Petite sœur, je connais ta peine et ta douleur (Emi)

C'était la semaine sans les enfants. C'était la semaine où les soirées étaient longues, bien trop longues pour Livio. Heureusement, il avait son meilleur ami, Marlow, son golden retriever qui, lui, était toujours là pour animer ses soirées. Comme la soirée était encore belle, qu'il ne faisait pas trop frais, Livio avait pris son chien et son fauteuil roulant – qu'il utilisait en alternance avec ses béquilles – et s'était engagé dans les rues de Bowen pour une longue et belle promenade. Marlow avait pris l'habitude de ces moments-là. Il ne tirait pas sur la laisse et rester toujours près de son maître. Jusqu'aux abords de la plage, où il savait que là, il pourrait courir sur la longue étendue de sable. Mais avant d'en arriver là, il fallait passer par les rues plus animées de la ville. Celles qu'il évitait un peu depuis son dernier passage au commissariat après une nuit un peu trop arrosée. Pour autant – et il ne sut pas vraiment pourquoi, sûrement le hasard – ses deux billes bleues s'arrêtèrent sur la terrasse du Wojna's. Une tête blonde, bien trop familière, lui sauta aux yeux. « Emilia ? » interpella-t-il, surpris. Sa sœur était partie en toute fin d'après-midi pour mener sa garde à l'hôpital. Il s'avança jusqu'à elle, Marlow s'empressant d'aller saluer la jeune femme. « Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu étais de nuit ?! » Il lui avait proposé le matin même de faire une soirée tous les deux, si elle était disponible. Il pourrait très mal prendre la chose, mais il comprit bien vite qu'elle n'était pas dans son état normal. Sa sœur, il la connaissait par cœur. « Tu as bu ? »

Une fois de plus accoudée au bar, tu enchaine les verres qu'on te paye, tu noies ta peine dans ces verres parce que y a que comme ça que tu éteins tes pensées parasites et ton coeur. Cela ne marche pas sans soucis, parce que tu mentais à ton frère depuis des jours, peut-être même des semaines, en réalité tu ne sais plus vraiment quel jour il était, tu étais paumée. Paumée pour tout, mais surtout depuis que tu avais perdu la seule chose qui te faisais tenir debout, ton boulot. Tu lui mentais, lui disant encore que tu avais des nuits de garde ou autre alors que tu viens les passer dans les bars pour n'éveiller aucun soupçon. Assise à une table dehors, cigarette à la main verre de rhum dans l'autre tu entends ton prénom et surtout en tournant ta tête tu vois un chien que tu connais trop bien. Ton verre tu le pose sur la table à côté de toi. "Oh Marlooooooow mon gros pépère!!" Tu viens lui faire plein de câlins te demandant donc ce qu'il faisait là et tu relèves les yeux et tombe sur ton frère. Tellement alcoolisée que tu ne te rends au final pas compte de ce qu'il se passait, que cette rencontre n'allait pas être positive. "Liliiii t'es là! vient on va boire un verre!!!" Tu ricanes à sa question, en secouant la tête. "Moi? Boire? Nooooooooon juste qu'un tout petit peu!" Tu viens lui faire un bisous sur la joue. "Je suis contente de te voir tu sais! T'es trop le meilleur des grands frères et je t'aime trop fort!"

S'il y avait quelqu'un auquel il ne s'attendait pas à voir, c'était bien Emilia. La veille, il lui avait justement demandé quel était son planning, dans le but de lui proposer une soirée ensemble, mais elle avait affirmé qu'elle bossait. Alors que faisait-elle là, assise dehors, son verre en main ? Un verre qui, d'ailleurs, ne semblait pas être le premier. Il la connaissait, Emi, et il savait pertinemment quand elle avait trop forcé sur la boisson. C'était donc avec un mélange d'émotions – un délicieux cocktail entre la colère, l'inquiétude et la peur – qu'il l'aborda. Marlow ne la quittait pas, réclamant plein de caresses. « Non. » dit-il sèchement quand elle lui dit de venir prendre un verre avec elle. Puis, de manière très enjouée, elle vint lui déposer un baiser sur la joue et lui faire une grande déclaration fraternelle, bien loin de l'image qu'elle lui renvoyait ces derniers jours. Parce qu'il n'était pas aveugle, Livio, il voyait bien qu'elle avait mal. Et il voyait bien à quel point il se sentait impuissant. « Oui moi aussi je t'aime. » dit-il pour rentrer dans son jeu. Il prit le verre dans la main et sentit la forte effluve de l'alcool. Elle avait tapé dans les alcools forts. « T'as pris ta soirée ? » redemanda-t-il, bien décidé à ne pas lâcher le morceau.

T'étais au plus mal, plus bas que terre depuis des jours, d'abord la trahison de Beckham qui une fois de plus te brise le coeur alors que tu y croyais dur comme fer à cette histoire, comme toutes les précédentes, puis le fait de te retrouver sans chez toi et devoir retourner vivre chez ton frère ton seul vrai point d'ancrage en ville, et puis la perte de ton boulot. Oui tu étais au fond du trou et tu ne savais pas comment t'en sortir, à ce jour la seule solution que tu as trouvé c'est de te rendre en soirée, boire et consommer quelques drogues pour oublier. Tu es au plus mal sans savoir comment faire pour t'en sortir et tu mens surtout à la seule personne qui ne te fera jamais de mal. Pourquoi? Car tu penses que le protéger de ton mal était la meilleure solution. Alors quand tu vois Livio face à toi dans ce bar alors que tu n'en étais clairement pas à ton premier verre d'alcool tu ne percutes pas aussitôt des futures repercussions que ça pourra avoir. "Ah j'adore quand tu dis que tu m'aimes mon Lili!" Tu le prends dans tes bras en souriant, vraiment heureuse de le voir parce que oui ton frère est la personne la plus importante pour toi à ce jour. "De quoi j'ai pris ma soirée? Non je bosse pas!" Tu ricanes comme une ado, l'alcool bien présent en toi. "Je bosses plus depuis presque 2 semaines!" Tu secoues la tête et vient récupérer ton verre pour le finir et tu fais signes au serveur de t'en remettre un, un de plus un de moins ça ne changerait plus rien à ce stade. "Aller vient livio fait pas ton rabat joie on va boire toi et moi pour oublier nos vies de merde!!!" Tu lui prends la main pour l'entrainer avec toi et tu fais signe au serveur de mettre un verre de plus à ton frère.

Trouver Emi légèrement éméchée étonne Livio. Pour lui, elle doit bosser et non être ici. Il fronce les sourcils lorsqu'il entend cette réponse qui concerne son boulot. Il serre Emi contre lui et pose ses yeux bleus sur elle. Elle ne bosse plus depuis quinze jours ? Il tombe de trois mètres. Elle vit en coloc, sous son toit et il ne voit rien du tout. Quel frère top ! « Quinze jours ? Comment c'est possible ?! » s'interroge-t-il, entre colère et tristesse. Emi l'emmène vers le comptoir, un signe vers le serveur pour que celui-ci serve encore des verres. Pour oublier leurs vies de merde, dit-elle. « Non ! » dit Livio, sèchement. « On rentre. Et tu m'expliques enfin tout. TOUT. Je ne comprends plus rien. » Emi est trop éméchée pour rester ici et boire encore. Il montre l'extérieur, ses yeux déterminés, entre inquiétude et instinct de protection. « Dis-moi tout, je t'en prie... »

T'étais joyeuse en cet instant parce que l'alcool que t'avais bu t'aidais à l'être et puis y avait ton frère, ah Livio, heureusement qu'il était là, le seul à pouvoir te comprendre et t'aimer tu le savais. "Bah quoi comment ça? Ils m'ont dit de plus revenir y a quinze jours, genre j'ai été viré quoi!" Tu ris, dans le fond ton rire n'était pas sincère il devait le savoir, depuis toujours tu avais rêvé de devenir chirurgienne, depuis toujours c'était ton rêve ton objectif de vie et tu te retrouvais du jour au lendemain virée. Tu entraines d'ailleurs ton frère vers le bar afin que vous puissiez boire quelque chose tous les deux, oublier à quel point votre vie était chaotique ces derniers temps. Pourtant son ton est sec quand il refuse le verre et qu'il refuse par la même occasion que le barman te serve. Tu le regardes en fronçant les sourcils "Mais... j'ai pas fini ma soirée moi!" Tu voulais pas rentrer, tu avais encore la nuit devant toi pour profiter de tout ça. Mais son regard semble intransigeant et tu y lis de l'inquiétude et ton coeur se sert légèrement en voyant ton frère comme ça, tu voulais pas qu'il s'inquiète pour toi. "Je vais bien Livio..." Non tu mentais très mal et il le savait. Tu soupires doucement en baissant la tête et en sortant du bar, ton frère avec toi et Marlow. Tu commences à marcher alors en direction de chez vous sans rien dire. Le silence était pesant, un peu trop mais tu réfléchissais au fond de toi sur comment tu allais pouvoir parler de ton mal-être à ton frère. Arrivant à destination, tu laisses ton frère ouvrir, clairement pas en capacité de fouiller dans ton sac pour trouver tes clés et en entrant tu retires tes chaussures avant d'aller t'allonger dans le canapé. "Tu m'en veux hein... de t'avoir menti!" Tu hoches la tête en osant pas regarder ton frère aîné, tu avais honte de lui causer du soucis. "Je veux pas que tu t'inquiètes pour moi c'est tout Livio!"

Il ne comprenait pas totalement ce qu'elle disait ou plutôt il ne voulait pas comprendre réellement ce qu'elle disait. Mais quand Emilia utilisa les bons mots, comme quoi elle avait été viré, deux semaines auparavant, cela représenta un coup de massue pour Livio. Comment avait-il fait pour ne pas s'en rendre compte ?! A cet instant, il bouillait, entre colère (contre lui-même) et tristesse (pour sa sœur). Alors que la blonde tentait de l'entraîner dans sa soirée, l'italien répliqua sèchement qu'ils allaient rentrer. Il ne lui laissait pas vraiment le choix de toute manière. S'il devait se lever de ce foutu fauteuil pour la ramener, il le ferait ! « On rentre. » répéta-t-il alors que sa sœur protestait. Finalement, elle lâcha l'affaire, tentant de faire comme si de rien n'était , sûrement pour le rassurer. « Non, tu ne vas pas bien, Emi. » Mais ce n'était pas l'endroit pour en parler. En silence, ils quittèrent le bar et abrégèrent la promenade de Marlow pour rentrer à la maison. Une fois sur place, Emi s'allongea sur le canapé et rompit le silence. Livio s'installa sur le fauteuil et secoua la tête à ses mots : « Je m'en veux surtout de n'avoir rien remarqué. » Il garda ses yeux sur elle alors qu'elle, elle détournait le regard. « C'est en faisait tout ça que tu m'inquiètes, Emi. Je suis ton frère. Ton grand frère. Il faut que tu saches que j'ai les épaules solides pour t'écouter, te soutenir et t'aider. T'es ma petite sœur, je m'inquièterai toujours pour toi. » On sentait l'émotion dans sa voix : « Mais il faut que tu me parles... » Il la suppliait presque. Il savait ce que c'était de ne rien dire. En faisant cela, lui, il était allé très loin dans son désespoir.

Tu ne voulais pas partir de cette soirée, tu voulais pas te retrouver face a ton frère qui va vouloir te faire parler tu le sais et parler ... T'étais peut-être pas totalement prête. Tu étais mal, plus bas que terre et tu ne sais pas si tu vas réussir à te relever de cette blessure supplémentaire. Pourtant, le regard de Livio sur toi te fais mal, tu as l'impression qu'il souffre de te voir comme ça et faire souffrir ton frère et réellement la pire chose que tu pourrais faire. Alors tu le suis pour rentrer chez lui, là où tu squattes parce que t'as plus rien ni boulot ni logement, tout était perdu a commencer par toi. Tu t'allonges dans le canapé, évitant a tout prix le regard de ton frère parce que tu le sais que si tu le regardes tu allais craquer. Tu lui demandes simplement s'il t'en voulait, parce que toi t'agissais simplement dans un but de le protéger, tu n'avais pas envie qu'il s'inquiète pour toi et pourtant c'est ce qu'il se passait avec tes agissements. Tu l'écoute sans oser le regarder mais tu finis quand même par poser le regard sur lui et son inquiétude qui se lisait sur son visage te brises le cœur. Fondant en larmes, tu te replis sur toi même, laissant sortir toutes les larmes de ton corps. "J'y arrives plus, j'ai envie d'éteindre mon coeur, d'éteindre ma tête parce que ... Parce que je suis détruite Livio !" Tu le sais que t'es anéantie, tu as vécu bien trop de choses au cours de ces dernières années, des choses que ton frère savait, et certaines non. "J'en peux plus qu'on me brise a ce point, on me prend, on me dit m'aimer, on me fait croire monts et merveilles pour au final me traiter comme une moins que rien !" Tu essayes de reprendre ta respiration entre tes larmes et tes mots. "C'est peut-être ce que je suis au final une moins que rien... La preuve j'ai réussi a perdre mon boulot ! Ils ont eu raison au final de me traiter comme ça, je mérite rien de tout ça !" T'es en colère, contre toi, contre le monde entier, contre ces hommes qui ont rien su faire d'autres que te faire souffrir. "Je me déteste Livio, je me déteste... Je les déteste !" Il sait très bien que le mots les corresponds a Milo, Max et Beckham.