I don't know what I'm doing here - Mercedes

Sur un coup de tête, j'étais revenu à Bowen pour voir Pénélope et Mercy. Je ne savais pas trop si l'idée était bonne ou pas vu les échanges que j'avais eu avec mon ex femme, mais les semaines loin d'elles m'avait paru longues. J'étais toujours aussi paumé, déprimé, j'avais l'impression de me noyer au quotidien... Et il y avait le boulot. Ce nouveau poste me forçait à sortir et à sourire - faussement -, je suffoquais et pourtant c'était ce qui me forçait à tenir. C'était compliqué.

J'étais arrivé sur le sol Australien en début de journée, mais il m'avait fallu un peu plus de temps pour rejoindre ma ville d'origine. Le karma semblait être avec moi, car je réussis même à arriver à l'école avec quelques minutes d'avance. Fin, c'était ce que je croyais avant de descendre du taxi et voir Mercy au loin avec un autre homme. Ils étaient en pleine discussion, elle rigolait et avait même sa main sur son bras. Je sentis une énorme vague de jalousie s'emparer de moi, mais je pris sur moi, respirant fort en restant en retrait. Il fallait que je me répète qu'elle ne faisait rien de mal, qu'elle avait le droit de rencontrer d'autres parents d'élèves... Il avait son âge, peut être que c'était mieux ainsi, non ? J'allais devoir me convaincre, parce que sinon ce jeune homme finirait six pieds sous terre.
Mercedes était toujours la seule et unique femme dans mon cœur, même si rien n'allait entre nous pour le moment et que l'on avait mis 20 000 kilomètres de distance pour essayer de temporiser notre situation. La voir avec un autre me faisait mal, c'était le signe qu'elle trouvait son bonheur ailleurs. Et en même temps, quand était la dernière fois que j'avais réussi à la faire rire comme ça ? Ça remontait à plusieurs mois. Je doutais de notre couple, du fait qu'on allait pouvoir rallumer la flamme. C'était foutu.

Perdu très loin dans mes pensées, je ne vis pas Pénélope débouler dans ma direction et ce n'est qu'en sentant son petit corps percuter le mien que je revins à la réalité. Coucou toi. Surprise bébé...

Il l'avait prit à la rigolade, mon texto de "tu me fatigues", il l'avait prit à la rigolade, mais ce n'était pas du tout une blague. J'étais fatiguée de ses revirements de situation, un coup oui, un coup non, un coup merci, un coup c'est de ma faute. Je n'étais pas un modèle de droiture certes et j'avais aussi fait des erreurs dans notre relation passée, mais depuis qu'il était partit... dieu que j'avais réussi à souffler, et je redoutais tous les appels... quand il n'oubliait pas les appels avec Pénélope. J'avais pour ma part avancé un peu, et c'était salvateur, j'écrivais des chansons, m'étais mise à la guitare, partageais des moments câlins et balades merveilleux avec Pénélope... Pas d'angoisse, pas de reproche. Je sais pas, je n'ai pas envie de passer du temps avec Knox, même si de temps en temps, j'avoue son odeur me manque, la chaleur de son corps dans le lit... mais j'ai l'impression que ça fait trop longtemps qu'on n'a plus une vraie relation de couple, avec des sorties, de la séduction, des rires, des partages et autres. Rien de tout ça, il n'y avait que des reproches, des ressentiments, et l'impression qu'on s'en sortira pas.

J'allais chercher Pénélope ce soir là, faisant claquer mes talons hauts sur le bitume du trottoir, les mains dans les poches d'un jean taille haute, la maîtresse me demanda de regarder les dates de la réunion et de la vente des gâteaux pour le mois prochain. Et je sortis avec Pénélope, croisant Vincent, un de nos nouveaux voisins... 1m95 de muscles, des yeux vert, rouquin mais sexy en diable, et américain ! Il me fait beaucoup rire, et son fils Otis est un des meilleurs amis de Pénélope depuis quelques semaines... le hic, c'est que Vincent est gay, et son mari est un amour absolu. Là il me raconte une blague qui me fait rire aux éclats, la petite main de Pénélope s'échappe de la mienne, et je tourne le visage vers elle.

Au bout de l'allée qui mène au parking, il y a Knox. Vincent regarde l'homme aussi qui accueille Pénélope dans ses bras.

- mmmh super hot.
- Super ex.
- Ex husband, The Knox Hendrix ?
- Yeah... dis-je un peu blasée.
- Gosh... Well, see you on monday ?
- Yes.

Je l'embrassais sur la joue, et avançais avec le sac à dos de Pénélope dans la main vers lui.

- Hello there, what did you do here ? Vacation only goes for 2 weeks.. Dis-je doucement à son intention.

Le regard de Mercedes me fit froid dans le dos, même l'homme à côté d'elle semblait plus intéressé par moi qu'elle. Mais j'aurais du m'y attendre vu les échanges que nous avions eu par téléphone. Quelque chose s'était brisé entre nous, quelque chose d'irréparable... Je n'allais pas la récupérer, quoi que je fasse, avec toutes les meilleures intentions, Mercy n'était et ne serait plus jamais ma moitié. La réalisation, ou peut être juste le fait d'arrêter de me mentir à moi même, me fit serrer plus fort Pénélope contre moi. Je ne voulais pas la perdre, pas plus que maintenant, j'étais déjà un papa à distance et ça ne me plaisait pas vraiment. Je savais qu'elle était bien avec Mercedes, qu'elle grandissait dans le meilleur des cadres, mais ça ne m'empêchait pas de mal le vivre. Je me raccrochais juste aux dernières choses positives de ma vie d'avant.

Je voulais juste la voir. Elle me manquait. Dis-je pour tenter de justifier ma présence. C'était idiot, c'était ma fille et je pouvais venir la voir aussi souvent que je le voulais, même si ça voulait dire parcourir plus de 20000km.
Je peux la prendre pour le weekend ? Demandais-je plein d'espoir. Je ne voulais rien faire d'exceptionnel, je n'avais rien de prévu encore, juste passer du temps avec Pento. C'était tout ce qu'il me fallait. Et Dodger aussi. En quémandant mon chien, je me rendis compte que j'étais en train de mettre à l'écart Mercedes, elle qui avait peut être déjà des plans de prévus avec notre fille. Je sais que c'est dernière minute, mais ça fait longtemps que je suis parti.

C'était con en réalité, c'était con qu'on ait tout bousillé ensemble, parce que le sentiment d'appartenance maintenant me bouffait, et je n'arrivais pas à me séparer de ce qu'il m'avait balancé : c'est de ta faute la bagarre, c'est ta jalousie qui nous a tué. Une phrase balancée en pleine colère, 11 mots qui résonnent non stop dans ma tête, alors que je donnerais n'importe quoi présentement, pour qu'il trouve quelqu'un d'autre dans sa vie sentimentale. Qu'on arrive à rester juste co parents, amis même, mais qu'on arrête de faire semblant de pouvoir sauver une relation qui a été tué dans l'œuf ! Ce n'est pas de gaieté de cœur, que j'en vienne à penser tout ça, je l'aime et je l'aimerais toujours quelque part, mais nous n'avons plus d'avenir ensemble et on ne sauve pas une relation qui coule avec du sexe incroyable... ça n'a pas de sens.

J'hoche la tête, en me mordant la lèvre inférieure.

- Aucun problème, t'es d'accord mon ange ? Un week end avec papa et Dodger ?

Pento hurle de joie, et c''est le plus important.

- Je vous laisse la maison, j'ai un concert demain soir, je monte sur scène pour la première fois, chanter mes textes, c'est un petit bar à l'extérieur de Bowen, et bref... profitez bien.

Je voulais parler avec Knox, mettre les choses à plat, et puis je me doutais que Pénélope parlerait de Dylan que j'avais revu, ou du Viking. Il était peut être pas le temps, dans la minute près de parler là, mais il allait falloir se dire les choses qu'on a peur tous les deux de dire.

- Tu repars quand ? Demandais je à Knox.

Il avait une poussière sur la joue, je m'approchais, pour aller la lui retirer, d'une main tendre. Je ne m'attendais pas à ce qu'il arrive sans crier gare, lui qui me balançait par message, qu'il ne rentrerait pas pour les prochaines vacances, qu'il hésitait pour Noël, mais je comprenais que perdre son chien et sa fille, quelque part lui posait problème.

- Dimanche soir, on se pose tous les deux, pour la suite ? Me lançais je alors.

Étrangement, j'avais passé un excellent weekend avec Pénélope et Dodger. Nous avions été à la plage, elle m'avait entrainé pour faire une balade à cheval et j'avais même du regarder le dernier film de la Pat Patrouille... Tout ça dans la bonne humeur et sans le moindre soupçon d'angoisse. Revenir à Bowen m'avait apporté les réponses qu'il me fallait pour avancer. Il ne restait qu'à les ancrer avec une discussion avec Mercedes.

J'étais revenu avec notre fille et après l'avoir mise au lit, je m'étais installé sur le canapé près de mon ex femme. J'avais une bière à la main et j'étais assez serein. Pour une fois je savais où j'allais et surtout pourquoi je le faisais. La belle blonde devant moi m'avait fait vivre des moments fantastiques, elle avait été ma moitié pendant de longs mois, mais au fond nous n'étions pas fait pour être ensemble. You're ready to talk ? Lui demandais-je dans le plus grand calme. Ce n'était pas que j'étais soulagé de ne plus être avec elle, mais un poids s'était enlevé de mes épaules quand j'avais réalisé que nous devenions toxiques l'un avec l'autre.

We are over. Je m'y étais préparé tout le weekend et pourtant ma voix se fit vacillante. J'étais pris par les émotions, forcément, c'était moi. Je tirais un trait sur ma plus belle histoire d'amour, mais aussi la plus douloureuse... But it's ok. It's for the best. Ce n'était pas des mots dit à la légère, j'y croyais vraiment. Je voulais croire qu'en mettant un terme à notre histoire, nous serions de meilleurs parents pour Pento, parce que c'était pour moi la chose la plus importante à présent.

I don't know if I'm sad or relieved. I'm just... I think it was long overdue. It's kind of weird, because I love you so much Mercy, and at the same time I feel like breaking up is the only thing that could makes us happy.

- I am. J'avais juste dit, le laissant s'installer à côté de moi.

C'est le cœur étrangement lourd, que j'accueillis la réalité. Nous n'étions plus fait pour être ensemble, notre relation dysfonctionnelle depuis le début, était en train de prendre fin pour de bon.

- Yes. Je répondis simplement.

Mais je lui laissais la parole, il avait besoin de mettre les mots sur mes pensées, et je hochais la tête, le regard baissé.

- I love you too Knox. And you're right, this is the end of our crazy, passionnate and other... relationship. Avouais-je en me tournant vers lui. I'm glad you feel better, i'm glad that you're alive... I'm glad we are co parenting Pento.

Je posais une main sur son visage, visage que j'avais pu admirer pendant près de deux ans déjà, lèvres que j'avais embrassé de nombreuses fois, et regard qui avait pu tant me troubler. Je souris, parce que c'est la seule chose à faire, et finalement je le prends dans mes bras.

- thank you... murmurais-je à son oreille. Thank you for my peace, my freedom, and for beeing you.

Ça faisait tellement longtemps que l'on n'avait pas été aussi proche l'un de l'autre - autant physiquement qu’émotionnellement-. Je la tenais fort contre moi, respirant doucement pour garder les larmes en moi. J'étais vraiment un mec trop sensible, un mec qui n'assumait pas vraiment de ressentir aussi fort toutes ces émotions. Je finis par me décaler juste un peu pour pouvoir prendre son visage entre mes mains et déposer un baiser sur son front.

I'll always be there for you and our daughter. Murmurais-je avant de sentir une larme rebelle sur ma joue. I'm sorry, I'm always too emotional. Dis-je en ravalant un petit rire nerveux. You are the perfect mother to our daughter and I can't thank you enough to love her the way you do. But I don't think that our story was all about Pento... I think our love was amazing and powerful, I think we were perfect for each other... in another life.

C'était plus compliqué que je ne le pensais, non pas parce que je voulais la garder à mes côtés, mais parce que je tenais vraiment à elle. Notre relation resterait à jamais gravée en moi.

I love you Mercedes Berkeley. Dis-je avant de poser un baiser fugace sur ses lèvres. IAnd now, I'm gonna go because I might start crying very soon. Ugly cry by the way. Tentais-je de dire pour alléger la discussion.

En toute franchise, j'avais les larmes au bord des yeux, parce qu'il avait été 2 années charnières de ma vie, il m'avait poussé à devenir pilote de formule 1, maman de Pénélope, épouse et plus encore. Je savais qu'il avait absolument raison, notre amour était fait pour une autre vie, mais pas celle ci... Je poussais un soupir, pinçant les lèvres, gardant sa main dans la mienne, même s'il voulait partir.

- Don't run... and well... cry with me Knox... It was such an intensive way of life, just incredible 2 years... a lot of negativ vibes in the end, but... You're for the worst or the better, my first love.

Les larmes glissèrent sur mes joues, tandis que je le regardais.

- Please, stay with me on the couch, just stay few more minutes... hours. the goodbye and farewell, is here i know, but don't leave me right now. Lui demandais-je avec sincérité.

Et puis tout doucement, je me blottis contre lui, la tête sur son épaule, les larmes coulant obligatoirement, mais restant là. Tous les deux, sur ce canapé, face à la baie vitrée de notre nouvelle ancienne maison, en silence, et pendant encore quelques très longues minutes, qui s'étirèrent en une heure complète à ne pas bouger plus que ça.

Bien sûr, il finit par repartir, et je restais dans notre ancienne chambre pendant de longues minutes après son départ, ouvrant les placards pour prendre ses habits propre dans mes bras, tenter de retrouver son odeur sur l'oreiller, mais sans succès. Je mentirais si je disais que je n'avais pas encore pleuré sous la douche avant d'aller me coucher.

Tous les souvenirs, les photos, les cadres de dessin de notre maison, me rappelaient qu'il était temps, de sans doute retourner dans mon autre maison avec Pénélope. Trop tard pour ce soir, et demain serait sans doute encore plus difficile... Foutus aurevoirs.