So I’m following the map that leads to you || Charlize

Une fois dans la voiture, Charlize lâcha un long soupire. Le moment qu'elle venait de vivre avait été éprouvant et il lui semblait que ça ne soit que le début et que la nuit allait être très longue. Elle envoya un message bref dans la conversation qu'elle avait avec ses sœurs pour le demander de coucher Romy chez ses parents et de s'en occuper, que tout allait bien, mais elle avait une urgence, elle leur raconterait. Elle qui ne savait pas comment parler de Drew à ses deux cadettes, à présent, elle n'avait plus tellement le choix, bien qu'elle aurait préféré que ce soit dans de meilleures circonstances. Sans trop savoir pourquoi, elle envoyait également un message à Haley, son employée, pour lui dire qu'elle n'était pas bien ce soir, qu'elle ne s'inquiète pas de ne pas la voir demain. Au moins, elle couvrait ses arrières pour l'ouverture de la boutique, parce que quelque chose lui disait qu'elle ne serait pas capable d'être chez Imogen à six heures demain matin. Une fois tout ça fait, elle pouvait se focaliser sur le musicien. Andrew comatait sur son siège, elle ne l'avait jamais vu dans un tel état. Il lui faisait de la peine, autant qu'il l'effrayait. Il fallait l'avouer, ils ne se connaissaient pas tant que ça. Depuis le concert sur la plage, ils ne s'étaient revus que quelques fois, toujours à l'extérieur, ils avaient pris un verre en terrasse, elle était venue à un autre concert, elle l'avait invité à venir déguster des nouveautés au labo. Ils y allaient doucement, ils prenaient leur temps et ça convenait très bien à la blonde. Elle n'était pas encore prête à passer la nuit chez lui ou pire, à le ramener chez elle, ils n'en étaient pas là. Pourtant, elle n'avait pas trouvé d'autre solution pour ce soir, elle ne savait pas où il vivait et vu son état elle ne pouvait décemment pas le laisser seul, alors ce serait chez elle. L'idée de le déposer à l'hôpital lui avait traversé l'esprit, il était sacrément amoché en vrai, mais quelque chose lui disait qu'Andrew avait besoin de calme et de repos. Lize sursauta quand il prit la parole, avant de lui jeter un regard en coin. De me rejoindre ? Mais il continuait, il avait l'air ailleurs. Ce ne fut que quand il prononça le prénom de sa sœur qu'elle comprit, il ne lui parlait pas à elle, il délirait. Les larmes aux yeux, la pâtissière crue comprendre ce qu'il s'était passé ce soir, ce n'était pas juste Léo qui avait joué au con avec lui, c'était bien plus profond que ça. Elle passa une main tremblante sur le visage du brun. Chuuut, ça va aller. Et le reste du trajet se fit dans un silence pesant pour Charlize. Elle eut mille misères à le sortir de la voiture, heureusement, l'air frais sembla lui faire retrouver ses esprits, juste assez pour qu'il ne soit pas un poids mort qu'elle ait à porter. Elle le laissa s'écrouler dans le canapé et monta chercher sa trousse à pharmacie dans la salle de bain. Quand elle redescendit, elle remarqua le visage d'Andrew décomposé par la douleur, l'alcool commençait à redescendre, l'anesthésie ne faisait plus effet. Laisse-moi désinfecter tes blessures, tu veux ? Elle posait la question pour être polie, mais elle ne lui laissait pas tellement le choix. Andrew ? C'est Charlize, tu es chez moi, ok ? Tout va bien. Non, tout n'allait pas bien, elle le savait, malgré les nombreuses questions qui se bousculaient dans sa tête, elle avait au moins cette réponse-là.

Andrew était docile, c’était déjà une bonne chose, Charlize avait peur de devoir se battre pour qu’il accepte son aide et elle n’était pas tellement d’humeur à ça, il fallait l’admettre. Elle ne le jugeait pas, encore moins depuis qu’elle l’avait entendu délirer dans la voiture, elle avait compris que c’était bien plus sérieux qu’une soirée au bar qui avait mal tourné. Elle ressentait sa peine et ça lui faisait mal à elle aussi. Charlize était passée par tant d’émotions et d’états, elle aussi, depuis le départ d’Axten, elle avait cherché quelques paradis artificiels également, alors non, elle ne le jugeait pas. Même si ça n’empêchait pas les questions, ils auraient probablement une conversation, mais pour l’instant, elle le ménageait. Malgré son sale état, Andrew était taquin avec elle, il faisait visiblement bonne figure et réussit à arracher un sourire à la pâtissière. Rockstar et visage amoché, c’est la vraie panoplie du bad boy là… elle secoua doucement la tête en imbibant le coton avant de l’appliquer sur son visage. Il ne dit rien, mais elle sentait ses traits se tendre, il souffrait. Il cherchait à lui donner une explication, bien qu’elle ait déjà compris. Charlize ne dit rien, elle écoutait. Elle caressa tendrement sa joue. Tu ne me dois pas d’explications. Le regard qu’ils échangèrent valait tous les mots de la terre, elle se rendait compte qu’elle tombait dangereusement amoureuse de cet homme, pourtant au lieu de la rassurer, elle sentait son cœur se serrer. Si elle avait des sentiments pour lui, il lui faisait peur également. Charlize avait ses propres démons à gérer et Andrew était encore moins stable qu’elle, elle ne voulait pas qu’ils s’entrainent tous les deux dans une relation négative qui les coule vers le fond. Elle n’était pas sûre d’être capable de réparer quelqu’un. Et au-delà de ça, elle ne savait même pas si Drew lui-même avait envie d’être réparé. Cependant, les sentiments étaient bien là et ce contraste était vertigineux. Elle laissa échapper un petit rire gêné. Tu es vraiment très saoul ! Il était plus bavard, plus ouvert, quand il avait bu, c’était une certitude. Parce que s’il la trouvait belle, ça elle le savait déjà, il ne l’aurait pas dit de cette façon s’il était dans son état normal. Je ne savais pas que tu étais copain avec Léo. Ni même que tu parlais de moi à tes copains… Il y avait un peu de moquerie et un léger fond de reproche dans cette phrase. Elle n’avait pas parlé d’Andrew encore et elle était surprise qu’il l’ait fait de son côté. Elle lui en voulait aussi d’avoir parlé d’elle à Emerson, mais ça, c’était pour une autre raison.

Les bad boys faisaient toujours craquer les filles, depuis la nuit des temps. On avait beau dire ce qu'on voulait, vouloir que les choses changent, un mec à la gueule cassée faisait toujours son effet. Et Charlize n'était pas différente des autres à ce sujet. Mais pour elle, bad boy ça rimait surtout avec bad influence et ce n'était pas ce qu'elle voulait dans sa vie, aussi sexy soit Drew, elle n'irait pas au devant des ennuies pour sa belle gueule. Elle hocha donc la tête avec une petite moue. Ses mots arrivaient tout de même à la faire rougir, c'était agréable de se savoir jolie dans son regard. Elle aborda finalement le sujet qui lui brûlait les lèvres depuis le départ. Non pas Léo, mais plus le fait que Drew parle d'elle à ses proches, en étaient-ils déjà à ce stade ? Lize avait tellement peur de dire aux autres qu'elle avait un coup de cœur pour un homme, elle se sentait coupable. Elle ne put s'empêcher de rire en entendant une ânerie pareille sortir de la bouche du musicien. Léo et elle, ensemble?! C'était probablement l'une des choses les plus stupides que Charlize ait pu entendre. Et elle comprenait bien que s'il avait attaqué sur ce terrain là auprès de Léo, le photographe n'avait pas dû être tendre envers elle ! Mon ex ?! Non merci, je m'abstiens bien de figurer dans la liste des conquêtes de Léo ! Il avait sa réputation, le photographe, tout à fait justifiée et elle était fière de faire partie du club de ses détracteurs. Il a bien des défauts, je peux t'en faire la liste si tu veux. Mais je ne pense pas qu'il t'en veuille. Il ne m'aurait clairement pas appelé moi s'il ne te considérait pas comme un ami, je pense. Et voilà qu'elle prenait même son parti. Au fond elle le connaissait, Léo, s'il était un bien piètre petit ami, il était un ami fidèle. Par contre il pouvait rêver pour l'inviter à prendre un verre en sa présence ! Elle n'eut pas le choix que d'appuyer un peu sur son nez pour nettoyer ses blessures, si peu pourtant, elle grimaça. Je pense qu'il est cassé, il ne faut pas rester comme ça, Andrew. En d'autres termes, il allait devoir se faire soigner, ses talents d'infirmière avaient leurs limites. Pourquoi, parce que tu frappes Léo pour me défendre ? J'ai moi même eu envie de le gifler quand je l'ai vu ! T'es presque mon héros ce soir. Elle le prenait sur le ton de l'humour, mais elle comprenait que c'était bien plus grave et plus sérieux que ça, Lize elle-même ne savait pas si elle pourrait supporter de le voir se détruire de la sorte. Elle reprit son sérieux, rangea la trousse à pharmacie, posa tout son matériel sur la table basse, elle prenait tout son temps avant de se poser à côté de lui et de soupirer. Ça dépend de toi… si c'est juste ce soir ou si tu es dans une mauvaise passe. Si tu comptes te laisser couler ou si tu acceptes de te faire soigner. Elle était soudainement grave, en quelque sorte, elle lui posait un ultimatum.

Au fond la confusion était aisée, il avait raison, Drew, Charlize et le photographe se chamaillaient comme un vieux couple, depuis le temps. La faute au fait qu’ils se connaissaient depuis l’enfance, sûrement. Mais c’était aussi pour cette raison que la blonde pouvait affirmer qu’il ne détestait probablement pas Andrew, s’il était le pire tocard en amour, il avait la réputation d’être un bon ami, c’était déjà ça. Elle hocha la tête en approchant le coton du nez du musicien, visiblement il souffrait et les blessures n’étaient pas que superficielles, il n’avait pas fait semblant de se battre. Lize n’aimait pas trop ça, savoir qu’il pouvait avoir des accès de violence, ça ne l’impressionnait pas, au contraire, elle n’avait jamais été à l’aise avec ça. Elle lâcha un petit soupir. Je ne vais pas te forcer, tu es un adulte responsable. Et puis tu es certainement mieux ici plutôt que dans les couloirs des urgences. Charlize savait qu’on pouvait attendre son tour longtemps à l’hôpital, surtout au milieu de la nuit. La réflexion du brun lui arracha un sourire et elle secoua la tête. Non, tu n'as pas besoin de faire ça. Elle l’aimait déjà bien assez comme ça, il n’avait pas besoin de prouver quoi que ce soit. Elle n’avait pas voulu que sa dernière requête sonne comme un ultimatum, pourtant c’en était bien un au fond. Andrew et Charlize ne s’étaient rien promis, ils n’étaient qu’aux prémices d’une relation et n’avaient, ni l’un, ni l’autre, aucune idée de l’issue de celle-ci, de ce qu’ils voulaient réellement. Évidemment la blonde tenait à cet homme, elle ne serait pas venue le chercher ce soir si ça n’avait pas été le cas, mais elle n’était pas sûre d’être prête à le soutenir et encore moins à le voir sombrer. Non, ce n’est pas ce que ça veut dire. Elle avait objecté avec douceur, en baissant les yeux. Avant de relever la tête, parce que même si elle avait peur de lui, de ses démons qui semblaient encore si présents, elle ne pouvait pas rester insensible alors qu’il se tenait si près d’elle. Charlize posa une main sur sa joue, celle qui n’était pas abîmée. Tu n’es pas un cas désespéré. Je suis désolée que tu te sentes si mal aujourd’hui, je ne savais pas que c’était l’anniversaire. Tu aurais pu m’appeler… Elle aurait pu être là, au lieu qu’il aille se mettre à l’envers au Hendrix. Reste avec moi cette nuit. Je ne veux pas que tu sois seul. Et puis… t’es incapable de marcher, tu es sous ma responsabilité à présent. Elle lui sourit doucement, avant de venir embrasser le coin de sa bouche, là où sa lèvre n’était pas mâchée.

Charlize n’avait pas l’intention d’enfoncer Andrew encore plus, elle voyait bien qu’il était au plus mal. Évidemment, elle se retenait de lui faire la morale à base de “l’alcool ne résout rien”, parce qu’elle en était passée par là aussi, Charlize. Non pas avec l’alcool, mais avec les médicaments, ce n’était pas le même poison, mais le résultat était le même, elle s’était mise dans de sales états. Elle ne voulait pas le blâmer et encore moins qu’il pense que leur relation était en péril. Il était bien trop tard dans la nuit pour que la blonde soit en mesure de prendre des décisions quant à eux, elle était épuisée, lui aussi. Ils avaient tous les deux besoin de souffler, de se poser. Elle ne voulait pas penser à demain ni comment les choses allaient se passer entre eux. Et puis Drew semblait tellement mal, il avait déjà sa propre peine à porter. L’entendre se décrier ainsi était insoutenable, il avait une si basse estime de lui-même, c’était inacceptable. Stop, Andrew ! Arrête s’il te plait. L’homme torturé ça va deux minutes. Tu as fait une erreur ce soir, c’est vrai. Mais c’est un jour spécial. Tu le dis toi-même, ça faisait des années que tu n’avais pas touché à l’alcool. Tu ne vois pas tout le chemin parcouru ? Ouvre les yeux ! Tu as le droit de rechuter, d’être imparfait, tu es humain. Tu as bu ce soir, mais je pense que ça va te servir de leçon. À côté de ça, tu essayes de mener une vie équilibrée, tu travailles, tu as visiblement de bons amis, un groupe de musique. Même des groupies. Tu as rencontré une fille… Elle sourit timidement. C’est à tout ça qu’il faut penser. Et si tu sens que ça ne va pas, alors c’est à toi de te prendre en main et de demander de l’aide. Elle hocha la tête, espérant sincèrement que ses paroles trouveront une oreille attentive et qu’elles aideraient le beau brun. Il accepta finalement de rester, qu’elle l’aide un peu, qu’elle prenne soin de lui. Charlize sourit, elle pouvait enfin souffler et se détendre un peu. Elle vint s’asseoir à côté de lui, sa main posée sur son genou quand il commença son récit d’une drôle de façon. Il parlait d’une fille, elle ne suivait pas trop, elle prit peur, avant de comprendre. Elle hocha la tête en soupirant, elle comprenait parfaitement ce qu’il voulait dire. Ma fille ressemble trait pour trait à son père, alors oui, je vois. Elle lui lança un regard triste, c’était facile de se confier à Drew sur ce genre de sujet, elle savait qu’il ne la jugeait pas. Je pense… j’aime croire, que même si ça fait mal, c’est aussi quelque chose de beau. C’est la preuve qu’elle a existé ta sœur, que vous avez le même sang, que même si elle n’est plus là, les gênes ont bien fait leur travail. C’est un beau cadeau de la vie que tu aies retrouvé cette fille. Vous vous voyez souvent ? Charlize était particulièrement touchée qu’il lui parle de cette gamine, c’était ce genre de petites attentions qui lui prouvaient définitivement que c’était un homme bien.