avec elle, mais moi, il m'arrivait de l'avoir au téléphone, enfin, une fois tous les trois mois, si ce n'est pas plus. Judy venait de m'annoncer qu'elle s'installait à Bowen. J'avais une maison, évidemment que je ne la laisserais pas s'installer seule, elle reste ma petite protégée, et il est évident qu'elle viendrait s'installer avec moi, la maison est bien assez grande pour nous deux, on se séparerait quand nous trouverons un homme, ce qui n'est pas demain la veille... Judy m'avait proposé d'aller boire un verre, j'avais donc bien évidemment accepter, elle m'avait aussi dit être fière de moi, d'être une bonne photographe, j'étais touchée par son compliment et je l'avais bien évidemment remercier. Nous arrivions dans un bar, j'avais pris soin de porter sa valise, elle devait être fatiguer du voyage, Los Angeles à Bowen, ce n'était pas court du tout. Nous nous installions donc à une table, en attendant qu'un serveur vienne prendre notre commande. Ma soeur était tellement belle. Elle ressemblait beaucoup à notre père, je voyais en elle son regard, son sourire. On disait que je ressemblais à ma mère. Je n'en étais pas spécialement fière, mais les gens disaient que ma mère était une belle femme, je supposais donc que c'était un compliment. Papa avait de très bon goût, je dois avouer qu'ils formaient tous les deux un magnifique couple. Mais il méritait tellement mieux. Il méritait une femme, qui resterait toujours près de lui, et de sa famille, au lieu de ça, elle fricotait à droite à gauche après ses heures de travail. Nous avons eu l'argent, mais ils nous avaient manqué l'amour d'une mère. J'étais assise en face de Judy. J'étais un peu dans mes pensées, mais je finis par engager une réelle conversation. « Alors ma chérie, que comptes-tu faire ici à Bowen ? Tu as du travail ? Il est évident que tu vas venir t'installer avec moi, j'ai une grande maison, je me sentais bien seule tu sais, je suis vraiment heureuse que tu sois là. Tu m'as tellement manqué petite sœur ! »En y repensant et en m'écoutant parler parfois, il est vrai que je parle à Judy comme si je parlais à ma fille. Mais je l'avais élevé, je lui avais appris les choses qu'une mère devrait apprendre à sa fille. Je l'ai protégée, aimée et j'ai fait en sorte qu'elle ne manque pas d'amour. Il était donc normal que je sois comme ça avec elle.

Ah Judy et son caractère de tétue... Ce n'était pas souvent simple avec elle, mais je savais un peu la "contenir". Elle avait un très fort caractère, tout comme moi d'ailleurs on se ressemblait beaucoup là-dessus et c'est en partie avec ce trait là que les gens se doutaient d'avance que nous étions des soeurs. Des soeurs tellement complices, qu'on pourrait nous prendre pour des jumelles... J'aurais beaucoup aimé, mais non, le lien est tout de même fort. Judy qui s'installe ici, comme si j'allais la laisser aller à l'hôtel. Ma soeur avait toujours été ambitieuse, et j'étais très fière d'elle, mon père aussi l'était et l'est toujours j'en suis sur. Judy était comme moi, elle a toujours voulu réussir. Etant plus jeune, je me disais qu'être photographe ne serait pas simple, mais j'y suis arrivée. Aujourd'hui, je vis de la photographie, et j'en suis heureuse, mon métier est ma passion, ce qui est d'autant plus plaisant. Malgré les épreuves, je me réveille heureuse le matin, heureuse d'aller travailler. Même si pour être honnête, un homme manque à mon quotidien... Mais à vrai dire, ce n'était pas ma première préoccupation. Ma soeur avait donc trouvé sa voie, et j'étais fière de ça. « Oui je m'en souviens, tu m'en avais parlé. Je suis fière de toi ma puce, et je suis persuadée que tu réussiras ici à Bowen. Tu verras les gens ici sont adorables, très sociables, et je suis sur que tu te feras vite une place dans le monde du travail. Tu crois vraiment que je vais laisser ma sœur allait à l'hôtel alors que j'ai une maison pour moi ? Je n'ai pas d'hommes, pas d'enfants, donc évidemment que tu vas venir avec moi patate, c'est même une obligation, non discutable ! On sera bien toi et moi, comme avant. »