got your head in the clouds (milo)

Cette période, elle était relativement compliquée pour le jeune Anglais. Les démons du passé qu’il avait tenté tant bien que mal d'oublier refaisaient surface et avec eux leur lot de dérive. Cette petite poudre blanche qu’il gardait précieusement sur lui en tout temps, elle descendait grandement. Les soirées s’enchaînaient et se ressemblaient. Les lendemains difficiles devenaient de plus en plus fréquents. Il en était au point où son appart n’était plus qu’un lieu pour dormir, incapable d’y passer plus d’une demi-heure sans ressentir l’envie de sortir, de boire et surtout de se changer les idées défoncées à la coke. Heureusement, dans tout ça, il y avait les soirées avec Alexis. Une pause dans ce rythme frénétique qu’il avait recommencé à prendre. Venir à Bowen, ça l’avait calmé un temps, mais il ne pouvait pas se résoudre à déménager et changer d’air à chaque rechute. Se sentant replongé dans les mêmes vices que l’année précédente, sans grande échappatoire face à la tentation, le Britannique s’était tourné vers la seule personne qui semblait pouvoir le guider sans qu’il ait à déménager encore une fois: Milo. Il avait de l’expérience avec la sobriété, et même si ce n’était pas le but de Kay, il aurait sûrement de bons conseils. Il lui avait donc proposé de passer au magasin, sachant très bien qu’il pourrait prendre une pause pour discuter avec son pote pendant que son collègue gérait les autres clients. Assis derrière son comptoir, gérant la musique du magasin tout en écoutant les dernières arrivées de vinyles, Kay se retrouvait à pianoter sur son portable plus qu’autre chose. La matinée avait été calme, l'après-midi, s’annonçait de même. Pendant la fête de la mangue, les touristes, c’est n’est pas chez le disquaire qu’ils vont. Ce sont surtout les habitués, qu’il commençait à bien connaître, qui pointaient toujours le bout de leur nez à des horaires hétéroclites. Du coin de l’œil, Kay observait son collègue en pleine explication de l’histoire de la bossa nova à un de ces habitués. Il était bien content que ce ne soit pas tombé sur lui. Avec sa gueule de bois de la veille, il n’aurait clairement pas eu la patience nécessaire pour refaire l’éducation musicale du client. Il fut même soulagé de voir Milo passer la porte pour ne pas avoir à intervenir. Il l’accueillait avec un petit sourire, sautant presque de son tabouret pour venir lui tendre son point pour un check. “Salut mec !” Dit-il relativement enthousiaste. Normalement, Kay, c’est le premier à vouloir conseiller des clients et surtout leur refaire toute leur collection de disques. Il s’en sort avec sa culture musicale et cette passion débordante qui lui permettrait de passer des heures à parler de n’importe quel style musical. C’est grâce à ça qu’il avait obtenu son poste facilement et surtout qu’il assurait sa place. Ce ne sont donc pas quelques gueules de bois au travail qui allaient lui faire perdre son poste. Du moins, pas tant qu’il gardait un minimum de contrôle. “Tu tombes à pic, j’ai la flemme de tout aujourd’hui.” Annonça-t-il à son pote en riant légèrement. “Suis moi, je vais prendre ma pause clope, on sera plus tranquille.” Dit-il en faisant signe à Milo de lui emboîter le pas pour rejoindre l’arrière-boutique. À peine la porte passée, sans attendre, il plaçait déjà une cigarette entre ses lèvres.

T’avais reçu ce message un peu inquiétant de la part de ton ami, Kay. Il était comme toi, dans une mauvaise passe et surtout il consommait pas mal. Toi, tu n’avais rien touché depuis plus de deux ans mais tu avais encore l’envie constante de t’allumer un pétard ou te faire un petit verre de whisky. Mais non, il fallait que tu sois fort. Surtout maintenant que tu étais père, tu avais une responsabilité en plus et une raison de plus pour ne pas consommer d’alcool ou de drogue. Après le message de ton ami, tu avais filé à la boutique où il bosse pour le rejoindre. Tu savais que c’était un temps assez calme pour la boutique de vinyles où les gens ne se précipitaient pas pendant la fête de la mangue. Tu étais rapidement arrivé en skate, et tu l’avais vu dans un coin de la pièce du magasin. « Hey, dude » dis-tu simplement avec un sourire, ton skate sous le bras. Tu arrivais à sa hauteur pour le saluer en lui serrant la main. Il semblait très content de te voir et c’était réciproque. « Grosse soirée, hier soir ou quoi ? » demandas-tu à ton ami quand il te disait qu’il était au bout de sa vie. Tu le suivais vers l’extérieur du magasin pour que vous puissiez vous en grillez une tous les deux. Une fois à l’extérieur, tu sortais ton paquet de ta poche de jean et tu sortais une clope. Après l’avoir allumé, tu levais les yeux vers l’anglais. « Comment ça va, sinon ? » demandas-tu avec un sourire.

Les patterns redevenaient les mêmes récemment. S’il n’était pas déjà passé par là, Kay ne se serait sûrement pas inquiété de ses consommations abusives de ces derniers temps. Peut-être aussi, que la situation avec Alexis jouait dans sa prise de conscience. Elle luttait de son côté avec une addiction, ouvrant un peu les yeux au Britannique à son tour. Il avait déjà essayé de tout résoudre par lui-même et force est de constater qu’il n’arrivait plus du tout à gérer seul. Alors mieux vaux tard que jamais, il avait finalement décidé de prendre contact avec Milo et le voir présent si vite, ça lui faisait déjà du bien. “Grosse semaine surtout, oui.” Admit-il à son pote. S’il y a bien quelqu’un avec qui il pouvait être totalement honnête, c’est avec lui. Parce que si le problème avait été juste une petite soirée isolée, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. Ils s’allumaient tous les deux une cigarette, bien au calme derrière la boutique. “Honnêtement, j’ai l’impression que ça va… J’ai toutes les raisons pour que ça aille bien. Mais je fais un peu n’importe quoi en ce moment.” Avoua-t-il avant de tirer une longue taffe sur son bâton de nicotine. Il l’avait contacté pour un sujet précis, alors autant aller dans le sujet directement. “J’suis retombé dans un cercle vicieux. J’arrive plus à rester tranquille ou à faire une soirée sans abuser… Honnêtement, je suis épuisé, mais j’arrive plus à stopper.” C’est bien la première fois qu’il avouait tout ça à voix haute devant quelqu’un. Normalement, il balayait les questions avec des sourires et de la nonchalance. Une technique qui lui permettait surtout de fermer les yeux sur tout ça.

Les addictions c’étaient la plaie de ta vie. Et en ce moment, avec toutes tes histoires, t’essayais de lutter contre ces dernières. Tu faisais de plus en plus de réunions des alcooliques anonymes pour t’aider à surmonter tout ça mais il y avait aussi tes amis. Mais tes amis avaient aussi besoin de toi, c’est pour ça que tu avais débarqué au boulot de ton pote, Kay. Il avait l’air fatigué, alors tu lui demandais s’il avait passé une rude soirée mais apparemment c’était plutôt une semaine entière. « Ah oui, tu rigoles pas, toi » dis-tu avec un léger rire. Tu préférais parler avec plus de légèreté, peut-être que ça lui ferai du bien. Azriel avait fait ça avec toi, quand tu commençais à t’en sortir tout doucement alors peut-être que ça peut marcher avec quelqu’un d’autre. Et c’est là où il commençait à se confier de plus en plus à toi. Kay semblait être retombé dans un sacré cercle vicieux et il voulait de l’aide. Tu prenais place à côté de lui, prenant une taffe de ta cigarette. Et en expulsant la fumée de tes poumons, tu lui répondais. « T’as envie de tout stopper ou pas ? » demandas-tu simplement à ton ami avant de reprendre. « Parce que tu sais, pour s’en sortir il faut d’abord le vouloir et ça c’est le plus important » dis-tu en suivant avant de reprendre une bouffée de nicotine. Tu levais les yeux vers ton ami pour ne plus les avoir sur ta cigarette et tu reprenais une nouvelle fois. « Tu devrais peut-être arrêter de sortir, pour ne plus avoir ce genre de tentation. Enfin quand je dis arrêter, je dis juste calmer le jeu quoi » ajoutas-tu avec un petit sourire en coin.

Les soirées s’enchaînaient et les pertes de contrôle avec elle. Il avait toujours eu un souci avec la modération Kay, incapable de s’arrêter une fois lancé. Ça pouvait lui jouer des tours et surtout jouer sur son niveau de fatigue. Clairement, là, c’est un Kay exténué qui se trouvait devant Milo. C’est bien pour ça qu’il avait sonné la sonnette d’alarme et qu’il l’avait contacté pour en parler. Alors qu’il déballait un peu son sac, le brun lui demandait s’il avait vraiment envie de stopper. La question qui fâche. C’est bien connu que pour y arriver, il faut le vouloir, et ça Kay, il n’en était absolument pas sûr. Il se sentait un peu honteux vis à vis de ça d’ailleurs. “Je… J’me sens un peu hypocrite, je t’avoue.” Commença-t-il avant de soupirer. “Je sais que je suis en train de me faire du mal, mais je n'ai pas envie de tout stopper. J’avais trouvé un semblant d’équilibre y a un an. J’aimerais bien retrouver ça.” Consommer, mais avec modération. Ça semblait être impossible pourtant. Il avait un passif trop extrême Kay pour réussir à tenir comme ça sur le long terme. Milo proposait qu’il arrête de sortir et cette phrase, c’était presque une vision d’horreur pour Kay. “Mais mec, j’aime trop ça, j’ai besoin de sortir.” Dit-il, légèrement paniqué par l’idée de rester chez lui. “En plus, j’ai chopé un taff de DJ au A&Y’s, je peux plus vraiment éviter les sorties.” Dit-il en se grattant nerveusement la nuque. Au final, ce taff, Kay le voyait d’un bon œil, parce qu’une fois concentré dans la musique, il serait moins tenté de consommer trop.

Tu voyais bien qu’il voulait quand même y mettre du sien pour aller mieux. C’était peut-être pas de la meilleure façon mais au moins il essayait. Et ça te faisait plaisir de le voir. Malgré tout, il était coincé dans une spirale infernale dont il n’arrivait pas à se défaire. Et tu étais là pour l’aider même si tu étais totalement vulnérable en ce moment. « De toute façon, tu peux pas arrêter tout d’un coup par toi-même. Si t’arrives à te réguler, à avoir une consommation propre et que tu n’es pas non plus dans l’excès, ça devrait aller » dis-tu avec un sourire bienveillant. « Mais bon, j’vais être le petit ange sur ton épaule qui va te dire qu’à un moment il va falloir tout arrêter, pour ta santé » soufflas-tu simplement. C’était le discours que tu avais fait à Effy y’a quelques mois, mais en plus violent, en plus dur dans tes paroles. Et tu voulais que les gens comprennent que c’était pour leur santé que tu disais ça. Et aussi pour la tienne parce que continuer à fréquenter des gens qui consomment, ça ne t’aide pas. Il avait ce besoin de sortir, et tu comprenais totalement. « Je sais, je sais » dis-tu en posant une main sur son épaule, un sourire bienveillant. « Oh, mais c’est une bonne nouvelle ça ! » dis-tu avec un grand sourire. « C’est sûr que bosser dans une boîte ça va pas t’aider mais peut-être que ça peut t’aider à te réguler parce qu’il faut que tu sois un minimum lucide pour jouer » finis-tu en haussant les épaules.

Il y a des phases dans la vie du jeune Anglais où tout allait bien. Il savait gérer ses consos sans être totalement dans l’abus et surtout, en sachant quand arrêter. Il y avait aussi ces périodes, comme celle qu’il vivait actuellement, où il se sentait glissé dangereusement. S’il avait tendance à se mettre des œillères et à faire comme si tout allait bien, il se rendait bien compte aujourd’hui qu’il ne pouvait pas fuir le problème indéfiniment. Milo avait bien raison, pour sa santé, ça allait devenir bien nécessaire à un moment. “T’as réussi toi ?” Demanda-t-il vaguement. “À avoir une consommation propre avant d’arrêter, j’veux dire.” Continua-t-il comme pour mettre au clair la discussion pour lui-même plus que pour Milo. C’est qu’il avait cherché cet équilibre bien longtemps Kay. Il pensait avoir réussi le plus dur en arrivant à Bowen, mais il faut croire que les habitudes reviennent bien vite au galop. En plus de ça, il allait être amené à sortir encore plus à partir de maintenant. Ça pouvait bien être à double tranchant pour lui. Milo le comprenait bien et ça aidait pas mal le Britannique à relativiser. “Ouais, j’espère que je ne vais pas faire n’importe quoi, c’est la première fois que je vais mixer sérieusement, je n'ai pas envie de foirer.” Dit-il avec un petit sourire. Mine de rien, il pouvait être détaché de tout Kay, être le mec qui ne prend rien au sérieux et qui se laisse porter, mais un certain stress venait avec ce job au A&Y. Pour la première fois, il allait mixer avec une certaine attente sur ses épaules, c’est autre chose que de faire sa vie en soirée et faire danser les gens pour le fun. “Et bon… Par-dessus tout ça, je retourne en Angleterre quelques semaines bientôt et je sais comment je suis là-bas…” Il baissait les yeux un peu coupables. Ce voyage pouvait lui faire autant de bien que de mal, il appréhendait autant qu’il en était impatient. “Mais je te balance tout là, désolé.” Dit-il finalement en riant, un peu gêné de parler autant. “Toi, comment ça va ?” Avec son nouveau statut de père, ça ne devait pas être évident pour lui non plus.

TW : mention de drogue et overdose dans ce rp

Aider Kay, c’était important pour toi. Ça te rappelait à quel point tu avais été faible à tes débuts et tu aurais aimé qu’on t’aide. Non pas que le jeune anglais soit faible, loin de là ! Mais tu aurai aimé avoir quelqu’un pour te sortir de là, quelqu’un qui avait réussi à s’en sortir. Parce que la seule personne qui t’avait aidé c’était Sacha et il n’était pas clean non plus. « J’ai essayé, j’me suis dis que sur un malentendu ça pouvait marcher » soufflas-tu en baissant les yeux avant de reprendre. « Mais quelle connerie, j’ai fais une overdose et j’me suis retrouvé à l’hôpital » dis-tu en gloussant de gêne. Tu te moquais de toi-même, réellement. Le jeune Armstrong te confiait qu’il venait de décrocher un contrat dans une des boîtes de nuit de Bowen. T’étais content pour lui mais tu savais que c’était le paradis pour les camés comme vous. « Je comprends… Ça va être dur de pas forcément consommer ou de prendre que très peu. Mais si t’as besoin, j’peux t’accompagner pour ton premier set » dis-tu avec un sourire bienveillant. Tu voulais qu’il s’en sorte, ou du moins qu’il arrive à son but de consommer moins de drogues. C’était pas facile, ça serait un long périple mais t’étais là à ses côtés. « Tu pars tout seul ? » demandas-tu sérieusement ensuite. S’il avait quelqu’un pour l’aider, peut-être que ça serait plus facile de gérer sa consommation. Mais bon, même avec quelqu’un ça peut mal tourner. « T’en fais pas, tu m’as appelé pour ça et j’suis là » dis-tu avec un rire et un sourire bienveillant. T’étais pas dans ta meilleure forme mais aider les autres ça te faisait du bien. « Je… j’m’adapte encore au fait d’être papa, c’est dur. J’ai des problèmes avec mon ex enfin… c’est pas facile et j’ai bien envie de boire un coup pour que ça aille mieux comme les gens normaux » répondis-tu avec un rire un peu gêné.

Une grimace perça le visage du Britannique à l’écoute du mot overdose. Tout de suite, une vague d'émotions le traversait, sans qu’il ne puisse rien y faire à part serrer la mâchoire le plus fort possible. “J’ai.. hum…” Il marquait pas une pause, cherchant encore ses mots là-dessus. “Je ne sais pas si je t’ai déjà dit ça. Mais j’ai mon meilleur pote qui est décédé d’une overdose l’année dernière.” Annonça-t-il finalement, la voix brisée par l’émotion. Milo s’en était sorti, mais c’était un exemple de plus qu’on n'est jamais à l'abri. Ce genre de merde, ça peut frapper tout le monde, même si l’on se croit invincible. “C’est sympa, merci, mais j’veux pas te mettre non plus dans une atmosphère qui pourrait être aussi compliquée pour toi.” Dit-il en souriant tout de même à son pote. S’il était totalement honnête, Kay, il saurait qu’il ne fait pas ça pour Milo. Non, il ne refuse pas pour qu’il ne soit pas tenté, mais plutôt pour que lui puisse succomber à la tentation à la première occasion. Perdu dans ce cercle vicieux de consommation, il n’arrivait même plus à être honnête avec lui-même et le pire restait à venir avec le torrent d'émotions qu’il allait devoir affronter à Bristol. “Je pars avec ma copine. J’appréhende un peu de faire le con devant elle, je t’avoue.” Dit-il en se grattant nerveusement la nuque. Heureusement, il restait encore un peu de tabac dans sa clope, seul remède dans ce genre de cas. Surtout qu’il avait l’impression de se plaindre pour rien, face à un Milo fraîchement papa. “T’arrives à tenir pour le moment ? À ne pas craquer ?” L’anglais posait un regard soucieux sur son ami. Ce serait dommage de craquer après tous les efforts qu’il avait pu faire. “Vous gérez comment la garde du petit ?” Mine de rien, ce détail semblait avoir son importance. La vie sentimentale de Milo semblait être un petit bordel, pas évident de naviguer là-dedans.

L’anglais te confia que son meilleur ami était décédé d’une overdose l’année passée. Tu faisais la grimace en posant une main sur son épaule, une main bienveillante. « Oh wha, j’suis désolé, bro’ » dis-tu simplement, l’air vraiment désolé. Tu ne voulais pas lui rappeler de mauvais souvenirs non plus, c’était pas le but. Au contraire, tu voulais juste l’aider. « T’en fais pas pour moi, je gère. J’ai envie de t’aider, c’est tout » soufflas-tu avec un sourire en coin. Il avait peut-être pas envie de t’avoir dans les parages pour sombrer dans les excès, du moins pour le premier soir. T’aurai surement envie de la même chose. Mais tu ne voulais pas qu’il finisse comme toi, ou comme son meilleur ami. Il te disait ensuite qu’il avait prévu de rentrer chez ses parents pour un voyage, et ça te faisait un peu peur, comme à lui. Les tentations allaient être plus présentes, dans son pays natal, tu le savais. Quand tu retrouves ton entourage, etc, t’as envie d’être dans le même état qu’eux. Ça te ferait la même chose si tu revenais chez toi, dans le sud de la France. « C’est une bonne raison de pas déraper, ça ! » dis-tu simplement avec un mince sourire. Elle pourrait surement l’aider à surpasser cette addiction ou du moins peut-être à la calmer. Tu ne connaissais pas vraiment son amie, alors tu ne pouvais pas trop savoir comment ça allait se passer. C’était à ton tour de te confier. Ta vie, William, Freja, Effy… Tout ça c’est compliqué à gérer pour toi. Mais tu essayes de faire de ton mieux. « C’est dur, mais ça va. Mes colocs sont là pour m’aider, j’ai pas de tentation à l’appartement grâce à eux » avouas-tu à l’anglais. Elias et Azriel faisaient tout pour ne pas ramener d’alcool à la maison, ni de drogue et que tout soit consigné ailleurs, sans que tu le saches. Et tu les remerciais beaucoup pour ça. « C’est Freja, la maman, qui le garde. J’vais le voir souvent. Mais j’peux pas le garder tout seul, j’en suis incapable » dis-tu en te pinçant les lèvres. Tu te sentais démuni, t’avais l’impression d’être le pire père pour cet enfant.

Ce n’était jamais évident pour Kay de s’ouvrir au sujet de Mickey. Déjà, parce qu’il n’avait pas envie de revivre trop souvent ce déchirement, mais aussi parce qu’il avait l’impression que la plupart des gens ne le comprendraient pas. Avec Milo, c’était différent. Il était lui-même passé par là. “Ce serait cool si on pouvait s’aider mutuellement. J’suis pas le meilleur pour ça, mais à deux on sera toujours plus fort, non ?” Dit-il, pas certain de croire vraiment à ses mots. C’est plus comme s’il essayait de se convaincre lui-même à ce stade. Il était dans une position étrange le Britannique, incapable de s’en sortir pour lui, mais capable de faire des efforts pour les autres, comme s’il n’avait jamais trouvé de bonnes raisons de s’en sortir pour lui-même. Partir pour l'Angleterre, ça pouvait sembler dangereux, mais au moins, avec Alexis dans les parages, il avait un petit espoir de se tenir. “Une bonne raison, mais aussi un risque. Je tiens énormément à cette relation, j’ai pas envie de tout foutre en l’air, mais… Une part de moi cherche constamment le chaos, on dirait.” Admit-il en grimaçant. Il pouvait agir de façon auto destructive parfois le Britannique et malheureusement, ça pourrait avoir des répercussions néfastes sur son couple, même s’il a envie de bien faire les choses. Il était curieux de savoir comment Milo s’en sortait de son côté. Sa situation était loin d’être la plus évidente. “C’est bien d’avoir du soutien chez toi.” Dit-il en lui affichant un sourire sincère. Kay connaissait pas mal Elias, c’est grâce à lui qu’il avait rencontré, Milo d’ailleurs, il le savait entre de bonnes mains avec lui. “C’est toi qui t’en sens incapable ou t’as déjà fait l’expérience et ça s’est mal passé ?” Demanda-t-il ensuite, sincèrement curieux. Pourtant, une part de lui n’avait pas envie de dépasser les limites non plus. “Tu me dis si je pose trop de questions, hein.” Ajouta-t-il avec un petit rire désolé. C’était peut-être un sujet tendu pour lui, après tout.

Tu ne connaissais pas toute cette histoire avec le meilleur ami de Kay. C’était tout nouveau pour toi. Mais tu comprenais pourquoi il pouvait s’enfoncer dans la drogue. « Bien sûr qu’on est plus fort à deux, et j’serai toujours là pour toi buddy » dis-tu en lui attrapant la main pour la serrer, comme pour sceller un pacte. Un sourire bienveillant sur le visage pour lui montrer que tu étais là pour l’aider, c’était ce que tu lui donnais. Tu voulais que l’anglais se sente entouré et bien. Et tu connaissais toutes les étapes du sevrage, elles étaient dures. On t’avait peu aidé, alors si toi tu pouvais aider quelqu’un, c’était gratifiant. « C’est normal, Kay… Parce que tu te raccroches à ça, tu penses que t’en as besoin de ce chaos pour que ta vie fonctionne. Enfin, c’est un truc lié à ton cerveau quoi » dis-tu en baragouinant quelques mots. C’est ce qu’on t’avait expliqué en cure. Tu penses avoir besoin de tout foutre en l’air pour vivre, que ça t’aide à relâcher la pression et que tu te sens mieux, sans te prendre la tête. Tu offrais encore un sourire bienveillant au jeune homme, il pouvait compter sur toi et ton aide, c’était certain. T’allais pas le laisser galérer comme ça alors que tu savais à quel point c’était dur. Tu grimaçais quand on parlait de ton fils et de sa garde. Ça devenait de plus en plus dur avec William, parce que tu avais les addictions qui revenaient et tu voulais reprendre quelque chose pour t’aider avec tout ce qu’il se passe dans ta tête. « T’en fais pas, tu poses pas trop de question, ça fait du bien d’en parler » dis-tu avec un léger rire avant de reprendre ton sérieux. « J’m’en sens pas capable. M’occuper d’une vie si innocente, si fragile alors que j’ai du mal à me gérer moi, j’me dis que j’suis pas encore prêt » soufflas-tu simplement en t’asseyant sur ta board. « Mais j’vais le voir, des fois je le garde la journée quand Freja travaille, mais jamais trop longtemps » dis-tu en haussant les épaules.

C’est tout de même rassurant de savoir que ce que l’on traverse, quelqu’un d’autre là déjà traversé, qu’on n'est pas seul et qu’on a toujours un ami sur qui compter. Au final, Kay, il ne s’ouvrait pas souvent sur ce genre de sujet, mais avec Milo, c’est différent. Milo, il comprend. C’est le seul à vraiment pouvoir comprendre sans jugement. “Je ne sais pas si je dirais que ma vie fonctionne avec le chaos, c’est plus une sensation de… J’sais pas… Comme un manque de confiance en moi. Comme si le chaos, c’était la finalité logique, parce que je ne mérite pas mieux.” Dit-il en grimaçant. Il n’était pas sûr de faire totalement sens, là. Il partait dans des explications improvisées face à son pote, le genre de truc qu’il aurait peut-être dû garder pour un psy, mais plus de retours en arrière possible maintenant. Kay gardait tellement ce genre de réflexions pour lui, qu’il ne semblait pas trouver les bons mots pour s’expliquer. Ça paraissait donc plus simple de tourner la conversation sur Milo, sur sa situation actuelle et sur son rôle de père. Le Britannique hocha la tête à chaque mot de son ami, signe qu’il comprenait ses paroles. “Tu vas à ton rythme, c’est le principal. C’est sûrement mieux que de se forcer sans être prêt et de se foirer royalement.” Dit-il avec un petit sourire compatissant aux lèvres. Élever un enfant, ça représente des responsabilités effrayantes. Que Milo soit présent et fasse de son mieux, c’est déjà mieux que certains parents. “Avant ça, t’avais déjà réfléchi à la paternité ?” Demanda-t-il, assez curieux de la réponse. Il se sentait tellement à des années-lumière de ça, Kay, même pas certain de vouloir des enfants un jour. Alors, ça l'intéressait pas mal d’avoir le point de vue de son ami sur tout ça.

Quand tu entendais les paroles de ton ami, tu avais l’impression de te voir quelques années plus tôt. Même encore maintenant. Tu as cette constante impression d’attirer le chaos et les problèmes. Comme si ils étaient magnétisés avec toi, quoi que tu fasses, quoi qu’il arrive. « Je comprends » dis-tu en soufflant en posant ta main sur son épaule avant de reprendre. « Mais c’est pas le cas, mec, tu mérites pas tout ce chaos et tu mérites bien mieux, j’te l’assure » ajoutas-tu avec un sourire sur tes lèvres comme pour le rassurer. C’était délicat de gérer avec des idées comme ça, ces idées noires qui ne quittent pas votre tête et qui sont constamment entrain de vous jouer des tours. T’en avais conscience, tu savais l’effet qu’elles avaient ces idées néfastes. Puis, vous en veniez à parler de ton nouveau rôle de papa. Ça aussi c’était difficile, et ça te mettait des bâtons dans les roues. « J’fais de mon mieux mais j’pense que c’est pas suffisant, enfin j’en ai pas l’impression » dis-tu en tirant sur ta cigarette. A la question de Kay, tu te mettais à rire, un peu nerveusement. Être père ? Jamais de la vie ça ne t’était passé par la tête. « J’suis encore un enfant, jamais j’ai pensé qu’un jour un petit être si fragile pourrait venir de moi » dis-tu toujours en riant nerveusement. « Mais c’est arrivé, et j’dois deal avec toutes ces émotions, tous ce chaos constant, celui dont tu parlais tout à l’heure… » dis-tu simplement en reprenant un ton plus calme.

Le chaos, c’est un peu comme un pote qu’on n'a pas demandé à se faire. Il est là, au début, c’est chiant, mais après, on s’y fait. On s’habitue et on finit par le tolérer. Kay, il le voyait comme ça en tout cas. Comme une partie de lui dont il n’arriverait pas à se débarrasser alors il avait appris à faire avec. “Plus facile à dire qu’à emmagasiner, j’pense.” Répondit-il à son pote en riant légèrement. Un rire jaune, empli d’impuissance. C’est bien beau de se dire qu’on mérite mieux, mais comment faire disparaître le chaos ? C’est une tout autre question. Une à laquelle Milo pouvait bien s’identifier, parce qu’à n’importe qu’elle étape de la vie, ce chaos, il restait bien tapis dans l’ombre prêt à sortir au moindre obstacle. “Si tu fais déjà de ton mieux, qu’est ce que tu peux faire de plus ?” Demanda-t-il, bien curieux de la réponse. Ce genre de mentalité, ça s’applique sur la paternité de Milo, mais ça s’applique aussi sur bien d’autres sujets. “T’as eu un bon exemple en guise de père ?” Il essayait de creuser, Kay, certainement plus à l’aise à parler de Milo que de lui. “C’est facile de se projeter sur certaines idées tant que ça ne nous arrive pas, je pense. On est jamais prêt pour rien au final.” Ajouta-t-il, presque plus pour lui-même que pour Milo. Kay, il s’était toujours dit qu’il n’aurait pas d’enfant, pas apte psychologiquement à assumer ce genre de rôle. Pourtant, parfois, on se fait prendre de court. Même s’il tentait aujourd’hui de s’y préparer, jamais il ne serait capable de bien le faire, parce qu’une fois devant le fait accompli, c’est bien différent.