Elle avait rendez-vous avec Saoirse, une jeune femme qu'elle avait rencontré lorsqu'elle avait débuté sa période de bénévolat à l'hôpital. Elles s'étaient lié d'amitié au fil du temps, ou en tout cas, Rosemary appréciait beaucoup la compagnie de la jeune femme, et elle espérait qu'il en allait de même pour elle. Evidemment, être bénévole dans un hôpital et ne pas parler de son métier d'art thérapeute avait été impossible pour Rosemary qui en avait informé Saoirse. Cette dernière, d'ailleurs, semblait avoir été réceptive à son discours, et bien que la jeune femme n'avait au départ pas pensé recruter une autre patiente, son interlocutrice s'était montrée intéressée par l'idée d'essayer une séance. Elle avait ainsi prévu une séance d'art thérapie en sa compagnie mais avant, il y avait un passage obligé bien plus important aux yeux de la thérapeute : Le shopping. Oui, une séance shopping, Rosemary n'avait pas un sens du style très classique, et elle adorait trouver les vêtements les plus colorées possibles avant de commencer à réfléchir à ce qu'elle pouvait mettre avec. Elle imaginait que le style de sa comparse était bien différent du sien, et c'était bien ce qui l'intéressait, car connaître les goûts vestimentaires de quelqu'un pouvait vous en apprendre beaucoup sur cette même personne, et bien que Rosemary ne souhaitait pas tout voir sous l'angle de la psychologie, le shopping était bien l'unique domaine dans lequel elle n'avait pas encore mené de séance d'art thérapie. Car la mode était un art à part entière après tout. Saoirse et elle s'étaient données rendez-vous au cœur même d'un quartier dans lequel se mêlait boutiques de mode et d'accessoires, un lieu très commerciale dans lequel on allait rarement pour simplement flâner sans son portefeuille. Rosemary était arrivée la première, car elle détestait suffisamment être en retard à un rendez-vous pour arriver bien 10 minutes avant. Elle l'attendit donc un peu, profitant de cette belle journée ensoleillée pour profiter de la brise qui caressait sa peau. Cela lui faisait du bien d'être à l'air libre de temps en temps, car bien qu'elle adorait son cabinet, y être toujours enfermée ne l'aidait pas à prendre sa dose de vitamine D. Lorsque Saoirse arriva, la jeune femme la salua avec un grand sourire comme à son habitude, et leva une main en l'air pour qu'elle puisse la repérer. «Saoirse ! Salut ! » Elle avait fait des gaffes les premières fois durant lesquelles elle avait prononcé son prénom, car un prénom irlandais, Rosemary n'avait pas l'habitude d'en entendre beaucoup, mais il sonnait si bien à ses oreilles qu'elle n'avait pas eues de mal à apprendre la prononciation correcte. « J'ai déjà repéré quelques boutiques plutôt sympas, et j'ai plutôt hâte qu'on se fasse des tenues du feu de Dieu ! » Bien sûr, Rosemary n'avait pas oublié le handicap de son acolyte du jour, et elle supposait que le toucher de la fabrique et la sensation sous ses doigts étaient très importants pour Saoirse. Ses sensations avaient dû se dupliquer depuis qu'elle ne pouvait plus compter sur sa vision. Ce n'était pas un sujet pour la thérapeute cependant, car elle avait bien l'intention de la traiter comme n'importe quelle personne avec laquelle elle allait faire du shopping : en passant des heures à essayer des tenues trop chères pour rêver un peu ou trop révélatrices pour jouer les femmes fatales tout en sachant qu'elle n'oserait jamais les porter un jour. « On va commencer par cette boutique là-bas, c'est une boutique assez classique pour commencer, mais je peux te garantir que j'ai l'intention de t'emmener dans des endroits plus intéressants par la suite. J'espère que tu es prête ? » Indiqua la jeune femme en pointant une direction du doigt à son interlocutrice. Elle avait repéré une première boutique de prêt-à-porter féminin plutôt classique, et cela tombait bien, car la nouvelle collection venait tout juste d'arriver. Ce n'était cependant pas dans ce genre d'établissement que Rosemary trouvait souvent son bonheur, mais dans les friperies dans lesquelles elle chinait des vêtements qu'on ne voyait nulle part. Mais c'était un bon lieu pour débuter, c'était en tout cas ce que se disait la jeune femme tandis qu'elle poussait la porte de la boutique de vêtements, des étoiles dans les yeux.