Life's too short for bad coffee (Checo)

Une journée de plus. Une journée de plus à retrouver doucement un rythme qui lui convenait. Alors, certes, pour l'instant, c'était boulot et dodo pour Livio. Mais quand sa vie éclatait comme la sienne, il était bon de retrouver des moments de stabilité, afin de se reconstruire après l'ouragan. Le café de Vega contribuait à sa reconstruction. Il se plaisait à se lever chaque matin, à embaumer le lieu avec les douces effluves du café et des pâtisseries en toute sorte. Il se plaisait à rencontrer des gens, à partager avec eux des moments de vie, à prendre des nouvelles quand le lien se faisait plus fort. Livio avait besoin de vivre socialement. Il avait besoin des autres pour être heureux. Même les situations désagréables, il les chérissait parce que cela lui montrait qu'il était en vie et chanceux de l'être. Alors, ce matin, alors que le café avait ouvert, que le premier rush des travailleurs était passé, Livio profita d'un moment plus calme pour achalander de nouveau la vitrine. Il revint avec toutes sortes de gâteaux et cookies bien généreux, concoctés par Vega. La porte s'ouvrit sur un jeune homme. « Bonjour ! » dit-il, enjoué. Ce jeune homme, il avait déjà rencontré lors de la soirée organisée dans le cadre de la Fête de la Mangue. « Vous êtes un ananas, c'est ça ? Checo ? » Pour tout cela, Livio avait bon souvenir. « Je vous sers quoi ? »

Voilà plusieurs jours qu’il enchaînait Checo. Entre ses deux boulots et les festivités pour la fête de la mangue, il n’avait pas beaucoup de temps pour se reposer. Ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Après tout, c’est un bon vivant Checo et surtout, c’est un extraverti comme on n'en fait pas. Il adore le contact humain, alors forcément, rencontrer des gens, interagir et ne pas s’arrêter, ça le rendait heureux. Après avoir promené les chiens le matin, l’espagnol avait tout de même décidé de se faire une grosse balade à vélo. Il était tout seul, mais être à l’extérieur, c’était bien tout ce qu’il affectionnait. Après plusieurs kilomètres effectués, le jeune homme s’était retrouvé une nouvelle fois en ville et il avait décidé de poser son vélo contre un mur et de s’asseoir sur le sol, au soleil, pour une pause bien mérité. Une pause qui ne devait durer qu’une poignée de minutes avant de rentrer chez lui, mais avec le soleil effleurant sa peau et la fatigue, l’espagnol ne se sentit pas partir. Les gens avaient dû le prendre pour un fou, mais c'est bien une sieste impromptue qu’il effectuait, bien installé devant l’entrée d’un commerce. Bien évidemment que c’était en heure de pointe, avec les gens qui rentrait et sortait, sans que Checo ne capte quoi que ce soit, bien ancré dans les bras de Morphée. Ce n’est qu’au retour du calme qu’il émerge, un peu perdu et surtout un peu embarrassé de s’être endormi dans la rue, à côté de son vélo. En voyant l’heure sur sa montre, il sursautait, encore dans le gaz, mais bien conscient du temps qu’il venait de passer là. Un regard furtif sur la devanture du commerce lui parut être un signe. Un café. C’était bien sa veine vu son état. Il s’empressa alors d’attacher son vélo, bien content que personne n’est décidé de profiter de son état pour partir avec. Ensuite, il rentrait dans l’établissement, bien décidé à se réveiller un peu, mais surtout en préparant ses excuses au cas où le serveur l’aurait remarqué. “Bonjour !” Dit-il joyeusement pour camoufler son embarras. L’homme présent le saluait lui aussi, le reconnaissant de la soirée de leur équipe. “Ah mais oui ! C’est ça, team ananas !” Reprit-il avec entrain, oubliant presque l’épisode précédent. “Je reconnais ta tête, mais j’ai plus ton prénom, excuses moi.” Dit-il, un peu embêté de ne plus se souvenir du nom de son interlocuteur. Ça lui arrivait pas mal ça, à Checo. Il a une bonne mémoire visuelle, mais alors pour les prénoms, c’est une catastrophe. “Hum… Je veux bien un double shot d’expresso et un maté s’il te plaît.” Dit-il en regardant la carte. L’énergie qui lui manquait, il allait la récupérer dans ces deux boissons. En général, il avait tendance à rester loin de ça, étant déjà bien surexcité de nature, c’était mieux ainsi. Là, ça semblait nécessaire. “Je crois que c’est le choix le plus judicieux… Désolé d’ailleurs…” Il s’excusait d’avance, sans vraiment savoir si un des clients l’avait balancé, mais il se doutait bien que le serveur avait dû remarquer le pélo en train de dormir devant son shop.

Il avait bien vu le jeune homme devant la devanture du café, mais à vrai dire, Livio n'avait même pas remarqué qu'il s'était endormi. Du moins jusqu'à ce qu'un client, avec qui il était dans une grande conversation sur les chefs-d'oeuvre cinématographiques, le lui fasse remarquer. Mais avant même qu'il ait pu aller réveiller notre Belle au bois dormant, celui-ci fit son entrée dans le café. C'était Checo, l'un de ses coéquipiers de la Team Ananas. Allant jusqu'à lui pour l'accueillir et le servir comme il se doit, Livio esquissa un sourire quand Checo s'excusa de ne pas avoir son prénom. C'était compréhensible, il y avait beaucoup de monde, ce soir-là, et ils n'avaient pas vraiment parler ensemble : « Livio, m'appeler tu dois. » voilà qu'il se mettait à parler comme Yoda, mais c'était juste l'histoire d'un pari stupide, auquel Livio était obligé de répondre, en bon grand gamin qu'il était. Mais il haussa l'épaule pour montrer que c'était juste un jeu auquel il ne fallait pas trop prêter attention. Il sortit son calepin pour prendre la commande, lâchant un léger rire à sa commande : « Judicieux, ce choix sera ! » Il marqua donc sur sa note le café et le maté, avant de redemander amusé : « Difficile, la nuit, a dû être ? » Pour s'endormir ainsi devant un café, il devait vraiment manquer de sommeil.