losing ourselves. (alexis)

losing ourselves

tw : descente de drogue

Des frissons lui parcouraient le corps, malgré la chaleur écrasante de l'été, elle se retrouvait avec la chair de poule. La mâchoire crispée à s'en faire mal, elle avançait les bras croisés, chaque muscle de son corps tendu comme un arc, endolori. Il n'était que onze heures du matin et Effy savait que son calvaire n'était pas prêt de finir. Les descentes, elle connaissait, mais elle en avait oublié la brutalité, maintenant qu'elle consommait moins, ou qu'elle ne contournait pas les règles du jeu en se reprenant une pilule pour éviter la sentence, et continuer à flotter. Non, une seule solution aujourd'hui, subir la descente, attendre que ça passe. Incapable de se rendormir depuis six heures ce matin, empêtrée entre les effets restants de la drogue et ses pensées invasives, les mêmes qui la torturaient depuis des mois, Effy avait fini par se lever, non pas pour se rendre au bureau, où ils avaient déjà dû comprendre qu'elle ne se pointerait pas, mais pour s'aérer l'esprit et dégourdir des jambes bien trop actives. C'était ce genre de journées où rien n'allait. C'était déjà pas la fête au quotidien dans son esprit tourmenté et ses sentiments à vif, mais une belle descente d'ecsta', ça n'aidait pas. Son anxiété commençant à crever le plafond, la jolie brune quitta sa balade accélérée pour se planquer dans des rues plus calmes, sans avoir vraiment d'idée où se réfugier. Alors qu'elle tournait au coin d'une énième rue, plus tranquille et chaleureuse que les grandes artères de Bowen, elle tomba face à un visage bien familier. « Alex ? » Elle ne savait pas pourquoi elle l'avait prononcé comme une semi-question, semi-affirmation. Elle voyait bien que c'était Alexis face à elle, la copine - aux dernières nouvelles - de son ami d'enfance, ou plutôt de conneries adolescentes. D'ailleurs, le lien qu'elle avait formé avec la jeune femme n'était pas bien différent, des bêtises de la nuit et de l'addiction.

Alexis & Effy
tw : mention de drogues

Ça faisait déjà un p'tit moment que j'avais pas touché à aucune drogue. Depuis cette fameuse soirée où j'avais amené les choses un peu trop loin. Quelques mois maintenant. J'avais cru - à tort - que les effets du manque disparaîtraient assez vite, que ce serait facile, presque. J'avais été naïve parce que des mois plus tard, j'me retrouvais encore et encore avec ce sentiment au fond de moi qui demandait qu'à soulager le moindre maux avec un comprimé. Pas que de l'oxy, non j'étais au stade ou un rien ferait l'affaire, juste assez pour oublier, pour panser tout ça. C'est même pas que j'vivais l'enfer, j'avais vu pire, j'avais déjà été bien basse, bien au fond. Là, c'était les petites difficultés de la vie de tous les jours qui m'embêtaient, comme si j'étais plus équipée pour faire face à rien. Le pire, c'était au studio. Enseigner, ça allait, mais l'entrainement avec Ramsay, c'était comme recommencer à apprendre mon art à zéro. C'était pénible. J'avais mal au genou à chaque fois, mais j'disais rien et j'faisais ma fière. C'était plus facile que d'admettre que j'étais encore bien loin d'retrouver mon niveau. J'savais pas combien de temps ça allait tenir tout ça, j'étais pas idiote j'me doutais bien que c'était pas une solution à long terme. Disons juste que pour l'instant, j'essayais d'me garder la tête hors de l'eau. Ça n'aidait en rien le fait que je cale quelques leçons de surf à chaque matin, ça laissait à peine le temps à mon genou de récupérer de l'entrainement de la veille. J'me sentais coincée dans un cercle vicieux : y rester m'amenait vers une pente dangereuse, mais en sortir aussi parce que j'aurais plus rien à quoi me raccrocher. Justement, j'me baladais dans les rues de Bowen, les ongles plantés dans mes paumes à la recherche d'une solution moins simple que celle de prendre un truc pour plus y penser. J'avais encore les cheveux mouillés de ma séance de surf, mais l'air chaud de l'été était confortable. J'étais tellement prise dans ma tête que je ne reconnus qu'Effy qu'au moment où elle se planta face à moi en mentionnant mon nom. « Hey Effy! » dis-je simplement pour la saluer, mais aussi confirmer qu'il s'agissait bien de moi. « J'me ressemble pas ou quoi? » demandai-je avec un petit rire. Je la regardai un bon instant, cherchant son regard un peu fuyant. « Ça va? » lui demandai-je doucement en posant ma main sur son bras. J'avais vu assez souvent Kay dans cet état pour comprendre, mais j'préférais feindre l'innocence juste pour pas qu'elle se braque. En pleine descente, on savait jamais.

tw : descente de drogue

Malgré son état second à elle, la Britannique n'avait pas pour autant perdu son don de l'observation, et repéra dans les traits de son amie, les fresques d'anciens démons et d'une certaine nervosité. Cette note mentale lui passa en une fraction de seconde, alors qu'elle revenait à sa propre fébrilité, déclenchée par la question pourtant humoristique de la brune. « Non, non, c'est... I'm not in a good place. » répondit la jeune fille, entortillant ses doigts entre eux. Ça se voyait, à son discours hésitant, que son espace mental n'était pas un endroit qu'on avait envie de visiter pour le moment, et elle l'affirma d'ailleurs sans détour la seconde qui suivit. D'autres auraient peut-être été laissés perplexe par cette justification, mais c'était le genre de choses qu'elle pouvait dire à Alexis. Cette dernière n'était que trop bien placée que pour comprendre l'état dans lequel elle était actuellement. Elles connaissaient suffisamment leurs vices respectifs que pour repérer ses inconvénients dans le comportement de l'autre. Effy était agitée, cherchait un moyen de gérer la descente, ne s'était pas attendue à tomber sur une amie. Quand on y pensait, elle était plutôt chanceuse d'être tombée sur Alex. Une amie, et surtout une qui pouvait comprendre et compatir, sans une once de jugement. Regardant autour d'elle, toujours en trépignant presque sur place, nerveuse, à fleur de peau, les yeux d'un bleu indécent de la brunette se posèrent sur l'enseigne du commerce juste derrière son amie. « Ça te dit d'aller prendre un thé ? » demanda-t-elle sans transition, désignant les Jardins de Circé. Ça pouvait paraître absurde comme suggestion, mais les pensées de l'Anglaise fusaient dans tous les sens, elle n'y avait même pas réfléchi, mais l'idée n'était pas totalement saugrenue. Ça leur ferait peut-être du bien, à toutes les deux.

Alexis & Effy
tw : mention de drogues

J'étais pas en constant combat contre l'envie d'reprendre quelque chose, c'était pas tout noir ou tout blanc. J'étais dans une espèce de zone grise, un peu laissée à moi-même tandis que l'idée me germait en tête... Parfois. Pas tout l'temps. Là, c'est juste que mon corps était fatigué et ça m'fatiguait l'esprit. J'me sentais fragile, surtout parce que j'avais pas envie d'avouer quelconques faiblesses à personne. J'avais pas envie que Ramsay m'dise qu'on arrêtait tout, pas envie de m'avouer vaincu. J'me disais juste un p'tit comprimé, un p'tit anti douleur assez puissant pour que j'la ressente plus, cette douleur, ça pourrait être pas mal. Mais c'était ce que je m'étais dit la première fois alors j'essayais d'me tenir loin. J'étais p'tête perdue dans mes pensées, mais lorsque je tombai sur Effy, ce fut impossible de ne pas remarquer son état, bien pire que le mien. J'étais encore bien en possession de mes moyens, surtout si on se comparait. J'la connaissais, la brune, je savais bien contre quels démons elle se battait et surtout dans quel état ça pouvait mettre quelqu'un. J'la regardais d'un air bienveillant, simplement prête à l'aider si elle en avait envie. « Ouais j'vois ça. » dis-je simplement en lui attrapant les mains. Je regardai rapidement autour, pas certaine de la prochaine étape, mais certaine qu'il ne s'agissait pas de l'endroit idéale pour gérer ça. « Tu veux aller quelque part? » lui demandai-je en cherchant son regard des yeux. Celui-ci se promenait un peu autour, se posant sur l'enseigne derrière moi. « Euh, oui... Oui allons-y. » dis-je en me tournant d'abord, puis en reposant les yeux sur Effy. Je la tirai par le bras avec moi jusqu'à l'intérieur du commerce, juste pour la garder près de moi et sentir sa présence en guise de soutien, aussi. Bien vite, on trouva notre chemin jusqu'au salon de thé, commandant chacune notre breuvage en se laissant tomber sur nos chaises dans un coin isolé. « T'arrives d'où? » lui demandai-je afin de la faire discuter et de détourner son esprit un peu.