Le son de la caféine... (Ramsay & Bee)

"Ok.. J'y vais tout de suite, les cafés sont chauds. Deux donuts. Un cookie, et ... Oui un muffin." Je mets le tout dans un sac et hop, dans le panier sur mon vélo, heureusement ce matin j'étais venu avec. Les transports en communs étaient pourtant pas dérangeant, mais j'avais envie de profiter du soleil. Je n'étais pas une pro du deux roues dans les rues bondées, mais j'allais m'en sortir. Une livraison pour l'école de danse. J'aimais la dynamique de cet endroit, même s'il y avait malheureusement souvent trop de monde. Encore plus là, si je m'y rendais pour aller livrer le café.

Mon casque sur la tête, ma natte qui volait dans mon dos. J'arrivais tout près. Le sac de livraison descendu du panier, mon anti-vol accroché, je ne tenais pas à rentrer à pied. J'entrais dans le bâtiment. La porte grinça un peu. Je grimaçais, son habituel, j'avais tendance à m'y faire rapidement mais parfois j'en étais encore surprise... Misophonie, c'était pas toujours simple, mais avec l'habitude au moins je ne partais plus me mettre en boule dans un coin. Avant ce genre de son m'aurait tout de suite apporté une sensation si inconfortable que j'aurais préféré passer le reste de la journée seule dans un silence complet... Mais avec les exercices, l'habitude, certains sons étaient un peu plus supportable.

"Salle... Mince il m'a dit quoi... Salle ..." Je passais devant les portes, cherchant là où je devais livrer. Poisson rouge que j'étais, j'avais oublié que c'était dans le bureau du directeur et pas dans une salle... Un bruit... Pas de la danse mais une salle plus petite, vu le son qui s'y échappait... Prendre le risque d'ouvrir... Je n'avais pas le choix, mon cerveau était persuadé que c'était ici. Je poussais la porte et entendis alors un air de rock, un truc un peu plus poussé que le classique que j'écoutais habituellement, ... Fermant les yeux quelques secondes, tentant de contrôler mon envie de fuir, j'avançais dans la salle pour trouver quelqu'un. "Je... Y'a ... Quelqu'un...?" Je me sentais vraiment mal, les aigus étaient trop poussés, crissant dans mes oreilles, je déglutis avec douleurs, ma respiration se fit difficile, mes poings se serrant sur le sac pour ne pas le lâcher et qu'il s'étale au sol, tentant aussi de focaliser mon attention ailleurs. Je devais sortir, et pourtant je n'y arrivais pas, je n'y arrivais plus...



@Ramsay Lockwood (hj : voilà <3 j'espère que ça te plait )

Souvent, le matin, quand j'arrive au bureau, j'peux pas m'empêcher de commander un café. C'est mon rituel, sans lui, j'peux pas démarrer la journée. Et parce que je suis un directeur super génial (bah quoi, c'est bien d'se lancer des fleurs parfois!) j'avais fais le tour des bureaux autour de moi histoire de voir si mes collègues voulaient eux aussi quelque chose. J'avais fini par passer commande, et j'attendais, dans mon bureau. J'avais décidé de faire du rangement dans les paperasses de l'année précédente. J'essayais au maximum d'être organisé mais j'avais ce fameux placard, que j'appelais très poétiquement le "placard aux emmerdes". Des dossiers, des archives, des trucs en tout genre. Quand je savais pas quoi faire d'un dossier, il finissait là, et j'my collais de temps en temps. Mais avant de commencer quoi que ce soit, je ne manquais jamais de mettre de la musique. Il y avait toujours une enceinte, reliée à mon téléphone et j'avais constamment des playlists qui défilaient toute la journée. La tête dans ce fameux placard, accompagné par le morceau Made In America de Fever 33, j'étais perdu dans mes pensées. Il me fallait bien ce type de musique pour affronter ce foutu placard et les montagnes de dossiers. Je n'entendais pas tout de suite que quelqu'un était entré. Je bougeais la tête au rythme de la batterie, et finalement, du mouvement dans mon champ de vision me fit sortir de mon travail. "Oh, pardon, j'vous ai pas entendu entrer." Je souris à la jeune femme mais je ne tarda pas à constater qu'elle n'était pas dans un état normal. Elle semblait comme tétanisée. Je m'approchais d'elle, assez rapidement. "Vous vous sentez bien?" J'avais l'impression qu'elle était pétrifiée, comme si quelque chose lui faisait peur. Je ne pensais pas être effrayant à ce point. Bien loin de penser qu'il pouvait s'agir de la musique, je déplaçais une chaise, la faisant traîner contre le sol. "Asseyez-vous, j'vais vous apporter de l'eau." Purée, c'était bien ma veine d'avoir la livreuse de café qui se sentait mal dans mon bureau. J'étais pas infirmier moi!  Mais j'pouvais pas la laisser comme ça, alors j'tentais des trucs. J'allais vers mon bureau, pris un verre sur le côté et versait de l'eau dedans. J'lui tendais le verre, la guitare électrique et les cris du chanteur bourdonnant toujours dans nos oreilles.

La guitare, il n’y avait que ses accord aigu , remplacés rapidement par la batterie, les sons qui se bousculaient sur cette bande qui arrivé à mes oreilles étaient si douloureux que j’en restais figée.. Tentant de ne pas partir en arrière, je ne pas reculer… Je devais livrer ces fichus café.. Il y avait un homme, surement le client. Je lui tendis les cafés mais ma main tremblait, je secouais la tête sans le regarder. Non ça n’allait pas. Il fallait que ce boucan s’arrête et que je puisse souffler.. Mes oreilles seraient marquées par ses sons longtemps...
Crissement de chaise, je ferme les yeux, forçant sur mes paupières, priant pour que tout s'arrête, tout était amplifié avec ces battements en fond sonore... Fond... Pas tellement, c'était envahissant... Grimace en signe de douleurs.
Je secouais plus fort ma tête. Non.. Non je ne pouvais rester ici assise avec cette musique autour de moi. Mais mes jambes tremblaient, je n’avais jamais eu une réaction aussi forte. Je finis par céder mon poids lâchant sur la chaise, je pose mes mains sur mes oreilles en plantant mon regard dans le sien. « S’il vous plait.. Arrêtez cette musique. » C’était une plainte, un supplice, j’avais besoin du silence, j’avais mon coeur qui battait à tout rompre, je ne savais pas si je tiendrais encore longtemps… « S’il vous plait… » Mes azurs, totalement perdus dans les abysses de la panique plongés dans ses iris brillants, chose que je n’aurais jamais fait, mais cette fois ci, c’était trop intense…


@Ramsay Lockwood

J'me retrouve dans mon bureau à devoir gérer la livreuse de café qui semble se sentir extrêmement mal. J'suis pas du genre à savoir comment faire dans ces situations. Alors je m'agite, je tente de lui tendre une chaise, je prends la commandes qu'elle me donne, j'la pose rapidement sur la table et je lui sers un verre d'eau. Elle semble dans un autre monde, comme si quelque chose la torturait de l'intérieur. Et moi je comprends pas. J'ai déjà empoigné mon téléphone, j'me résous à devoir appeler les pompiers. J'suis à deux doigts de sortir appeler l'infirmière de l'école mais finalement, la jeune femme parvient à me parler.  Les paumes de ses mains sont fermement appuyer sur ses oreilles. Elle me supplie d'arrêter la musique. Je suis étonné de cette demande, c'est vrai que ce que j'écoute n'est pas au gout de tout le monde, ce groupe a une petite tendance à crier plutôt qu'à chanter et la plupart des instruments de musiques sont des grosses batteries et des guitares électriques. Elle insiste une seconde fois. Son regard est plongé dans le mien, elle semble en détresse. Dans un élan rapide, je saisis mon téléphone, et en quelques clics, j'ouvre l'application Spotify et j'appuie sur pause. Le bureau est soudain rempli d'un grand silence. J'me retrouve à côté d'elle, et je ne sais pas quoi faire. Je m'accroupi pour être à son niveau. Je pose mes avant-bras sur mes cuisses et je la regarde. J'ai bien compris que c'est le bruit qui la perturbé. Alors je parle doucement, presque en chuchotant. J'veux pas la brusquer. "Est-ce que ça va mieux?"

Le bruit passe à travers mes mais, il passe entre mes doigts et entre dans ma tête. Je ferme les yeux pour tenter de le chasser, mais rien n’y fais. J’aurais pu apprécier cette musique, j’en étais sûre, mon héro avait le look qui collait avec ce style musical, mais moi… Je ne pouvais pas écouter. Même de loin parfois c’était dur… Alors là entrer dans cette pièce avait été un torture assurée, un risque que j’avais pris, pour livrer cette commande.
L’homme en face de moi semble perdue, paniqué il accumule les bruits stridents, et je grimace encore plus. Mon coeur s’emballe mais j’arrive à crocher son regard, pour lui demander d’arrêter cette souffrance, de couper le son…

Assise sur la chaise, les yeux sur ses gestes je laisse s’échapper un soupire de soulagement quand enfin la musique s’éteint , que la pièce de plonge dans un silence reposant… Assommant pour certain de passer d’un son comme les cris des rockeurs à plus rien, mais moi, c’était une délivrance. Les battements des batteries, guitares et autres encore dans mes tympans, je soufflais et quittais le regard de l’inconnu devant moi…
Trop occupée à récupérer les battements de mon coeur, je ne fis même pas attention à cette proximité qu’il m’imposa, venant s'installer à mes côtés. Assis, la tête tournée vers moi, son regard à mon niveau, il me fixe et me demande en chuchotant. Hochement de tête, comme réponse, en détournant mes yeux de son regard rapidement, trop impressionnant, et surtout mon coeur n'était pas encore assez remis pour affronter tout de suite un nouveau chamboulement. Il allait me prendre pour une folle. « Je.. Je venais pour la commande.. » Un signe de tête vers le sac. « Je suis désolé, je ne … C’était .. Quel groupe? » Je demande pour tenter de paraître normale, avec un sourire timide et surement ressemblant plus à une grimace qu'autre chose, comme si rien ne c’était passé, mais je doute que l’homme me prenne pour une personne des plus ordinaire après ça…



@Ramsay Lockwood

La musique, c'est toute ma vie. Sans musique, il n'y a pas de danse et sans danse, je ne serais rien. Alors forcément, j'avais toujours de la musique avec moi. Dans mon bureau, quand je marchais dans la rue dans mes écouteurs, chez moi j'avais toujours un fond musical dont je ne manquais jamais d'augmenter le volume pour encore mieux l'apprécier. J'avais du mal à envisager qu'on puisse se mettre dans un tel état pour de la musique. Je crois que j'aurais été très malheureux. Mais là, je me trouvais face à quelqu'un qui ne gérait pas le bruit. C'était pas de chance pour elle d'avoir à livrer dans une école de danse. De la musique, il y en avait tout le temps, dans chaque salle et de tous les styles.

La jeune inconnue avait réussi à me communiquer ce qui l'embêtait autant, et j'avais tout de suite couper le son. Le silence emplie la pièce et moi je ne savais pas trop quoi faire. J'étais un peu comme un con. Je m'étais rapprocher d'elle, simplement pour m'assurer qu'elle allait bien. J'étais encore loin de m'imaginer que cette promiscuité plutôt acceptable la mettait aussi mal à l'aise. La jeune femme se calma un peu et elle parvint à m'adresser la parole. Elle fuyait un peu mon regard. Je souris lorsqu'elle me présenta la commande d'un signe de tête. J'me redressais, allant m'assoir sur le rebord de mon bureau. "J'avais cru comprendre oui." Elle s'excusa puis me demanda de quel groupe il s'agissait. "Soyez pas désolé, c'est rien. Enfin, c'est surtout moi qui m'excuse de vous avoir infligé ça." Je marquais une pause. "Vous voulez savoir de quel groupe il s'agit pour ne plus jamais à avoir à tomber sur eux? C'est Fever 333, j'reconnais que c'est un peu bourrin, mais j'en avais besoin pour le travail que j'avais à faire." Je souris un peu. Puis je la toise d'un regard curieux, sans la juger. "Vous ne supportez aucune musique ou juste celle ci en particulier?" J'avais envie de comprendre ce qui avait pu la mettre dans un tel état de mal-être.

Ce silence… Encore si loin, l’air de batterie tambourinant dans mes tympans encore comme un vieil ami que je ne désirais pas.. Mais ce silence… Je pus souffler un peu, me poser, et surtout retirer mes mains crispées de mes oreilles. L’homme en face de moi était surement celui pour qui la commande était. Il devait me prendre pour une folle… Mais je n’avais pas le choix après tout… Une oeillade à la dérobé, pour apercevoir qu’il est si près de moi. Je n’ai jamais vraiment aimé la promiscuité avec un inconnu… Même avec des personnes connues, sauf si j’en suis la responsable, mais là… Je tente de me concentrer sur autre chose, il ne fallait pas que j’aggrave mon cas...

Fuyant toujours son regard, je tente de tout de même de ne pas paraître si… Etrange, en le regardant un instant si infiniment court que mes yeux papillonnent déjà ailleurs avant même de se poser dans son regard. « Ce n’est rien… Vous ne saviez pas. » Et ici on était dans une école de danse, normal qu’il y ait de la musique même si je ne me serais jamais doutée qu’on pouvait.. Danser sur une musique comme celle là. Un petit sourire en coin s’étire sur mes lèvres. Je secoue la tête. Non, je ne voulais pas forcément le savoir pour ça … Mais ça pourrait m’être utile.. Information que je stockerais dans son petit tiroir dans un coin de ma tête.

J’écoute l’homme m’expliquer pourquoi il avait besoin de cette musique, restant un peu le regard sur mes mains. Sa question me surprend, je lève mon regard vers lui, plus longtemps que depuis le départ, ses iris sont profondes, … Intenses ... « Vous savez… Ils sont surement très bons … Pour quelqu’un qui sait apprécier leur talent… » Mais je baisse le regard avant de continuer. « J’ai tendance à avoir du mal avec certain son… Les bruits aigus ou trop fort.. Sont pas toujours agréable… » Voir pire … Un dégout, une panique.. Ça pouvait être très compliquée. « Mais j’aime la musique… » Tentais-je de me rattraper. Celle que je connais, celle sans surprise, avec des sons doux et calme…


@Ramsay Lockwood

La jeune femme semble revenir un peu à son état normal au fur et à mesure que le silence nous entoure. J'sais pas comment réagir. Elle semble être assez sauvage finalement. Elle fuit mon regard, j'décide alors d'prendre un peu de distance. J'suis pas le genre à imposer quoi que ce soit et encore moins à une jeune inconnue qui semble troublée. Elle finit par prendre la parole. J'sens ses muscles qui se détendent un peu. J'ai bien compris que le bruit n'est pas son ami, et du coup j'parle tranquillement, sans éclat de voix ou de mouvements brusques. Elle prends mes excuses et ne semble pas m'en vouloir. Après tout, c'est vrai, je n'en savais rien. Et j'me promettais qu'à l'avenir, dès que je commanderais du café, je couperais la musique en attendant son arrivée. J'm'en voulais d'l'avoir mis dans un état pareil. J'avais l'impression d'être une grosse brute. Finalement, on se met à discuter du groupe que j'écoutais et elle plante ses yeux bleus, électrisants, dans les miens. J'lui souris tendrement en écoutant ses mots. "J'vous le confirme, ils sont bourrés de talents, mais j'conçois que ce soit pas le style de tout le monde." J'écoute absolument de tous les types de musique, du classique quand je m'entraîne, du jazz, de la hip hop, de rock. J'suis toujours à la recherche d'un nouveau groupe qui pourrait m'inspirer des chorégraphies. C'est vrai que Fever 333, c'était surtout pour me donner du courage dans ma tâche. J'lui avais demandé de m'en dire plus sur son rapport à la musique. "Je vois, pas évident pour vous de livrer dans une école de danse, j'imagine." Apparement, elle supportait mal les sons trop forts ou aiguës, ça devait être un sacré truc à gérer au quotidien. "J'vous promets, la prochaine fois que j'commande du café, mon bureau sera plongé dans le silence." Je souris. Je n'arrivais pas tellement à savoir si la jeune femme était bien ici, peut-être attendait-elle le moment opportun pour filer de mon bureau. J'savais pas trop comment me positionner, alors j'attendais de voir si elle préférait s'éclipser ou poursuivre cette petite conversation improvisée. En vrai, je préférais parler avec cette inconnue plutôt que de me replonger dans mes tas de paperasses.

Je le vois légèrement reculer, et jmes pensées occillent entre le soulagement et l’impression qu’il me prend déjà pour une folle… Mes crises étaient parfois plus contrôlable, mais là… Un peu compliqué avec la musique si forte. Et j’avais été un peu trop téméraire à tenter d’entrer. J’aurais pu juste laisser la commande devant la porte et appeler ou je ne sais pas trop… Tentant de m’expliquer, sans utiliser des termes qui paraissent souvent barbare aux yeux des gens, je lui confie mon soucis avec certains sons. Il ne pouvait pas savoir, il n’y était pour rien et moi. J’aurais dû être un poil plus prudente.

Évitant son regard, même si je dévie parfois vers l’homme assis à mes côtés, je finis par le fixer rapidement mais assez pour voir son sourire naître sur ses lèvres. « Il en faut pour tout les goûts, et … Si je n’avais pas ce soucis, j’aimerais peut-être. » J’étais du genre à rester ouverte, tout le monde pouvait changer, tout le monde pouvait évoluer et surtout aimer des choses bien différentes à 14 ans , qu’à 25 ou encore plus… Mais pour ma part ce style de musique.. ou tout autre ayant des aigus serait compliqué. J’hausse un peu les épaules. « Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. On ne livre pas souvent… Enfin pas moi, c’est plus mon collègue habituellement. Mais je crois que l’endroit peut-être agréable. La danse est un art, et ça dépend surement encore du style de la musique. » Comme pour ce qu’il écoutait, et ce qui me rendait sensible.

Un petit rire m’échappe et après avoir répondu à chaque fois sans trop le regarder en fuyant un peu le contact, je finis par revenir dans les billes de ses yeux. « Je ne vous en veux pas. Vraiment… Ça arrive et … Il y a d’autres styles qui pourraient sans doute me plaire. Vous savez parfois juste un bruit de porte qui grince est ... insupportable. Je souffre de misophonie, ça s'appelle comme ça.."


@Ramsay Lockwood

La jeune femme semble s'être calmée un peu. Ca me soulage parce que j'ai beau tenter d'être un adulte responsable, j'suis pas très habile pour gérer des crises d'angoisse ou ce genre de chose. Embaucher une infirmière à l'école de danse avait d'ailleurs été l'une des premières choses que j'avais fais. Gérer les blessures, les problèmes d'alimentation ou les angoisses des élèves, c'était pas trop ma spécialité. J'étais content de voir que cette jolie inconnue avait retrouvé ses esprits. Cela dit, je m'en voulais toujours de l'avoir mis dans une telle situation. Je l'écoutais parler des livraisons et de l'école de danse. Elle semblait s'ouvrir un peu à moi, j'lui faisais pas peur et elle ne semblait pas m'en vouloir. C'était déjà un bon point. "Cette école est en endroit très agréable, vous avez raison. Généralement, les musiques sont plus calmes quand il s'agit de danser. Cela dit, on peut potentiellement danser sur tout. Même avec le silence." C'était un exercice assez particulier de créer à partir du silence.

J'sens que la jeune femme me fuit un peu du regard. Elle jette juste parfois ses deux grands yeux bleus dans les miens avant d'les quitter aussitôt. Moi j'la regarde, j'essaye de la comprendre. Finalement, elle plante son regard dans le mien pour me parler un peu plus de ce qu'elle vit. Je ne connaissais pas la pathologie dont souffrait la jeune femme. Pour moi, le bruit, la musique, c'était essentiel. "Ca doit pas être évident au quotidien. En tout cas j'me coucherais moins bête ce soir, vous m'avez appris un truc." Je souris puis j'posais mon regard sur les cafés en train de refroidir tranquillement. "J'vous offre un café pour me faire pardonner?" Je souris en lui tendant un des gobelets. "Au fait, je m'appelle Ramsay. Et vous?" Cette jeune inconnu m'intriguait au plus haut point.

Je fronce un peu les sourcils.. Danser sur le silence. Le cerveau était réellement dépourvu de son ou alors il était lui compositeur et musicien de cette mélodie qui entrainerait les pas de ses danseurs sur une musique qui n’appartiendrait qu’à eux… « Je n’ai jamais pu voir ce genre de spectacle. » Ça devait être étrange et en même temps, les émotions pourraient être interessantes, profondes et personnelles, car au final cet art était comme tous autres, une sorte d’exutoire et les spectateurs pouvaient le vivre comme on lisait un livre, avec ses propres ressentis… Ces mots m’aidaient à éloigner le tapage encore bruyant, qui raisonnait dans mes oreilles, c’était particulièrement violent encore … Mais petit à petit il laissait place à une réflexion sur les mots de l’homme, danser en silence… Une idée à voir au moins une fois.

Je ne sais pas si c’est la proximité, l’envie de ne pas paraitre si étrange, car la misophonie pouvait toucher à différent degrés les gens, mais je me met à lui parler en li fixant, lui et ses iris intenses… Captivantes. Je secoue la tête. « Non… Mais on apprends à faire avec... Ce n'est pas toujours comme aujourd'hui » C'est souvent plus facile, sauf quand ça se transforme en angoisse, en panique, en crise comme là… Un bruit de porte, un couvert dans une assiette qui grince, une mastication… J’avais appris à faire avec, difficile mais supportable,.. Souvent en tout cas, mais là j’avais été surprise de l’ampleur de la crise, si rapide, forte… « Je veux bien, enfin… si je ne vous dérange pas. Vous aviez l’air … Occupé non? » Regardant les choses autours de nous. Je sais qu’il y a un latte dans le lot. Je pourrais le prendre s’il accepte. « Abigail.. Abi. » Je prends le gobelet. C’est le latte. Je souris et bois une gorgée. « Vous… êtes le directeur de l'école ? »

Je souris a ses paroles. "Je ne sais pas si ça a déjà existé à vrai dire!" Danser sur le silence, c'était un exercice assez périlleux. Autant faire des répétitions sans musique, simplement pour intégrer les mouvements, ça pouvait se faire, mais s'il s'agissait de créer une chorégraphie à partir du silence, je ne suis pas certain que le résultat serait très intéressant. Mais néanmoins, je gardais cette idée dans un coin de ma tête. J'étais toujours à la recherche d'idées.

La jeune femme ne me quittait plus des yeux. Elle avait un truc spéciale, cette fille et ça se passait dans le bleu de ses iris. Elle me parla de ce dont elle souffrait, ça n'avait pas l'air évident mais elle me rassura en me disant qu'elle ne vivait pas des trucs aussi intenses. Je souris puis j'lui avais proposé un café. Elle l'accepta et je secouais la tête à sa question. "Oh, non, vous en faites pas, je triais des vieux dossiers, j'avais pas tellement envie d'le faire. Ca m'arrange plutôt, en fait." Autant je pouvais rester concentré assez longtemps que une tâche, autant mon attention sur le tri de vieux papier était très volatile. J'lui avais tendu le café et j'le levais, comme si on trinquait. "Alors, cheers, Abi!" Je prenais une gorgée de café que j'avais entre les mains et je hochais la tête à sa question. "Oui, c'est ça, depuis .. 4 ans déjà." Je marquais une pause. "Je propose qu'on se tutoie, quand on me vouvoie, j'ai l'impression d'avoir 10 ans de plus!" Bon, j'avais très certainement quelques années de plus que cette jeune femme, mais j'aimais pas me sentir vieux. C'était une sensation très désagréable. J'étais déjà l'ainé de la fratrie Lockwood, j'avais du endosser des responsabilités très jeunes vis à vis de mes frères et soeurs, mais j'aimais continuer de me penser jeune.

Je ne m’étais pas vraiment renseigné sur le sujet, je ne passais jamais la porte d’un concert, et lorsque j’écoutais de la musique je devais être sûre de connaitre ou bien de pouvoir éteindre rapidement. « Je pourrais être la première à prendre une place pour y aller si un jour ça existe. » Dis-je dans un petit sourire au professeur de danse, même si pour le coup les musiciens pourraient m’en vouloir de perdre leur job.

Mon regard perdu dans les iris de l’homme, je ne comprends pas bien pourquoi elle m’accroche comme ça, la fatigue… Je dois êre épuisée après une crise, ou alors juste l’idée que c’est trop tard, il ne peut pas penser plus négatif de moi, après ce qu’il vient de se passer… Ou alors je sais… La petite étincelle, là… Juste là , vous voyez? Un truc qui me fait penser que là, j’ai envie de le voir danser, sur le silence qui passe entre nous, qui se déroule devant moi… Reviens sur terre Abi !

Un café… C’était bien mieux que ses films que je pourrais me faire , à cause de ce cerveau qui tourne un peu trop… « Une pause alors… Sinon je peux vous aider si vous voulez? » J’étais pas très bonne pour la danse, mais les dossiers, l’écriture, c’était plus mon trucs, alors le rangement, je gèrais plutôt bien. Je trinque avec lui et un signe de tête pour approuver. « Cheers. » Il n’avait pas l’air de vouloir fuir… Enfin étant dans son bureau c’est moi qui aurait dû fuir, mais c’était pas si étrange… Le café m'arrache une petite grimace, j’étais bien plus thé à vrai dire, je n’aimais pas trop ça, mais une boisson chaude était nécessaire là. « Vous êtes pas le premier à me le dire cette semaine. » Je lâche dans un petit rire. « Bien.. J’accepte. » Même si encore une fois ce n’était que par respect et surtout professionnel. « Tu continues de danser même en étant.. Directeur ? »

@Ramsay Lockwood

Le bureau est plongé dans le silence depuis maintenant quelques minutes. Mais c'est pas oppressant. Pour une fois, ce silence, j'le déguste. Parce que je sais que la personne en face de moi, elle est mieux comme ça. Je souris à ses mots. "Vous serez la première que j'avertirai si je décide de monter un spectacle dans ce genre!" Très clairement, avec le travail de directeur, je n'avais pas spécialement le temps de monter des chorégraphie, et je n'étais pas certain que les troupes professionnelles en résidence à l'école acceptent un tel défi.

Pendant une fraction de seconde, la jeune femme semble comme absorbée par ses pensées. J'le remarque parce que l'expression de ses yeux changent très subtilement. Avant qu'elle ne reprenne pleinement possession d'mon regard. Cette jeune femme déborde de gentillesse, elle me propose son aide. Je soupire un peu, le sourire aux lèvres, portant mon regard sur ma fameuse armoire débordant de papiers en tout genre. "C'est gentil mais j'saurais pas comment vous pourriez m'aider, je sais moi même pas exactement ce qu'il faut que j'fasse de tout ça!" J'désignais les dossiers entassés d'un geste de la tête. On partageait un café, et de bon matin, ça faisait du bien. C'était très certainement ce qui me manquait pour trouver la motivation de me remettre au travail, mais avec la présence d'Abi dans mon bureau, je n'étais pas certain que la caféine serait suffisant. "Je ne suis pas la seule rencontre de cette semaine alors.. si je comprends bien." Je souris, avec un air faussement déçu sur le visage. Je hoche la tête à la question d'Abi. "Oui j'essaye au maximum. J'donne parfois quelques cours particuliers, et puis j'essaye de m'entraîner au moins tous les deux jours, histoire de pas perdre l'habitude. Mais j'danse clairement pas autant que je voudrais." J'crois que j'pourrais passer ma vie à danser si j'en avais la possibilité. J'plante mon regard dans le sien, encore un fois, happé par ses yeux bleus. "Et toi Abi, tu as une passion, un truc qui t'fait vibrer?" J'devrais retourner à mon travail, mais j'en ai clairement pas envie.

Et il saurait où me trouver, après tout j’étais la seule blonde du Goyangi ba, enfin la seule à souffrir de mysophonie. Et j’étais là bas si souvent, qu’il me retrouverait vite. Pas sûre que ce genre de spectacle, dans un silence complet, avec juste la respiration des danseurs, les pieds qui glissent sur le sol, soit un tableau qui pourrait attirer, mais moi j’adorerais voir un danseur dans le silence, sentir ses émotions jusqu’au bout de ses doigts, la pointe de ses pieds, lorsuqe sa tête bouge… Oui c’était une idée plaisante. Pour une fois d’apprécier ce que les autres pouvaient eux aussi aimer, mais sans la contrainte.

Un regard échangé, ce moment étrange qui l’est encore plus que je ne laisse jamais mon regard dans celui de quelqu’un aussi souvent, même si ces derniers temps c’était un peu plus courant. Je ne comprends pas, et détourne le regard après avoir proposé mon aide. Je regarde la pile et l’armoire où visiblement personne n’était passée depuis un moment. « Ce sont les dossiers des étudiants?  Il faudrait les classer par ordres alphabétique, je … Je suis plutôt douée pour ce genre de chose. » Mes bibliothèques étaient rangées par auteurs et … par ordre alphabétique, comme sur mon pc et tout ses dossiers. J’aimais l’ordre. Un peu trop parfois. Une gorgée de café un petit haussement d’épaule. « Dans un café je rencontre beaucoup de monde toute la journée tu sais, mais j’ai parler un peu plus à quelques clients… Dont un qui m’a demandé de le tutoyer. » Toujours aussi franche même en ayant vu son air un peu taquin/déçu, et repensant à Lewis.

Je l’écoute me parler de la danse, et mon regard glisse sur son corps qui pourtant ne bouge pas d'un cil, mais je l’imagine bien… Enfin je ne sais pas trop dans quel style, mais bouger en rythme , oui … Mon regard croise le sien, quand la question est pour moi. Je lâche rapidement. « J’écris. » Je baisse mes yeux sur mes mains. « Je ... J’adore les mots, les livres. J’ai écris quelques nouvelles, mais c’est pas... Toujours si simple… » Si je vibre quand les mots s’aligner sur la page blanche, parfois elle est aussi ma hantise et mon plus bel ennemi. « Tu pourrais me montrer… » C’est surement trop, il n’a pas le temps et moi j’ai du boulot au café, mais j’ose, enfin mon cerveau réfléchi pas trop à vrai dire, ma langue elle se délit. « Comment tu danses? » Je finis ma question remontant mon regard dans le sien et en plongeant mes iris au fond des siennes.


@Ramsay Lockwood