Aleksandra Martillo MESSAGE : 629 ICI DEPUIS : 01/06/2024 COMPTES : Liam. CRÉDITS : .cranberry
STATUT : Célibataire. | Sujet: You break me down, you build me up, believer - Libre Ven 13 Sep 2024 - 17:08 | |
| TW : Accident de la route, blessure
L’hôpital… Quel lieu étrange. À la fois synonyme de vie et de son contraire. On peut y croiser des personnes soulagées et souriantes, comme d’autres effondrées et en pleurs. Cela fait une semaine que je suis ici. J’ai encore du mal à comprendre comment les infirmières font pour tenir le coup. Tellement de gens à s’occuper, devoir courir dès qu’un certain « bip » retenti, écouter les instructions des docteurs… Je soupçonne certaines d’entre elles de faire des amplitudes horaires humainement intenables. Avec les événements récents à Bowen, les services d’urgence ont été pris d’assaut. Il y a encore plus d’affluence qu’à l'accoutumée. Pourtant, elles prennent quand même le temps d’être gentille avec les patients. Elles me fascinent et j’aime bien les observer. Je n’ai pas grand-chose à faire d’autre de toute façon. Alitée depuis mon accident de moto, j’ai épuisé le stock de livres que ma mère m’a apportés. Si seulement j’étais restée chez moi la veille de la tempête… Je n’aurais pas été obligée de rentrer sous la pluie et le vent. Je n’aurais pas vu cet arbre tomber sur ma route… Avec des « si », on refait le monde à ce qu’on dit. Et bien, j’aimerais beaucoup refaire le mien. Je n’accepte pas ce qui se passe. Je suis dans le déni en quelque sorte. Quand je regarde la grande cicatrice, j’ai l’impression que ma jambe ne m’appartient pas. Cela ne peut pas m’arriver, je n’ai pas subi cette opération. Un fémur cassé, ce n’est pourtant pas si grave comparé à ce qui aurait pu m’arriver. Je devrais être reconnaissante d’être en vie. Seulement, je n’ai pas l’habitude d’être dépendante. Ma liberté, c’est une énorme facette de ma personnalité. En être privée me rend folle. Si je veux bouger, je dois demander à ce qu’on me dépose sur un fauteuil roulant. Je ne suis même pas capable de le faire moi-même. Je me trouve pathétique et j’ai vraiment du mal à retrouver ma bonne humeur. Une dizaine de jours auparavant, j’étais capable de courir plusieurs kilomètres sans ressentir la moindre fatigue. Et me voilà, incapable de faire un pas en avant. Je maudis ma propre bêtise. Je pousse un énorme soupir. Je sais que je dois prendre le temps. Si je veux retrouver la mobilité et la force dans mes membres inférieurs, il est important de suivre les instructions du médecin. Mais qu’est-ce que c’est long !
Pour me changer les idées, je décide de me rendre dans les salles communes de mon service. Je pousse donc sur les roues de mon bolide pour avancer. On ne se rend pas compte comme ça, mais ce n’est pas si facile de manier un fauteuil roulant. J’ai encore tendance à rentrer dans les murs ou dans d’autres personnes quand je ne fais pas assez attention. Ironique comme situation, n’est-ce pas ? J’espère trouver quelqu’un avec qui discuter dans ce qu’ils appellent « la salle d’activité ». J’ai même emporté un paquet de cartes pour motiver les foules. Il n’y a pas grand monde en ce vendredi après-midi, seulement des personnes âgées qui discutent autour d’une table. Je m’avance vers deux dames. « Bonjour ! Dites, vous savez jouer au Rami ? » Si je les dérange, elles ne remballent pas et acceptent même ma proposition. Une heure et demie plus tard, je me rends compte de l’entourloupe. Elles sont trop fortes. Je me fais laminer. « Vous êtes fourbes, en fait ! Je rends les armes. Seule face à vous, je ne peux rien faire. » Je lâche mon jeu et me mets à rire. Elles ont réussi à me sortir de ma morosité, ce n'est pas chose facile. Face à ma défaite, je regagne donc ma chambre doucement, en poussant sur mes bras dans les couloirs. Soudain, je percute quelque chose. « Oh merde ! Désolée ! » __________________________ You can dance, you can jive, Having the time of your life.
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