#381 brother n sister thoughts. (woody + nevy)

Aller faire les courses, ça n’a jamais vraiment été ton truc, Nevaeh ; tu ne sais jamais quoi manger, il y a bien trop de monde pour toi et ça t’agace, pourtant tu le fais, pour ton frère, pour les besoins communs. C’est dans un soupir que tu poses finalement les deux sacs chargés de denrées dans la cuisine, commençant à tout ranger peu à peu. Il faut dire que ces derniers temps, la vie n’a pas pour ainsi dire été facile avec toi, ni même avec le reste de ta famille. Après tout, quoi de pire que de perdre sa mère ? Alors, c’est pour cette raison que tu as pris la décision de t’installer chez ton frère, parce que tu ne voulais pas laisser Woody seul, parce que tu ne voulais pas être seule, toi non plus. Au fond, cette colocation te convient plutôt. Tu adores passer des soirées avec ton frère, t’occuper de lui t’évites d’avoir à penser qu’à présent votre famille est quelque peu abîmée.

Tu t’installes devant la télé ; tu as eu une longue journée, et tu n’as même pas été faire ton traditionnel afterwork à la rhumerie. T’es juste fatiguée, Nevaeh. Tu veux juste somnoler tranquillement dans le canapé de ton frère en attendant qu’il revienne.

L’anniversaire, le tout premier, de la mort de leur mère, approchait à grands pas. Dans deux mois, cela ferait une année complète, un tour de toutes les pages du calendrier, depuis l’accident. Woody avait du mal à y croire. Croire que dix mois après, il était encore là, lui, les deux pieds ancrés dans le sol, le mal-être toujours bien enchaîné à son âme mais quand même, le regard tourné vers l’avant, ne déviant pas incessamment vers le passé et les erreurs posées. La présence de Nevaeh chez lui, dans son quotidien, quasi en permanence, y était peut-être pour quelque chose. L’aîné de la famille devait bien admettre que sa sœur avait été un pilier pour lui, cette année. En plus de perdre sa mère, il avait fait le choix de perdre l’amour, en préférant annuler le mariage avec Charlie, préférant mettre leur relation en arrêt, pour pouvoir se concentrer sur lui-même. Une bonne fois pour toute. Le chemin avait été long et noir, mais Woody avait l’impression de commencer à voir la lumière au bout. Faible, mais réelle. C’est pourquoi il se disait qu’il était peut-être temps qu’il vole de ses propres ailes. Qu’il ne se fie plus à sa soeur Nevaeh pour être sa béquille dès que le poids de son monde deviendrait trop lourd sur ses épaules. C’est pourquoi ce soir, en revenant de la clinique, Woody avait l’intention d’amorcer cette conversation avec elle. Il rentra chez lui, chez eux depuis un moment, et tomba sur Nevaeh affalée dans le canapé dans la pièce d’à côté. Netflix lui demandait si elle était encore en train de regarder, et aucune réponse n’avait encore été rentrée. Il esquissa un faible sourire, s’appuya un peu plus sur sa canne pendant qu’il refermait la porte d’entrée, et alla rejoindre sa sœur. Avec sa canne, justement, il donna quelques petits coups sur les mollets de la brunette. « Fais-moi de la place. »

Ca n’a pas été une année facile, Nevaeh. Tu as vécu tout un tas de bouleversements, tu as vécu des moments difficiles, votre famille unie a perdu l’un de ses piliers ; votre mère. Cette perte a été déchirante, tragique et surtout prématurée. Etant donné que tu étais la petite maman de la famille, tu n’as pas pu t’empêcher d’essayer de sauver les meubles, de soutenir tous les membres de ta famille qui pouvaient en avoir besoin, et plus particulièrement Woody qui était au volant lors du tragique accident de voiture. Alors, pour toi, c’était normal de venir chez Woody. Comme ça, tu pouvais veiller sur lui, comme tu l’as toujours fait. En tant qu’adulte, du moins. Gamine, il s’occupait de toi-même s’il t’embêtait, et il était toujours disponible si tu avais besoin d’aide ou si quiconque d’autre t’embêtait.

Tu rentres de ta journée de travail, de ton afterwork, et le réconfort d’un sofa est le bienvenu, clairement. Alors, tu t’installes, tu lances Netflix, l’une des séries que tu suis occasionnellement, et tu la regardes, confortablement installée dans le canapé. Tu sursautes légèrement lorsque tu sens la canne de Woody sur ta cuisse ; tu ne l’avais pas entendu rentrer. Tu hoches la tête et te décale, les yeux brillants de la petite sieste que tu avais visiblement entamée à en juger par l’écran de pause sur la télévision. « Ca va, t’as passé une bonne journée ? » Tu lui souris et cherches ta gourde ou une boisson des yeux, te rendant compte qu’il n’y a rien, sauf que tu as soif après cette sieste. « Tu as soif ? J’vais me chercher un truc. » Tu affirmes en te levant.

Un rire s’échappa des lèvres de Woody alors que sa sœur se réveillait en sursaut. Malgré l'âge, ils n’avaient jamais perdu cette habitude-là que les frères et sœurs ont souvent, cette habitude de s’embêter un peu à chaque fois que c’était possible. Cette année plus que jamais, Woody avait eu besoin de cette complicité-là avec Nevaeh. Puisqu’il n’avait plus aucun contact avec Avery, qui lui en voulait terriblement pour le décès de leur mère, Woody s’était beaucoup tourné vers Elias et Nevaeh. Il avait eu besoin d’eux, même s’il ne l’avait jamais admis textuellement. C’aurait été en demander beaucoup trop à l’aîné des Rutkowski, de s’ouvrir à ce point-là. Il faisait des efforts, quand même, dans la communication … mais il avait encore pas mal de chemin à faire. Nevaeh se tassa sur le canapé afin de faire de la place à son frère qui s’y affala. « Correcte. J’avais hâte de rentrer. » Il enleva ses chaussures, question de vraiment se sentir libéré de sa journée de travail. Il ne comptait pas faire grand chose ce soir. « Et toi ? » Il tourna la tête vers sa soeur, alors que celle-ci se relevait, affirmant par la suite aller se chercher un truc à boire. « Peut-être juste de l’eau pétillante, s’te-plait. Merci. » Il soupira discrètement en se disant que lorsqu’elle ne serait plus là, il n’y aurait plus personne pour lui rendre ce genre de services. Il allait devoir se débrouiller par lui-même, tout le temps, peu importe la fatigue peu importe les faiblesses, physiques ou émotionnelles. Ce serait difficile. Mais il faudrait qu’il s’y fasse. Il ne pouvait pas utiliser Nevaeh comme béquille pour le restant de ses jours.

Tu as maintenant pris l’habitude de vivre chez Woody au cours de la dernière année. Tu avais besoin de lui autant qu’il avait besoin de toi, dans le fond. Mais même si tu as joué à la perfection ton rôle de maman de la fratrie, dans le fond tu restes la petite sœur, celle qui se fait réveiller en sursaut par son frère qui se moque gentiment d’elle. Tu fais un sourire endormi à Woody, et lui demandes comment s’est passée sa journée ; c’est presque devenu une habitude, maintenant, après tout. Il avait hâte de rentrer, et c’est bien normal ; les journées sont relativement courtes en ce moment, et c’est toujours un peu déprimant l’hiver, même si à Bowen il ne fait pas aussi froid qu’en Europe. Tu regardes ton frère alors qu’il te répond. « Moi aussi, la routine. J’avais hâte de rentrer me poser. » Tu lui affirmes en te relevant, en profitant pour lui proposer à boire. Tu as toujours été d’un naturel serviable, Nevaeh, et ton frère le sait. Tu hoches la tête quand il t’indique vouloir un verre d’eau pétillante, et tu vas attraper deux verres et remplis le premier d’eau gazeuse alors que tu remplis le tiens de thé glacé à la pêche un peu trop sucré, ton pêché mignon. Tu reviens vers ton frère et dépose son verre sur la table, buvant une grande gorgée d’ice tea avant même de prendre le temps de t’asseoir.

Te réinstallant à côté de ton frère, tu lui adresses un petit sourire. « Tu veux qu’on regarde à nouveau Netflix ? Pour une fois j’te laisse choisir si tu veux ! » Tu lâches un petit rire et regardes l’heure en lâchant un soupir. Le temps passe vraiment trop vite, et ton frère arrive bien plus tard que toi ; tu as fait une bonne sieste, ce qui explique que tu sois malgré tout encore ensommeillée. D’ailleurs, tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un bâillement aussi gros que toi, accompagné des étirements qui vont avec. « J’ai même pas eu le courage d’aller avec les collègues à l’afterwork, t’imagines ? J’crois que j’avais juste envie de rentrer me poser tranquille. J’ai pas le courage de faire à manger d’ailleurs, ça te dit qu’on commande ? » Tu ne sais même pas de quoi tu as envie, alors autant laisser choisir ton frère.

Le grand frère hocha silencieusement la tête, tout simplement. Tous les deux avaient eu hâte de retrouver ce petit cocon sécuritaire qu’ils s’étaient créés au fil des derniers mois, c’était bien normal. Normal, mais ça ne pouvait pas continuer comme ça éternellement. Woody et Nevaeh allaient devoir réapprendre à vivre, séparément, à faire leur propre petit chemin sans constamment compter sur l’autre, à n’importe quelle heure de la journée. Ils avaient eu besoin de support, momentanément, mais ça avait un fin. Tout avait une fin. Le décès de leur mère le leur avait bien prouvé. « Merci. » Déclara Woody alors que Nevaeh revenait, deux minutes plus tard, avec son verre d’eau pétillante. Elle se réinstalla à ses côtés en proposant une soirée Netflix. « Euh, ouais, on peut bien … » Machinalement il attrapa la manette, même s’il savait que ce n’était pas la solution. Il ne pouvait pas press play indéfiniment sur des vies et des histoires autres que la sienne, que la leur. Ils devaient cesser de s’engourdir l’esprit dans l’espoir que la dure réalité disparaisse en même temps. Woody ne pouvait plus faire de l’évitement son mécanisme de défense principal. Il fallait qu’il affronte son quotidien, et Nevaeh aussi. Cette dernière lâcha un long bâillement, cette fatigue l’habitant l’ayant même empêchée d’aller à son afterwork. Woody esquissa un sourire. « On peut, ça aussi, mais avant qu’on se lance dans une énième soirée du genre, Nev’, j’pense qu’il faudrait qu’on se parle. Qu’on se parle plus sérieusement de ce mode de vie dans lequel on se laisse glisser pas mal trop confortablement. » Il soupira, regardant sa soeur dans les yeux. « On peut plus continuer comme ça, tu le sais, hein ? »

vraiment navrée du retard

Rien n’a véritablement été facile, ces derniers temps, pour toi, Nevaeh. Pour ta famille non plus, d’ailleurs. Et c’est pour cette raison que tu as fait le choix de te montrer forte, de soutenir ta famille et plus particulièrement Woody chez qui tu squattes de manière casi constante depuis quelques mois maintenant. Tu aimes bien être chez ton grand frère, celui qui t’embêtait mais qui s’occupait quand même de toi quand tu n’étais qu’une gamine. Et puis, il y a ce côté réconfortant, aussi. Tu n'es pas seule quand tu rentres, tu as un objectif, même si tu as aussi ta propre vie, tu es bien contente de proposer à Woody de lui ramener à boire, ce genre de choses. Tu lui proposes de regarder la télé ensemble, Netflix plus précisément, ce qui est un peu devenu votre tradition à tous les deux ; vous avez une vie plutôt tranquille, vous vous enfermez dans une bulle de statut quo depuis un certain temps maintenant. Tu n’es pas si mal dans cette bulle de confort, au fond. Tu lâches un bâillement ; toi qui était par le passé du genre à courir partout en constance tu es maintenant simplement fatiguée d’une vulgaire journée de travail. Et puis tu regardes ton frère, sentant son regard peser sur toi. Il dit les mots que vous pensez tous les deux, depuis un peu trop longtemps maintenant. Vous vous êtes bien trop installés dans cette routine qui fait de vous des petits vieux.

« Je le sais. On dirait deux vieux avec nos plaids, nos boissons soft et nos séries. Je suis bien au courant. » Tu lui affirmes en lâchant un petit rire, juste histoire de dédramatiser la situation. Parce qu’au fond, c’est se complaire dans une espèce de tristesse, même si votre deuil est passé, bien qu’on ne fasse jamais véritablement le deuil d’un parent. « Tu veux quoi ? Que je t’emmène dans un bar, juste pour te faire sortir ? Comme avant ? C’était sympa quand on était jeunes faut dire. » Tu rigoles encore une fois, même si tu vois bien ce qu’il veut dire. Il n’a pas forcément envie que tu passes ta vie à le dorloter, Nevaeh. Tu bois une gorgée de ta boisson, pousses un léger soupir. « Ca y est t’en as marre de ta sœur, alors ? Tu veux te débarrasser de moi ? » Tu demandes avant de boire une nouvelle gorgée, calant ta tête contre l’épaule de ton frère comme tu le faisais par le passé.

Spoiler:

L’aîné des Rutkowski lâcha un rire alors que sa sœur affirmait qu’ils étaient comme deux vieux. Ils étaient certes les plus âgés de la fratrie, mais il n’en était pas encore au troisième âge, heureusement. Cela dit, c’est vrai qu’à se montrer autant casaniers, à se coucher tôt et à regarder leurs petits programmes à tous les soirs, ils avaient le même genre. Nevaeh lui demanda s’il préférait, alors, qu’elle le sorte un peu en allant dans un bar, par exemple. Ils avaient souvent fait ça, par le passé, quand ils avaient tous les deux été en âge de sortir dans les bars. Surtout au tout début, quand Elias et Phoebe étaient trop jeunes encore, eux. C’était leur petit plaisir, d’aller là où les deux plus jeunes n’étaient pas encore admis. Leur petit moment à tous les deux. « Non … Je suis pas encore un vieux papi mais j’avoue que pour ça je me sens trop vieux. Ou trop fatigué en tout cas. Et puis, surtout, je n’en ai plus vraiment envie … » Finit-il par admettre. Ça ne servait à rien de se trouver des excuses. Woody n’était plus du tout l’être sociable qu’il avait pu être auparavant. Il préférait la solitude, ou les petits groupes, qu’avec les personnes dont il était très proche. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas mis les pieds dans un bar de la ville. Il ne pouvait même pas se rappeler de la dernière fois. Après avoir bu une gorgée de sa boisson, Nevaeh soupira et accepta de parler du vrai sujet derrière cette réflexion. Leur cohabitation qui ne pouvait plus durer. « Non, c’est pas ça … J’ai beaucoup apprécié t’avoir avec moi ces derniers mois. Mais … Faut que j’aille de l’avant avec ma vie, Nev’. » Il posa un regard insistant sur sa sœur. « Et toi aussi. » Il savait aussi qu’il était devenu une excuse, pour elle. Dire qu’elle prenait soin de son frère, c’était plus facile à avaler que de dire qu’elle avait peur, elle aussi, d’affronter la réalité sans leur mère.