Le son de la caféine... (Ramsay & Bee)

C'qui se passe entre nous, c'est assez indescriptible j'crois. Ca m'est jamais arrivé de rester discuter aussi longtemps avec une personne que je connais à peine. J'suis pas tellement du genre bavard habituellement. J'suis plutôt distant, me méfiant des nouvelles rencontres. Mais avec elle, c'est assez différent. Elle m'apparaît presque comme fragile, comme une petite chose délicate qu'il ne faut pas bousculer. Et malgré moi, je l'avais bien bousculée avec la musique qui emplissait la pièce il y a de ça quelques minutes.

J'lui propose un café qu'elle accepte et voilà qu'elle me propose son aide pour m'occuper de ce placard aux emmerdes, comme je l'appelle régulièrement. Je l'écoute attentivement, il semble qu'elle possède un sens de l'organisation dont je suis malheureusement totalement dépourvu. "J'crois qu'il n'y a pas que ça dans ce placard. En fait, pour être honnête, quand j'sais pas quoi faire d'un dossier, il atterrit ici. Il y a des dossiers d'étudiants, des rapports en tout genre, les budgets des années précédentes .." Je grimace un peu. Puis je reprends. "J'crois que ça peut attendre encore un peu. Un jour j'me motiverais, et peut-être que j'ferais appel à vous!" Oui, ça ressemblait à une invitation. Alors c'était pas du tout glamour comme programme, de ranger des dossiers, mais c'était déjà mieux que rien. Finalement, on se met d'accord pour se tutoyer et Abi me parle un peu de son travail et des gens qu'elle y rencontre. Apparemment, quelqu'un lui a fait la même demande. Je l'ignore mais cette personne là, c'est Lewis qui n'est autre que mon frère. Il doit y avoir un gêne commun chez les Lockwood qui n'aime pas se faire vouvoyer. "C'est important d'avoir un boulot dans lequel on rencontre du monde, ça rend les choses plus .. vivantes." Je n'aurais jamais pu exercer dans un domaine sans rencontre, sans échange social.

Tandis que je parle de la danse, je sens le regard d'Abi qui se pose plus généralement sur mon corps. Ca m'semble normal, au vu du sujet évoqué. Mais j'lui retourne la question et nos regards se croisent à nouveau. Elle me parle de sa passion de l'écriture, des livres. "Oh, c'est cool ça. Tu aimerais te faire éditer un jour?" J'avais toujours tendance à voir les choses en grand. J'partais du principe qu'une passion devait être vécue à fond. Jusqu'au bout. Je savais plus que personne que le chemin de la création était souvent semée d'embûches.  L'angoisse du vide. Ca se produisait aussi lorsqu'il s'agissait de créer des chorégraphies. "Je connais aussi les pannes de créativité, mais faut s'accrocher!" J'lui adressais un petit clin d'oeil puis j'reposais mon attention sur elle. Sa proposition m'étonna une fraction de seconde. Ce n'était pas souvent qu'on me demandait comme ça, de danser. Mais je souris, amusé de sa spontanéité. Ses yeux s'étaient plantés dans les miens. Comment refuser une demande avec un regard pareil. J'regardais un peu autour de moi. Mon bureau était suffisamment vaste pour quelques mouvements. "Wow, tu me fous la pression là! Mais j'accepte." J'souris un peu et j'reprends. "En silence ? ou j'ai le droit à un petit fond musical?" L'improvisation, ça ne me faisait pas peur, danser en public, non plus, mais le silence avec ses iris bleues posées sur moi, ça pourrait vite devenir impressionant.

Une rencontre peu banale, mais au final l’homme ne semblait pas fuir devant mon côté bizarre, ni me demander de quitter les lieux en pensant que j’étais une nana venue d’une autre planête , bien au contraire, on parlait, mon coeur tentait de reprendre son rythme alors que petit à petit la douceurs’installait alors qu’il n’y avait que le silence, juste nos voix, mais plus de musique, dans la pièce. Pas simple pour lui qui aimait le bruit, soulagement de mon côté je ne pouvais que l’en remercier.

Placard à rangé, café au lait dans les mains, je grimace un peu , il peut penser que c’est dû au bazar mais c’est la boisson, elle est pas vraiment dans mes habitudes. Mais je l’accepte car j’en ai besoin. « Si je n’ai pas de travail à ce moment là, j’accepterais, avec plaisir… Mais il faudrait que vous trouviez votre mode d’organisation, pour que ce ne soit pas un calvaire mais un quotidien normal. » Pas de soucis quand c’était plus simple et surtout fait pour nous. Enfin… C’était ce que je pensais , mais à voir ce que lui en pensait.

Discussion qui s’enchaîne et le tutoiement s’installe, doucement, mais c’est plus sécurisant. Même si c’était visiblement une envie du moment. Parler de son boulot, du mien, et un hochement de tête, s’il savait que c’est le seul moment où je vois du monde, je suis une personne très solitaire, et au départ c’était un défi de passer un entretien d’embauche là bas. « J’étais.. Pas à l’aise au départ. » Aveux, pas vraiment attendu, plus sur le ton de la confidence.

Après le travail, la passion, la danse pour lui, l’écriture pour moi. Ce sont deux sujets qui nous tiennent à coeur et c’est aussi intense de son côté que du mien. « Je sais pas … je suis pas prête. » Faut s’accrocher. Il faut arriver à tenir bon, il me poussait à ne rien lâcher avec quelques mots. Et son clin d’oeil que je croise quand mon regard se pose dans le sien. Un moment , un de trop, peut-être… Mais je demande pour un peu de danse, un pas de lui, une chose qui le traverse.. Là tout de suite… Joues teintées et petit rire. « Ne t’inquiète pas, j’accepterais que tu refuses aussi tu sais… » Musique ou pas… « Si c’est un peu doux, ça devrait aller… Tu.. ici? »


@Ramsay Lockwood

Quand j'avais pris les rennes de l'école de danse, j'crois que j'avais un peu minimisé la charge de boulot et l'organisation qu'il fallait pour que tout soit carré. J'aimerais dire que j'm'y retrouvais dans ce bordel organisé mais non, c'était vraiment pas le cas. Il suffisait de voir l'état de ce placard. C'était des vieux dossiers certes, mais si j'devais y retrouver quelque chose de précis là dedans, ça serait chose impossible. J'avais avoué mon manque d'organisation à cette jeune femme qui avait fait irruption dans mon bureau depuis quelques minutes déjà. Ca avait été mouvementé au début, mais là, il y avait cet espèce d'ambiance un peu feutrée qui s'était installé, et c'était pas désagréable. Je ris un peu à sa réflexion. Elle avait totalement raison. "L'organisation, c'est pas .. ma qualité principale." Je grimaçais un peu. "Mais avec un peu d'aide, j'devrais réussir à m'en sortir un peu mieux." P'tete que j'avais juste besoin d'un p'tit coup de pied aux fesses pour sortir définitivement ce placard de son bazar. Et accessoirement, m'éclaircir aussi la tête.

On en vient à parler de son travail. Après s'être présenté et s'être mis d'accord sur le tutoiement. Abi semblait être une personne assez introvertie, presque timide, et j'me doutais bien que ce genre de travail n'avait pas du être simple pour elle au début. Je souris face à ses aveux. "C'est bien d'sortir d'sa zone de confort. Ca pousse à se surpasser." Je croyais en ça, se battre, ne jamais renoncer, toujours aller plus loin. C'est comme ça que j'avais réussi à passer de petit garçon martyrisé par ses parents, à ce que j'étais devenu aujourd'hui. J'avais pas spécialement une grande estime de moi même, mais au moins, j'avais jamais rien lâché. Toujours la rage au ventre. J'lui donnais le même conseil concernant l'écriture. Le processus de création était long, semé d'embuches. Abi me confia qu'elle n'était pas prête. J'pouvais comprendre ça et j'me contenais de sourire, sincèrement. Un jour, elle le sera sûrement. Personne ne pouvait faire se travail à sa place. Elle en vint à me demander de danser pour elle. C'était pas commun comme requête, j'étais pas spécialement gêné de danser, j'faisais ça absolument tout le temps. Mais c'était peut-être l'ambiance de ce bureau, calme, presque intime, qui m'faisait sentir la pression monter. Mais j'aime les défis. Alors j'accepte et je secoue la tête lorsqu'elle me dit que j'peux pas refuser. "Non non, ça y est, tu m'as challengé, j'peux pas reculer!" En vrai, c'était assez intéressant, j'regardais un peu autour de moi histoire de jauger la place que j'pouvais avoir. Elle accepta d'la musique. Douce. Ok. Ca j'avais bien intégré. Je souris. "Ici ou on peut aller dans un studio, c'est comme tu préfères. Moi, j'm'adapte." J'avais passé mon enfance à danser dans ma chambre d'enfant, entre le lit d'Haley et le mien, j'pouvais danser à peu près n'importe où. J'sortais mon téléphone, histoire de chercher un musique suffisamment douce mais qui m'inspirait aussi. J'pouvais danser à peu près n'importe quoi, mais sur de la musique calme, c'était définitivement le contemporain qui s'accordait le mieux. J'plonge mes yeux dans les siens, attendant d'savoir ce qu'elle voulait, ici ou ailleurs, j'irais là où elle le souhaite. Wahou. Elle me trouble ou quoi?

Sa petite grimace me fit rire. S’il savait que moi j’étais un peu trop à cheval dessus. Parfois un peu extrémiste d’ailleurs sur le sujet, tout avait une place et rarement elle en changeait. C’était une habitude, comme mon quotidien, bien rodé, totalement logique et tout découlait de jour en jour en étant simple et plus facile, un peu de tranquillité dans mon monde étrange. « On pourrait remédier à ça. Il y a des techniques, et puis … C’est une habitude à prendre. » Un peu d’aide, je suis pas contre lui offrir, ça pourrait me permettre de parler un peu plus à cet homme et le découvrir, et … J’éviterais peut-être juste les moments où il était en pleine musique.

La discussion est simple, après un début un peu mouvementé, ce son qui part petit à petit de mon esprit pour laisser place à sa voix douce, et cette mélodie me plait bien plus. On parle de lui, mais aussi de moi. Ramsay me confirme que j’ai bien fait. C’était un défi de travailler dans ce café, que j’avais plutôt bien relevé je trouve. C’était devenu un job qui me plaisait, et le calme qu’il y régnait parfois était reposant, même si au moment des rushs, c’était toujours un peu plus bruyant, ça restait vraiment raisonnable. « En danse aussi je suppose que tu fais ce genre de chose. » Sortir de ses acquis, tenter de chambouler un peu les choses. Pour progresser encore plus, devenir plus fort, plus doué. Mais il avait raison, et le lien entre le café et l’écriture faisait son chemin, j’avais réussi à aller plus loin avec mon travail, j’y arriverais avec mon roman. Quand ? Je l’ignorais encore mais je finirais par l’envoyer. C’était certain.

Une demande, un petit plaisir de voir son corps bouger, danser, d’admirer ses muscles se tendre, et son âme vivre la musique, mais si je ne m’attends pas à ce qu’il accepte, je ne m’attends pas non plus à ce que ça se passe ici. Un sourire se dessine sur mes lèvres, il aimait lui aussi ce genre de challenge et il allait le faire. Musique douce, et pas de danse, j’avais hâte de découvrir un peu plus son monde. « Ici.. Tu veux que je … me mettes ailleurs pour ne pas.. gêner? » Demandais-je alors qu’il cherchait une musique sur son portable. Mon regard dans le sien, les yeux brillants d’impatience de le voir dans son élément. J’aurais le sourire pour la journée après ce moment, comme quoi une journée pouvait mal commencer et changer du tout au tout d’un coup.. D’un pas de danse.



@Ramsay Lockwood

Le rangement, l'organisation, tout ça, c'est pas tellement mon truc. J'essaye hein, chaque jour, de mettre de l'ordre dans les affaires de l'école. J'me débrouille bien quand il s'agit de gérer des dossiers urgents, mais une fois qu'ils sont passés, une fois qu'il faut les classer, c'est la catastrophe. J'sais que c'est mon point faible. Je hoche la tête à ce qu'Abi vient de dire. "Repartir sur d'bonnes bases, j'pense que ça pourrait m'aider." C'était ça le secret, il fallait que je range tout une bonne fois pour toute, que j'm'y retrouve et tout irait mieux. J'gardais dans un coin de ma tête la proposition d'Abigail. On ne se connaissait que très peu, ça avait plutôt mal commencé, mais j'me surprenais à me dire que j'étais plutôt bien avec elle. C'était comme presque naturel.

Le surpassement de soi, l'acharnement, le travail, je connaissais que trop bien. Si je n'étais pas quelqu'un d'organiser, on ne pourrait jamais m'enlever ma motivation et la rage de vaincre qui m'animait depuis toujours. J'avais du en accumulé un sacré paquet pour me sortir des griffes de mes parents, pour me construire en tant que danseur aussi. J'encourageais toujours dans ce sens les gens de mon entourage. Au grand désespoir de Skye, ma petite soeur, qui voudrait que j'lui lâche la grappe parfois. Mais c'était pas dans mon tempérament. Je voulais le meilleur. Pour tout le monde. J'acquiesçais au mot d'Abigail. "Tous les jours, pour la danse et pour le reste. On peut toujours devenir une meilleur version de soit-même." Je souris. Ca faisait un peu parole de coach de vie, mais il fallait reconnaître qu'ils avaient raisons. Abandonner, lâcher, baisser les bras, c'était pas dans mon vocabulaire.

C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais pas pu reculer devant la demande d'Abigail. Ca me foutait un peu le pression c'est sûr. Danser, comme ça, en improvisation, c'était une grosse prise de risque. Mais j'voyais pas trop ce que j'avais à perdre. Danser, c'était toujours un immense plaisir. Je secouais la tête à la question d'Abi. "Nan, bouge pas." Sur ses mots, j'me penchais vers le bureau pour le reculer d'un mètre. Dans le même mouvement, j'enlevais mon hoodie, histoire d'être un peu plus à l'aise dans mes mouvements. J'souris, posant mon regard sur Abi tout en commençant quelques échauffement des épaules. L'idée, c'était pas d'me blesser. Danser à froid, c'était pas la meilleure des idées. Quelques dizaines de seconde plus tard, j'me plantais sur le sol, les pieds bien encrés. Prêt. J'empoignais mon téléphone et je choisissais Torn de Nathan Lanier. Cette musique était suffisamment douce mais avec un peu de rythmique pour feater parfaitement entre les attentes d'Abi et les possibilités de mouvements que j'pouvais lui proposer. Habitué à danser, tout le temps, à peine les premières notes de musique avaient démarrée, que je m'étais plongé entièrement dans la mélodie. Mon corps bougeait, principalement en esquissant des mouvements de danse contemporaine, j'ajoutais parfois quelques gestes de classique. Mélanger les styles, j'avais toujours aimé ça. La musique n'était pas très forte, mais suffisamment pour que je me laisse emmené. Oubliant presque Abigail. Les dernières notes, un peu plus intenses se firent entendre, je m'immobilisais, rouvrant les yeux. Je ne sais pas depuis combien de temps je les avais clos. Je m'étais laissé totalement aller. J'revenais à la réalité, adressant un sourire à Abigail, ma respiration un peu saccadée par l'effort.

Un moyen de toujours tout retrouver, que tout soit à sa place, rangé… C’était une technique qui tournait chez moi à l’obsession. Mais si celle ci pouvait aider Ramsay à être un peu plus organisé dans son bureau, ce serait un poids en moins pour l’homme en face de moi, et surtout un moyen d’entrer en communication un peu plus souvent, d’être… De paraître un peu plus normale. Je souris et valide d’un signe de tête à ses mots. Un moyen de savoir où il en est. Après il faut aussi s’y tenir, mais je pourrais de temps en temps venir l’aider, pour être sur que c’est ok.

Plus la discussion avance, plus elle semble si simple, comme si nous étions deux anciens amis, enfin un flot de paroles que je laisse aller, sans me préoccuper forcément du regard de l’autre… Du sien… Et ses mots que je tente de noté pour les retranscrire sur papier. Il avait entièrement raison. Une meilleure version.. Pas que pour nous, pour tout on pouvait appliquer ce mantra. Mon roman… J’étais toujours en train de vouloir l’améliorer… Mais parfois on ne pouvait pas faire plus, il fallait se lancer. Je devrais le faire c’était certain. Il était temps. Son sourire était rassurant. Il semblait vouloir annoncer, que tout irait bien. Et je voulais le croire.

Je ne bouge pas. Le laissant faire la place pour danser, là, dans son bureau , devant moi. Proposition faite un peu au hasard, mais j’avais envie de découvrir sa passion. Son haut retirer, je regarde un peu trop son corps, étudiant la ligne parfaitement musclé de cet homme. Un danseur professionnel, cela ne devrait pas m’étonner. Musique lancée par très fort, assez pour qu’il l’entende avec ses mouvements. Mais pas assez pour le violon me fasse grimacer. Et là… Les pas s’enchainent, il se lance, tourne virevolte… Ses bras forment des formes, tantôt franches, tantôt douces… C’est envoutant. Je ne le perds pas des yeux, remarquant même quand il clos les siens. C’est puissant, et quand le son se fait sourd, je reste crocher à sa silhouette. Émue de ce moment. « Wouah… » Le premier mot qui me vient, si on peut le considérer comme tel. « Tu es sublime… » Les mots étaient venu seuls, je ne les avais pas calculé, dans un murmure... Je rougis un peu. "Ta ... Ta danse... Ta danse était... sublime..."

Cette matinée prenait définitivement une tournure inattendue. Après avoir frôler la catastrophe avec cette jeune inconnue qui avait fait interruption dans mon bureau, on s'était mis à discuter. Très naturellement. J'me sentais étrangement bien avec elle. Elle qui dégageait beaucoup de calme et qui s'entrechoquait avec mon tempérament un peu plus nerveux. Mais la conversation s'était faite entre nous, très simplement. On avait abordé pas mal de sujet tous les deux. Mon aversion pour le rangement, sa passion de l'écriture, son travail, l'importance que j'accordais au surpassement de soi-même.. nos paroles glissaient à mesure que le temps avançait. C'était doux. Il faut dire que les grands yeux bleus d'Abi planté dans les miens plus sombres, me faisait me sentir bien, plus serein.

Et puis, notre matinée évoluant encore, elle m'avait demandé de danser pour elle. Je n'avais pas reculé, aimant les défis et la danse aussi. J'avais pas tellement honte d'me représenter devant des gens. J'avais déjà danser à mainte reprise durant des spectacles ou même durant les cours. Mais là, ça avait une saveur particulière. Parce que j'me produisais juste devant elle, dans l'intimité de mon bureau. Ca m'avait un peu foutu la pression mais j'avais pas pu refuser. Impossible. Et à l'instant où la musique avait empli la pièce, je n'avais pas regretter. Me laissant porter par les violons, laissant mon corps s'exprimer. Oubliant presque la présence d'Abigail. C'était souvent comme ça quand je dansais, ça avait le don de me tout me faire oublier. La p'tite bulle dans laquelle je m'étais plongée s'effaça doucement à mesure que la musique désemplissait. J'rouvrais les yeux, le sourire aux lèvres, plantant mon regard dans le sien. Abi, elle me regardait et ses mots redoublèrent mon sourire. Ca me faisait plaisir d'entendre ça. Elle se rectifia, qualifiant ma danse de sublime, et non moi. Même si j'avais pu voir ses joues se rosir un peu. J'étais assez satisfait d'lui faire ce genre d'effet. Une réaction positive, telle qu'elle soit, c'était toujours bon à prendre. J'lui souris toujours. Reprenant peu à peu mon souffle. "Merci, j'suis content que ça t'ait plu." J'la regarde alors, une idée venant de germer dans ma tête. J'lui tends la main tendrement. "Est-ce que tu veux danser avec moi?" Mon regard, il oscille entre un petit peu de malice et de l'encouragement aussi. Faire quelques pas avec elle, ça m'semblait être une bonne idée, là tout de suite.

Le calme avait fait glissé le bruit aux oubliettes, c’était bien plus serien comme ça. Il était agréable. Ce café était nécessaire pour lui qui était en pleine corvée de rangement,.. Moi qui adorait ça je l’aurais fait surement avec le sourire, en chantonnant, ou en pensant à des lignes que j’avais pu lire à droite à gauche, mais pour lui c’était une autre paire de manche.

Avec un naturel déconcertant, j’avais même proposé à l’homme en face de moi Ramsay de l’aider.. Et pas que j’avais aussi eu le courage de lui demander une danse…Quelques pas, juste par curiosité… Voir son corps bouger en rythme, se tordre avec une émotion, avec facilité et sensualité.. il était un danseur hors pair. Dans son bureau, cet endroit pas adapté pour évoluer sur de la musique … Enfin pas avec autant de grâce en tout cas. Mais il avait réussi, à me faire oublier tout le reste, mes yeux suivant ses mouvements, les bras qu’il dépliait avec une force étrangement douce, avec une précision…Je n’avais pas les mots, il avait réussi à me faire chavirer…

Mes joues rosies, mon regard qui ne le quitte plus. Je souffle mon étonnement, cette agréable surprise d’avoir pu assister à ce magnifique spectacle, que pour moi.. Son sourire me fait descendre un peu les yeux, je ne veux pas le gêner en le fixant trop longtemps. « C’était vraiment très beau.. » Sa main qui se tend, mon regard qui s’ouvre en grand. Moi? Je regarde un peu sur les côtés, peut-être que quelqu’un était arrivé ? Il ne devait pas vouloir me faire danser moi? Moi? Je pointe ma poitrine avec moi doigt.  « Euh.. J’ai.. J’ai jamais essayer… » Seule oui, de temps en temps, mais avec quelqu’un non.. Moi qui avait du mal avec le contact.. Dépasse toi Abi, va plus loin de tes limites… Vole. Je pose ma main hésitante et légèrement tremblante dans sa sienne.. « Ok.. Euh.. D’accord, mais je risque de te marcher sur les pieds.. » Je grimace légèrement.


@Ramsay Lockwood

Une fois que la musique avait terminée de jouer les dernières mesures, le silence était revenu et nos regards s'étaient croisés. Abi, elle a ce p'tit truc pour rendre tout beau. A la voir sourire, à entendre ses mots, j'avais l'impression d'avoir donné la meilleure performance du monde. C'était assez agréable. Mais j'avais pas spécialement envie que ça s'arrête là. J'pourrais passer ma vie à danser. Tout seul c'est bien, mais à deux, c'est bien mieux. Même si Abigail n'avait aucune notion de danse, j'étais bien curieux de la sentir bouger près de moi. J'voyais bien qu'elle hésitait un peu devant la main que j'lui tendais. J'lui lançais un regard bienveillant. "Personne pourra te juger. C'est safe ici." J'étais absolument pas là pour porter un avis sur sa danse. Je répondais simplement à l'envie d'un moment. Elle hésita encore et finalement, elle attrapa ma main. Je souris à ses mots à l'instant où je l'invite à venir près de moi. "On va y aller doucement." que j'lui lance, sereinement, comme pour lui donner les derniers encouragements dont elle avait besoin pour oser se lancer. Alors qu'elle est près de moi, toujours sa main dans la mienne, j'attrape à nouveau mon téléphone, pour mettre une musique très douce, très calme. Du piano, de Ludovico Einaudi, pour ne pas brusquer ses oreilles. "Suis mon lead, Abi." que j'lui lance avec un petit sourire. Guider des partenaires de danse, je sais faire, même avec les plus débutants. Le principal, c'est qu'elle se laisse faire au maximum, se laissant porter par l'instant. J'pose délicatement ma main sur sa hanche, l'autre de mes mains toujours dans la sienne. Celle ci, je la lâcherais pas, pour garder un contact avec elle, pour qu'elle ne soit pas perdue. La musique démarre lentement, et j'commence doucement quelques mouvements, plantant mon regard dans le sien. J'la fais tourner, puis la récupère, tentant au maximum d'accompagner chacun de nos gestes par des indications corporelles, soit pas des pressions sur ses hanches, ou dans sa main, pour qu'elle tente de suivre. C'est peut-être pas la danse du siècle, c'est parfois maladroit, mais il y a une certaine osmose qui se forme entre nous. J'souris, à chaque fois que nos regards se croisent. Ca dur le temps de la musique et on finit cette danse lente l'un contre l'autre. J'croise ses iris bleus, toujours les mêmes qui me troublent un peu. "Tu t'es bien débrouillée." que j'lui murmure, une fois le silence nous entourant à nouveau.

Safe.. Pas de risque, personne ne pourrait nous voir en plus non? Et puis… Il ne me jugerait pas. Il ne l’avait pas fait pour la crise à cause du bruit, pour mon attitude étrange à éviter son regard ni celle d’être un peu tendue à chaque fois que son corps entrait dans ma bulle, alors je sais que c’était … Safe ici. Mais arriverais-je à contrôler une crise si elle devait faire son apparition devant lui? L’angoisse était souvent sournoise et incontrôlable. Limites, je devais les franchir, alors j’avais accepté. Je n’étais pas une professionnelle, loin de là, même pas une débutante, juste une amatrice de danse avec des musiques dans ma tête encore, en silence ou un truc du genre, remuer un peu en faisant du rangement, on appelle pas vraiment ça de la danse.

Ma main dans la sienne, je me lève et le suis. Ma main toujours dans la sienne, j’hoche la tête. Ok, il était un professionnel il savait ce qu’il faisait. La musique démarre, basse, lente, de l’instrumentale, une de mes préférés… Je l’avais souvent entendu petite, c’était Collin qui me la passait, il savait que je n’aimais pas le son, mais si basse que mon coeur s’alignait au rythme, se calait pour se calmer… Et j’avais aussi pris l’habitude de l’écouter après ses crises qui me menaient à ses actes cruels envers moi même.
Mes lèvres se pincent d’émotions, mais je suis prête, je laisse Ramsay poser sa main sur ma hanche frissonnant légèrement… Il me guide, me tient, me soutient dans mes mouvements, parfois un peu hésitant, je me laisse porter par les gestes du danseur, les rondes que ses bras m’invitent à dessiner, les courbes qu’on prends quand sa main sur ma taille m’intime de me mouvoir pour ne former qu’un même ensemble…

La musique ralenti et c’est auprès de lui, contre lui que je finis par me retrouver. Un signe de tête pour le remercier. Mon regard dans le sien, un sourire ému sur mes lèvres… Une première, un moment unique, une larme coule doucement de ma joue, je me dépêche de la retirer. « Pardon.. C’est pas … de la tristesse promis..C’est juste l’émotion.. » Je n’arrive pas à défaire mon regard du sien, si avant je l’évitais, là je reste captiver. « C’était … Un très bon moment.. » Tous mes mots ne sont que murmures comme pour ne pas briser la bulle qu’il a créer en nous faisant virevolter...


@Ramsay Lockwood

Il y a des instants comme ça, qui sont pas définissables. Qui sont pas écrits, qui viennent de nul part. C'est exactement ce qu'on vivait là avec Abigail. Il n'y avait rien de prévu. Juste une rencontre, fortuite, mais vraiment pas désagréable. C'est comme si le temps s'était un peu arrêté depuis qu'elle était entrée dans mon bureau. On était passé par tout un tas d'émotion avant d'se retrouver à danser ensemble. C'était spécial, c'était indescriptible. Notre danse, elle était pas extraordinaire. C'est toujours difficile de danser avec quelqu'un qu'on ne sait pas appréhender, j'ai beau être un professionnel, la danse, c'est beaucoup d'entraînement. Mais là, dans l'instant, il n'est pas question de performer. Juste de vivre le moment. Et Abigail, elle suit mes mouvements, c'est presque fluide mais c'est surtout instinctif. Personne ne nous regarde de toute façon, on est là, tous les deux, dans l'intimité d'se bureau, juste elle et moi.

La musique se termine et on reste là, l'un contre l'autre, nos regards plantés l'un dans l'autre. J'vois qu'une petite larme s'échappe du bord de ses yeux, elle la chasse rapidement d'un mouvement bref de sa main. J'souris, tendrement, lorsqu'elle s'excuse. "T'excuse pas, au contraire, c'est ok d'ressentir quelque chose." J'parle aussi pour moi. Nos voix, elles sont un peu feutrée, comme si ni elle ni moi ne voulaient briser ce truc dans lequel on était là, tout de suite. J'acquiesce à ce qu'elle dit, gardant toujours mes yeux plantés dans les siens. "Très agréable oui." Mes yeux descendent vers ses lèvres. Bordel, est-ce que j'suis en train d'imaginer vouloir l'embrasser? J'en sais trop rien. Mes yeux remontent vers les siens, "J'connais un bon moyen de clôturer ce moment.." J'sais pas si elle pense à la même chose que moi, ou si j'me fais des idées pour rien. Mais là, à cet instant, j'aimerais beaucoup goûter à ses lèvres. J'y peux rien moi.. j'sais pas résister à mes pulsions. J'attends d'voir sa réaction, de ce que j'ai compris d'elle, elle n'aime pas être brusquée. Et j'ai pas du tout envie d'la mettre dans l'embarras.

La danse n’était pas dans mon sang c’était une aventure que je venais de découvrir, et Ramsay était en train de me faire vivre ce tournant, cette volte qu’on partageait dans cet endroit clos, qui n’appartenait qu’à nous. Il m’aidait après une crise à franchir ses limites, à les dépasser, à les repousser si loin que là, mon regard dans le sien, j’ai l’impression que plus rien existe… Qu’est ce qui se passe? Pourquoi je ne détourne pas mes yeux ? Pourquoi je reste là, avec ce sourire…?

Un bon moment, le mot est faible, trop faible, il était riche en émotion, intense… « Je..J’écoutais cette musique plus.. petite avec mon frère. » Je lâche dans un murmure pour justifier ma larme, mais c’était bien plus profond que ça. Les mains de Ramsay qui en entrant dans la pièce me semblait trop près étaient maintenant sur ma taille et n’étaient plus dérangeantes du tout… Son regard que j’évitais, maintenant je ne pouvais plus m’en séparer comme absorbé… Il se passe quoi là Abi? Reviens sur terre…

Mais la terre n’était que quelques centimètre plus bas, quand j’aperçois son regard se poser sur mes lèvres… Non.. Non je peux pas, la panique sera là, elle va venir et je pourrais pas la cacher devant Ramsay.. Tout était si parfait, je ne pouvais pas gâcher ce moment, je ne pouvais pas tout faire éclater alors qu’il avait été si… adorable avec moi. Je rougis et recule légèrement.. « Je.. Je dois y aller.. Je dois aller au travail. »
Reculant, faisant tomber ses bras pour que je ne craque pas et reste ici avec lui, je reprends mon sac rapidement, évitant son regard trop gênée de partir telle une voleuse. « Me-merci pour ce moment.." J’arrive à la porte l’ouvre et avant de glisser à l’extérieur je jète un regard sur l’homme qui vient de me faire danser, de me faire aimer le son et ses émotions… « Merci pour tout… » Et je pars, le laissant là, la culpabilité me rongeant mais je ne peux pas, je ne dois pas, pas comme ça… Rapidement je regagne le Goyangi ba en vélo, pédaler m’aide à décompresser, à ne plus penser à ce regard… Mais c’est compliqué.. Ramsay laissera un souvenir en moi que je le veuille ou non…



HJ : pardon pardon pardon :S elle devait partir Abi est bien trop timide encore pour ça :S (mais si c'était moi , je serais restée )

C'qu'on vivait là avec Abigail, dans mon bureau, c'était aussi inattendu qu'agréable. Et pourtant, on était parti de loin. Mais j'crois qu'au fil des secondes, on avait su s'apprivoiser. Abi, elle semblait être une personne très spéciale et elle avait un peu piqué ma curiosité. C'était pas souvent que j'me retrouvais à danser devant une quasi-inconnue et que j'lui proposais par la suite de danser avec moi. Et j'crois que là, cet instant, il avait quelque chose de précieux, de parfait. On était là, l'un contre l'autre, nos regards bien accrochés et j'avais effleuré l'idée d'l'embrasser. Juste en regardant ses lèvres. J'm'étais un peu emballé tout seul je crois parce que je sens Abi qui s'éloigne de moi. J'relève les yeux, j'vois ses joues rougies par la gêne. Elle semble très hésitante tout à coup. Merde, j'suis allé trop loin et j'me sens un peu con. J'la regarde qui s'éloigne. "Ok, oui, pas de soucis." que j'dis simplement, j'vois bien qu'Abi elle a envie de disparaître sous terre alors j'essaye même pas de la retenir. Elle recule toujours, mes mains quittent ses hanches et elle récupère son sac dans un même mouvement. J'me passe la main sur la nuque, un peu nerveux moi aussi. "Il n'y a pas de quoi, Abi, c'était .. c'était un plaisir." A peine j'ai fini de parler qu'elle disparait derrière la porte. Wahou. C'était quoi ce moment suspendu là qu'on venait de vivre et qui avait terminé aussi vite qu'il avait commencé? J'étais un peu sonné par ce qui venait de se passer. J'faisais un tour sur moi même, comme pour regarder ce bureau que je voyais tout à coup bien différemment. J'me raclais un peu la gorge, replaçait la chaise que j'avais tiré pour Abigail plus tôt et je reprenais ma place derrière mon bureau. Bordel, j'avais plus du tout la tête à travailler moi, elle m'avait bien retourné Abi, avec ces beaux yeux bleus. J'restais là, quelques minutes avant de me dynamiser en quittant mon bureau pour aller faire un tour dans les studios, histoire d'me changer les idées. J'en avais bien besoin après tout ça.

FIN