We are not loosing her (w/Mercedes)

A quel moment j'avais commencé à merder ? Probablement au début de l'été, peu avant le spectacle de danse de Pénélope... Les grands parents de la petite m'avait contacté pour évoquer un changement de garde que j'avais refusé et repoussé du revers de la main l'idée. Le père ce celle ci ne s'était jamais inquiété de savoir ce que devenait sa fille, et après deux ans et demi ses parents se réveillaient ? Non. Juste non. J'avais mis ça de côté et j'avais continué à avancer dans ma vie. Mercedes était venue rejoindre notre quotidien et elle nous avait complété. Puis nous avions signé pour McLaren et... Et Pénélope s'était cassée le bras quelques semaines après que j'ai reçu un courrier des services sociaux et d'un avocat de Sydney représentant les grands parents paternels. J'avais caché tout cela à ma moitié pour ne pas l'inquiéter. Une belle erreur...

Ce matin, c'était Mercedes qui avait ouvert le courrier et elle était tombée sur une convocation au tribunal. Je n'avais pas su lui expliquer et elle était partie courir, en colère. Elle avait toutes les raisons du monde d'être furieuse, car je lui avais caché quelque chose qui la concernait autant que moi. Elle aimait Pénélope. Mais au fond de moi, j'aurais préféré qu'elle me hurle dessus, je détestais lorsqu'elle s'enfermait dans un mutisme. Ça voulait toujours dire que j'avais été trop loin, que j'avais vraiment merdé.
Je la vis revenir dans l'allée de la maison et je sortis pour la rejoindre, mais lorsqu'elle me vit elle fit demi tour. Je me mis à lui courir après et après une vingtaine de mètres, je réussis à la stopper.

Mercedes, on doit en parler. J'étais mal placé de dire ça alors que je lui cachais tout depuis le début. Parle moi. Ne reste pas dans ton silence. Je ne sais pas, crie moi dessus, frappe moi, fait quelque chose ! Dis-je en l'attrapant un peu fort pour ne pas qu'elle reparte.

Les pieds tapent sur le sol, la respiration est saccadée, la sueur couleur sur mon corps. Il n'y a rien d'intime dans cet acte, il n'y a que l'horreur, la rage tenaillant le ventre, et la douleur sous les côtes. Il m'a mentit, depuis un an, il m'a mentit, et maintenant, j'allais perdre Pénélope, la petite fille que je considérais comme ma fille, que je considère. Elle allait partir, vivre chez des grands parents, qui n'avaient pas pris de ses nouvelles depuis 1 an... ou alors, l'avaient ils fait ? Aucune idée, la seule réalité c'est qu'il m'avait mentit. Je courus 20km, pour tenter d'apaiser ma colère, mais une fois dans la cours de la maison, et que je croisais le regard de Knox, je fis demi tour, il me rattrapa, et je m'arrêtais, baissant le visage, mains sur les hanches, essoufflée à juste titre.

- Ne... ne fais pas ça Knox... Lui dis-je en secouant la tête.

Je relevais la tête vers lui, et reculais, en me dégageant de son bras.

- tu... m'a mentit, tu as mentit à Pénélope... tu as mentit à MacLaren en leur disant que tu pouvais être pilote, tu as mentit au médecin en tronquant tes résultats cardiaque... je ne devais pas être si suprise, et pourtant... pourtant Knox, je suis surprise... Pire encore... je suis stupéfaite et en colère !!

Je me mis à faire les cent pas devant lui.

- Je l'aime comme ma fille, je l'aime comme ma fille ! Tu entends !! Et à cause de tes conneries, de cette putain de formule 1, on va la perdre !!! A quel moment tu penses à autre chose qu'à toi ??? a quel moment tu penses aux autres !!! Je t'avais avertis qu'on risquerait de la perdre, que ce n'était pas assez stable comme vie pour elle, et tu n'as pas écouté, tu n'as que ce que TOI voulais !

Mercedes avait raison lorsqu'elle disait que je n'avais fait que mentir et que c'était pour cela que l'on était dans cette situation à présent. Mais je refusais de baisser les bras, Pénélope était ma fille et je me battrais jusqu'à mon dernier souffle pour qu'elle reste avec moi. Elle était ma petite personne préférée, je l'avais fait grandir et maintenant qu'elle allait sur ses trois ans, je voyais tout ses progrès, tout ce que je lui avais appris.

Je ne laisserai personne la prendre, tu m'entends. C'est notre fille ! Dis-je en la laissant reculer. Je comprenais sa colère et son besoin de s'éloigner de moi. Je la blessais avec mes mensonges et mes omissions. Mes avocats vont les faire plier. Elle ne partira pas. Je m'en foutais de devoir leur donner des millions si cela voulait dire que je pouvais garder Pento. Elle était toute ma vie. Bien plus que la F1 comme semblait le penser la femme que j'aimais. La F1 fait partie de sa vie ! Depuis toujours elle vient avec moi sur les circuits et si tu penses que la vie que l'on mène n'est pas stable, c'est que tu n'as rien compris. Elle est heureuse, elle vit, elle profite de tous ces moments pour découvrir le monde. Et peut être que ce n'est pas l'idée de la stabilité que le monde et toi vous vous faites, mais... Pénélope est heureuse avec moi. J'haussais la voix pour lui répondre. Je me sentais attaquer et je répondais en conséquence. Sans filtres. Je fais de mon mieux avec elle !

Plus d'une fois la petite fille m'avait dit qu'elle n'aimait pas trop lorsqu'elle devait aller à l'école. Elle avait pourtant des copines... La seule chose qu'elle aimait lorsque l'on était à Bowen, c'était ses cours de danse. Mais peut être que je me voilais la face, peut être que je ne comprenais rien.

Tout le monde pense savoir ce qui est le mieux pour elle, mais je suis le seul à être avec elle depuis qu'elle est bébé. Je suis celui qui lui a tout appris et je trouve que je ne m'en suis pas si mal sorti. Finis-je par dire. Je n'avais jamais été certain de mes capacités de papa, j'avais failli baisser les bras plus d'une fois devant l'étendue de la tâche, mais je m'étais battu. Mes efforts avaient payé, Pénélope était une petite fille polie et heureuse. Mais je suis heureux de savoir le fin fond de ta pensée sur ma façon de m'occuper d'elle...

- Tu te mens à toi même Knox... elle t'aime, elle m'aime, mais elle n'aime pas être ballottée dans tous les sens !! Une enfant de 3 ans, a besoin de stabilité ! d'une routine, d'un schéma pré établit, et ne me dis pas que c'est le cas avec les GP, c'est faux ! Elle se couche tard en GP, elle est gardée par des gens qu'elle connait à peine, elle traine dans des endroits qui ne sont pas fait pour une petite fille de son âge, les écuries ne sont pas SA vie, c'est la Tienne ! Et la mienne maintenant !

Il me dit avec acidité qu'il est content de savoir ce que je pense.

- Là encore, tu te mens à toi même, parce que tu préfèrerais nettement te dire que je suis une sale conne sans coeur, plutôt que de te mettre face à ton reflet dans un miroir, et à ton attitude ! Demande à Josephine la femme de Mickeal, demande à Mickeal, à Toto même si tu préfères, demande leur comment c'est d'élever un enfant !! Jamais aucun pilote, ne garde ses gosses dans l'écurie des circuits, je n'ai JAMAIS vu un seul gosse de l'âge de Pento... Ce n'est pas sa place ! Et ce n'est plus la tienne non plus. Si tu veux être un père, commence à agir comme un père et pas comme un sportif ou comme un champion du monde... et demandes toi, qu'est ce qui serait le mieux pour un enfant de 3 ans ? Etre à la maison avec un parent, aller tous les jours à l'école, passer des vacances scolaires avec ses copains et copines, avoir une routine bien huilée, la visite des grands parents, un barbecue le dimanche, des sorties au parc... mais la vérité Knox, c'est que tu ne veux pas ça, tu veux juste ton univers à toi, et entrainer les gens autour dans ton sillage... as tu déjà poser la question à Pento ?

Je ne voyais pas le mal dans le fait d'amener Pénélope sur les circuits. Mercedes avait beau essayer de me l'expliquer, je ne l'entendais pas et je finis par me braquer totalement. Je n'avais plus envie de parler, alors je fis demi tour pour retourner à l'intérieur. J'aurais pensé qu'elle aurait compris mon besoin de faire vivre à Pento ma passion, mais non.

Je partis m'enfermer dans mon bureau pour ressasser toutes les informations que j'avais emmagasiner. J'étais un mauvais père, elle avait raison. Je n'étais même pas un papa en réalité, juste un tuteur qui s'en sortait pas très bien. Sans changements j'allais la perdre, mais qu'est ce que j'allais devenir sans F1 ? Je n'avais jamais pensé à un plan B. Fuck ! Fuck ! Fuck ! Un trophée vola à travers la pièce, puis un second, puis ils s'enchainèrent tous un à un jusqu'à ce que l'étagère soit vide. J'avais besoin de laisser exploser cette colère qui bouillonnait en moi. Je me mis à en vouloir à mes parents parce que c'était eux qui m'avait lancé dans les sports automobiles, puis à ma soeur pour être morte en me laissant sa fille. Personne ne m'avait demandé de prendre sous mon aile Pénélope, je l'avais fait par amour et maintenant on voulait me la reprendre ? Mais pourquoi ? Elle n'était pas de moi, mais je l'aimais tout comme.

Les heures étaient passées et j'avais récupéré Pénélope à l'école sans recroiser Mercedes. Avec son bras dans le plâtre, nous étions limités dans ce que l'on pouvait faire. Cette fracture était une preuve additionnelle que je n'étais pas fait pour m'occuper d'elle, je l'avais laissé tomber du comptoir de la cuisine. Ça aurait pu être bien pire, mais c'était déjà trop. Tonton Knox doit te parler. Je vis dans son regard que le fait que ne lui dise pas "papa Knox" la dérangeait, mais je continuais quand même. Je pensais que c'était bien pour toi de venir avec moi voir les voitures, mais on m'a fait remarquer que non. Ton papa et tes grands parents voudraient que tu ailles vivre avec eux. C'est ton choix. Bien que jeune, elle comprenait et me fit non de la tête. Je t'aime d'un amour infini, mais je ne suis pas ton papa bébé. Il s'occupera sans doute bien mieux de toi que moi. Je m'étranglais sur mes mots tellement ça me pesait de lui dire cela, mais je n'étais pas fait pour ça. Ce n'était pas tant pour faire passer ma carrière avant elle, c'était juste que de nombreuses choses ne m'étaient pas innés en matière de parentalité.

Il part, transforme mes paroles bien sur... c'est impossible de parler avec lui, il n'entend lui et que lui, tout le temps ! Je pousse un grand hurlement de frustration, et je m'en vais courir encore un peu. Je voudrais fuir, me tirer, mais je pense à Pento, et je ne sais plus quoi faire ! Je rentre me doucher, il est allé chercher la petite, et je commence à faire mes valises... Et puis je planque le sac dans un placard de la bibliothèque, je ne suis pas sûre que la fuite soit une bonne chose. Je l'aime comme ma fille, comme ma vie, et la voir partir, me bousillerait après l'avortement, après mon agression, après... Je me posais sur la terrasse, sortant mon portable, cherchant qui appeler. C'est Daywayn, le mec que nous avions secouru à Halloween, que j'appelais ne connaissant pas bien d'autres personnes. Je lui expliquais peu de choses, un dégât des eaux, Knox absent pour la semaine, et un besoin d'être logée.

Ce n'est pas bien, quoique si, pour éviter des engueulades, et de dormir avec Knox actuellement, c'était sans doute mieux. J'attendrais que Pento soit couchée, et je reviendrais quand elle se lèvera... le temps de trouver une autre solution, une épiphanie aussi peut être, mais il était clair que dans le présent, notre relation ressemblait avant tout à une dead end. Je couchais Pento ce soir là, elle était accrochée à mon cou, et je lui murmurais à l'oreille, qu'elle était devenue plus qu'une belle fille, que j'avais l'impression de l'avoir porté, et de l'aimer donc comme une maman aimerait sa fille. Qu'elle et moi, quoiqu'il arrive, ce serait pour la vie. Elle me demanda si son papa serait gentil, personnellement j'avais toujours cru qu'il était mort avec la famille de Knox, tellement il avait été absent jusqu'alors de la vie de la petite. Je la rassurais, comme je pus, en ravalant larmes et tristesse grimpante.

Je croisais Knox dans le salon, brièvement, baissant le regard sur le sol. Il m'avait déçu, mentit, et je ne me sentais plus vraiment en phase avec ce nous que nous formions. Tout était en train d'éclater... Je me baissais pour prendre le sac de voyage remplit de quelques affaires, et je sortis sur la pointe des pieds.

Quelques jours s'étaient transformés en quelques semaines, et au final rien ne s'était arrangé. A aucun niveau. Pénélope n'avait plus son plâtre, mais avait du partir quelques jours à Sydney pour rencontrer sa famille paternelle, Mercy n'était plus vraiment là et j'avais tiré un trait définitif sur ma carrière en F1. Les journées me paraissaient longues, je n'avais plus rien à faire, plus de dead lines, plus d'objectifs... Je vaquais sans but chez moi en attendant que quelque chose me tombe dessus. Jusque là, c'était le néant total.

Il était huit heure, j'en étais à ma troisième tasse de café, quand la porte d'entrée s'ouvrit. F**k, j'avais oublié de prévenir Mercedes que Pento n'était pas là. Encore une conversation qui allait dégénérer... Je n'étais pas prêt et je me vis lancer un coup d’œil en direction de Dodger pour recevoir un peu de courage. Gros fail, car ce dernier dormait les quatre pattes en l'air en ronflant. J'entendais ses pas se rapprocher et en parallèle mon stress augmenter. On ne parlait plus depuis qu'elle était partie en douce, elle venait pour Pénélope et repartait. Ce n'était plus comme avant, et même si ça me pesait, j'acceptais son choix de ne plus vouloir être avec moi. Je ne pouvais de toute façon pas l'enchainer ici pour qu'elle reste, elle devait en avoir envie et je l'avais déçue bien trop de fois.

Hey. Dis-je sans croiser son regard. Elle n'est pas là. J'ai oublié de te dire qu'elle partait une semaine. Je posais ma tasse sur le comptoir pour pouvoir poser mes mains à plat sur le marbre. Je m'ancrais sur place en attendant de voir ce qu'elle allait me dire.

Je rentrais dans la maison, avec un sac remplit de peluches, un don de ma dernière campagne de publicité, don que Pénélope allait adorer forcément. Tout n'allait pas mieux, tout n'était pas bien, je dormais chez un ami, enfin dormir était un grand mot. Je ne dormais pas à dire vrai, la nuit je peignais, construisais des choses de mes mains, je m'étais mise à la poterie, et nous n'avions pas parlé avec Knox... rien. Nous étions restés sur cette engueulade, sur ce sentiment de cassure, de quelque chose qui ne pourra pas se réparer comme ça. Et le reste du temps, je partais faire les grands prix, honorer mon engagement avec Mc Laren, j'avais même terminé la dernière course 4ème. Mais je le faisais avec l'envie qu'il soit là, avec l'espoir qu'il me regarde à la télévision au moins. Il avait pas honoré son contrat avec eux, devait rembourser de l'argent du contrat, ce genre d'emmerdes dont on se passerait volontiers.

- Hey. Répondis-je, en me stoppant à quelques mètres de lui. Elle est pas... ah... elle est... ils ont gagné... ils ont... sa garde ?

ça me tue la bouche de prononcer ces mots, j'ai mal au cœur, ça me déplait vraiment, mais il faut que je sache si tout était perdu pour Knox...

Je posais le sac de peluches sur la table basse, et m'approchais sans trop le faire. Ce n'était pas un manque d'amour qui nous avait séparé, mais un manque de transparence sur des choses importantes...

- Je... voudrais qu'on parle. Mais pas ici. Soufflais-je en me frottant les mains de nervosité. Est ce que tu peux aller mettre des chaussures, prendre un manteau, et me rejoindre dehors ?

Sans F1, j'avais beaucoup plus de temps que je n'en avais besoin. Je me consacrais entièrement à Pénélope, et également à mes problèmes de contrats/avocats. C'était compliqué et je n'avais pas le moral, mais je n'en parlais à personne. Il n'y avait de toute façon personne à qui j'avais envie de me confier. Mercedes ne faisait plus partie de ma vie et elle aurait été la seule avec qui j'aurais pu parler de tout ça... Elle n'étais plus accessible comme avant, elle roulait avec McLaren et faisait des prouesses au sein de l'équipe qui l'avait engagé. Non, ce n'était pas la F1 qui nous avait séparé, mais bel et bien tous mes mensonges.
Elle venait d'arriver avec un sac de peluche pour Pento, petite fille qui n'était pas là à cet instant. J'avais oublié de la prévenir qu'elle était partie voir ses grands parents et son père à Sydney. Non ! Non, jamais je laisserai personne me la prendre. Elle est juste partie les rencontrer quelques jours. C'est l'accord que l'on a signé. Je la garde, ils l'ont une semaine par vacances.

J'avais rejoint Mercy dehors à sa demande, elle voulait parler, mais pas à l'intérieur. Je ne comprenais pas, mais je m'exécutais sans trop poser de questions. Je n'étais plus en mesure de marchander. Félicitation pour ta dernière course. P4 c'est vraiment un bon résultat. Dis-je en la regardant peu sur de moi. Je n'osais pas lui parler, je ne savais plus ou j'en étais avec elle, ni ce qu'elle était prête à tolérer de moi.
Nous avions avancé jusqu'à nous retrouver au milieu du jardin, il faisait encore frais et je regrettais un peu de n'avoir pris qu'un gros pull pour la suivre. Je tremblais, mais heureusement que j'avais entre mes mains ma tasse de café bien chaude. De quoi tu voulais me parler ? J'avais le ventre noué, je ne voulais pas qu'elle m'annonce qu'elle retournait s'installer aux USA, ou même en Europe, je la voulais près de Pénélope et moi à Bowen. Près de moi surtout, même si elle n'envisageait plus rien avec moi, la voir me faisait du bien. C'était une besoin égoïste plus que rationnel. Si c'est des mauvaises nouvelles, je ne suis pas certain d'être en capacité de les entendre. Tentais-je de plaisanter pour détendre l'atmosphère qui était très tendue.

Il sort en pull avec son café, vers le jardin... et je regarde derrière moi, la porte d'entrée. Je pensais pas à faire une balade dans le jardin moi... je pensais plus à prendre la voiture avec Knox et prendre la route peut être ? Dommage, c'est un fail total, j'hésites et finalement je le suis. Il me félicite, et j'hoche la tête, en essayant dans mon esprit de trouver comment lui demander de venir avec moi, dans la voiture, et tailler la route... mais il m'a posé une question, et j'ai pas suivit.

- Parler ? Hein... ah oui... oui oui... heu... je pen...

Pas le temps de terminer, qu'il parle de nouveau. Je souris nerveusement et je balance du tac  o tac, les seules choses qui me passent par la tête.

- Ah ça non... j'ai eu assez de mauvaises nouvelles avec toi en un an.

... je vous dis pas comme j'ai envie de me baffer à cet instant. Du coup je croise les bras sur ma poitrine, et je regarde au loin, poussant un soupir. Il a fait une attaque, j'ai été agressé sexuellement par son mentor, je suis tombée enceinte et je me suis faite avortée, il a signé ailleurs avec moi, et n'est jamais venu, on a faillit perdre Pento parce qu'il m'a caché la vérité... le palmarès de cette année, est quand même assez puissant mine de rien.

Comment redémarrer une conversation après ça ?

- Il fait bon aujourd'hui.

... Ouais c'est pas fameux. Je me mordille la lèvre, gigote sur mes pieds, j'ai envie de fuir.

- Bon et bien... je vais
Je me tourne vers lui, en lui montrant de mon pouce la sortie. Ouais... je vais y aller... et puis... ça m'a fait plaisir de parler hein...

Je vais lui tendre la main, mais il a ses mains sur sa tasse de café, et du coup, je m'auto met un vent. Je m'approche, me prends les pieds dans un obstacle invisible, manque de me gauffrer, me redresse, rougis de honte, et finis par traverser super rapidement la maison, et sortir dans la cours, pour aller récupérer ma caisse.

- Putain de putain, de putain... me mis-je à geindre.

Je l'avais suivi dehors, j'étais prêt à écouter tout ce qu'elle avait à me dire, mais rien n'aurait pu me préparer au tacle qu'elle me mit. Apparemment elle avait eu assez de mauvaises nouvelles avec moi cette dernière année, et ça ne fit que confirmer un peu plus ce que je pensais. Elle ne reviendrait pas, du moins pas parce qu'elle voulait être avec moi, je ne lui apportais pas ce qu'il fallait. Les yeux vers le sol, me retenant de tout mon être de m'excuser à nouveau, je restais silencieux. La belle blonde finit par reconnaitre qu'il n'y avait rien à tirer de tout ça et elle tenta de s'extirper de la situation en partant, mais elle trébucha et manqua de tomber. Elle semblait gênée alors qu'il n'y avait pas de quoi. A vrai dire, j'avais tellement cru qu'elle allait se retrouver par terre que j'avais lâché ma tasse pour la rattraper. Au final elle s'en était sortie sans moi et je n'avais plus de café, mais ma tasse était intacte au sol. Le temps de la ramasser dans l'herbe, que j'étais de nouveau seul. Mercedes marchait à pas rapide vers la maison pour retourner à sa voiture et stupide comme j'étais il me fallut plusieurs longues secondes avant de me mettre à courir pour la rattraper. Je réussis à lui couper la route alors qu'elle allait arriver à sa voiture.

Reste. Réussis-je à panteler en me reprenant du 100m le plus rapide de ma vie. J'étais essoufflé comme si je n'avais pas fait de sport depuis des semaines - ce qui était à moitié vrai -. Reste un peu. Je ne savais pas ce que je voulais faire avec elle, ni de quoi parler, j'avais juste besoin qu'elle reste un peu plus longtemps avec moi.

Je passais en revue tout ce que je pouvais faire avec elle, mais je n'arrivais pas à trouver quelque chose qui n'étais pas en rapport avec la F1. Notre vie d'avant avait toujours tournée autour de mon sport et ça n'avait clairement pas fonctionné pour nous. Je n'étais jamais posé la question de ce qu'un rendez vous magique pouvait être pour elle. Je sur compliquais tout... Alors je fis le vide avant de proposer quelque chose de simple, classique. Est ce que tu veux aller prendre un petit déjeuner quelque part ?

Il arriva devant moi, barrant le passage de son corps, avant de se plier en deux pour reprendre sa respiration. Je fronçais les sourcils, avant de respirer de nouveau, quand il prononça ce simple mot : Reste. Je l'avais attendu, des semaines durant, qu'il ne le prononce, qu'il ne me retienne, qu'il ne me montre qu'il ne souhaitait pas me voir disparaître de sa vie. Je me mordis l'intérieur de la lèvre inférieure, et lorsqu'il me demanda si je voulais prendre un petit déjeuner, j'entrouvris les lèvres, esquissant un sourire léger, avant qu'il ne devienne franchement plus grand.

- Oui, je le veux. Je veux aller prendre un petit déjeuner à New Castle avec toi.

Oui La ville de New Castle qui se trouve à plus de 20h de route de Bowen, au sud de l'Australie. Un large sourire sur le visage, j'attendis qu'il n'attrape à la maison un sac avec le minima syndical, et je montais en voiture, derrière mon volant, quittant la maison, et doucement quittant Bowen, très sérieuse sur la destination. Je mis mes lunettes de soleil, et entrouvris la fenêtre, montant le son de la musique dans la voiture, traçant les kilomètres qui se déroulaient devant nos yeux.

Le chien, Dodger, derrière, dormait sur la banquette, et nous étions bien là, non ?

Ma folle décision de la rattraper m'avait permis d'avoir un sourire de la part de Mercedes. Elle aurait pu s'arrêter là, mais elle me proposa d'aller prendre un petit déjeuner à New Castle... Une ville dans un autre État, à plus de vingt heures de voiture de chez nous. Elle ne dut pas me le dire deux fois avant que je n'aille me préparer un sac avec quelques affaires et surtout récupérer Dodger qui allait être de la partie.

Elle s'était installée derrière le volant et j'avais pris place de l'autre côté de la voiture. Les kilomètres défilaient et même si nous restions silencieux, une bonne ambiance régnait entre nous. Je m'étais mis de côté pour la voir elle et Dodger. J'observais et je pensais. Il ne manquait que Pento pour que se soit parfait, mais ça n'arriverait peut être plus jamais. J'avais vu un bleu dans le creux de son cou, juste au dessus de sa clavicule, un suçon... J'aurais pu en faire toute une histoire, mais j'avais décidé de laisser couler. Elle avait le droit de voir qui elle voulait, je ne l'avais peut être pas réalisé avant ça, mais nous n'étions plus ensemble. Depuis quelques semaines, Mercy n'était plus ma compagne, elle était libre de faire ce qu'elle voulait, avec qui elle voulait.

Comment se passe ta nouvelle vie ?

Je regardais devant, mais sentant très bien le regard de Knox sur moi, allait il poser la question, allait il s'excuser, allait il me dire qu'il n'aimait encore que moi ? Tant de mots, que j'ai souhaité, que j'ai attendu, tant de temps à passer, à regarder mon portable pour avoir une réponse. Des nuits à le dessiner lui et nulle autre. J'avais eu aventures, et rendez vous, loin de m'en cacher, je ne souhaitais pas en parler avec lui. Lui qui m'avait laissé partir, lui qui avec une discrète cruauté, avait préféré se mentir une nouvelle fois, balayer mes paroles d'un revers de main, et en me laissant partir, avait broyé mon cœur amoureux et blessé.

Que faisais-je là ? Je me mordillais la lèvre, alors que sa voix brisa le silence entre nous, et le brouhaha dans mon esprit. Un soupir plus tard, et je pris la parole à mon tour.

- Je ne sais pas si l'on peut appeler ça une nouvelle vie. Que voudrais tu que je te dises ? Que je suis épanouie, riche, célèbre et admirablement heureuse ? Que les hommes se jettent à mes pieds, me couvrent de diamants et de rose ? Que je suis à mon apogée, libre et enfin en paix ?

Je me tus de nouveau, portant ma main au régulateur de son, pour baisser un moment la musique. Le silence était bien là, et toutes ces hypothétiques questions, n'auraient pas de réponse.

- J'ai dépassé, les nuits baignées de larmes, les cauchemars, les fortes insomnies, les jours sans manger, la désespérance de ne pas voir mon portable s'allumer, les heures à passer toutes nos photos du bout de l'index. Je suis sur la bascule, l'endroit d'un précaire équilibre... Et toi, comment va ta vie, ta liberté enfin retrouvée, ta paix d'esprit aussi ?

Mon coeur se serrait. Alors c'était terminé ? Etais-je en train d'assister à la plus longue agonie de fin de relation, à mi mots et pendant 20h ? J'avais mal au coeur en cet instant... et l'envie de pleurer.

J'avais posé une innocente question pour qu'elle me parle de tout ce qui lui arrivait depuis que je n'étais plus dans ses pattes et ça avait dégénéré. Je ne contrôlais plus rien et je la voyais se décomposer à vu d'oeil. Elle allait pleurer, qu'est ce que je devais faire ?

Arrête toi Mercy. Lui dis-je fermement en lui indiquant le bas côté.

Une fois arrêté, je tendis la main vers elle pour lui caresser la joue. Je ne voulais pas dépasser les limites de ce que je pouvais faire, alors j'y allais doucement. Elle était toujours aussi belle, c'était la femme que j'aimais, mais également celle que j'avais le plus blessé. Je ne la méritais pas, ça aurait été égoïste de la garder pour moi alors qu'elle avait tant à offrir autour d'elle... Alors pourquoi l'entendre dire qu'elle était épanouie, entourée d'homme, et tout ça sans moi me rendait aussi malheureux ?  Je lui fis un sourire, mais mes yeux restèrent profondément triste.

J'ai... Je... Je ne savais pas par où commencer. Elle avait l'air de penser qu'être sans elle me libérait d'un poids, alors que ce n'était pas du tout le cas. Elle me manquait tous les jours, je n'arrivais pas à passer à autre chose. J'étais misérable dès que la porte de ma chambre se refermait et que je me retrouvais seul. J'ai voulu te laisser du temps, je voulais réparer mes conneries, je voulais nous laisser une chance. Seulement j'avais mis trop de temps et la vie de ma belle blonde avait continué sans moi. Sa carrière, ses relations, tout. Je t'ai regardé passer à autre chose. Murmurais-je en repensant au dernier grand prix où une caméra l'avait filmé en train de sauter dans les bras d'un homme avant de l'embrasser. Je n'avais jamais rien ressenti d'aussi négatif que ce jour là, quelque chose de pesant et très sombre s'était incrusté dans mon esprit et ne l'avait plus quitté depuis.

Je pensais savoir ce que c'était de souffrir après avoir perdu mes parents et ma sœur, mais j'étais loin du compte... Je suis une putain de coquille vide depuis que tu es partie. Je garde la tête hors de l'eau parce qu'il y a Pénélope, mais c'est dur. Je baissais les yeux parce que j'étais pathétique, mon comportement tout entier l'était. Ça n'avait aucun sens d'être aussi mal pour une femme. Quand tu m'as proposé ce roadtrip, j'ai bêtement cru que tu voulais me redonner une chance. Il n'y avait pas d'âge pour être un total idiot. Bien évidement que ce n'était pas son intention, pourquoi aurait elle voulu s'imposer cela ?