long time, no see (armstrong brothers)

Le voyage avait été long. Sans vraiment savoir à l’avance où il allait atterrir, ni comment, c’est surtout le début qui avait été chaotique. Parti avec le premier billet qu’il avait pu acheter à l’aéroport, Kay s’était d'abord envolée pour les États-Unis. C’est durant ce vol que le Britannique s'est mis en tête de rejoindre son frère en Australie. Un périple imprévu et surtout organisé avec les pieds qui avait pris une bonne semaine. Entre les nombreuses escales, les quelques jours de stop qui les avaient suivis et le décalage horaire, le brun avait juste envie de se poser et dormir. Pourtant, c’est une certaine forme d'excitation qui dominait son humeur une fois arrivé à destination. Alors il sonnait à cette porte, espérant réellement avoir eu la bonne adresse avec leur mère et surtout, qu’elle n’ait pas gâché la surprise en prévenant son aîné. Voir sa tête surprise en découvrant son frangin à la dégaine débraillé et aux cernes s'apparentant à des valises, allait être sa récompense après ce si long voyage. Quand la porte s’ouvrit, c’est un soupir de soulagement qui s'échappa de ses lèvres en premier avant qu’un grand sourire ne prenne la place. “Salut Percy !” Lâcha-t-il complètement sereinement, comme si sa présence en Australie était complètement normale.

Cela faisait un petit moment que tu étais arrivé à Bowen, mais c’était tout récemment que tu avais pris la gérance du Wojna’s. Une petite pression sur les épaules mais c’est pas grave, t’avais besoin de cette adrénaline pour penser à autre chose. Ta dure rupture était encore vachement présente dans ton esprit et te noyer dans le travail, c’était une bonne chose. Aujourd’hui, c’était un jour tranquille, pour une fois. Tu avais fais un tour en moto dans la matinée, histoire de ne pas rester chez toi à rien faire. Mais c’était le programme du reste de ta journée. Malheureusement, ou heureusement, c’était pas quelque chose que tu allais faire. On venait de sonner à t a porte d’entrée et tu n’attendais personne, même pas un colis ou une lettre importante. Qui ça pouvait bien être ? Lorsque tu allais ouvrir la porte, tu te retrouvais bouche-bée. C’était ton petit frère, Kay, qui était là. Il venait de débarquer comme une fleur sans te prévenir. « Tu… quoi ? Qu’est-ce que tu fou là ? » demandas-tu en premier à ton frère. Depuis ton départ en Australie, tu avais un peu délaissé le petit de la fratrie, malgré que tu t’en sois beaucoup occupé quand vous étiez enfant et ado. « J’veux dire, j’suis content de te voir mais t’aurai pu me prévenir » soufflas-tu avec un léger rire. C’était une sacré surprise pour le coup, tu ne t’y attendais pas.


C’est sans réellement de la présence de son frère que Kay avait sonné à la porte. Il aurait pu rester planté là pendant des heures si ce dernier avait été au travail ou on ne sait où. Heureusement pour lui, l'aîné Armstrong ne fut pas long à lui ouvrir et l’appréhension s’était vite envolée laissant place à un sourire satisfait sur son visage. La surprise de son aîné valait bien toutes les escales qu’il avait endurées avant d’arriver à destination. Forcément, Percy aurait préféré être prévenu, mais où est le fun là-dedans ? “Je passais dans le quartier, je me suis dit que j’allais faire un petit coucou à mon grand frère préféré” annonça-t-il, impassible, comme si sa présence avait tout d’anodine. Au fond, il jubilait à l’intérieur, fier de lui. En réalité, son appartement à Camden et Bowen était bel et bien séparé de milliers de kilomètres. “Et puis à ce qui parait ton canapé fait un très bon lit d'appoint”. Sur ces mots, il servait à son frère son plus grand sourire, il fallait bien ça alors qu’il était clairement en train de s’inviter tout seul.

Je m’étais réveillé ce matin avec un mal de tête improbable, du genre qui me donnait envie de me frapper le crâne contre un mûr. Bien sûr, ce n’était pas franchement indiqué. Au lieu de ça, je décidai de chausser ma paire de running et d’aller courir, avec l’espoir qu’un peu d’exercice suffirait à estomper un peu la douleur. Quelqu’un de censé aurait pris un anti-douleur, sans doute, et aurait attendu affalé sur son canapé que ça passe. Pas moi. J’avais toujours tendance à penser que je pouvais avoir le pouvoir que je souhaitais sur mon corps, que je pouvais agir sur une migraine par exemple, que j’étais plus fort que ça, en d’autre termes. Ce genre de comportement amenait souvent ma mère à me qualifier de courageux, puisque c’était un trait que j’avais développé depuis l’enfance, en refusant par exemple de me laisser abattre par un rhume ou quoique ce soit d’autres, en réalité, c’était le témoignage d’une peur que je trainais depuis autant de temps. La peur de succomber à une faiblesse, la peur de perdre le contrôle. Elle me terrifiait. Après quelques longues minutes de courses, je ralentis l’allure peu avant la maison de Percy. Surprise, mon mal de tête ne s’était pas atténué, mais j’étais content d’avoir bougé. J’alourdis ma foulée pour ralentir un peu plus, approchant de la maison de mon frère ainé. Peut-être pourrait-il me payer un café, la caféine, parait-il peu avoir un certain effet sur les céphalées persistantes. Quand je poussai le portail, je ne m’attendais à tomber sur une nouvelle raison d’avoir envie de me frapper le crâne : la présence de mon petit frère, Kay. Ce dernier encore dos à moi, je croisai simplement le regard de Percy qui, lui, me faisait face. « Bloody hell… » fut tout ce que je parvins à dire.

Voir ton petit frère débarquer sans raisons comme ça, forcément que ça te faisait un choc. Il y a quelques mois, c’est Galahad qui avait débarqué pour venir vivre sur le continent australien. Cette fois, c’est Kay qui pointait le bout de son nez mais il n’avait prévenu personne. « Tu passais dans le quartier ? » dis-tu en riant tout simplement. « T’as entendu ton frère parler de mon super canapé et tu t’es dis que t’allais le tester, right ? » ajoutas-tu en riant de plus belle. Ce n’était pas un rire méchant, mais vraiment un rire hilare. Tu connaissais Kay par coeur et tu savais qu’il était du genre à débarquer comme ça sans prévenir. Au moment où tu parlais avec ton petit frère, tu voyais ton autre frère entrain de courir devant chez toi et s’arrêter brusquement. « Hey, Gal ! » dis-tu avec un sourire en le saluant de la main. « J’crois que les frères Armstrong sont au complet, si c’était prévu, on aurait jamais réussi à le faire, tiens » soufflas-tu vraiment hilare de la situation. « Bon allez, entrez, vous devez avoir soif ou faim » dis-tu simplement en leur faisant signe de rentrer dans la maison. 


L’effet de surprise régalait le jeune Anglais. Il n’aurait pas pu rêver mieux comme arrivée. La tête de son frère valait tout l’or du monde pour lui. Surtout après un périple comme celui qu’il venait de vivre pour se rendre jusqu'ici. Kay finit par laisser sa mine faussement impassible pour laisser un grand sourire s’afficher. “Ouais, il a très bonne réputation ce canapé, je me devais de venir vérifier par moi-même.” Dit-il en riant à son tour. Ils n’eurent pas le temps de dire plus que la voix du troisième Armstrong se fit entendre. Encore dos à lui, Kay grimaça furtivement. S’il avait envie de voir Percy, il avait encore un peu de rancœur pour Gal et il se serait bien passé de le voir tout de suite. En soupirant, il finit tout de même par se tourner pour poser son regard sur le cadet de la famille. “Salut Gal.” Dit-il simplement, accompagnant ses paroles d’un petit signe de main, mais sans plus de fioritures. Il analysait quelques secondes la tenue de son frère avant que leur aîné ne le ramène à la réalité. Il soupira avant de se retourner vers Percy, tout sourire. “J’ai la dalle oui !” S’exclama-t-il en sautant presque sur le dos de son frangin, bien excité à l’idée de le revoir après tout ce temps.“Je vais dévaliser ton frigo, t’es pas prêt.” Ça annonçait bien la couleur. Pour les prochains jours tout ça. Puis en passant la porte de la maison, le plus jeune de la famille déposa son sac dans un coin avant de rentrer comme s’il était chez lui, observant chaque pièce jusqu’à arriver au salon. “J'aurais dû venir squatter plus tôt, c’est pas mal chez toi !” Déclara-t-il en repensant à la boîte à chaussure qui lui servait d’appartement à Londres.