Detlev Schröder - Un rendez vous

Angoissée. Complètement stressée je l'étais, avant qu'il n'arrive. J'avais invité un homme à faire à manger dans ma nouvelle maison, Pénélope était chez Magali pour la nuit, et j'avais rangé, nettoyé la maison pendant toute l'après midi. Pas qu'elle soit super crade, mais j'étais très angoissée de devoir repasser par les sites de rencontres, et les rencontres tout court, alors que je venais de me marier et divorcer en moins de deux mois. J'étais nulle à ça, et super angoissée.

Je me regardais dans le miroir, petite robe rouge à fleurs, cheveux détachés, et un brin de mascara sur les yeux. Okay, j'allais le faire, j'allais passer une bonne soirée avec un inconnu, et bien manger. Je retassais les coussins dans le canapé, avant d'aller ouvrir la porte, et tomber sur un grand, très grand blond, barbu, qui avait un regard tendre.

- Bienvenue... chez moi.

Je lui ouvris la porte en grand - la maison était petite 80m2, un salon avec cuisine ouverte, deux chambres, une salle de bain et un toilette séparé. Le gros point fort de cette maison, c'était le jardin devant, et le jardin derrière la maison, où nous avions planté plein de choses et notamment un potager.

J'avais acheté la maison d'un ami, avant le divorce, parce que vivre sous le même toit de Knox était devenu impossible. L'accident, la fausse couche, apprendre que mon mari était déjà marié, et le divorce, avaient largement contribué au besoin de me tirer vite fait, bien fait.

- De quoi as tu besoin ? Est ce que... je cuisine très mal, genre... vraiment horriblement mal, mais si tu m'indiques ce que je peux faire, je peux aider ?

la maison de Mercy :

Spoiler:

En ce moment, je perds complètement la carte ! Depuis que Orso à ramener le sachet de poudre blanche à l'entourage, je sais que j’ai perdu pied et que je suis de nouveau accro… C’était trop facile de replonger, c’est plus facile de consommer que de continuer de faire comme si tout allait bien ! Plus les mois passent et plus l’anniversaire de la mort de ma belle approche ! Je ne suis pas prêt à affronter ça ! Je ne suis pas assez fort pour ça ! Je suis au bout de ma vie !

Je traînais parfois sur l’application de rencontre, j’ai commencer à parler à une jeune femme du nom de Mercedes et assez directe, elle m’avait demander pour que l’on se rencontre. Je me suis donc arrangée pour être à mon avantage, même si j’allais devoir cuisiner. J’allais faire un repas assez simple et qui n’était pas moins délicieux ! Un pantalon gris anthracite et une chemise bleue qui s'agencent parfaitement à mes yeux !

J’arrive à l’heure avec un sac de provisions.  La demoiselle qui m’accueille est très charmante et je lui souris. « Merci de me prêter ta cuisine ! » Je lui fait la bise et je rentre dans la maison, là suivant jusqu’à la cuisine. « Je vais peut-être juste avoir besoin d’indications pour l’es couteau et les chaudrons. Sinon tout devrait être bon. Fait juste profiter de la vue ? » Je dis avec un sourire charmeur la cocaïne se fait sentir un peu dans mon corps puisque j’ai pris une ligne pas longtemps avant d’arriver, mais je ne pense pas que ça paraisse !

- Ah oui euh les couteaux sont dans le second tiroir, et les chaudrons comme tu appelles ça, sont sous les plaques...

Il me parlait de profiter de la vue, et je fronçais les sourcils, en regardant par la fenêtre.

- Oh euh... et bien j'ai pas une vue aussi époustouflante que ça pour le coup j'ai les voisins et la ru... Ah d'accord, tu parlais de toi, pardon... je suis pas très bonne dans tout ça;

Un grand sourire, le genre hyper charmeur et bien sapé, il débuta la cuisine, et je lui offris un verre de vin ou une bière à sa convenance.

- Tu as donc ton resto ou tu bosses dans un resto ?

La coutume voulait qu'on apprenne à se connaître, à discuter d'un peu de tout, voir si on avait des atomes crochus, ce genre de choses. Je bus deux grandes gorgées de vin, allant m'appuyer sur le comptoir pour le regarder cuisiner et suivre la discussion.

-que fais tu de beau à Bowen, tu es bien loin de chez toi ?

En arrivant, je suis rapidement accueilli par la propriétaire des lieux et je la suis jusqu’à la cuisine. Histoire de pouvoir lui concocter un bon petit plat. Je suis dans un état de high un peu vu ce que j’ai pris avant de venir. Du coup, je suis plus sociable que d’accoutumé et j’ouvre les tiroirs et armoires qu’elle m’indique en la remerciant, sortant ce dont j’allais avoir besoin. Ce ne sera pas de la grande grande gastronomie, mais un plat simple et délicieux. J’ai déjà faim et je n'ai encore rien commencé. Je commence à laver les légumes et je rigole doucement.

“T’en fais pas, j’ai voulu faire une blague pour détendre l’atmosphère, je ne suis pas très doué dans ce genre de trucs non plus. ”

Je prends la bière qu’elle m’offre pendant que je commence à couper les légumes. Abandonnant cette tâche pour remplir la casserole d’eau et la mettre à bouillir après avoir mis du sel dans l’eau. Le sel est un élément que beaucoup essaye de réduire, mais c’est souvent ça qui fait toute la différence.

“Je bosse dans un resto pour le moment, mais j’aimerais bien essayer d’ouvrir un club de boxe avec des suivi en nutrition pour les personnes qui s’entraînent avec moi. Tu vois avec des plats préparés pour les diètes spéciales, les gens ont de moins en moins de temps pour cuisiner et moi j’aime bien. Sauf que ce n’est qu’un projet pour le moment.”

Je prends une gorgée de bière avant de chauffer doucement le poêlon pour faire cuire la viande et un autre que je prépare pour les légumes. “Je suis loin de chez moi parce que je suis venu chercher des réponses ici, j’ai voulu aussi recommencer un peu à neuf, j’avais trop de mauvais souvenirs en Allemagne et j'espérais trouver ici ce qui m’a toujours manqué. Ce n'est pas un très grand succès, pour ma part. ” Je sors ensuite le poulet que je commence à trancher en fines lanières. “Mais je ne suis pas le seul loin de mon pays, pourquoi tu as choisi de t’installer ici plutôt qu’aux États-Unis ?”

Je fus rassurée de sa réponse, il n'était pas doué dans ces trucs, moi non plus, ça allait sans doute faciliter la communication ! Prenant ses aises dans la cuisine, je le regardais faire tout en l'écoutant, sirotant mon verre de vin, et ce qu'il me disait était emprunt d'une certaine tristesse, mais je ne voulus pas creuser, il parlerait plus tard, s'il en ressent le besoin. Je n'étais pas du genre à forcer le passage des confidences, on avait tous une vie, plus ou moins chaotique. Quoique chez moi, elle était clairement chaotique ! Bref.

Et non, pas de bref, il me renvoya, légitimement, la question sur le fait de ne pas être chez soi. Je grimaçais en le regardant, secouant la tête en signe de négation floue.

- Et bien, je répondrais de manière évasive, je suis venue pour le travail, il y a deux ans, et je ne peux plus repartir, pour que ma fille voit encore son père.

Mais c'était vraiment la version abrégée de l'histoire, parce que s'il fallait creuser un peu : Pénélope est la fille de la sœur de mon ex mari, décédée dans un accident il y a quelques années déjà, et j'étais sa fille au pair, avant de devenir sa mère par interim, avant de devenir sa mère adoptive, de me marier avec son oncle/père de 13 ans mon ainé, et de divorcer pour l'emmener avec moi... TADA !!!

Je bus une grosse gorgée de vin, pour compenser ce qui je venais de penser, et le regardais.

- Je ne suis pas alcoolique si c'est ta question intérieure, en réalité, ma vie est une télé Novella de laquelle j'ai beaucoup de mal à m'extirper. Et on ne se connait pas assez pour que je m'épanche sur tout... et il manquerait tellement d'autres bouteilles d'alcool pour ça... le genre à risquer le coma éthylique. Je ris doucement, en ayant dit tout ça avec le sourire crispé au possible. Bref, parles moi de quelque chose de différent, un truc qu'on ne sort pas à un rencard Bowetie, ou Tinder, un truc... original.

TW: Consommation alcool, langage mature, dépression

La conversation s’entame rapidement, c’est pas si mal il ne semble pas avoir trop de gêne entre nous. Mais nous ne semblons quand même pas totalement à l’aise non plus d’utiliser ce genre d’application. Pour moi, c’est un peu une première fois, avant je n’avais pas de ça, j’avais Agnes, putain qu’elle me manque, j’arrive pas à passer au dessus et bien que la jeune femme soit très jolie et attirante, elle n’est pas celle que je voudrais vraiment, puisque celle-ci est inaccessible maintenant. On parle de nos pays d’origine et voilà, on fait bonne figure pour se poser des questions comme ça. Je continue de cuisiner tout en buvant un peu de bière.

“Vu comme ça, tu as une bien bonne raison de rester au pays, j’espère au moins que tu t’y plais.”

J’essaie quand a moi de me créer une nouvelle vie et essayer d’oublier le passé, même si en vrai ce n’est pas idéal d’avoir une famille qui ne me reconnaît pas à proximité, ou encore de travailler avec mon demi-frère.

Je ne pousse pas pour essayer d’en savoir plus, je ne veux pas la mettre mal à l’aise et je sais que ce n’est pas toujours facile de parler, de dire ce que nous avons sur le coeur et ce qui fait notre malheur, parce que je crois voir la douleur dans ses yeux quand elle parle, je crois la voir, mais je ne lui demande pas, elle parlera si elle le souhaite. Je laisse un petit rire s’extirper de mes lèvres alors que je surveille la cuisson de la viande.

“Je ne suis pas non plus ici pour jouer les psychologues, je ne te forcerais pas à parler de choses qui te font mal. On a tous un passé et des épreuves qui nous ont construits. Je ne voudrais pas te laisser en coma éthylique et c’est pas parce que ma coloc travaille à l’urgence que j’ai envie d’y finir.” Puis, si elle a envie d’en parler elle le peut, ma vie non plus n’a rien d’une histoire de conte de fées. “Des choses qu’on ne sort pas à un rencard ? C’est vaste hein, ça dépend dans quel sens de conversation tu veux aller. ” Je fais mine de réfléchir tout en continuant de cuisiner. “Je ne sais pas nager, j’ai peur de l’eau au point d’en faire des cauchemars.” C’est pas très viril tout ça.

J'apprécie beaucoup sa réponse et l'en remercie avec un sourire sincère, hochant la tête. Et là il avoue quelque chose qui fait écho en moi.

- Oh mon dieu ! Mais je suis... enfin je sais nager, mais j'ai une peur viscérale de l'eau et je ne vais jamais sur des bateaux, ni sur un surf, ou jet ski ou autre, je n'ai... j'ai juste super peur. ça me fait plaisir de n'être pas la seule dans ce cas là ! Quand il a fallut que je fasse un shooting sur un voilier, l'an dernier, ça a été l'angoisse absolu et j'étais en bikini avec mon gilet de sauvetage dès que j'étais hors prise.

C'était vrai, je jouais les mannequins canons devant l'objectif et dès que le photographe posait son appareil, je récupérais le gilet de sauvetage des mains de la maquilleuse. Quelle idée à la con de faire des photos en mer !

- As tu vécu un traumatisme dans l'enfance lié à l'eau ?

Au bout d'un moment, je mis le couvert sur la petite table ronde sur la terrasse, parce que c'était plus chouette d'encore manger dehors malgré la fraicheur. Assis l'un en face de l'autre, je plantais la fourchette dans sa viande pour en manger, et le gratifiais d'un hmmmmmm qui valait tous les mots de la terre.

- Merci de ce repas... la viande est parfaite.

Je bus quelques gorgées de bière, avant de reprendre.

- Ta colocataire travaille aux urgences ?

TW:

Ici, j’ai l’impression que tout le monde est attiré par l’eau, que tout le monde à un lien particulier avec l’océan. Ils sont fils et filles de l’océan et moi, j’en ai une peur bleu. Il faut comprendre que je suis capable d’aller dans une piscine, mais tant que je touche le fond, sinon c’est la panique, comme si j’avais peur de me faire emporter par l’onde. Quand je ne peux pas voir ce qu’il y a sous moi c’est encore pire. Je pourrais faire une attaque de panique dans un lac artificiel. “Honnêtement, je pense que je n’aurais même pas été capable de faire ce que tu as fait. Il aurait fallu m’attacher donc je ne pense pas que les photos auraient été réussi ! ” Je rigole, mais j’ai le frisson d’horreur juste en imaginant le fait de monter sur un bateau. Je continue en ajoutant les légumes dans la poêle.

“Je crois que j’ai failli me noyer enfant, mais je ne me souviens plus très bien, c’est flou dans ma mémoire.” Sauf que le sentiment de peur panique est encore bien présent, dès que je m’approche d’une source d’eau.

Nous continuons de discuter un peu pendant que je continue de préparer le repas et elle finit par mettre le couvert. Je sers le tout et vais la rejoindre sur la terrasse. Elle goûte en premier et son expression me fait sourire. “Ce n'est rien, ça n'a pas été tellement long à faire, content que ça te plaise. ” Je picosse un peu dans mon assiette avant de prendre une bouchée. “Oui, elle travaille aux urgences, Arielle qu’elle s’appelle. Sinon, Orso qui lui pour bien faire est moniteur de canyoning. Les deux je les ai rencontré peu après mon arrivée à Bowen et puis on a super bien cliqué. ” Heureusement qu’ils sont là, sinon je ne suis pas certain que j’aurais fait long feu ici.  “Sinon tu crois qu’il est vraiment possible de rencontrer l’amour par un site comme BBT ? ”

- C'est chouette d'avoir pu se faire un clan, c'est probablement ce qu'il me manque le plus depuis mon arrivée. Et la célébrité n'a rien arrangé, on veut des photos de moi, on veut des autographes, et me toucher physiquement, mais personne ne veut savoir qui je suis vraiment... C'est un peu étrange comme situation.

Je grimaçais tout en expliquant ma vie, qui avait pris un tournant à 360° en croisant Knox, et qui maintenant m'handicapait autant qu'elle pouvait m'apporter une vague stabilité.

Je mangeais avec appétit réel, et c'était assez fort pour le noter, vu les récents déboires, j'avais oublié ce que ça faisait de vraiment manger quelque chose fait maison. Sa question me fait lever le nez de la contemplation de mon assiette, et je le regarde.

- Et bien... je pense qu'on peut avoir un coup de foudre n'importe où, mais qu'il est sans doute plus compliqué pour certains être humains de se conformer à un jeu de séduction tronqué par le physique comme sur BBT. Je me mordille la lèvre. En réalité, je pense que BBT regroupe beaucoup de névrosés, torturés, qui ne supportent pas la solitude ou l'engagement !

Voilà c'était dit... et bien sûr j'en faisais partie. J'attrapais mon verre pour en boire.

- Concrètement comment se sont passés tes autres rendez vous ? Je veux dire, on va pas se leurrer, tu es un homme très attirant, grand, style viking avec des yeux à tomber... je pense pouvoir affirmer que tu plais à la gente féminine...

TW: Drogue

Est-ce que l’on peut qualifier la coloc de clan ? Je crois qu’on le pouvait avant qu’il n’arrive toutes ces conneries, toutes ces histoires entre Orso et Arielle, maintenant j’ai l’impression d’être celui d’être la suisse dans l’appartement alors qu’on s’entends que je suis allemand et non suisse. Mais l’Angleterre et l’Italie ne se parlent plus pour le moment, sans compter ce poison qui est venu reprendre possession de moi, tout est en train de s’écrouler lamentablement, tous ces efforts pour rien. Je grimace un peu en entendant l’histoire de ma partenaire de soirée. “Ça doit être horrible d’avoir cette impression de n’être qu’un objet ou une parure et de garder la tête haute alors que tu as l’envie de tout lâcher. Je ne peux pas comprendre ce que tu vis, mais ce que j’imagine n’est pas très agréable, je déteste quand les gens agissent comme ça. C’est pour ça que je ne change pas de comportement que la personne soit connue ou non. ” Comme l’homme que j’avais rencontré au marché, j’ai su par après que c’était un chanteur connu. Il faut croire que j’avance la tête dans le cul depuis plusieurs mois déjà.

Je la regarde manger et je tente d’avaler quelques bouchées aussi, parce que sinon elle pourrait se douter que j’ai consommé et la nourriture risque d'atténuer quand même l’effet de la ligne de poudre que j’ai pris, ou d’absorber l’alcool que je bois. Histoire d’être capable de tenir encore debout en partant. Je tente aussi de tenir la conversation pour ne pas que ce soit plus gênant, ni elle, ni moi n’avons besoin de malaise actuellement.

“J’ai l’impression que BBT est comme un catalogue et qu’on choisit un physique avant de choisir une personnalité. Je ne crois pas vraiment au site de rencontre pour être honnête et je ne suis pas certain d’être fait pour ça. Je me suis inscrit par curiosité au départ. Je crois que la description que tu fais des utilisateurs du site est bonne.” Je laisse enfin un rire senti sortir de ma bouche et je rigole un peu. Ça fait du bien de sourire. Je hausse un sourcil par contre à ce qu’elle dit ensuite.

“Alors c’est pour mon physique de vikings que tu as appuyé sur le j’aime ?” Je fais un clin d’oeil avant de poursuivre. “J’ai eu des discussions sympas avec quelques filles, mais je crois que tu es la première que je rencontre pour de vrai. Je fais peut-être un peu peur et tu es la première courageuse qui ose ? ” C’est flatteur par contre comme compliment, même si je n’ai pas l’habitude de me faire comparer à un vikings. “J’ai l’impression que tu dois plaire pas mal, tu crois que la célébrité y joue beaucoup dans ton cas ? Ou je suis aussi ta première rencontre ?” Je pose ma fourchette et bois une longue gorgée de bière avant d’appuyer mon bras sur la table, frôlant doucement sa main au passage.

- J’ai l’impression que BBT est comme un catalogue
- Exactement ça ! Non mais tu rigoles comme ça, mais en France, ils ont une application de rencontres qui s'appelle "adopte un mec", en anglais c'est "Adopt a guy" ! Répondis-je sur ce qu'il disait.

Il sourit et je souris avec lui, hochant la tête, on était finalement pas si écarté de la vérité. Moi je m'étais remise dessus, pour tromper la solitude et mon esprit qui partait de temps en temps en vrille tout seul. Pas réellement de dépression, juste de la désespérance, et le besoin de me changer les idées ! Je ne réfléchis pas trop à ce que je dis, je le dis juste et sa réponse, me fait réaliser les mots qui sont sortis de ma bouche, je pique un fard et pas qu'un peu. Les joues rouges, je dodeline de la tête, et tente de noyer la gêne de mon aveu.

- ça et la cuisine... j'aime manger.

Heureusement il enchaine assez rapidement sur autre chose, et mes joues se calment un peu... foutue gêne.

- Tu ne fais pas peur, tu es accessible je te rassure, et très bon cuisinier.

Je termine ma bouchée, en émettant des sons étranges un peu, et puis je reprends la parole.

- Je... Je ne sais pas, je sors d'une relation avec un jaloux compulsif plus âgé, et très très connu, bien plus que moi vois tu... donc les hommes se tenaient à bonne distance de moi. Sur l'application, j'ai rencontré un autre mec y'a un an, c'est devenu un ami... Mais sinon non, je ne suis pas véritablement un aimant à hommes.

Il frôle ma main, et je repique un fard, c'est idiot putain ! On dirait une adolescente, merde Mercedes, respires !

- J'ai de la glace en dessert dans le congélo, ça te dit ?

Je me lève, et débarrasse la table, pour me rendre dans la cuisine, nos mains se sont frôlées, et j'ai des palpitations. Honte ? Culpabilité ? Attirance ? Un peu des trois, et je reviens avec un pot de glace et deux cuillères plantées dedans.

TW: Consommation de drogue

« Oh tu parles aussi français ? » Que je demande dans un français bien teinté de mon accent allemand. J’ai la chance de parler trois langues avec aisance, bien que l’accent allemand transparaît beaucoup, mes r étant soulignées plus fortement à cause de mon accent. Donnant une impression de duretés quand je parle. Même si à la base nous parlions de réseau de rencontre, il reste qu’on s’est rencontré comme ça et que nous sommes maintenant en tête à tête grâce à ce genre de catalogue virtuel de l’homme ou la femme parfaite !

C’est assez flatteur quand elle me complimente, je tente de ne pas rougir, lui demandant si c’était le physique qui lui avait donné envie de me rencontrer. « C’est mignon quand tu rougis ! Danke je suis quand même heureux de savoir que ma cuisine te plaît ! » Je souris, trouvant étrange qu’on me qualifie d’abordable, normalement les gens ne viennent pas aussi facilement vers moi.

Je plisse les yeux quand elle commence à décrire son ancienne relation. Puis je me redresse un peu quand elle dit qu’elle n’a pas la cote auprès des hommes. « Il ne devait pas être jaloux pour rien, probablement qu’il voyait des regards que tu ne voyais pas. Je ne dis pas que sa jalousie était une bonne chose, mais elle devait venir de quelque part quand même et tu es une très belle femme alors c’est normal d’attirer les regards. » Je me rappelle que les autres hommes regardaient beaucoup Agnes, mais celle-ci n’avait de yeux que pour moi alors je ne m’inquiétais pas.

Le contact de nos mains l’a fait rougir et elle se dépêche de ramasser nos plats et ramène de la glace. Elle semble avoir un peu plus de contenance à son retour. « Je ne voudrais pas te mettre mal à l’aise. Je te trouve très jolie et je pense que tu n’as rien à envier à personne ! » Je prends l’une des cuillères et la porte à ma bouche, sans quitter ses yeux. « J’aimerais que tu te laisse aller avec moi ! Que tu n'as pas peur ! » Je me redresse et je m’excuse un instant pour aller à la salle de bain, j’ai besoin d’une petite dose de plus. Je me fais une ligne toute petite que j’aspire rapidement et fait disparaître toute trace pour que rien ne paraisse. Je reviens m’asseoir face à elle, empli d’une confiance artificielle. Le sourire flottant sur mon visage. « Alors qu’est ce que mademoiselle Mercedes a envie ? » 

(Hj: désolé du délais je suis malade depuis deux semaines)

Il parlait français aussi, avec son fort accent allemand, mais de manière agréable, et j'avais souris. Passé le coup de chaud puéril, j'étais revenue avec de la glace, et là il me fit une jolie déclaration, tout en me regardant profondément.

- Mais je suis pas mal à l'aise... je t'assure. Dis-je à peu près sûre de moi.

En réalité, je l'étais, la fin de ma relation avec Knox était encore fraiche, et j'avais l'impression de le tromper malgré la fin dramatique de notre relation. Je m'en voulais de ressentir ça, et je m'en voulais de ne pas être plus... zen, moins... moi. Il s'éclipsa pour aller aux toilettes que je lui indiquais, et tapais dans la glace pour me donner du courage. Je regardais mon portable, aucun message, ça voulait dire que Pénélope dormait sagement et que son père avait donc géré.

Il revint, je retournais mon portable contre la table, et il revint avec une question somme toute intéressante.

- Dans la vie tu veux dire, ou pour ce soir ? Lui demandais-je en piquant une nouvelle cuillère de glace, léchant la cuillère tout en le regardant. De quoi a envie Detlev ? Lui retournais-je comme question.

On se regarda, d'un bout à l'autre de la table, le moment de savoir si nous allions nous envoyer en l'air ou non, quelque chose dans ce goût là du moins, s'en était l'impression que ça donnait.

- Est ce que Detlev sait danser ? Dis-je en rompant le silence entre nous.

Je me levais, pour mettre de la musique, douce, genre un slow folk, et allant me mettre devant lui, je tendis les bras en position d'attente de danse, voir s'il serait tenté de me faire danser, sur la terrasse de la maison ? Me rapprocher de lui, attraper une main pour la mettre autour de ma taille, et attraper l'autre main pour terminer la position.

- Tu es immense... je n'avais pas réalisé ça en lançant mon idée. J'ai l'impression de faire 1m20 les bras levés. Dis-je en riant légèrement.

J'étais toute petite comparée à lui, et je n'arrivais même pas à poser ma main sur son épaule, mais juste sur son bras. On aurait dit une puce qui dansait avec une sauterelle.

TW: Drogue

C’est agréable comme soirée, je ne m’attendais pas à ça, je découvre quelques points communs avec la demoiselle et je pense qu’elle ne m’est pas indifférente, mais je ne suis pas encore assez certaine de bien capter les messages. Je la regarde dans les yeux quand elle me dit qu’elle est à l’aise, j’espère qu’elle me dit la vérité, ce ne serait pas cool pour elle de se sentir mal pour toute la soirée alors qu’il lui suffit de me faire signe pour que je quitte. Je la laisse quelques instants, histoire de me poudrer le nez subtilement encore une fois. Cette merde devient de plus en plus un besoin, je retombe doucement dans le cercle vicieux de la consommation. Je reviens rapidement à la cuisine pour apprécier son agréable compagnie.

Elle pose son téléphone sur la table alors que je reviens prendre place devant elle. “Je parlais pour ce soir, mais si tu as envie de partager plus tu peux le faire ! ” Dis-je en souriant, sentant les effets de la drogue qui commence à se faire sentir, ce fourmillement dans mes membres. “En ce moment, ce dont j’ai envie, c’est de profiter de tout ce que la vie à à m’offrir, j’arrête de me poser des questions.” Comme ça je ne pense plus à Agnes, je ne pense plus à la misère qui m’habite et à ces démons qui prennent de plus en plus de place dans ma vie.

Sa question me prends au dépourvu et pourtant, j’ai dit que je prenais toutes les occasions que la vie me donnait. “Je ne sais pas danser, mais je ne dis pas non pour apprendre. ” Alors qu’elle se lève pour aller mettre de la musique, je me lève à mon tour, repoussant ma chaise près de la table et elle se rapproche de moi. Je la laisse me guider, son parfum me chatouille les narines et je souris. C’est agréable de sentir une femme près de moi comme ça, ça ne m’est pas arrivé depuis un moment. “Je pensais que les femmes aimaient les hommes grands. Moi personnellement, je trouve que tu as la grandeur idéale, j’aime quand les femmes sont plus petites que moi. ” En même temps, je connais très peu de femmes qui font 1m88. “Tu sens bon… ” Que je dis, sans même réfléchir, serrant un peu plus ma prise autour de sa taille délicate.

- Je n'ai pas dit que je n'aimais pas ça, c'est juste que je n'avais pas réalisé à quel point la différence était grande entre nous... Objectais-je.

Il me suivait mine de rien, même s'il ne semblait pas le plus à l'aise du monde avec la danse. Au moins, il essayait, et ce rapprochement me détendait vraiment, c'était agréable d'être de nouveau dans les bras d'un homme, séduisant qui plus est.

- Si j'ai la taille idéale alors... Je souris, en levant le nez vers son visage.

Me mordillant lèvre lorsqu'il parlait de mon odeur, il était vraiment plaisant, et j'avais vraiment envie qu'il m'embrasse.

- C'est mon shampoing à la noix de coco... Je ne porte pas de parfum. Pardon pour cette précision, c'était ridiculement mauvais. J'ai mentit, je ne suis pas à l'aise Detlev, pas parce que tu n'es pas bien, mais parce que je ne sais pas comment faire pour exprimer le fond de ma pensée... En réalité, j'en ai envie, j'aimerais passer la nuit dans tes bras... Avouais-je finalement après tant de tergiversations. C'était peut être pas super sexy dit comme ça, encore pardon... Mais ça me ferait du bien, ta proximité rassurante.

C'était plus une question finalement qu'une affirmation, j'avais juste besoin de savoir si je n'étais pas en train de me fourvoyer complètement. Si ça se trouve, je m'étais fait des films toute seule comme une grande... Mince, j'étais vraiment nulle pour tout ce qui avait trait aux relations avec les hommes.

Me hissant sur la pointe des pieds, pour rejoindre son visage, je déposais un baiser sur sa bouche. Un baiser léger, ne voulant pas non plus passer pour une morte de faim. Oh Chut Mercedes, tu n'es pas une sainte ! Timide oui, mais sainte pas le moins du monde !! Je posais une main sur son visage, caressant de mes ongles et doigts l'arrière de son oreille et la naissance de ses cheveux.