La faim justifie le repas // ft. Rory

@Rory Sainte-Rose
La vie en coloc n'est pas si mal. En fait, elle me permet de ne pas rester seul trop longtemps. Il y a toujours quelqu'un à l'appartement et souvent, je me retrouve avec Rory. J'apprécie passer du temps avec chacun des membres de la coloc et comme d'habitude, quand je sais que je vais déjeuner avec l'un d'eux, je prépare le repas. Un repas healthy, inhabituel quand on ne mange qu'aux fast foods et des plats préparés. Et comme je me suis levé tôt, c'est un repas complet que j'offre à Rory. Heureusement qu'aujourd'hui, je suis de bonne humeur. Enfin, il est rare que je ne le sois pas, mais ça arrive quand même. Et quand ça arrive... Je m'enferme dans ma chambre et je reste seul, malgré mon aversion sévère pour la solitude. Le repas enfin prêt, la table dressée, je retire mon tablier. "Rory, c'est prêt ! Viens manger !" C'est avec un sourire que je m'installe alors à table, remplissant nos verres d'eau, enjoué. Et une fois que Rory est face à moi et que j'ai trempé mes lèvres dans mon verre, je me redresse. "J'espère que tu as faim. Je crois que j'en ai trop fait..."

Tu as toujours fait attention à ce que tu ingères, que ce soit nourriture, boisson ou autre substance, étant du genre à avoir une vie plutôt saine, ne voulant céder à aucun excès, sachant que tu pourrais vite devenir dépendant. Tu penses que ton caractère rend plus facile les addictions alors tu les fuies autant que tu peux, ne buvant pas d’alcool, de café, ne fumant pas et pour tout ce qui est substance illégale, ce n’est même pas la peine d’y penser. Tu n’es pas un fin cuisinier pour autant, mais tu as appris à cuisiner les légumes et à faire quelques plats suffisamment goûtus sans être trop caloriques. Si tout le monde ne partage pas cette passion du manger healthy, dans ta coloc, Adonis est plutôt sur la même longueur d’onde que toi. Et il t’a justement préparé un bon repas, toi qui travailles de nuit cette semaine et passes donc une bonne partie de la matinée à dormir pour te reposer, sachant que le soir tu dois à nouveau enchaîner avec une autre nuit blanche à l’hôpital. Tu souris lorsque ton coloc t’appelle. Tu poses le tricot que tu étais en train de faire et viens t’installer. « Oui j’ai faim ! Et j’m’en fais pas trop, ça devrait pas rester trop longtemps dans le frigo, ça a l’air super bon ! » dis-tu, ajoutant ensuite « Merci d’avoir préparé tout ça, t’es vraiment un coloc en or ! »

@Rory Sainte-Rose
Rory a un peu la même hygiène de vie que moi concernant la nourriture. Les écarts sont rares, les repas consommés sont tous équilibrés, et moi dans le lot, je cuisine souvent, même si ce n'est pas forcément le cas de Rory. Alors, on peut appeler ça de l'entraide, quelque part ! Il est vrai qu'avec son métier, ça semble un peu plus compliqué d'apprendre à cuisiner des plats longs. Autant que je lui serve, ça ne me dérange pas. Je l'ai donc laissé se reposer et c'est l'appelant comme une maman qui appellerait son enfant que j'entame la conversation avec lui. Une fois installé, j'indique que j'ai dû en faire trop, comme d'habitude finalement. "C'est vrai, avec le passage qu'il y a. Tu n'auras qu'à me dire si c'est vraiment bon." Bien que je n'en doute absolument pas. Il s'agit d'une recette qui a été validée par beaucoup de monde. Quand j'invite, je ne fais pas trop d'excentricité sur mes recettes. L'universel, ça a du bon ! "Mais de rien, avec plaisir !" Et tandis qu'on commence à déjeuner tranquillement, j'observe discrètement sa mine, comme pour m'assurer qu'il se soit bien reposé. "Tu bosses encore de nuit ? Pour combien de temps ?"

Même si le repas de ton coloc n’était pas très bon, tu n’irais pas t’en plaindre. On cuisine pour toi, on te fait gagner du temps les semaines où tu en as moins, tu ne vas pas non plus commencer à critiquer la qualité des plats. Tu cuisines aussi, des choses plus simples, surtout quand tes horaires sont un peu plus conventionnels, quand tu ne travailles pas la nuit en somme. Tu ne doutes pas que le plat soit très bon malgré tout et qu’il ne fera pas long feu dans le frigo, les autres n’hésiteront sûrement pas à se servir, même s’il y a des légumes et que l’ensemble est équilibré. Sans attendre plus longtemps, tu entames le plat tout en remerciant Adonis d’avoir cuisiné pour vous. « Je fais toute cette semaine et deux jours la semaine prochaine pour l’instant, mais plutôt en fin de semaine. » Ton planning bouge pas mal, acceptant d’être flexible du moment qu’on te prévient quelques jours en avance et t’opposant quelques fois à certains changements lorsque tu as des impératifs. « C’est très bon. » dis-tu une fois que tu as mangé plusieurs bouchées. « Ça me dérange pas d’être de nuit, l’ambiance est plus calme, j’peux avancer sur mes tricots. Mais j’pourrais pas faire un boulot très actif de nuit, comme toi tu fais au Adam & Yves. » Tu ne t’imagines pas être serveur dans une boîte, c’est complètement à l’opposé de ton boulot où tu peux tricoter, une de tes passions, les moments où il n’y a pas d’urgences dans une des chambres que tu surveilles ou en dehors de tes rondes.

En général, je ne suis pas mécontent des repas que je fais et celui-là n'est pas une exception non plus. La cuisine, ce n'est pas qu'un art, c'est aussi une chose dans laquelle il faut s'exercer pour avoir l'habitude et ne jamais rater ses plats. Je sais aussi que Rory mange un peu de tout, qu'il n'est pas difficile. En même temps, il me semble qu'on a une hygiène de vie assez similaire, lui et moi. Enfin, je pose une question sur son emploi du temps et je hoche la tête à sa réponse. "Mh, je vois." Pour certaines personnes ce n'est pas aisé de travailler de nuit, ou en tout cas, d'alterner entre le jour et la nuit. Mais à l'hôpital, il est nécessaire d'avoir cette flexibilité. Moi, je ne pourrais pas... J'ai besoin de mon sommeil à heures fixes ! "Ravi que tu apprécies." Je lui souris tout en mangeant tranquillement. Et puis finalement, on en vient à mon boulot. C'est vrai qu'il faut beaucoup bouger à mon boulot. Serveur dans une boîte de nuit, ce n'est pas facile mais c'est ce qui me plaît. En tout cas, moi, je n'arriverais pas à passer ma journée à ne pas savoir quoi faire. "Toi et tes tricots, alors." Mon téléphone dans ma poche vibre et pour une exception, je le sors pour regarder la notification. "Désolé, c'est important. Je vais devoir poser un jour de congé la semaine prochaine, je vais participer à une exposition dans une galerie du centre ville."