Une garde sous haute tension (Ava)

« - Euh...Je...Oui, j’irai voir la crèche. »

D’un seul coup, ma grossesse me paraissait bien réelle et je paniquais un petit peu. Je n’avais pas encore réfléchi à bien des choses concernant les mois, et les années même, à venir. Lorsque j’ai accepté cette grossesse, je pensais naïvement que les choses se feraient tranquillement. Je me rendais alors compte que j’étais surtout à côté de la plaque, dans mon monde des Bisounours, loin des responsabilités d’adulte. Le mode de garde me semblait être à des années lumière de ma vie actuelle. Pourtant, j’allais devoir m’en occuper et très prochainement si je voulais qu’il soit gardé, les places sont souvent chères, ça je le sais. De plus, je n’allais pas avoir le choix si je souhaitais conserver mon travail. Ma grossesse prenait un nouveau tournant actuellement et je me sentais un peu oppressée par tout ce que j’allais devoir faire. Je bus quelques gorgées du jus de fruit que Ryan m’avait proposé, me permettant de reprendre ainsi mes esprits.

En entendant les paroles de Ryan, j’étais touchée par la bienveillance dont il faisait preuve envers moi. Je sentais qu’il avait vraiment envie de m’aider et je trouvais ça adorable. J’allais effectivement devoir accepter toute l’aide qui pourrait s’offrir à moi. Élever un enfant seule allait être un véritable challenge, je m’en rendais de plus en plus compte.

Alors que Ryan était en train de m’expliquer qu’il ne pouvait faire autrement que de me m’enlever du bloc, je hochai la tête. Comme me l’avait dit ma sage-femme, il n’était pas conseillé pour moi de m’exposer en continu aux rayonnements des radios. De plus, mon métier était assez contraignant physiquement, j’allais vite fatigué, même si je me sentais actuellement en pleine forme, surtout l’après-midi. Je comprenais tout à fait qu’il était de son devoir de protéger son personnel, moi en l’occurrence, mais j’avais du mal à l’accepter. Pourtant, je devais être raisonnable, je n’avais guère le choix de toute manière. Je lui répondis donc d’un air un peu résigné :

« - A moi l’administratif alors... »

J’écoutais mon nouveau chef avec beaucoup d’attention. J’étais vraiment déçue de ne pouvoir continuer mon travail tel que je le pratiquais actuellement. A l’aube de mon âge adulte alors que je devais choisir une voix professionnelle, je m’étais orientée vers les études d’infirmière principalement car je n’aurais pas pu supporter de rester assise derrière un bureau. Dès mon plus jeune âge, j’avais montré quelques signes d’hyperactivité. Rester assise plus d’une heure m’est totalement impossible. J’ai besoin de bouger, de faire quelque chose. Aider les autres était donc ce qu’il m’avait paru le plus approprié. De plus, j’aime ne pas prévoir, ne pas savoir ce que le destin prévoit.

Tout naturellement, j’étais soulagée en entendant la proposition de mon chef. Retrouver mon service, même si c’était en binôme avec le docteur Kane, me semblait tout à fait convenable. Je saurai me rendre le plus utile possible tout en me ménageant, j’allais devoir le faire.

« - Je ne saurai vous remercier suffisamment docteur. Merci beaucoup, ce sera un plaisir de travailler avec vous de plus. »

J’écoutais également la deuxième partie de ses paroles. Il était évident que j’allais devoir prévenir mes nouveaux collègues. Pour autant, j’étais un peu gênée de déjà annoncé ma grossesse. Je venais tout juste d’arriver dans le service, j’allais probablement recevoir quelques réflexions mal placées. Je vais devoir me faire une petite carapace par rapport à ça. Moi qui n’aime pas les conflits, les réflexions, les jugements, j’allais probablement être servie avec cette annonce à venir. J’hochais silencieusement la tête avant de lui répondre. Étonnamment, je ressentais le besoin de me justifier auprès du chef, de lui expliquer que rien n’était prémédité dans ma situation.

« - Oui, je vais les prévenir prochainement. J’espère qu’ils le prendront bien. Vous savez, je n’avais vraiment pas prévue cette grossesse. Je ne savais même pas que j’étais enceinte quand j’ai postulé ! »