un jour, tu sauras tourner la page -r.

J'hochais la tête en écoutant le jeune homme me parlait de ce côté historique de la France avec ces châteaux. Je notais vraiment qu'il faudrait un jour que je passe par la France à l'occasion d'un voyage dans ma famille maternelle en Pologne.

Je ne pouvais que comprendre ce qu'il disait. Parler de son proche défunt pouvait être très libérateur par moment. Pour ma part, personne ne voulait me parler d'Amélia lorsqu'elle est partie, à croire que le sujet était tabou. Même Tommy avait du mal à m'en parler. Il faut dire que nous ne nous parlions que très peu, trop peu.

"- Je comprends, ça fait du bien parfois de parler de notre défunt, de se rappeler quelques souvenirs. "

Je jetais également un coup d'oeil autour de moi et je constatais aussi que la salle s'était nettement vidée. Je regardais également ma montre à mon poignet et je notais que cela faisait effectivement un certain temps que nous étions en train de discuter. Je ne m'en étais pas particulièrement rendue compte. Comme toujours, ces réunions passaient assez vite et la continuité aussi apparemment. Il est vrai que ces réunions sont l'occasion de s'exprimer devant le groupe mais cette conversation à deux m'est tout aussi bénéfique. J'espère qu'il en est de même pour le jeune homme bien que je le sentais plus détendu qu'au début de la réunion. Je le lui fis donc savoir :

"- Il n'y a absolument pas de souci, ça m'a fait du bien de parler de manière un peu plus privé aussi. Ca change que de s'exprimer devant tout le groupe."

Les châteaux, tu pourrais en parler pendant des heures tant il y avait de choses à dire là-dessus. Faut dire que c'était beau, c'était grand et chargé d'histoire. Pour un passionné comme toi, c'était presque obligé de les visiter et de comprendre toute la culture qui en découlait. C'était important pour comprendre l'histoire d'un pays et les enjeux de certaines guerres. Mais pour ça, il fallait aussi aimer l'histoire et se plonger dans tout ça. Tu savais que ce n'était pas le cas de tout le monde et ça pouvait être indigeste à t'écouter en parler d'une traite. « Mais je sais que ça peut rester un souvenir douloureux pour certains et il faut aussi pouvoir respecter ça ! » Tu avais eu la chance de ne pas connaître ça dans ton entourage après la mort de Fleur. Mais quand ton grand-père australien est décédé, ta grand-mère a décidé de faire comme si de rien n'était et il ne fallait en aucun cas prononcer son prénom ou parler de lui devant elle, sinon elle s'effondrait et se murer dans un silence quelques jours. Tu étais assez petit mais pourtant, ça t'avait marqué. En parler ce n'est pas évident pour tout le monde et il fallait faire avec les envies de chacun. « Disons que c’est différent, il y a moins de regard et d’attentions porté sur nous alors on peut peut-être plus facilement dire certaines choses. » Parce qu'en groupe entier selon les mots employés, l'histoire racontée, on pouvait en perdre plus d'un. Chacun portait son deuil et il arrive que dans un groupe, des fardeaux soient similaires mais pas pour les personnes qui les portent et il fallait réussir à composer avec ça. « En tout cas, on se recroisera sûrement et si ce n’est pas à une réunion, Bowen paraît être une grande ville mais on fini souvent par se retrouver ! » S’il y avait bien quelque chose de magique à Bowen, c’était bien ça. Sauf peut-être pour deux personnes qui voudraient absolument s’éviter, tu ne savais pas trop comment ça se passait pour eux dans ces cas là. Et à y repenser, vu que tu faisais parfois des filatures pour des suspicions d'infidélités, tu te demandais si les époux finissaient par croiser les amants de leurs conjoints sans pour autant savoir que c'étaient eux.