and on your machine I slur a plea for you to come meet me (aisling)

T’éclatas de rire, toi aussi. T’avais pas besoin d’Aisling - ni de personne d’autre d’ailleurs - pour faire des conneries dans la vie, mais c’est vrai que tu te montrais plus sage et raisonnable avec certaines personnes qu’avec d’autres. Bon, celles avec qui t’étais plutôt calme se comptaient sur les doigts d’une seule main, à bien y penser, mais dans tous les cas Aisling était au top de ton palmarès de personnes peu fréquentables. « De toute façon … ça reste notre secret, tout ça, non ? » En tout cas, toi, tu ne racontais généralement pas trop comment tes rencontres avec Aisling se déroulaient. D’un œil extérieur, vous auriez probablement l’air bien trop intenses ou méchants. En même temps, tu te disais que ce n’était pas le genre de ton amie de s’en cacher, alors peut-être bien qu’elle racontait vos idées folles à qui voulait bien les entendre, tout compte fait. « C’est nul, ça, de faire ça que pour moi. » Tu voulais que sa colère trouve sa source dans ses propres déboires. Elle devait bien avoir en tête quelques trucs qui lui déplaisaient et dans lesquelles elle aurait voulu mettre la hache, non ? Ton amie en nomma effectivement quelques-uns. « Amen ! » Lâchas-tu tout simplement, puisque finalement, la liste était plutôt longue. Avec toutes ces sources de défoulement fraîchement dans la tête, Aisling lança finalement sa hache, pour ce fameux tir sur lequel t’avais parié cent dollars. Elle planta la hache directement dans le visage de ton ex. Impressionnante. Tu éclatas de rire en regardant Aisling courir partout, tournant sur elle-même, la tête levée vers le ciel. C’était quand même bon de la voir s’amuser autant. Ça valait bien cent dollars. « Du coup, c’est vraiment en verres, que tu les veux, ces cent dollars ? Va falloir sortir plus souvent ! » Les prochains mois allaient te coûter un bras, niveau sorties dans les bars ! Pas grave, t’assumais.

Elle esquissa un sourire et acquiesça d'un signe de tête quand il lui posa sa question. A qui donc pourrait-elle le dire ? Bon, Isaiah, peut-être... Il faut dire qu'ils n'avaient pas beaucoup de secrets l'un pour l'autre. Et puis elle éviterait de rentrer dans les détails, elle était presque certaine qu'il n'approuverait pas ce genre de choses.

-Ouais, j'vais éviter de le crier sur tous les toits, sinon Sahar va me tomber dessus en sortant de nulle part, et là j'vais avoir de vrais problèmes.

Parce que cacher un corps, quand même, c'est plus compliqué qu'une photo trouée.

Est-ce qu'on pouvait être véritablement en colère pour quelqu'un ? Brièvement, Aisling se posa la question. Est-ce qu'elle pourrait vouloir faire du mal à quelqu'un par empathie pour quelqu'un d'autre ? D'aucuns diraient sans doute qu'elle n'était pourtant pas la personne la plus empathique qui soit, et pourtant, pour ses rares ami·e·s, l'air de rien, elle s'impliquait sans concession. Mais évidemment, il y avait d'autres choses qui la mettaient en colère, dans sa vie de tous les jours. Elle se retint de rire au "Amen" qu'Oskár prononçait alors. Elle ne sut pas, d'ailleurs, si c'est ce déversement de sources de colère qui lui permit de toucher la cible avec autant de précisions, mais le fait est qu'elle l'atteignit on ne plus parfaitement - peut-être devrait-elle se mettre aux fléchettes ? Et c'est bien parce que ce lancé était particulièrement inattendu - et parce qu'elle avait un peu bu - qu'elle était aussi joyeuse.

-Peut-être qu'on devrait compter la bouffe aussi avec ces cents dollars, sinon j'sais pas pour combien de temps on en a.

Elle eut un léger rire et finit par s'asseoir au sol.

-Enfin, ça ferait une bonne raison de se voir plus souvent. Je ne suis pas contre. Je serais un peu plus à jour de ta vie, plutôt que de l'être seulement de tes débuts et fins de relation amoureuse.