was it something I did ? was it something you said ? (emilia)

De toutes les embarcations auxquelles on aurait pu m’attitrer pour cette course à relais nautique, mon équipe me désigna comme le pédalo guy. Really ? C’était probablement la pire embarcation de tous les temps. J’aurais mille fois préféré le canot, le kayak ou la planche à pagaie. J’acceptai quand même de me sacrifier pour la cause, et je m’en allai dans le peloton de personnes qui allaient s’affronter pour la portion pédalo. Je remarquai rapidement qu’Emilia était dans ce groupe, tout comme moi, on lui avait réservé ce triste sort. J’esquissai un faible sourire en la regardant. Décidément, cette Fête de la mangue m’obligeait à être confronté à des personnes avec qui j’avais eu des histoires inachevées. D’abord Alba, maintenant Emilia. Les animateurs de la Fête de la mangue expliquèrent que pour cette première étape de l’épreuve, les quatre équipes n’en formeraient que deux. L’équipe gagnante sera alors de nouveau scindée, et les deux équipes restantes allaient s’affronter en finale. Après un tirage au sort, les duos furent formés ainsi : les Ananas étaient jumelés aux Mûres, et les Pamplemousses avec les Figues. Cela signifiait donc que … ouais, j’étais pairé avec Emilia au pédalo. Je m’approchai d’elle. « Salut. Ça fait bizarre, la dernière fois que j’ai participé à la Fête de la mangue, on était dans la même équipe. I guess qu’on l’est encore un peu, au moins pour cette première étape … » J’essayais de dissiper le malaise avant même qu’il ne survienne, en ayant l’air cool et détaché, mais bon, sachant qu’avec Emilia ça n’avait pas fonctionné parce qu’elle s’était mise en couple avec un autre que moi, c’était quand même difficile d’être en duo avec elle. C’aurait été différent si j’avais pu me vanter d’être en couple avec Pippa et que tout allait pour le mieux, mais ce n’était plus le cas depuis quelques semaines.

Du pédalo? Ils sont pas sérieux? Tu aurais peut-être dû te manifester un peu plus fort afin de refuser de faire du pédalo mais tu devais simplement accepter ton sort. Tu suis alors le troupeau qui se dirige donc vers le coin pédalo et ton regard se pose sur un visage que tu connais très bien, que tu aurai peut-être pu connaître encore plus si tu avais peut-être agis d'une autre manière. Mais avec les si tu referais le monde très certainement. Un petit sourire que tu lui rends alors qu'il t'en fais un et tu regardes alors l'organisateur qui explique comment allait se passer cette course de pédalo. Les règles étaient assez simple et tu ne fais pas vraiment apparaître sur ton visage le fait que t'étais pas ravie de faire cette activité. Les équipes tirés au sort, tu cherches du regard alors le membre de l'équipe ananas alors que ton regard se pose à nouveau sur Concho qui s'approche de toi. Ok clairement, c'était pas vraiment dans ta bingo list mais tu allais bien devoir lui faire face un jour ou l'autre. Tu te mets face à lui en souriant timidement, presque gênée et tu ricanes doucement quand il parle de faire équipe. "Toi et moi dans la même équipe c'est une équipe gagnante forcément!" Tu crois bien il y a deux ans que votre équipe avait gagné, t'as plus trop de souvenirs par rapport à toute cette époque, enfin surtout ton cerveau ne semble pas vouloir se rappeler de certaine choses surtout en ce moment, tu as trop voulu l'éteindre pour oublier ta peine et ta douleur. Tu montres le pédalo proche de vous. "Je crois que c'est notre embarcation pour cette compétition non?" Tu étais mal à l'aise, gênée, t'avais aucune idée de comment allait se passer ce moment alors que tu montes sur le pédalo et prend place.

Je n’avais pas souvenir d’avoir déjà perdu une Fête de la mangue, en fait. Peut-être juste une fois, c’est tout. Contre les Mûres, justement. Et ce n’était pas l’année durant laquelle j’avais été avec Emilia. Nous étions tous les deux des Ananas, à l’époque. Là, elle était basculée du côté sombre des Mûres. Je souris à sa réplique, peut-être que elle et moi dans la même équipe, c’était gagnant, mais elle et moi comme équipe, ce ne l’était pas vraiment. Nous nous étions mis en échec alors qu’on venait à peine de commencer à jouer - évidemment, je parle ici de l’éventuelle relation que nous aurions pu avoir. On s’était fréquentés, deux ou trois fois, le courant passait super bien, on flirtait, je m’attendais à ce que ça passe à une prochaine étape, et bam, j’apprenais qu’elle était en couple avec un autre gars. Donc non, nous ne formions pas une équipe gagnante. Peut-être qu’en pédalo, ce serait autre chose, mais avant ça il faudrait gérer les non-dits entre nous. « C’est ce qu’on va voir en tout cas ! » Lâchais-je, pas trop certain de comment tout ça serait interprété. Emilia montra le pédalo proche de nous. « Ouais, je crois bien … Je t’avertis, je suis au pédalo parce que j’ai eu le dernier choix. Je n’ai aucun plaisir là-dedans. » On mit l’embarcation à l’eau et je la tins en équilibre pendant qu’Emilia montait dedans. Quand elle fut bien installée, j’embarquai à mon tour, faisant tanguer le petit pédalo et manquant de tomber avant de finalement poser mes fesses sur mon siège. « Ça commence bien. » Déclarais-je avant de lever la tête vers les bouées. « Il a dit que le point de départ des pédalos, c’était les bouées oranges, c’est ça ? » Les premiers à partir étaient les kayaks, puis les canots, et nous prenions le relais ensuite jusqu’à ce qu’on atteigne les gens sur les planches à pagaie. « J’espère qu’on a pas mal de temps pour se rendre, quand même … » L’autre pédalo avec un Pamplemousse et une Figue était déjà parti. On se mit en marche (ou plutôt en pédales) derrière eux.

Tu ne sais pas ce qu'allait donner ce moment avec Concho mais dans le fond t'espère peut-être pouvoir avoir l'occasion de lui parler, faire amande honorable auprès de lui. Tu le sais que tu étais fautive de ce qui ne s'était malheureusement pas passer avec lui. T'avais des regrets de la manière dont tout s'était terminé entre vous, tu aurais dû faire les choses autrement tu le sais. "Ah bah si ça te rassure, j'ai pas eu le choix non plus!" Ok c'était clairement pas rassurant, mais former un binôme avec Concho allait être des plus intéressant tu le savais. Montant alors dans le pédalo tu attends qu'il vienne s'assoir à côté de toi manquant de tomber à l'eau plusieurs fois vu le pédalo qui tangue avec Concho. Tu ris doucement et relève la tête vers les bouées. "Oui je crois me souvenir de ça!" Tu regardes alors les bouées et commence à pédale doucement et regarde autour de vous. "Oui je pense qu'on a un peu de temps, ils vont pas pouvoir démarrer si tout le monde n'est pas en place.." Enfin tu crois t'en sais trop rien finalement. Tu continues de pédaler doucement et tu laisses Concho diriger l'embarcation parce que t'étais clairement pas sûr de savoir gérer le gouvernail. Un silence de plomb s'est installé en vous, le malaise se faisait ressentir à des kilomètres à la ronde. Tu n'oses pas vraiment le regarder, tu ne savais pas trop quoi dire en réalité, mais tu le savais que tu devais t'exprimer toi. Tu portes ton regard alors sur lui et l'observe un petit instant. "Je suis désolée tu sais... De ce qui a pu se passer... Je pense que le karma me fait bien comprendre depuis que j'ai pas bien agis avec toi!" Même si ce que tu as vécu en Italie était avant lui, tu devais avouer que depuis ce flirt que tu as vécu avec Concho tu avais subit pas mal de mésaventure.

Nous n’avions tous les deux pas envie de nous retrouver dans ce pédalo, ce qui n’était pas très encourageant pour la victoire de nos équipes. « J’suis pas trop rassuré, non. » Lâchais-je avec légèreté. Je n’étais peut-être pas enthousiaste et super avenant avec Emilia, en raison de notre passé, mais je n’étais pas méchant non plus. Je ne pouvais pas me comporter en gros con juste parce qu’elle ne m’avait pas choisi. C’est juste que j’avais eu l’impression qu’elle s’était jouée de moi, qu’elle s’était moquée de moi, qu’elle m’avait mené en bateau, et tout ça sans jamais d’explication. C’était surtout pour ça, que j’avais du ressentiment. Je vins m’asseoir à côté d’Emilia dans le pédalo, pour qu’on puisse commencer l’épreuve. Je manquai de tomber et cela lui arracha un petit rire, mais elle ne commenta pas davantage et moi non plus. D’ordinaire, on aurait beaucoup plus rigolé que ça, ensemble. D’ordinaire. « À moins qu’on mette trente ans à se rendre, là ils vont peut-être pas attendre .. Avec ce gouvernail de merde, c’est pas gagné d’avance. » J’avais l’impression que quand je poussais juste légèrement vers la droite, ça tournait de quatre-vingt-dix degrés. Il fallait vraiment être très très doux avec la poignée. Concentré à la tâche de garder le cap, je laissai le silence s’installer. De toute façon, je ne pensais pas que c’était à moi de dire quoi que ce soit pour briser la glace. Je n’allais quand même pas commencer à me plaindre d’avoir été mis de côté. Heureusement, Emilia se lança sans trop attendre. Au moins, ce serait réglé. « De ce qui n’a pas pu se passer, tu veux dire. » Rectifiais-je. Je n’avais pas envie d’aborder la question du karma dont elle me parlait. Pas tout de suite, en tout cas. Je n’avais pas envie qu’elle balaie ça avec des déboires. Il fallait qu’on en parle, avant que je m’en fasse pour elle. Parce que bien sûr, j’allais m’en faire pour elle. Je n’étais pas un monstre. « Et c’est même pas ça qui me dérange, Emi, qu’il ne se soit finalement rien passé entre nous. C’est juste que j’aurais aimé l’apprendre un peu mieux, plutôt que de me faire dire, par une connaissance en commun, que t’étais avec un autre gars. Et moi qui étais en train de penser à notre prochaine date. J’ai juste plus eu de nouvelles après. » Je marquai une pause, regardant l’horizon, songeur. « C’est quelque chose que j’ai fait ? » Je voulais au moins comprendre pourquoi ça n’avait pas fonctionné, entre nous.

Tu ne savais définitivement pas comment agir avec Concho, c'était pourtant si simple et si fluide avec lui avec l'époque. Vous rigoliez et vous amusiez de tout, l'humour était définitivement ce qui vous caracterisiez le plus et pourtant malgré vos nombreuses rigolades, vous aviez réussi a flirter. "Tu veux que j'essaye de diriger?" Bon c'était pas sur que tenir le gouvernail allait être simple pour toi, mais tu voulais bien essayer surtout si ça pouvait vous permettre d'arriver à bon port. Après un silence de plomb, tu finis par trouver le courage de lui parler, de t'excuser surtout a propos de ce que tu avais pu faire et de ce qui n'était pas passé entre vous comme il le dit si bien. Alors que tu le regardais tu détourne le regard, honteuse d'avoir peut-être pu le blesser autant. Tu ne pensais pas que tes actions pouvait autant lui faire de mal, mais tu te rends bien compte, face a lui, que si. Sa question te surprends, a tel point que tu te tournes vivement vers lui faisant tanguer un peu le pédalo. "Tu n'as absolument rien fait de mal Concho, vraiment je veux pas que tu penses que tu as fait quoi que ce soit..." Tu plisses les yeux alors que tu le regardes encore, te sentant définitivement encore plus mal que tu ne l'étais. "C'est juste moi qui n'ai pas su gérer... Moi qui ai terriblement mal agis, je .." Tu secoues la tête en regardant de nouveau devant vous pour voir où vous vous dirigez. "J'avais renoué contact avec un ancien amant on va dire et ... J'aurai jamais du te faire ça, t'es vraiment un mec génial... Peut-être même trop génial par rapport à moi !" De toute manière en ce moment on ne pouvait pas faire pire que toi, rien était au beau fixe pour toi tu voyais la vie en gris et non plus par des milliers de couleurs comme c'était le cas. Tu étais éteinte et ne ressemblais plus a la Emi qu'il avait connu.

Emilia me proposa d’essayer de diriger. Elle avait peut-être une meilleure compréhension que moi de la mécanique du gouvernail, alors pourquoi pas. J’haussai les épaules, retirant ma main de la poignée. « My reputation’s never been worse, so … » Elle pouvait difficilement faire pire que moi, la blonde. Elle prit donc le relai, la main posée sur la poignée, essayant de diriger du mieux qu’elle le pouvait notre pédalo, vers les bouées où nous devions attendre les canots, lorsque la course serait lancée. Le silence s’installa, le malaise était palpable, et au bout de quelques minutes à se faire bercer par les vagues, Emilia brisa la glace. Elle s’excusait, oui, mais je n’avais pas davantage d’explications. Pourtant, j’avais passé des semaines, voire des mois, à me demander ce que cet autre gars-là avait de plus que moi. À me demander ce que j’avais bien pu faire pour qu’elle ne me choisisse pas. Il me semblait que nous avions passé de très beaux moments, même s’ils avaient parfois été de véritables fiascos, nous avions toujours su comment en rire. C’aurait pu être le début d’une très belle histoire. Emilia m’assura que ce n’était pas moi, c’était elle. Le classique, quoi. « What a waste, taking down the pictures and the plans we made. » En tout cas, moi, j’en avais eu des plans, pour nous deux. Et de très beaux souvenirs. Sauf que ça s’était arrêté vite, sans explication. Emilia m’apprit qu’elle avait renoué avec un ancien amant, à l’époque. Je soupirai. ​« Oh, he’s so smug, Mr. Always Wins. So far above me in every sense, so far above feeling anything. » Mais Emilia m’assura qu’elle n’aurait jamais dû me faire ça, que j’étais un mec génial, même trop génial par rapport à elle. Je secouai discrètement la tête. Ce n’était nullement un réconfort. « Have you ever thought, just maybe, you belong with me? » Osais-je demander, pour savoir si j’avais déjà eu une chance, si elle m’avait regrettée, au moins.

Il fallait que tu joue carte sur table avec lui, il le méritait, c'était peut-être trop tard mais mieux vaut tard que jamais tu penses. Alors tu lui avoues être désolée, tu lui avoues ce qu'il s'est passé, comme quoi il n'y étais pour rien que tout ça était de ta faute. "Oui je sais que j'ai tout gâché... Tu méritais mieux, on méritait mieux !" Bien sûr que ce que vous aviez vécu méritait mieux que ce que tu as pu faire. Mais tu venais a jouer la sincérité, lui parler de Max, de ce que t'avais cru être une belle histoire avec lui avant qu'il ne parte et t'abandonne. T'ose pas croiser le regard de Concho alors que tu parles de celui qui avait brisé ce que vous aviez. "Il n'était pas aussi bien que ce que je pensais et je regrette amèrement..." Tu continues de pédaler alors que tu ne le regarde toujours pas, jusqu'à ce qu'il te pose une question. Tu es bouche bée face a cette question, t'y avais pas vraiment pensé parce que t'évitais de penser a Concho, trop de regret et d'amertume. "Bien sûr que j'y ai déjà pensé... Bien sûr que j'étais persuadée lors de notre rencontre qu'il me fallait quelqu'un comme toi..." Aujourd'hui tout était tellement différent, tu étais différente de celle qu'il avait connu, tu continues de le fixer. "Tu as toutes les qualités d'un homme idéal Concho, elle est bien chanceuse celle qui partage ou partagera ta vie tu sais..." Tu lui fais un petit sourire, tu ne savais pas où il en était dans sa situation personnelle donc tu ne veux pas non plus affirmer des choses sans savoir où il en est dans sa situation. "T'es unique en ton genre et vraiment j'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi, et ... Tu m'as manqué !" Tu détourne le regard et essaye encore de contrôle ce pédalo pour vous rendre vers la bouée mais clairement, ce n'était pas gagné.

Je ne sais pas pourquoi j’insistais à ce point, pour être bien honnête. Je ne serais pas prêt à reprendre les choses là où on les avaient laissées, avec Emilia. Premièrement, parce qu’elle m’avait causé bien de la peine. Deuxièmement, parce que je n’étais pas du tout dans un bon headspace, présentement. Je venais à peine de me séparer avec Pippa, la mère de mon troisième enfant, celle avec qui je venais à peine d’emménager, croyant me construire un futur avec elle. Peu importe ce qu’Emilia allait répondre à mes questions, ça ne changerait rien. Ce qui était fait, était fait. Nous n’étions pas ensemble et ça se terminait là. Nous avions pris des chemins bien différents. Malgré tout ça, on dirait que j’avais besoin de comprendre, besoin de savoir. « J’ai juste l’impression que tu ne m’as même pas laissé de chance, à l’époque. Mais bon. Ça sert à rien que je ressasse trop tout ça, j’imagine. Ça ne nous mènera nulle part. » Autre chose qui ne nous mènerait nulle part : ce pédalo. D’ailleurs, j’avais l’impression qu’on s’éloignait davantage des bouées qu’on ne s’en rapprochait. Difficile à dire, avec tout ce vent et ces vagues. Et puis, je n’étais plus tout à fait concentré. « Pour le moment, y’a pas de chanceuse. Que ce soit avant, ou après toi, faut croire qu’il y a quand même un truc, chez moi, qui cloche. » Affirmais-je avant de soupirer et de détourner le regard. Je jetai un œil à la plage, qui me semblait drôlement loin. L’autre pédalo aussi. « T’es certaine que tu tiens le gouvernail correctement ? J’ai vraiment pas l’impression qu’on s’en va à la bonne place. » Il faudrait peut-être se mettre à pédaler de reculons, parce que pour le moment, clairement, on s’en allait juste de plus en plus vers le large.

Bien sûr que tu t'en voulais de comment les choses s'étaient passées avec Concho, il méritait mieux que le ghostage dont tu avais fait part. Tu n'étais clairement pas fière de toi parce que Concho n'avait jamais rien fait de mal, au contraire tout s'était toujours passé à merveille avec lui malgré les quelques malaises mais au final tout ça vous aviez réussi à en rire. "Ca ne changera rien non mais je suis quand même sincèrement désolée d'avoir agit ainsi Concho, vraiment!" Tu hoches la tête en tournant le regard vers lui, comme pour lui montrer ta sincérité, t'espérais dans le fond qu'il te sait sincère car tu l'es. Si tu pouvais revenir en arrière pour tout recommencer tu le ferai, il était quelqu'un de bien et il méritait vraiment que du bon, que du positif, chose que tu n'as pas su lui offrir. "A croire alors qu'on est deux à avoir quelque chose qui cloche..." Tu ris jaune, parce que il y a eu des après Concho mais à chaque fois des histoires vouées à l'échec, des histoires qui t'ont fait souffrir et qui te font encore souffrir aujourd'hui, Beckham le dernier en date. Mais une chose qui cloche en tout cas c'est bien ce pédalo qui ne semble pas du tout vouloir obéir à la direction que je lui donne. "Mais oui regarde!!!" Ok tu as été un peu virulente mais surtout parce que ce pédalo t'agace à partir dans la direction opposée. Tu viens arrêter de pédaler et porte tes deux mains sur le gouvernail pour le faire tourner mais rien y fait. Tu forces un peu faisant peut-être même tanguer le pédalo un peu mais t'en avais aucune idée sur le moment tellement tu t'agaces dessus. "Putain mais ils nous ont donné un pédalo piégé ou quoi?"

Je tournai la tête vers Emilia et je vis toute la sincérité dans le regard de la blonde alors qu’elle s’excusait d’avoir agi comme elle l’avait fait. Je hochai brièvement la tête d’abord silencieusement, la regardant un moment, avant de détourner les yeux et de lâcher un : « Merci. » tout simple. Je n’avais pas grand chose à dire que ça, de toute façon, je me disais depuis un moment qu’Emilia n’était pas le seul problème dans cette histoire. Forcément, quelque chose clochait avec moi. Autrement, je n’accumulerais pas à ce point les échecs amoureux. Autant à Melbourne qu’ici à Bowen, depuis mon retour, je n’arrivais pas à garder une relation plus d’une année, deux années tout au plus. Emilia affirma que nous étions deux, à avoir quelque chose qui cloche. Je tournai la tête de nouveau vers elle, la regardant pendant quelques secondes, mais je ne dis rien. Je comprenais que sa vie amoureuse n’était pas celle qu’elle aurait espérée, mais je n’avais pas forcément envie d’en entendre parler. Pas là, pas maintenant. Surtout, il nous fallait probablement nous concentrer un peu plus sur la compétition. Ce n’est pas parce que la présence d’Emilia me déconcentrait qu’il fallait que j’abandonne complètement l’objectif de vue. Pour l’instant, on ne l’atteignait pas du tout, la bouée où il fallait aller se positionner. Et dire que la course n’était même pas encore lancée … « Pas trop, fort tu vas arracher la poignée ! » La prévins-je. Nous étions tous les deux là à nous emporter contre ce pédalo, et un peu l’un contre l’autre aussi. Emilia arrêta de pédaler et continua de forcer sur le gouvernail avec ses deux mains, vociférant contre l’embarcation. « Laisse-moi essayer ! » Je me levai un peu les fesses pour m’avancer vers la poignée mais Emilia continua de forcer, et le pédalo continuait de tanguer, et avec la vague qui arriva sans qu’on l’anticipe, je tombai vers l’arrière dans un cri de surprise. Tête première dans l’eau.

Tu sais que tu avais mal agi avec lui et tu ne pouvais rien faire d'autres que t'excuser auprès de lui parce que tu n'aurai pas du tout agir de la manière dont tu l'as fait. Tu ne pourras pas revenir en arrière mais t'espérais ainsi pouvoir peut-être repartir sur des bases plus saines avec Concho. Tu l'avais évité à de nombreuses reprises , ne sachant pas trop comment agir avec lui mais aujourd'hui tu n'as pas pu le faire et tu as enfin assumé tes actes. Alors t'avais espoir que peut-être vous pourriez devenir amis? Parce que tu sais à quel point il est quelqu'un de génial et si ça n'a pas marché sentimentalement parlant rien ne vous empêchez de faire marché l'amitié entre vous. Pour l'instant tu ne sais pas ce que ça donnera mais vous étiez déjà un peu entrain de vous chamailler à cause du pedalo sur lequel vous vous trouvez. Il ne semblait pas vouloir vous écouter et ne vous menait absolument pas dans la direction voulue. "Mais en y allant doucement ça marche pas, alors en forçant peut-être que si!" Toi tu avais ton côté italienne qui revient et tu t'agaces en faisant de grands mouvements. Concho se propose d'essayer mais tu continuais sans le vouloir de faire tanguer et quelques secondes plus tard tu vois l'homme à tes côtés tomber dans l'eau. "Concho!!!!" Forcément tu paniques un peu en le voyant faire et tu te penches un peu pour tenter de le rattraper. Tu as envie de rire, à croire que chacune de vos rencontres et moments passés ensemble finissaient par un problème. Tu le regardes alors qu'il sort la tête de l'eau. "Ca va? Tu t'es pas fait mal?" Tu viens lui tendre la main pour qu'il puisse remonter à bord de l'embarcation. "Je suis désolée, je me suis laissée emporter à cause du pédalo!"

Le courant passait bien, avec Emilia, on l’avait su dès le départ. C’est pas pour rien que je m’étais imaginé en couple avec elle, que je m’étais fait des idées et que j’avais développé des sentiments. Je savais qu’on avait une bonne vibe et que forcément, on irait bien ensemble. Maintenant que ça, c’était foutu, est-ce qu’il était possible qu’on aille bien ensemble mais comme amis ? Je ne m’étais jamais vraiment posé la question sérieusement, pour être honnête. J’avais été tellement déçu et blessé que je m’étais dit que c’était tout ou rien, qu’il n’y avait pas possibilité d’envisager une relation à quelque part entre les deux, soit l’amitié. Je ne savais pas si j’en serais capable. Ça remontait, quand même, Emilia et moi. Il serait peut-être temps que je passe par-dessus et qu’on aille de l’avant. En parlant de passer par-dessus, je parlais de mon ressentiment, bien sûr, pas du pédalo. Et pourtant, face à l’énervement d’Emilia et à ma tentative d’essayer, moi aussi, de tirer sur le gouvernail, je me ramassai par-dessus bord. Tête première, plouf. J’entendis à peine le cri de panique d’Emilia, j’étais déjà sous l’eau. Je mis un peu de temps à reprendre mes esprits et à comprendre où était la surface, mais une fois fait, je me sortis la tête de l’eau, nageant sur place avec difficulté en raison des vagues. Je posai mes mains sur le rebord du pédalo pour me garder en place. L’équilibre de ce truc était précaire, juste avec mon poids mis ainsi. « Non, ça va. » Grommelais-je. « J’le vois, hein, ton petit sourire que t’essaies de retenir. Vas-y, moque-toi ! » Mon air renfrogné se transforma un peu, j’avais aussi le goût de rire, mais un petit fond d’orgueil m’empêchait de me laisser complètement aller. Emilia me tendit la main pour m’aider à remonter. « J’ai bien vu ça ! » Commentais-je tout en attrapant sa main. Comble de malheur (ou pas !), quand Emilia me tira vers le haut, le pédalo tangua encore une fois, un peu plus encore que tout à l’heure, et la blonde risquait de perdre pied à tout moment.

Tu ne savais pas comment agir avec Concho, t'espérais que depuis le temps, et ton explication vous allez pouvoir repartir sur de bonnes bases. Même si ça n'avait pas marché entre vous, de ta faute, Concho faisait parti des meilleures personnes que tu avais rencontré ici et t'espérais sincèrement que votre entente pourrait vous faire devenir amis. De vous êtes retrouvés seuls sur ce pédalo avait permis de pouvoir mettre à plat selon toi un peu toute cette histoire. Mais rapidement c'est avec ce pédalo que tu te retrouves à te battre et puis une chose en entrainant une autre, Concho fini la tête la première dans l'eau. Un peu apeurée sur le moment tu laisses échapper un petit cri avant de le voir ressortir de l'eau et tu vois qu'il va bien alors oui, tu te retiens fortement de rire. Vraiment chacun de vos moments ensemble il se passe quelque chose. "Non je me permettrai pas de rire quand même!" Mais tu pouffes de rire un peu parce que comme d'habitude la situation ne pouvait qu'être ainsi entre vous. Tu viens quand même lui tendre la main pour essayer de l'aider à remonter à bord de l'embarcation mais au final tout fait contre poids et le pédalo bascule à nouveau. Tu essayes de tenir l'équilibre mais au final tu te retrouves à ton tour la tête la première dans l'eau "Ahh!!!" Tu bois peut-être même un peu la tasse avant de ressortir la tête de l'eau et de toussoter un peu en reprenant ton souffle. Tu regardes Concho avant de rire franchement. "Est-ce qu'on aura un jour des rencontres sans problèmes toi et moi?"

Si on se retenait tous les deux de rire depuis ma chute, elle par culpabilité et par respect, moi par orgueil, c’est Emilia qui flancha la première en pouffant finalement de rire. Je la suivis dans ce mouvement, riant de bon cœur avec elle. Je n’allais quand même pas faire la tête pour le restant de mes jours. Et puis, difficile de garder son sérieux dans une situation aussi cocasse que celle-ci. Rien ne s’arrangea, au contraire, puisque lorsqu’Emilia tenta de m’aider à remonter, c’est plutôt le contraire qui se produisit. La blonde plongea tête première à son tour. Je me doutais qu’elle avait avalé une bonne tasse d’eau dans sa chute puisqu’elle avait continué à crier même quand son visage avait touché la surface. Elle remonta et toussota, reprenant son souffle. « Ça va ? » Demandais-je, d’abord soucieux. Le rire ne tarda pas à revenir, voyant qu’elle aussi, elle avait survécu à ce petit drame. J’haussai les épaules dans l’eau face à sa question. « Au fond, ça n’aurait vraiment jamais pu fonctionner entre toi et moi. T’imagines, des histoires pareilles à tous les jours ? On n’aurait pas survécu. » Il valait mieux en rire, autant de notre relation morte dans l’œuf que de nos mésaventures. D’ailleurs, celle d’aujourd’hui n’était pas terminée. Je tournai la tête vers le pédalo, voulant au moins me tenir sur son rebord pour ne pas avoir à m’épuiser en nageant sur place, mais l’embarcation se trouvait maintenant à plusieurs mètres de nous, poussé par le vent et les vagues. « Oh merde, le pédalo ! » M’exclamais-je, commençant à nager vers celui-ci. En vain. La distance ne faisait que s’agrandir. « J’arrive pas à le rattraper ! » Lançais-je à Emilia, commençant à être essoufflé.