Time doesn’t take away from friendship, nor does separation | Manwë

Lorsqu’il entendit frapper à la porte du camping-car, le luthier grogna d’abord. Il était encore allongé sur la couchette, relativement confortable et était entortillé dans une couette usée. Manwë n’avait jamais été du genre à trainer au lit jusqu’à pas d’heure, mais il avait pris cette habitude au cours de sa cavale loin de Bowen. Vivre caché vous oblige à trouver de nouvelles occupations : lire, regarder la TV, dormir,…

Il ne songea pas à se lever pour aller à la rencontre de son visiteur, c’était avant d’entendre la voix de Gracelynn. Cela lui demande un peu de temps, au brun, pour se relever, enfiler un pantalon, donne un petit coup de talon au cadavre de bouteille pour le faire disparaitre sous le lit et se diriger jusqu’à la porte. Man’ n’a jamais été un alcoolique chronique, mais il lui arrive souvent d’avoir des phases où son appétence pour l’alcool est plus forte. Il était clairement dans une phase alcoolique, un autre héritage génétique pourri qui vient de sa mère… Comme si son handicap n’était pas suffisamment pénible à vivre dans une société qui ne s’adapte jamais à ceux qui peinent dans la vie.

Il ouvrit la porte, avec précaution, histoire de ne pas la faire voler si elle se trouvait trop proche. “ Hm… Ouais, j’allais te rappeler. “ Ce n’était pas un mensonge, il ne savait juste pas quand, il évitait de contacter ses proches, seul Jules et les O’Brian avaient eut l’occasion de le revoir depuis toutes ces histoires. Il eut un léger rictus lorsqu’elle affirme ne pas vouloir écouter les commérage à son sujet, non pas qu’il ne la croit pas, mais Bowen est une petite ville où les choses circulent bien plus vite qu’on ne se l’imagine. Et puis, sans rumeurs, comment a-t-elle su qu’il vivait ici ? Passons… “ On ne peut pas empêcher les gens d’parler, j’en ai jamais rien eu à foutre. “ C’était bel et bien lui, oui, toujours dans cette même délicatesse. Il fallait dire qu’il était plus entouré qu’il ne l’aurait imaginé, son retour à Bowen était compliqué, mais il s’était habitué à être un paria, et ce, depuis toujours. “ T’y crois ?  Quel dommage, je ne serais donc jamais populaire ? “ Il ironisait, encore avec un léger sourire, pour donner le change, pour laisser supposer qu’il va bien, que rien n’a changé. Tout a changé, il a tué et il ne peut en parler à personne.

“ T’as retrouvé la ligne. “ Dit-il en attardant ses yeux verts sur la rondeur disparue de son ventre. “ Tout s’est bien passé ? “ Il tente d'orienter la conversation sur elle. Il sentait poindre néanmoins une certaine migraine et il n’avait pas spécialement envie de lui faire visiter ce qui lui servait désormais de domicile, ça n’était pas digne de son amie et risquait de soulever certaines inquiétudes chez la belle Gracelynn.

Comme toujours, Grace est magnifique, si sa vue le lui permettait, il ne serait que plus admiratif de ses courbes post-partum dans cette robe scandaleusement rouge. S’il n’a jamais eu la moindre intention de draguer la belle brune, c’était uniquement parce qu’elle était une amie. Une rare amie, il sait comme les sentiments peuvent être compliqués et destructeurs. Et surtout, il tenait à elle, sincèrement, assez pour se dire que de toutes manières, elle mérite un homme bien meilleur que lui.

Ça ne lui faisait pas vraiment plaisir de la voir. C’était bien la première fois qu’il ressentait ça, comme si son cœur était devenu si noir qu’il préférait se terrer jusqu’à la fin de ses jours. Ouais… C’était pas mal ça, le problème. Il n’avait plus envie de sortir, de faire le moindre effort, il se sait fichu, il sait ce dont il est capable. Il l’a toujours su, mais c’est bien plus réel à présent que ces poings ont tabassé à mort un homme. Il ne veut pas que l’on s’approche de lui, il ne veut pas… impacter ceux qui comptent pour lui. Il veut se faire oublier, tellement de personne sombre ainsi dans l’oubli, pourquoi pas lui ?

Il restait toujours de l’homme qu’il était. Son humour incisif en était la preuve malgré ses traits fatigués, épuisé de ne rien faire, de dealer avec ses pensées, tout simplement. “ Oui, c’est tout ce qui compte, que vous alliez bien. “ De toutes manières, il n’aurait pas été à la maternité, on l’aurait chassé sans nul doute, trop effrayant, pas à sa place… Il n’avait pas sa place dans les moments heureux, c’était comme ça.

Man’ n’a pas hésité à répondre “ J’vais bien. “ À la question posée, c’était automatique, il n’a jamais montré ses faiblesses avant, ça n’allait pas changer. Un silence un peu pesant suivit sa réponse, il jette un regard à son unique pièce de vie franchement en vrac, il grimace un peu avant de reporter son regard sur son amie “ Désolé de ne pas t’inviter à entrer, c’est un peu le foutoir ici. “ Il y avait surtout beaucoup trop de bouteilles d’alcool pour quelqu’un qui n’en a jamais eut chez lui par le passé. “ Comment t’as su où me trouver ? “ Simple curiosité pour nourrir les pensées paranoïaques qui l’empêchent de fermer l’œil de la nuit.