... Hi ? Nice to meet you... Have you seen your sister ? | Livio

Je n’aime pas les hôpitaux, j’aime pas l’odeur que les couloirs dégagent. Pourtant, j’y viens souvent depuis ce 19 mars, trop souvent à mon goût. J’y ai même passé la nuit dans l’attente d’avoir des nouvelles, sans pour autant pouvoir faire quoi que ce soit de plus. J’ai dû attendre, j’étais aussi venu pour soutenir Emilia, pour voir si elle allait bien. Il s’agissait quand même de son frère et d’une de ses amies. C’était beaucoup pour une seule personne et je savais qu’elle se mettait une pression énorme sur les épaules. Les nerfs à vif, ont peu faire pas mal n’importe quoi, comme lors de cette journée où on s’est engueuler par message pour une connerie. La jalousie, voilà je l’avoue, j’ai été jaloux alors que je n’ai aucun droit sur la belle blonde, pourtant je n’aime pas l’idée qu’elle puisse en voir un autre que moi, je ne veux pas l’imaginer dans d’autre bras. J’aimerais que ses yeux ne se posent que sur moi… J’ai aucun droit de lui demander quelque chose que je suis incapable de faire, incapable de respecter moi-même… Sauf, que je me tiens alerte ces derniers temps, présent pour elle quand elle sent qu’elle est sur le point de craquer. Je lui ai promis d’être là pour elle, de m’appeler quand ça ne va pas.
Aujourd’hui, elle m’a demandé de venir la rejoindre à l’hôpital, elle avait besoin de moi, un moment de panique. Répondant à l’appel, je me suis dépêché pour arriver le plus rapidement possible. Aucune trace de la belle blonde en dehors de l’hôpital, je ne l’ai pas vu à l’urgence non plus. Je me suis renseigné pour savoir où était la chambre de son frère et on m’a indiqué la direction à prendre. J’imagine qu’elle doit être avec lui, elle passe le plus clair de son temps libre avec lui. Je toque, ne sachant pas si c’est ce que je dois faire, puis je pousse la porte. Mon regard scan rapidement la pièce, je ne vois pas de trace de l’italienne, juste un homme dans un lit, je suppose que c’est son frère. Il m’a vu, je suis donc debout comme un con dans la chambre, tout près de la porte. Je pourrais ressortir aussi rapidement, mais mal à l’aise, je fige et mon regard se porte sur lui. Ouff, j’ai mal, je crois qu’il est mieux pour Alexis de ne pas le voir tout de suite, elle ne pourrait que se sentir encore plus coupable que ce qu’elle se sent là. Pour justifier ma présence dans la chambre, je tente de trouver une phrase à lui dire. “Bonjour, monsieur Manzoni… ou Livio… euh ” Je tente un sourire, j’ai sûrement juste l’air d’un petit imbécile. “Désolé, je pensais qu’Emilia serait ici, je euh… Ne voulait pas déranger ! ” Je baisse la tête puis tourne les pieds… Je devrais peut-être partir, je ne devrais pas être dans cette chambre et je ne sais pas ce qu’Emilia pourrait penser du fait que j’ai dérangé son frère.

Les journées étaient longues, bien longues. Pourtant, c'était l'effervescence dans sa chambre, entre les visites des proches, les médecins et infirmiers qui l'emmenaient pour divers examens. Mais il avait l'impression que le temps s'étirait indéfiniment. Il en avait marre d'être bloqué dans ce lit, de ne pas être capable de bouger. Le moindre mouvement qu'il faisait, c'était avec le kiné quand il le manipulait pour ne pas qu'il perde trop sa masse musculaire. Dans ces moments-là, il touchait ses jambes, ces deux barres de chair, d'os et muscles qu'il ne sentait plus, comme si elles ne lui appartenaient plus. Et cela nourrissait davantage son anxiété et sa peur de l'avenir. Il était impuissant. Encore plus impuissant en sachant que sa femme était seule à la maison, avec leurs deux enfants. Sa place aurait dû être là-bas. Pas ici. A cette heure-ci, tout le monde était parti et le silence soudain vint assommer Livio qui laissa ses émotions le submerger, comme à chaque fois qu'il se retrouvait seul. C'était le seul moment où il se donnait le temps de tout digérer, où il pouvait abandonner son masque. Pas longtemps bien sûr, parce qu'il savait qu'Emi allait sûrement lui rendre visite après sa garde. Pour lui faire un coucou, pour vérifier aussi ce qu'il y avait dans son dossier. Il la voyait faire. Il voyait son expression sur le visage, elle qui comprenait bien mieux le charabia médical. Mais il n'en parlait pas. Pas besoin. Il ferma les yeux pendant quelques minutes. Quelques minutes de silence, bien vite troublées par un coup donné sur la porte. Emi, sans aucun doute. Il posa ses yeux bleus sur la porte qui venait de s'ouvrir mais il fut surpris de ne pas voir la petite tête blonde de la benjamine des Manzoni. A la place se trouvait un homme qu'il ne connaissait pas. Enfin, pas personnellement, mais son visage lui disait quelque chose. Alors, quand il l'appela par son prénom, Livio fronça des sourcils. D'où le connaissait-il ? Ce fut alors le jeune homme qui mit fin au mystère, annonçant qu'il cherchait Emilia. « Ah... » dit-il d'abord. « Elle ne devrait pas tarder. C'était prévu qu'elle passe par ici après sa garde. Vous aviez quelque chose à lui dire ? » Livio le regarda, attentivement, avant de dire : « Vous êtes le gars sur sa photo Insta, non ? Celui avec qui elle a fait du surf ? » En bon grand frère qu'il était – ou pas – Livio avait toujours un œil sur les relations de sa petite sœur. Maintenant, il se rappelait pourquoi son visage était familier.

Depuis le 19 mars, plusieurs choses ont changé dans ma vie. Pas simplement parce que l’une de mes meilleures amies a été impliquée dans un accident, non il y a quelque chose d'autre. Il y a ce sentiment qui semble me jouer des tours, quand je pense à Emilia, il n’y a plus seulement cette envie de m’amuser, non c’est plus sérieux. Je crois ressentir quelque chose pour elle, c’est troublant. Puis, chaque fois qu’elle m’appelle quand elle sent qu’elle est sur le point de craquer. La preuve, je suis venu la trouver à l’hôpital, sauf qu’elle est introuvable nulle part et je finis dans la chambre de son frère. Sentiment étrange de me retrouver dans la chambre de ce parfait inconnu, surtout qu’il n’y a personne d’autre que lui et moi. Mais où peut-elle être ? Je salue quand même le jeune homme, lui demandant s’il avait vu la belle blonde. « En fait, c’est elle qui m’a appelé alors je venais voir… » Puis je fais quelques pas en direction de la porte avant de me retourner pour lui faire face et j’avance en direction du lit en gardant une distance raisonnable. « Oui, je lui ai donné un cours. Elle m’avait dit vouloir essayer ! » Je hausse les épaules, me sentant un peu idiot, je ne pensais pas rencontrer son frère aussi rapidement. En fait ce n’était pas du tout dans mes plans… Bon développer des sentiments pour elle ce ne l’était pas non plus. Je ne sais pas ce qu’elle a pu dire de moi à son frère, déjà qu’il me connaissait de vue à cause de ma photo sur insta… Je me sens bien con dans le silence, puis je me dis que je devrais au moins lui dire un mot gentil. « Je suis désolé pour l’accident… Emi était très inquiète, mais promis je prends soin d’elle, parce que je suis pas certain qu’elle y pense. Puis euh… » Je suis un parfait inconnu pour lui, il doit bien s’en foutre de ce que je dis. « La petite est très mignonne, c’est euh du bon travail que vous avez fait ! » Est-ce que je viens de dire ça ? Un peu plus et je lui serre la graine pour le féliciter. T’es con Beck bordel…  « Je suis désolé je dis n’importe quoi ! »

Il s'attendait à voir la petite tête blonde de sa sœur franchir la porte. Ce fut, au contraire, un jeune homme, dans la vingtaine, qui apparut dans l'encadrement de la porte. Point commun, néanmoins : ils attendaient tous les deux Emilia. « Si elle vous a appelé, je pense qu'elle devrait bientôt arriver. Elle a dû avoir une urgence au boulot. » Et qui disait urgence, disait forcément ne pas avoir le temps de les prévenir. Livio observa le jeune homme, se disant qu'il l'avait vu quelque part. Et comme il avait bien le temps de stalker les réseaux sociaux – il n'avait que cela à faire, le pauvre ! - il reconnut le jeune homme comme le prof de surf sur l'Insta de sa sœur. Allez savoir pourquoi, Livio était encore plus physionomiste quand des têtes masculines apparaissaient sur les réseaux de sa sœur. Au cas où... « J'aurai bien aimé voir ça. » dit-il avec un léger sourire. Sa sœur sur une planche de surf, ça devait être amusant. Un silence s'installa quelque peu, interrompu ensuite par le jeune homme. Il était désolé pour l'accident. Et surtout – mots qui intéressèrent Livio – il prenait soin d'Emi. Puis il le félicita pour l'arrivée de la petite, qualifiant cela de bon travail, ce qui arracha un rire amusé de Livio. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas ri. « Merci, mais tout le travail revient à mon épouse. » Ce n'était pas lui qui avait porté la petite pendant tant de mois, ou l'avait mis au monde. Mais il était touché des mots. « C'est gentil. » ajouta-t-il pour le rassurer, léger sourire aux lèvres. Il reprit ensuite, plus sérieux : « Pour en revenir à Emi, je suis rassuré de voir qu'elle est bien entourée. Je n'ai pas envie qu'elle s'oublie dans cette histoire, qu'elle se dise qu'il faut être toujours auprès de moi ou de ma famille. Je la sens fatiguée et je n'aime pas la voir comme ça. » Même si elle ne lui disait rien – c'était de famille ! - Livio remarquait qu'elle n'était pas la Emi habituelle. « Je n'ai pas envie qu'elle se prenne un contrecoup, alors j'espère que vous apporterez un peu de douceur dans son quotidien bien trop chargé. » Il hésita un peu avant de demander : « Et si jamais vous remarquez que ça ne va pas, il serait possible de me le dire ? » Il sera moins demandeur, il lui dira de ne pas passer tel jour ou tel jour.

Je me sentais un peu con, d’être à l’hôpital en train de chercher Emi, déjà que je n’aime pas cet endroit, je pensais qu’elle serait dehors comme elle l’avait dit dans le message. Peut-être qu’elle n’a pas vu l’heure passée ? M’enfin, une fois à l’intérieur je me suis retrouvé dans la chambre de son frère, vide de toute visite. Disons, que ce n’est pas la meilleure manière de rencontrer quelqu’un non ? Je suis certain qu’il ne se sent pas au top de sa forme et puis, je ne suis pas le petit-ami d’Emi, je ne suis qu’un plan cul sans importance… Right… c’est pas beau se mentir Beck.. Il a probablement raison, alors je fais un petit sourire. Mal à l’aise. “J’imagine… Je ne voulais pas déranger non plus. Je ne devrais peut-être pas être ici. ” Je ne sais pas ce qu’elle penserait du fait que je dérange son frère, que je le rencontre aussi par la même occasion, elle ne voulait peut-être pas non plus me présenter. Il semble être au courant de qui je suis vu qu’il me parle de son instagram. Merde… est-ce qu’il a vu les commentaires de con que j’ai laissé sous plusieurs photos d’Emi ? Fuck, ahaha… faire attention à ce qu’on dit sur internet c’est pour ce genre de moment non ? Je souris de nouveau, plus sincèrement quand il me dit qu’il aurait aimé la voir faire du surf. “Elle a même réussi à surfer sur une vague, une petite, mais c’est un début quand même. ” J’étais fier de mon élève ce jour-là. C’était tellement pas compliqué, on a passé un super beau moment, on dirait que ça fait super longtemps, quand dans le fond c’était il y a seulement quelques jours tout au plus ? Je suis un peu plus proche de lui, j’ai franchi les quelques pas qui nous séparaient lui et moi. Je le félicite pour la petite, baissant le regard, je me trouve un peu con. J’suis pas doué pour être sérieux putain, j’suis le clown normalement, celui qui n’arrête pas de dire des bêtises. Je relève la tête et capte le sourire qu’il me fait, ce qui me rassure quand même un peu. Je me sens comme un gamin face à lui, j’suis déjà plus jeune que Emi et elle fait parfois tellement adulte à côté de moi. J’ose pas imaginer avoir plus de responsabilité, bon sang une chance que c’était une fausse alerte avec Stacy… “Je ne suis pas certain d’être toujours la meilleure personne pour ça, pour être honnête. Je fais quand même ce que je peux, j’aime pas la voir comme ça non plus, j’aime mieux quand elle rit pour un rien. J’ai jamais été doué avec les sentiments et tout ça. Puis, j’ai cru remarquer qu’elle était du type assez têtue non ? Quand elle a quelque chose en tête, c’est dur de la faire changer d’idée.” Je ris doucement, je joue avec une de mes bagues que je fais tourner machinalement, comme si j’étais nerveux. J’ose pas lui dire, que je suis juste un plan cul et il semble vraiment s’en faire pour sa soeur, je me sentirais mal de le décevoir. “Je peux bien, mais en même temps, je voudrais pas rajouter plus de soucis sur vos épaules que… Bah ce que je veux dire, c’est qu’il y a déjà pas mal à penser non ? ” Puis je sors mon téléphone de mes poches et lui demande. “Je peux quand même prendre le numéro. J’enverrais un texto pour que vous… tu ? ai le mien ! ” J’avais ouvert un nouveau message texte pour prendre en note son numéro et j’avais déjà écrit un “Salut, c’est Beckham.” Très formel.

Emi n'était pas là, en effet, et même si la situation était étrange – de rencontrer son ami sans qu'elle ne soit là – cela faisait un peu de distraction pour Livio, qui s'ennuyait comme un rat mort dans cette chambre d'hôpital. L'italien haussa les épaules quand le jeune homme lui dit qu'il ne devrait peut-être pas être ici. « ça me fait toujours plaisir de rencontrer les potes de ma sœur. » Oui, il avait hésité en disant pote, ne sachant pas réellement la nature de la relation, et sans doute que celle-ci ne la regardait pas. En tout cas, Livio l'avait déjà vu sur l'insta de sa sœur, lors de cette fameuse journée surf. « La prochaine fois que vous la faites monter sur une planche, franchement, prenez une vidéo. » répondit-il en souriant, parce que toutes les occasions étaient bonnes pour se moquer gentiment de sa sœur. Le jeune homme avança dans la chambre, le félicitant d'ailleurs pour la naissance de sa fille. Livio était touché par l'attention. En même temps, ses enfants, c'était la prunelle de ses yeux. Il suffisait de parler d'eux pour redonner du baume au cœur au Manzoni. Dans tous les cas, puisqu'il était là, un peu plus apte à converser, Livio s'empressa de lui demander un service : garder un œil sur Emi. Etre là pour elle. La soutenir. Lui changer les idées. « En effet, elle est têtue. Je crois que c'est de famille. » Ils avaient tous une belle tête de bois dans la famille Manzoni. « Je ne sais pas si vous êtes la meilleure personne pour ça ou non, mais si déjà, vous arrivez à la faire rire, c'est tout ce qui m'importe. Elle a besoin de ça, en ce moment. Elle a besoin de décompresser. Tant que vous ne lui faites aucun mal et du moment que vous n'êtes pas une mauvaise fréquentation, je me fiche du reste. » Il valait mieux poser les bases. Il se fichait qu'il soit son mec – tant que les présentations ne seront pas faites officiellement – un simple pote ou une amitié améliorée, tant qu'il était quand elle avait besoin, c'était tout ce qu'il lui fallait, à Livio. A la suite de ses mots, il secoua la tête : « C'est ma petite sœur. Que ce soit elle ou ma famille, ça passera toujours avant tout. » ça sera toujours son premier souci. Son accident, ses jambes, il s'en fichait.  Dans tous les cas, il semblait partant pour l'informer s'il y avait un moindre souci. Livio donna son numéro et attendit le message du jeune homme pour rentrer le sien. Il esquissa un sourire et regarda le jeune homme : « Eh bien, ça fait plaisir de te rencontrer, Beckham. Moi, c'est Livio. » Le tutoiement était de mise, maintenant. « Par contre, le petit service, ça reste entre nous, d'accord ? Je ne voudrais pas qu'elle t'en veuille, qu'elle m'en veuille, qu'elle se sente surveillée ou je ne sais quoi d'autres. Faudra la jouer finement. »

Les potes de sa sœur ? Est-ce qu’on est pote Emi et moi ? On s’est entendu pour dire qu’on était un plan cul régulier, mais pote ? J’avais même pas prévu de la revoir au départ, je voulais juste la baiser… j’peux pas dire ça à son frère, bon maintenant elle est plus que juste une baise, mais je ne sais même pas comment je pourrais qualifier notre relation. Je regarde son frère et j’ai comme un blanc avant de laisser un petit rire nerveux sortir de mes lèvres en approuvant. « Ses potes ouais, j’imagine… » C’est pas Bastian ou Beth qui dirait un truc comme ça en parlant de mes potes ! Je ne peux donc pas comprendre comment ils peuvent être aussi proches l’un de l’autre eux. En tout cas, ça doit être chouette. Une vidéo ? « Faut je me prenne une gopro. Mais oui, j’essayerais de filmer la prochaine fois. Elle se débrouille quand même bien pour une première fois. » J’en avais vu qui galèrent pas mal plus que la blonde lorsqu’ils surf pour la première fois. J’avance dans la chambre, félicitant l’italien pour sa fille. « Pas obligé de me vouvoyer, ça me fou l’angoisse j’ai l’impression d’avoir pris dix ans d’un coup et même plus ! » puis, je suis plus jeune que lui aussi donc il n’a pas de raison de mettre une barrière de politesse comme ça entre nous. Je lui confirme que j’essaye d’aider Emilia, mais qu’elle est têtue quand elle veut. « Je sais aussi l’être, je crois que ce sera utile d’avoir une tête de cochon ! » Je ris sincèrement cette fois et pas comme un coincé comme lorsqu’il ma appelé le pote de sa sœur. Puis mon rire devient jaune… mauvaise fréquentation ? oups ? Je me fige légèrement, je ne peux promettre de ne pas faire de mal à Emilia, on a tendance à ne pas bien se comprendre par message et à se déchirer… « Je suis pas vraiment doué avec les promesses, mais je vais faire en tout en mon possible pour qu’elle soit bien et qu’elle puisse se reposer un peu. » La faire fumer un peu pourrait la détendre non ? Y’a rien de bien dangereux à fumer un peu d’herbe. « Je comprends mais j’ai appris que parfois pour aider les autres faut penser à soi en premier ! » Il ne pourra pas faire grand chose cloué dans un lit d’hôpital non [la joueuse en moi se sent très méchante de dire ça!]…  Puis on échange nos numéros et je hoche la tête quand il me mentionne son nom. « Y’a pas plus discret que moi Livio tu n’as même pas à être inquiet là dessus ! [/!b] » Mensonge (en néon et paillettes même ! ) Je lui tends la main. « En tout cas, elle m’a souvent parler de sa famille je pense que tu compte vraiment beaucoup pour elle. Donc là va falloir guérir et revenir en forme ok ? »

Il n'était pas con, Livio. Même s'il était cloué dans un lit, cela n'empêchait pas son esprit de travailler à mille à l'heure. Et clairement, à cet instant, il testait le jeune homme. Subtilement, mais il le testait. Le qualifier comme le pote d'Emi ou parler de mauvaise fréquentation, c'était prêcher le faux pour avoir le vrai. Et à vrai dire, les rires jaunes du jeune homme ne le rassuraient pas tant que cela. Soit il était plus qu'un pote, soit il était une mauvaise fréquentation. Mais il tentait de ne pas montrer qu'il n'était pas dupe. C'était bête, mais ce gars, pour l'instant, ça pouvait être un sacré allié. S'il avait moyen de garder un œil sur Emi, alors, Livio le prenait. Il esquissa un sourire quand il avoua avoir une tête de cochon. « Petit conseil, ne sois pas trop têtu avec elle, lâche le morceau quand il le faut, parce qu'elle ne le lâchera pas. » Il rit avec amusement. Emi, elle était déterminée quand elle le voulait. Comme elle l'était avec lui, ici, à l'hôpital, alors que Livio lui demandait de penser à elle. Elle ne l'écoutait pas, dans ces moments-là, alors si quelqu'un d'autre pouvait le faire, autant s'appuyer sur lui. Le blond, néanmoins, affirma qu'il n'était pas bon en promesse. « Je ne suis personne pour te demander de me le promettre, mais si tu me dis que tu feras tout ce qui est possible pour qu'elle soit bien, alors ça me va. Je pense qu'elle a besoin de voir autre chose, de penser à autre chose. » En tout cas, il semblait avoir les pieds sur Terre (il semblait...), mettant le doigt sur un fait indéniable. Pour aider les autres, fallait d'abord prendre soin de soi. C'était presque philosophique, tout ça ! « Sûrement... Faudra aussi le dire à Emi, ça. » Dans tous les cas, il semblait prêt à l'alerter si quelque chose clochait. Ils s'échangèrent les numéros et les prénoms au passage. Livio esquissa un sourire quand Beckham parla de sa discrétion, ayant vaguement l'impression qu'il était aussi discret que lui. Ils allaient bien vite se faire griller ! En entendant sa dernière phrase, Livio garda son sourire sur les lèvres. « On est très proches dans la famille. Et puis ici, il n'y a que nous. Forcément, ça rapproche. » Il hocha la tête quand il lui dit qu'il fallait guérir. « J'essayerai. » Il y avait beaucoup de facteurs qui faisaient qu'il ne pouvait pas être plus positif. Cela se verrait avec le temps. Livio regarda son téléphone pour voir s'il y avait un texto d'Emi, mais rien. Alors, il reposa son regard sur Beckham : « ça fait longtemps que tu la connais ? »

Je ne suis pas certain que je donne la meilleure impression au frère d’Emilia en ce moment. J’ai toujours été un petit con, mais j’ai une qualité qu’on ne peut pas me retirer. Je suis quelqu’un d’honnête, je sais dire les choses telles qu’elles le sont même si la vérité ne plait pas. Je suis bien évidemment capable de mentir aussi pour me sortir des mauvaises passes, sauf que je ne peux pas vraiment mentir au frère de la belle italienne, pas dans la situation dans laquelle je me trouve actuellement, pas avec ce questionnement sur les sentiments que j’éprouve pour la belle. J'ai senti ce lien entre elle et moi au soir de l’accident. « Je pense qu’on est deux têtus, on a eu quelques problèmes de communications elle et moi. C’est réglé maintenant je rassure, on apprend encore à se connaître… » Parce qu’on a passer plus de temps à baiser ensemble qu'à parler pour être honnête, mais ça je peux pas dire à son frère comment j’ai démonter soeur plus d’une fois. Je ne suis pas certain que j’aimerais qu’on me dise la même chose de mes sœurs. Heureusement qu’il ne lit pas mes pensées, je serais bien mal foutu après ! Je peux difficilement promettre des choses, ne sachant pas si je peux les tenir, mais je peux facilement me charger de changer les idées de la blonde pour les moments qu’elle n’est pas à l’hôpital. Mon imagination débordante me servira, rien de mieux qu’un petit joint pis une bonne baise pour l’endormir. Ça non plus, je ne peux pas le dire à l’italien. « Ça je peux m’en charger sans problème ! Je trouve aussi qu’elle passe un peu trop de temps ici.   » On se voit encore moins qu’avant aussi, il faut juste avoir des arguments convaincants. Je ne suis pas sûr que John James Jack et Jim seront toujours suffisants pour la convaincre. « Je vais essayer de lui faire comprendre, mais encore une fois elle est têtue ! » Je ris en haussant les épaules, j’ai bien beau me prendre pour tel, je ne suis pas un Dieu et je n’ai pas la vérité absolue en ma possession !  « Ça doit être spécial d’être si proche, ma famille c’est une toute autre histoire ! Mais je trouve ça chouette de voir ça quand même ! » Je fais une moue, avec mon frangin c’est à coup de poing sur la gueule qu’on se dit qu’on s’aime un peu ! Façon de parler je l’énerve plus qu’autre chose ! Il me sort de mes songes en me posant une nouvelle question. « Depuis Janvier, on s’est connu à ce moment là, puis depuis on se voit plus ou moins régulièrement ! C’est que c’est une femme occupé, puis on a pas les mêmes horaires tout le temps ! Parfois, j’ai l’impression que ça fait un peu plus que ça que je la connais. Elle m’a parlé de la nouvelle Emi ! » Je dis ça en riant… Là nouvelle emi, je n’ai jamais connu l’ancienne, je me demande ce qu’elle avait de différent !

Bizarrement, il n'était pas étonné quand Beckham lui disait qu'il avait eu des problèmes de commuication avec Emi, parce qu'ils étaient têtus tous les deux. Ça avait dû faire des étincelles ! Cela s'était arrangé mais ils avaient encore beaucoup à apprendre l'un de l'autre. « On apprend tous les jours à composer avec l'autre, de toute façon. » Il suffisait de voir Livio et Aura. Chaque jour, ils continuaient à se découvrir, même s'ils étaient désormais mariés et qu'ils avaient deux enfants. Livio ne connaissait pas totalement la nature de leur relation – et au fond, cela ne le regardait pas – mais si Beckham parvenait à changer les idées à sa sœur et à la sortir un peu d'ici, c'était tout ce qu'il voulait. « Elle passe beaucoup trop de temps ici, tu veux dire. » Et ça, c'était le grand frère inquiet qui parlait. Parce qu'ils étaient proches, tous les deux. Ils avaient traversé des moments très difficiles qui avaient scellé leur lien. Ce n'était apparemment pas la même chose pour Beckham. « Toutes les familles sont différentes, malheureusement. Mais j'espère que tu arriveras à trouver au moins un peu de soutien de la part de ta famille. » dit-il avec un léger sourire. Ils en revinrent ensuite au sujet qui les liait : Emi. Beckham la connaissait depuis janvier, depuis ce moment où Emi avait pris des résolutions. « Ah oui, la nouvelle Emi! Elle pense un peu plus à elle et essaye de se mettre une carapace. J'espère qu'elle y parviendra, parce qu'elle n'a pas vécu des trucs bien cools. » répondit-il en grimaçant. Une notification sur son téléphone détourna alors son attention. « Ah bah justement quand on parle du loup ! » dit-il en voyant le nom d'Emi s'afficher. « Elle arrive. Il y a eu une petite urgence au boulot. » Il lisait le message avant de regarder Beckham. « Je pense qu'elle va t'envoyer un message aussi. »Eux aussi devaient se voir, visiblement. « En tout cas, vaut mieux pas qu'elle nous voit tous les deux. » dit-il en riant, surtout si Livio voulait que le petit service demandé à Beckham reste secret. « Je suis content de t'avoir rencontré, Beckham. C'était bien sympa cette petite conversation. » Même s'il avait encore beaucoup beaucoup de choses à connaître de lui avant de l'accepter pleinement. Mais cela viendra avec le temps.

FIN