Flashlight - Tyler Jones

Il avait dit oui, il avait dit oui, m'avait embrassé avec gourmandise et était partit. J'étais partie jusqu'à l'hôtel, un peu plus légère, un peu moi dans le doute, et plus libre que jamais. Les jours suivant, je passais chez le coiffeur, et le styliste arriva jusqu'à moi le jour même. Avec la plus sublime des robes noires de la création ! Une robe de Zuhar Murad, faite pour moi... pour ce soir. Ce n'était pas la première fois, que je portais une de ses créations, mais c'était différent ce soir, il me faudrait bien ça, pour détourner l'attention de Tyler, des paparazzis et photographes, et des questions possibles des journalistes. Ma vie sentimentale, était un peu passée entre les mailles des filets de la presse, mais depuis que Knox avait arrêté de courir, tous se posaient la question, et par là même, me posaient la question.

J'enfilais cette longue robe (link dans le mot robe) fourreau en dentelle noire, une paire de vertigineux talons haut noirs Louboutin, et je partis vers le grand musée, pour ce gala de charité auquel j'avais été convié. J'avais donné rendez vous à Tyler sur le côté, pour qu'il sorte avec moi de voiture, la portière ouverte, je l'attendais maquillée et coiffée, rien à voir avec la femme qu'il avait rencontré dans les bois.

- Je vous dépose quelque part ? Lui dis-je d'une voix séductrice, papillonnant des cils.

A peine un mètre, et la voiture s'arrêta une seconde fois devant l'entrée et tapis rouge, sur lequel attendait une grosse vingtaine de photographe.

- Ne me quitte pas d'un pouce, la lumière aveugle aisément, il faut regarder au dessus et fixer un point. Lui expliquais-je avec un petit sourire en coin. Merci d'être venu ce soir... toi qui n'aime pas tout ça.

Un clin d'œil plus tard, je me penchais vers lui, pour déposer ma bouche rouge sur la sienne. Je sortis en premier, et le son devint bien plus fort, mon prénom prononcé à tout va, j'attendis Tyler, et je glissais une main sur ses épaules, espérant qu'il m'enlacerait la taille naturellement.

- MERCEDES MERCEDES MERCEDES MERCEDES ICI MERCEDES LA !!

Est-ce que j’avais pensé à elle ces trois derniers jours ? Pas vraiment. Pas parce qu’elle était signifiante à mes yeux. Pas du tout. Mais ces derniers jours à la ferme avaient été infernaux, après la fuite d’eau, ce fut une panne du générateur d’électricité. C’était une catastrophe pour certains produits que nous conservions dans la chambre froide et hier encore, mon apprenti et moi étions encore en train de trimer tard pour évacuer les caisses trop abîmées  pour être vendues. Miraculeusement, tout était rentré dans l'ordre ce matin avec un ciel radieux. Heureusement, sinon j’aurais été contraint d’annuler mes engagements auprès de Mercedes ce soir et je doute que la fougueuse pilote aurait apprécié le lapin. Elle m’avait donné rendez-vous sur le parking du  Bowen Historical Society and Museum et j’attendais depuis environ cinq minutes quand une portière s’ouvrit. La transparence de sa robe en dentelle noire, ses talons vertigineux, ses yeux charbonneux et ses boucles blondes divines, je la détaillais toute entière en rentrant dans la voiture. Un spectacle des plus ravissants et il me vint instantanément en tête le moment où j’allais pouvoir tout lui enlever.
— Wow, lâchais-je seulement en rentrant dans la voiture.
Mon propre miroir de salle de bain en partant tout à l’heure m’avait renvoyé l’image d’un mec différent. Smoking noir, chemise blanche et noeud papillon en rappel à notre rencontre sur l’application, le fermier n’était pas là ce soir. J’avais bien sûr l’habitude de me rendre à quelques événements municipaux, comme par exemple des salons ou des conventions de commerçants de Bowen. Mais je me doutais que ce serait sans commune mesure avec l’événement de charité de ce soir. Et Mercedes ne détrompa pas mes craintes avec ses explications, malgré son baiser. Je me contentais d’un “d’accord” d’un hochement de tête alors qu’elle sortait de la voiture et que je la suivais. Mon premier réflexe fut évidemment de mettre ma main devant mes yeux sous l’aveuglante lumière des projecteurs et des flashs et ses conseils me furent précieux. Un sourire de façade vissé sur les lèvres, je m’agrippais à sa taille, comme un koala à son arbre, en attendant que la folie passe.
— C’est… euh… toujours comme ça ? Lui chuchotais-je à l’oreille.
Nous étions enfin rentrés après avoir passé cette marée humaine. J’avais l’impression d’être un rescapé de la noyade et j’étais apaisé de trouver à l’intérieur une ambiance plus feutrée sur fond de musique jazz.
— Tu as des gens à voir ici ? Tu veux que j’aille te prendre une coupe de champagne ? Dis-je mon bras toujours à sa taille en déposant un baiser léger près de son oreille.

Costume de Tyler:

Je baisse légèrement le visage vers le visage de Tyler, alors qu'il me glisse quelques mots à l'oreille. Je souris légèrement, et lui réponds que oui, c'est souvent comme ça, et ça l'est encore plus aux USA, sur les red carpet du met gala par exemple, ou du Festival de Cannes, ou tout autres festivals, qui inclut des stars internationales. Je marche à son côté, tandis que nous montons la floppée de marches et plus encore quand nous entrons dans le musée de la ville.

- Je veux bien du champagne oui, je te remercie...

J'attends qu'il parte de quelques pas avant de l'appeler.

- Au fait, tu es très sexy dans ce costume, tu devrais en porter plus souvent... Soufflais-je à son intention, en lui faisant un clin d'oeil, esquissant un sourire en coin.

Le maire de Bowen me salue, ainsi que son épouse, et on me présente des joueurs de tennis connus, des personnalités australiennes, ce genre de gratin.

- Et vous, vous êtes ? Dit un présentateur connu à Tyler.
- C'est mon ami, il s'appelle Tyler Jones, c'est un maraîcher, qui aime son métier, un fermier.
- Oh vraiment ? Vous cultivez quoi exactement ? On cherche plusieurs témoignages pour une prochaine émission, est ce ça vous tenterait ?

Je glissais une main dans le dos de Tyler, appréciant cette soirée, espérant qu'avec quelques contacts de plus, sa ferme décollerait. Pendant ces 3 jours, j'avais repensé la nuit venue, à notre ébat en pleine nature, et pas qu'un peu, rougissant un peu de m'être montrée audacieuse et entreprenante. ça avait du bon, je me sentais plus sûre de moi, après cette rupture chaotique, et lundi matin, en allant voir Pénélope, je recroiserais encore Knox... chaque venue était salvatrice pour profiter de ma belle fille, que je considérais comme la mienne, mais à la fois triste, quand je croisais Knox.

Le présentateur pris congés en laissant sa carte à Tyler, et j'allais lui glisser un baiser sous l'oreille, mordillant au passage son lobe d'oreille.

Les regards que je croisais en filant jusqu’au bar me disaient vaguement quelque chose, sans pour autant que j’y prête une attention particulière. La célébrité m’atteignait assez peu. Mercedes aurait pu être  docker ou promeneuse de chiens, ça aurait été identique pour moi. A la différence près que je me retrouvais aujourd’hui habillé en pingouin, à faire des ronds de jambes aux gratins de Bowen. Visiblement, me voir accoutré ainsi avait plu à la pilote et c'était l’essentiel. Je revins à sa hauteur deux coupes de champagne à la main pour trinquer avec elle.
— Tu es sûre que tu me préfères habillé ? Murmurais-je discrètement dans son oreille.
Mon regard taquin ne quittait le sien, que pour saluer poliment les différents invités qui venaient à nous. Le Maire et sa femme notamment que je connaissais bien, elle avait été une des premières clientes de ma boutique. Et puis vint ce présentateur de je ne sais quelle émission. Le ton de sa voix et ses regards appuyés sur le corps de déesse de la blonde à mon bras ne me plaisait pas du tout et je ne manquais pas de lui faire savoir de mes réponses courtes et sèches.
— Des légumes biologiques. Passez me voir sur l’exploitation.
Sa carte fourrée dans ma poche rapidement, je me promis de la glisser dans la première poubelles venue, ce n’était pas une émission de télévision qui allait faire décoller mes affaires. D’ailleurs depuis près d’un an, tout roulait de ce côté là, mes produits se vendaient comme des petits pains auprès des restaurateurs de la ville et j’avais même parfois du mal à les fournir. Je caressais sa joue tendrement et me concentrais à nouveau sur Mercedes.
— Ce type ne s’intéressait pas le moins du monde à ma ferme… tu es beaucoup trop éblouissante ce soir. La taquinais-je avec un sourire radieux.
Un baiser possessif s'emparait de sa bouche et mes mains qui froissaient la dentelle de sa robe dans son dos. Un léger grognement de gorge tinté de désir m’échappait. J’avais probablement l’air d’être jaloux, c’était peut-être vrai, mais je savais que j’avais raison. Affamé, jaloux, impatient, la blonde sauvage faisait ressortir le moindre de mes travers enfouis.
— Et maintenant ? La questionnais-je. Dois-je m’attendre à avoir une horde de paparazzi entre mes salades demain matin ?

Il joue avec moi, se montre taquin et clairement séducteur, ce qui me fait sourire et rire avec légèreté. Il remet en cause l'intérêt du journaliste pour sa ferme, à cause de moi. Je prends un air choqué, mais qui ne tient pas.

- J'aime que tu aimes ma tenue. En réalité, je l'ai choisi juste pour ça.

Je fus happée par un baiser gourmand, qui eut le mérite d'allumer tous les voyants au vert en moi, et me donner très très chaud. Le feu aux joues, je baisse le regard.

- Et maintenant ? Répétais-je.

La suite me fit éclater de rire, et je le poussais légèrement d'une main badine, en recherche de son contact.

- Serait-ce un mal ? Mais en fait, il n'arrivera pas ça... je ne suis pas assez célèbre pour te causer du tort. Tu aurais été avec une actrice, je dis pas... mais moi... je suis le que modérément. Finalement, ce qu'on retient c'est que je suis une femme pilote dans un milieu machiste, qui n'a pas vu une femme pilote depuis 1976... Actuellement je fais le buzz, mais si je ne gagne pas de GP, je n'aurais été qu'une comète dans un ciel déjà rempli d'étoiles.

ça semblait fataliste et triste comme constat.

- Performance et pouvoir, ça résumera parfaitement ce laïus pseudo dépressif et moralisateur sur notre société. dis-je en riant.

Je bus ma coupe, me rendant avec lui, dans un recoin plus calme du musée, entouré de statues de cire, représentant des grands noms humains de l'histoire.

- T'ai-je dit que je ne portais pas de culotte ? Fis-je ingénue, et taquine à mon tour, d'une petite voix faussement timide, jouant de mes charmes, pour réveiller l'instinct primal.

Mon sourire s’élargissait à son « serait-ce un mal ? ». Après tout, peut-être était-il possible que notre relation soit un peu plus qu’un simple coup d’un soir. Ma présence ce soir en disait déjà long. J’appréciais beaucoup Mercedes et ses mots sincères sur le milieu professionnel dans lequel elle évoluait me montrait une fois de plus que nous nous livrions l’un à l’autre avec une facilité déconcertante.
— Ça ne doit pas être évident d’évoluer tous les jours dans ce milieu patriarcal. Tu es une battante, je suis sûr que tu as tout pour défier l’histoire. Peut-être que tu vas me donner envie de regarder ton prochain Grand Prix à la télévision. Qui sait peut-être je te porterai chance ?
Ce serait probablement une expérience étrange de la regarder risquer sa vie dans sa monoplace, mais les sports mécaniques ne m’avaient jamais vraiment attirés et ce serait l’occasion de mieux connaître son monde. J’avalais ma coupe de champagne d’un traite pour écarter ces pensées. Elle m’entraîna à l'écart, le musée comportait plusieurs salles et nous atterrissions dans une sorte de musée de cire un peu flippant. Je me serrais contre elle, heureux de pouvoir profiter d’un moment d’intimité au milieu de tout ce tumulte. Et ses paroles me firent trembler tout entier.
— Ah oui ? Riais-je avec un sourire de prédateur.
Terrible… combien cette femme était enivrante.
— Laisse-moi vérifier…

— Tu crois qu’un jour nous ferons ça dans un lit comme les gens ordinaires ?

Je me perds avec sa bouche sur ma peau, et j'écrase rapidement un gémissement profond, en mordant ma propre main. Il réussit à me faire décoller en dehors de la terre, mais je suis rapidement rappelée par la réalité du lieu, dans lequel on s'offre ce petit plaisir fugace. Je remets ma robe en place, c'est à dire, à couvrir mes jambes et plus... et je rigole lorsqu'il parle de faire ça ailleurs, comme dans un lit. Je grimace, en l'aidant à se relever, essuyant sa bouche de la mienne, et le recoiffant de mes mains.

- Ce serait moins marrant... dis toi que c'est la première fois de toute ma vie, que je m'adonne à ces jeux sexuels pervers, et que j'adore ça. Même avec Knox, on avait pas ça... et il était un brin plus âgé que toi.

Je fis une moue, qui en disait long sur le sentiment qui m'animait quand je pouvais repenser à nous, à lui. J'étais profondément encore brisée, et mon coeur saignait encore de notre pseudo fin, qui n'en était pas une, finalement... personne n'avait dit que c'était finit.

- Mais bref.

Le mais bref, qui n'était pas là pour être bref. Un jour, il nous faudrait parler tous les deux.

- Merci pour ce moment, parfaitement bien maîtrisé... je te rendrais bien l'appareil, mais il faut y retourner... à coups sûrs déjà nous avons été filmé par les caméras de surveillance.

Je glissais ma main dans la sienne, direction le reste du musée, où déambulaient des gens.

- J'ai jamais encore pu réellement te parler de ma vie... du moins pas en sourface... je dis bien le mot sous r face, pour opposer surface, bref. Tous els matins, je repars chez mon ex, pour prendre le petit déjeuner avec ma belle fille de 3 ans, que je considère comme ma fille, et qui ne sait pas vraiment si c'est terminé, ou si je suis pas monts et par vents, en grand prix... c'est compliqué en somme, et je suis pas vraiment prête à, avoir une relation dite suivie et dans la norme. J'espère ne pas de déchoir d'un espoir... espoir qui aurait été vain pour le coup. J'adore te voir, et coucher avec toi, et parler avec toi, j'aimerais que ça reste comme ça quelques temps, si tu n'es pas contre bien sûr ?

Son visage rosi par l’orgasme était sublime. J’avais l’impression de contempler une œuvre dessinée à la pointe de ma langue. Sous ses soupirs, l’excitation m’avait pris à la gorge, mais ses paroles avaient au moins le mérite de me faire redescendre.
— Donc tu aimes les hommes d’expérience hein ? La taquinait-je un peu lourdement.
Je préférais rire de la situation plutôt que de me braquer. Mais entendre parler d’un autre homme, alors que ma bouche avait encore le goût de son plaisir, n'était clairement pas la meilleure expérience de ma vie. Au moins, elle avait pris son pied.
— Notre première sextape ? Je vais aller la demander au gardien pour qu’on puisse la remater ensemble alors…
J’adorais lui murmurer des trucs pervers dans l’oreille, alors que nous retournions dans la salle pleine de beau monde. A force de rire, ou alors avait-elle décelé le léger pincement dans mes paroles, j’avais dû lui faire peur parce qu’elle se sentait soudain obligée de mettre les choses au point.
— Tu ne me dois rien Mercedes. Tu n’avais même pas à te justifier. Et tu m’as déjà donné bien plus que je n’espérais. Un ami, un amant, une épaule, je serai tout ce que tu veux. Lui dis-je sincèrement en serrant les doigts.
Le dîner de gala allait bientôt commencer et après quelques slalom nous trouvions notre table sans problème avec nos deux noms côte à côte. L’autre con de présentateur de tout à l’heure annonçait que les premières enchères commençaient dans quelques minutes avant les entrées, alors j’en profitais moi aussi pour poser mes conditions à la blonde.
— Je veux juste une promesse. Ne me prend pas pour un con.  C’est la seule chose que je ne veux plus. Me retrouver au milieu de la tourmente d’un couple, j’ai donné, non merci. Si tes sentiments pour ton ex se démêlent, ce que je te souhaite, nous redeviendrons amis sans les petits extras et ce sera très bien aussi.
Mes parents, puis Pénélope, notre histoire qui m’obligeait tous les jours à mentir à mon meilleur ami, c’était tout ce que je voulais oublier. Depuis que Bethany était partie, le travail avait été mon refuge. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire de ma vie amoureuse, mais au moins je savais à présent ce que je ne voulais pas.

Il fut compréhensible, et tellement accessible. Je le remerciais de ne pas me jeter directement, et lorsqu'il m'indiqua ses conditions, j'hochais la tête.

- ça va de soit, je ne suis pas du genre à profiter en broyant les autres, je suis complètement d'accord sur le deal. Merci... c'est... simple et ça me fait beaucoup de bien. Sans parler de ta dextérité intime..

Je ris doucement, et allais m'asseoir à côté de lui, je laissais les enchères passer, ce n'était pas ma spécialité, je ne savais pas trop à quoi participer, je n'avais pas réellement besoin de choses.

- Est ce que... est ce que tu accepterais, de venir avec moi au prochain Grand Prix ? C'est au Japon, tu ne serais absent que l'espace de quelques jours... j'aimerais bien ne pas être seule là bas, c'est compliqué, c'est plus agréable avec un ami. Dis-je avec une certaine gêne et timidité dans la voix.

Personne ne m'avait jamais accompagné, personne autre que Knox et Pénélope, mais après des semaines de silence radio ou presque, de ne pas savoir si c'était terminé ou autre, et avec un sentiment de solitude accru, j'avais besoin de changement, d'un changement même insignifiant.

- Tu n'aurais rien à payer, je t'inviterais en somme.

Mercedes semblait fragile ce soir, voire même un peu perturbée. Cela me donnait envie de la protéger. Son invitation timide me fit rire. La situation était inédite en fait, j’avais plutôt l’habitude de la galanterie et d’inviter les femmes. Avec la pilote, tout était nouveau, confus, chamboulé et cela me plaisait bien. N’importe quel homme aurait pu s’offusquer dans son égo d’une pareille proposition, mais je trouvais la situation tellement drôle.
— On dirait que tu viens de me demander d’être ton gigolo. Plaisantais-je pour la détendre. L’argent n’est pas un problème pour moi tu sais, le fermier se débrouille pas trop mal en ce moment sur ce plan là, et visiblement sur d’autres plans aussi.
Je relevais un sourcil en la dévisageant avidement. J’étais flatté qu’elle souligne ma “dextérité” pour la faire jouir, elle faisait surgir une partie sombre de moi, plus elle m’ouvrait la porte de son plaisir, moins j’en étais rassasié. Elle me rendait joueur et taquin, d’une manière assez osée dont j’appréciais la liberté. Chose qui ne m'était pas donnée, sur tous les plans de ma vie.
— Ce n’est ni un non, ni un oui. Je m’arrange avec un ami qui possède une exploitation à quelques kilomètres quand je pars en vacances. Il faut que je lui demande s’il est disponible. Je peux te donner ma réponse dans un jour ou deux ? Si je le pouvais, ce serait oui tout de suite, mais j’ai des responsabilités auxquelles je ne peux pas échapper.
Voyager était une vraie passion. Je n’en avais pas vraiment eu l’occasion depuis le rachat de ma ferme. D'ailleurs, Bethany me le reprochait très souvent. La bonde avait pour ainsi dire ravivé cette flamme et la japon était une des destinations que je voulais visiter depuis longtemps. Donc, s’il m’était possible de l’accompagner, je le ferais. Le diner avancait, les enchères aussi, cela avait l’air d'ennuyer la jeune femme alors je n’y prêtais pas vraiment un œil. Je me rendis compte en voyant le dessert arriver que j’avais surtout envie d’un peu d’intimité avec elle.
— Dit-moi plutôt pourquoi c’est compliqué. Lui disais-je doucement en la prenant dans ses bras tendrement comme si nous étions seuls. Je pensais que les pilotes avaient toute une armée aux petits soins et que tu n'aurais pas besoin d’avoir ton chevalier servant dans les pattes dans ces moments-là justement.

J'éclatais de rire, lorsqu'il m'indiqua que ma proposition pouvait passer aussi pour de l'achat d'un gigolo.

- Oh.. merde... c'est vrai qu'on dirait ça ! Pardon.. c'était pas... c'était pas ce que je voulais dire, enfin si je voulais t'inviter, mais pas comme mon gigolo.

Je rougis légèrement quand il se montra taquin, et sa réponse me fit hocher la tête.

- La balle est dans ton camp, tu me diras.

On mangea normalement, j'écoutais peu les enchères, et son étreinte me sortit de mon léger blues. Il était léger celui là, mais il était quelque part toujours présent. Ce n'est pas facile, d'essayer d'aller de l'avant, quand on sait pas ce qui se passera le jour suivant, si tout est terminé, si aucune réponse n'est apportée. Alors il m'arrive de temps en temps, de flancher, même si j'essaie de m'occuper l'esprit au maximum. Sa tendresse est acceptée, et je frotte mon visage contre le sien, on dirait un chat.

- Si je t'explique tout, on va reparler encore de Knox... en fait c'est un multiple champion de F1, et quand je l'ai rencontré, il était encore actif dans le circuit, il a décroché depuis quelques mois, pour s'occuper de sa fille. mais bref, je suis rentrée dans la F1 pour lui, pour entre autre chose, gagner le GP de Melbourne, celui qu'il n'a jamais réussit à gagner et qui a bien faillit le tuer, il y a 5 ans. J'allais sur les GP avec lui et on devait reprendre la saison ensemble chez McLaren, et puis... y'a eu... d'innombrables chaos, mensonges, obstacles et finalement je suis entourée oui... mais seule. Lui expliquais-je avec toute l'entièreté qui me caractérisait, et puis tant de tristesse en parlant de tout ça.

Je tournais le visage vers Tyler, plongeant mon regard dans le sien.

- Et si on s'éclipsait ?

J’embrassais une de ses joues rosies par la gêne, la trouvant incroyablement belle avec ce côté fragile qui se dévoilait.
— Je n’ai pas de problème avec mon égo, alors ça m’a surtout fait beaucoup rire. La rassurais-je. Je te tiens au courant rapidement. J’ai très envie de venir avec toi. Quelques jours de vacances me feraient le plus grand bien.
La pilote acceptait mon geste tendre pour se blottir contre mon torse, je ressentais sa confiance et c’était plutôt agréable de retrouver cette complicité avec une femme. Vivre seul n’était pas vraiment quelque chose que j’affectionnais, même si Bethany et moi avions nos différents, me réveiller à ses côtés, rentrer le soir en sa présence avait quelque chose de rassurant. Mercedes se confiait sur le monde de la F1 et son ex compagnon, loin de me gêner, je l’écoutais sans jugement.
— Si je t’ai posé la question, c’est que je voulais la vérité. Tu as le droit de me parler de tout. Une rupture récente, ça nous hante au quotidien. J’en sais quelque chose aussi. Mon ex ne veut même plus entendre parler de moi pour le moment, mais tout chez moi me rappelle nos souvenirs, je n’ai même pas bougé la décoration de la maison. Il faudrait, mais je n’ai pas eu le temps… Soupirais-je.
Le regard azur de la blonde plongeait dans le mien et je lui souris en retour. Un baiser lent et doux scella ce moment dans une infinie tendresse.
— Allons-y. Disais-je en prenant sa main pour nous diriger vers la sortie. Rassure-moi tu n’as pas l’intention de me jeter au bord de la route à côté de ma voiture ? Parce que je peux venir la chercher demain… Tu veux franchir l’allée boueuse de ma ferme en talons ou tu m’invites chez toi ?
C’était peut-être un peu présomptueux de m’inviter chez elle, je ne savais même pas où elle vivait, nous n’avions jamais évoqué cette question, mais je n’avais vraiment pas envie de passer la nuit seul après une belle soirée comme celle-ci.

Arrivés au dehors, il marqua un point, je grimaçais.

- Oui pas idéal cette tenue pour aller jusqu'à ton antre... On prend ta voiture, et on va aller jusqu'à l'hotel.

Je m'arrêtais, pour me tourner vers lui.

- Ah oui, ça aussi j'ai oublié de te le dire, je dors à l'hôtel 4 étoiles de Bowen, parce que j'ai pas eu d'autres maisons que celle de Knox... depuis plus d'un an. Du coup, j'avais pas le temps pour prendre une location, acheter des meubles et faire tout ça... mon loft à NYC a été prêt en 8 mois, et là pour le coup... j'avais pas 8 mois. Du coup je dors à l'hôtel.

Je ris nerveusement, en me mordillant la lèvre.

- Au risque que tu crois encore une fois, que je te prends pour un gigolo... est ce que tu viendrais avec moi, à l'hotel ?

Je le laissais aller chercher sa voiture, et attendais en haut des escaliers du musée, pour ne pas être prise pour quelqu'un qui fait le tapin... même dans cette tenue. Je montais dans sa voiture, pliant mes jupes et jupons, me faxant dans sa caisse, en lui indiquant l'adresse.

- Appartement terrasse... tout comme dans pretty woman... sauf que moi je n'achète pas des entreprises pour les revendre en morceaux. Dis-je en ouvrant la porte, en faisant référence au film avec Julia Roberts.

Je lui indiquais de s'installer comme il le souhaitait, et me dirigeais vers la chambre, pour me changer. Je revins, sans la robe, mais portant une parure de lingerie affriolante et mes talons hauts.

- Hello Dear... Fis-je aguichante au possible, papillonnant des cils.

Mercedes devait se sentir seule dans cette chambre d’hôtel impersonnelle et je me demandais quel type affreux pouvait être son ex pour l’avoir jeté de chez lui presque à la rue si brusquement. Toute cette histoire me donnait encore plus envie de la protéger et lui remonter le moral.
— Ah mais ton gigolo est très content de se faire payer une nuit d’hôtel dans un quatre étoiles… Riais-je encore.
Je déposais un baiser près de sa mâchoire et filais vers ma voiture pour la récupérer en quelques minutes. Elle montait et ses airs de princesses égarée faisaient presque tâche dans mon pickup, mais elle ne semblait pas s’en formaliser bien au contraire, surenchérissant par une plaisanterie.
— Et il y a un jacuzzi dans la suite de ma Pretty Woman ? Poursuivais-je sur la référence.
Nous arrivions rapidement à l’hôtel pour monter au dernier étage de sa chambre. J’observais la suite et sa vue imprenable sur la baie de Bowen, je voyais même ma ferme au loin en un tout petit point. Mon nœud papillon commençait à m’enserrer la gorge et je me mis à l’aise alors que la blonde filait dans sa chambre. Les premiers boutons de ma chemise sautèrent et heureusement parce que la chaleur m’envahit soudainement. Mercedes surgît par surprise dans un ensemble en dentelle qui enveloppait vaporeusement son corps de déesse. Mon regard suivait ses jambes sans fin perchées sur ses talons et j’ôtais également ma chemise pour lui dévoiler mon torse tatoué.
— Si tu veux jouer à m’allumer, je peux jouer aussi… Fît-je un sourire diabolique au bord des lèvres.

Il est beau, il est attentionné, il est pervers, et mon cri de jouissance déchire finalement, après de très longues minutes d'intimité, mon cri vient déchirer l'immensité. Je ris doucement, je ne ris pas de lui, je ris parce que mon corps entier est relâché de cette tension. Enroulée dans le plaid du canapé, allongée sur le sol du salon de la suite, je tourne le visage vers l'homme qui a partagé ma soirée et je ris comme une bossue.

- Tu restes dormir ? Dis-je une fois calmée de ce rire là, mais encore souriante et radieuse quelque part.

Il me déconnecte de ma réalité flippante, de la tristesse aussi des dernières semaines, et m'apporte une échappée belle salvatrice, pour cela je l'en remercie. La question est posée, j'ai besoin de partager mon lit avec quelqu'un cette nuit, d'avoir un corps chaud à mon côté et de me blottir contre si j'en ai besoin. Il n'a pas l'air contre, je me redresse, vais boire un verre d'eau, lui apporte une bouteille d'eau.

- tu es né quand ? Débutais-je en m'asseyant dans le canapé, enroulée dans le plaid toujours. Raconte moi quelque chose que tu n'as jamais dit à personne...