Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Paige était confortablement installée dans son bureau, les pieds nonchalamment posés sur le rebord de son bureau, une tasse de thé dans une main et son téléphone dans l'autre. Elle faisait défiler les réseaux sociaux d’un air distrait, une routine quotidienne qui lui permettait de souffler entre deux dossiers stressants. Ce matin-là, tout était étrangement calme au cabinet. Aucun coup de téléphone intempestif, aucun client affolé demandant un miracle légal… juste la tranquillité du bureau, accompagnée du doux ronronnement de l'ordinateur en veille.
Elle adorait ces moments de calme. Ils étaient rares dans son métier, et encore plus chez Richard & Associés, où chaque jour apportait son lot de folies. Elle s'apprêtait à commenter une photo de vacances d'une ancienne camarade de classe lorsqu'une série de coups rapides et impatients retentit à la porte.
Sans même attendre de réponse, Richard, son patron excentrique et un brin imprévisible, fit irruption dans la pièce. Sa démarche rapide et son visage animé laissaient deviner que quelque chose d’important se préparait.
" Paige !" dit-il d'une voix théâtrale, comme s'il s'apprêtait à annoncer un drame Shakespearien. " J'ai une urgence pour toi. Tu vas adorer ! "
Paige baissa son téléphone, jetant un regard à moitié amusé, à moitié inquiet à Richard. Elle savait que "adorer" pour Richard signifiait souvent "se plonger dans un cauchemar juridique imprévisible".
" Qu’est-ce que tu me réserves encore ? " demanda-t-elle, se redressant légèrement.
" Une présentatrice météo d’une chaîne locale a été licenciée. Parce que, et je cite, - elle n’est plus assez jolie- "
" Charmant", répondit Paige, sarcastique. "Et tu veux que je prenne ça en charge ?"
" Exactement ! Tu sais comme j'aime quand on se bat pour la justice, surtout quand il s'agit de discrimination et de sexisme. Et toi, tu es la meilleure pour ce genre d’affaire."
Paige haussa un sourcil, légèrement flattée mais toujours méfiante. Les affaires de harcèlement n'étaient pas sa spécialité, mais c'est vrai qu'elle étonnement fait ses preuves sur plusieurs affaires similaires. Mais Richard n'était jamais aussi enthousiaste sans une raison cachée.
" Bon, ça a l’air jouable," répondit-elle en s’asseyant correctement. "C’est quoi la partie "surprise" du plan cette fois ?"
Un sourire encore plus large se dessina sur le visage de Richard. Il croisa les bras, comme un enfant prêt à dévoiler le dernier tour de magie à son public.
" Tu vas travailler sur cette affaire avec notre nouveau collaborateur !"
Paige leva un sourcil interrogateur. Elle n’était au courant d’aucune nouvelle embauche récente.
" Richard… un nouveau quoi ? Qui c’est ?"
Richard se retourna vers la porte d’un geste dramatique, et l’ouvrit lentement.
" Je te présente... Liam Lawson !"
Le sourire de Paige se figea immédiatement. Le nom résonna dans son esprit comme un coup de poing. Liam, ici ? À ce cabinet ? Le mari de Jude, cet homme qu’elle n’avait pas vu depuis des mois. Cet homme qui avait trompé sa meilleure amie et pire encore, qui refusait obstinément de signer les papiers du divorce. Comment diable Richard avait-il pu l’embaucher ?
Lentement, la silhouette de Liam apparut dans l’encadrement de la porte. Impeccablement vêtu comme toujours, son sourire en coin vaguement provocateur trahissait son assurance habituelle. Paige sentit une montée de colère la submerger, mais elle s’efforça de rester professionnelle. C’était Richard qui était responsable de ce carnage après tout, pas elle. Et elle ne comptait pas se donner en spectacle devant Liam.
" Richard..." commença-t-elle d’un ton mesuré, une étincelle de reproche dans la voix, "tu ne m’as pas parlé de cette embauche..."
" Eh bien, je pensais que ce serait une surprise ! Et c’en est une, non ? Et puis, Liam est très doué, et qui dit talent dit clients et qui dit clients dit pognon, pas besoin de plus d'explications " Dit-il, tout sourire.
Paige serra les mâchoires, ses yeux passant rapidement de Richard à Liam. Ce dernier ne parlait pas, observant la scène avec son air détaché, comme s’il attendait de voir comment la situation allait se dérouler.
" Une belle surprise, oui," dit-elle finalement, d'une voix froide. "Tu sais que Liam et moi on se connait bien ? Enfin, comme d'autres, je croyais le connaître en tout cas !" Lança t'elle avec un regard noir sur le bel avocat.
Richard recula légèrement, surpris, mais pas assez pour se laisser démonter.
" Oh... Oui, enfin... Bon, ça n'a rien à voir avec le travail, pas vrai ?" ajouta-t-il en haussant les épaules, avant de lui lancer un clin d'œil maladroit. " Je ne sais pas ce qu'il en est mais c'est du passé, tout ça, j'imagine, non ?"
Paige se leva lentement de sa chaise, prenant une profonde respiration pour garder son calme.
" Bien sûr, " répondit-elle d’une voix tranchante. " Le travail avant tout."
Elle se tourna vers Liam, son regard devenant plus acéré, presque accusateur.
" On va devoir travailler ensemble alors… essayons de ne pas nous tuer."
Liam ne répondit pas de suite, mais son sourire en coin s’élargit légèrement, comme s’il trouvait toute cette scène amusante. Paige, quant à elle, se tourna vers son bureau après le départ de Richard, reprenant sa tasse de thé avec une moue de dédain. La journée s’annonçait bien plus longue que prévu.
Sujet: Re: La collaboration inattendue - Liam&Paige (cabinet Richard&Associés) Ven 27 Sep 2024 - 20:05
J'entre dans une nouvelle ère. J'ai décidé de changer de cabinet. Depuis plusieurs années, je me cache derrière l'entreprise qui m'emploie. Facile, leur siège est à Brisbane, Jane et Nina y habitent... Le rapprochement était simple. Souvent, je prétextais un déplacement professionnel pour rendre visite à cette seconde famille. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me cacher derrière un prétexte pour voyager. J’ai suffisamment d’argent de côté pour ne plus me soucier des factures engendrées par les allers-retours. Les notes de frais, c’était bien pratique, mais pas si nécessaire. En revanche, rester près des Lawson, ça, c’est important. Même si nous n’habitons plus ensemble, je veux rester à Bowen pour essayer de garder une certaine proximité, ne pas devenir un père absent en plus d’être un menteur. J’ai donc postulé chez Richard et Associés et j’ai eu le poste non sans revoir à la baisse mes ambitions salariales. La ville est moins grande, je dois me faire une raison. Ma carrière est déjà bien entamée, donc je ne vois pas de problème à me poser un petit peu, traiter des affaires que j’imagine plus simples. Bref. C’est mon premier jour et comme à mon habitude, j’enfile un costume, ma tenue de travail. Certes, les mentalités évoluent et les gens portent de plus en plus des tenues décontractées au boulot. Sauf qu’on a encore jamais vu un avocat débarquer au tribunal en jean et en sweat. Donc, je m’apprête et quitte ma petite maison vide. Lorsque j’arrive dans les locaux, je suis envoyé directement dans le bureau du patron. Il me fait rapidement visiter les lieux, sans entrer dans les détails. Je n’ai pas le temps d’enregistrer les prénoms qu’il passe à la pièce suivante. Mon environnement de travail, un bureau petit mais chaleureux. Le fauteuil à l’air confortable et quelqu’un a déposé une fausse plante sur le coin de la table, charmant. Je dépose mon ordinateur. Puis mon chef me tend une chemise de document. « Tiens, ton premier dossier. Pour t’acclimater à l’entreprise, je te propose de travailler en binôme avec l’une de tes collaboratrices. » Je le regarde en levant un sourcil, sceptique. On ne peut pas juste me laisser en paix ? Juste faire ce que j’ai à faire dans mon coin ? Je suis compétent, il le sait très bien. Alors qu’est-ce qu’il cherche ? À ce que je m’intègre ? Minute papillon, je ne suis pas vraiment dans le bon état d’esprit en ce moment. M’enfin, puisque je n’ai pas le choix. « Avec plaisir ! » Je lance en essayant de paraître enthousiaste. Je le suis dans les couloirs jusqu’à ce qu’il m’arrête. « Attends ici une minute. » A vos ordres, chef. Je patiente. Mes yeux se posent sur le nom inscrit sur la porte : Paige Fletcher. Je me fige. « Dites-moi que c’est une farce... » Je murmure pour moi-même. La meilleure amie de Jude. Je ne pouvais pas mieux tomber. J’ai envie de tourner les talons, démissionner et quitter cet endroit au plus vite. Lorsque j’entre dans la pièce doucement, un pas après l’autre, je guette sa réaction. Son regard noir me transperce. Heureusement que les yeux ne sont pas pourvus de laser, sinon je serais mort en mode gruyère. Elle est tellement en colère. J’arbore un grand sourire pour cacher ma nervosité. Je ne dis rien, de peur de l’énerver encore plus. Comme si de rien était, Richard avoue avoir gardé la surprise de mon arrivée. Je manque de m’étrangler. Plus de pognon, hein ? Alors laisse-moi bosser tout seul, je suis plus efficace... J’essaye de garder un air détaché, pour garder la face, mais à l’intérieur, je fulmine. Je n’ai pas pris la peine de consulter les informations de l’entreprise... Si j’avais vu le nom de la blonde, j’aurais cherché ailleurs. Je me maudis d’avoir eu la flemme. Ou un excès de confiance en la vie, comme si une chose de normal pouvait m’arriver. Je suis surpris lorsqu’elle révèle notre lien, non sans balancer une bonne pique en ma direction au passage. Oui... Tout le monde pensait me connaître et bien non ! Je reste calme. « Oui, nous pouvons rester professionnels... » Je maintiens devant notre boss, en paraissant affable. Mes fesses, oui ! Je peux essayer de faire semblant, mais je ne garantis rien. Sérieux ? Il ne se rend pas compte de la tension dans la pièce ? Une fois le monsieur parti, je prends l’initiative de m’asseoir sur la chaise devant son bureau. « Salut Paige... Depuis quand tu es dans le coin ? »Je pousse un long soupir en regardant ma nouvelle collègue. Quand il faut se lancer... Il faut y aller. Je compte bien retirer rapidement le pansement. « Avant que tu ne te lances, je préfère le dire tout seul. Oui, je suis un énorme menteur, une fraude, une raclure. Le nom d’oiseau que tu veux. Oui, j’ai fait souffrir Jude et les enfants. Oui, je ne mérite pas cette famille. Non, je ne signerai pas les papiers du divorce. Je m’excuse et je regrette, même si ça ne sert à rien, mais je compte bien rester dans sa vie. » Je lève la tête avec une lueur de défi dans les yeux. Il a tellement de choses à ajouter, mais je tiens à désamorcer la bombe qui se cache derrière son air angélique. « Autre chose à ajouter ? » Je croise les jambes et passe un doigt dans le col de ma chemise. C’est moi ou il faut super chaud dans son bureau ? J’étouffe.
Paige se redresse dans son fauteuil, bras croisés, l’expression fermée, mais on sent qu’elle est sur le point d’exploser. Finalement, elle se contente d’un léger sourire sarcastique.
« Eh bien, on peut dire que tu ne perds pas de temps, Liam. À peine assis et tu dégaines déjà la confession complète. »
Elle penche légèrement la tête sur le côté, l’air faussement impressionnée, avant de lever les yeux au ciel.
« Mais honnêtement, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que tout est pardonné parce que tu es assez courageux pour admettre que tu as été un "énorme menteur" ? » Elle fait des guillemets avec ses doigts, son ton plein de sarcasme. « Ah, c'est beau, ça. Mais voilà, je suis peut-être un peu vieux jeu, comme tu le sais sûrement, et dans mon livre à moi, tromper sa femme, ses enfants et tout le monde autour, c’est pas le genre de truc qui se rattrape avec une simple prise de conscience. »
Elle prend une grande inspiration et adoucit un peu son ton, mais ses yeux restent perçants.
« Je suis gentille, Liam, vraiment. J’essaie de ne pas te sauter à la gorge parce que tu n’en vaux pas la peine. Et crois-le ou non, je suis contente que tu sois honnête, pour une fois. » La jeune avocate marque une pause, ses doigts tapotant doucement son bureau, avant de lever une main comme pour l’arrêter avant qu’il ne parle.
« Mais tu sais quoi ? On va essayer d'être "professionnels", comme tu dis. Pas pour toi, mais pour Jude. Parce que je ne supporterais pas de lui causer plus de mal. Et puis bon, ce n’est pas comme si je pouvais me payer le luxe de démissionner au premier désagrément, moi. »
Elle se penche alors légèrement en avant, un air de défi dans les yeux.
« Cela dit, si tu comptes rester dans sa vie, crois-moi, je serai là pour m'assurer que tu ne refasses plus jamais ce genre de conneries. Alors, sois prêt à avoir un œil sur toi. Oui, un peu comme un... » Elle cherche ses mots, un sourire amusé apparaissant sur son visage. « Un avocat commis d’office que tu ne peux pas virer. »
Elle termine en lui lançant un petit sourire en coin, l’air faussement détaché, puis saisit la chemise du dossier qu’ils doivent traiter.
« Bon, passons aux choses sérieuses. C’est une affaire de licenciement abusif. Notre cliente s’est fait virer parce qu’elle n’était soi-disant plus assez jeune et jolie pour représenter l’image de la chaîne. »
Elle lui lance un regard appuyé, avec une moue faussement compatissante.
« Toi, tu devrais bien t’en sortir avec ce genre de dossier, non ? Après tout, t’es plutôt calé en "renvoyer quelqu’un à cause de son apparence"… ou de ses valeurs, d’ailleurs. » Elle hausse un sourcil, visiblement satisfaite de sa petite pique. « Allez, va chercher un verre d’eau avant de te déshydrater. On a du boulot. »
Sujet: Re: La collaboration inattendue - Liam&Paige (cabinet Richard&Associés) Sam 28 Sep 2024 - 20:09
Décidément, le destin est un petit démon. Je veux juste bosser tranquille, m’occuper de mes petits dossiers dans mon coin, que personne ne m’embête, au moins dans ce pilier-là de ma vie. Mais que nenni ! On veut m’achever ou quoi ? Comme toujours, ce n’est pas aussi simple et voilà que j’en suis rendu à collaborer avec la meilleure amie de ma femme. De mon ex-femme ? Oula, non. Même pas en rêve, elle est toujours ma chérie. Nous sommes seulement en froid. Polaire, lunaire, mais rien n’est encore signé. Par ma faute d’ailleurs. Je m’y refuse et reste borné. Je suis certain que nous pouvons recoller les morceaux. Avec Jude, mais aussi avec mes enfants. Pour l’instant, tout le monde me déteste, mais je peux prouver que je les aime tous autant qu’ils sont. Malgré mes erreurs ou ma trahison, comme ils l’appellent. Tout ça pour dire, que je veux juste retrouver un semblant de paix au cabinet. Sauf que lorsque mon patron me pousse dans le bureau de Paige, je sais que c’est peine perdue. Elle va m’arracher la tête, me couper en rondelles et donner mon corps à des cochons. C’est ce que son regard laisse transparaître en tout cas. Je promets de rester professionnels, mais je n’y crois guère. Je joue la comédie jusqu’à ce que Richard s’en aille. Puis je prends mes aises dans les quartiers de la blonde. Je m’installe, fait comme chez moi, avec une assurance totalement feinte. Je prends les devants, essaye vainement de lui couper l’herbe sous le pied. Je sais qu’elle va attaquer, alors je me descends avant qu’elle n'en ait l’occasion. Je me dis que c’est moins rude ainsi. Encore une fois, je me mets profondément le doigt dans l’œil. Ma tirade n’a servi qu’à une chose, réveiller le dragon qui sommeille en elle. Dans quelle panade, je suis fourré encore... « J’ai dit bonjour, d’abord. Et oui, je préfère me confesser maintenant, comme tu dis. Pour qu’on puisse passer à la partie travail plus rapidement. » Je n’ai qu’une envie, mettre le nez dans cette affaire et ne plus en sortir. Centrer notre conversation sur ce sujet et non sur ma vie privée qui part à volo. « Je ne suis pas assez stupide pour penser que tu vas me pardonner, fais juste semblant ? Comme si de rien était. » Je sais très bien que je ne vais pas me rattraper avec une simple prise de conscience. Cela fait cinq années que je tiens cette histoire, cette bombe à ma cheville en espérant qu’elle n’explose pas. Tout ce temps, où j’ai imaginé mille et une façons de me justifier, de rendre les choses plus simples pour tous. La vérité, c’est que j’ai échoué : à être un bon mari, à être un bon père, à trouver une solution tout simplement. Là, pour le moment, je baisse les bras. Parce que je n’ai pas su parler à Jude lors de notre confrontation, alors que j’avais ce scénario en tête depuis des années. C’était mon plus grand cauchemar alors que je vivais en plein rêve. Mais c’était avant. Là, je vis jour après jour dans mes pires songes. Je soupire en regardant Paige dans les yeux. « C’est trop tard pour dire la vérité, tu as raison. » Je suis honnête devant elle aujourd’hui, j’aurai dû l’être plus tôt et pour tout le monde. Lorsqu’elle mentionne Jude, mon cœur saigne. Je la fais souffrir. Il n’est pas nécessaire de me le rappeler. « Tu veux que je démissionne ? » Je suis presque prêt à le faire. Si elle y tient vraiment, je peux m’y résoudre. J’ai choisi cet endroit seulement pour son emplacement. Je me fous amplement de Richard et du cagibi qu’il m’a donné pour un salaire de la taille d'une bouchée de pain. Si ça peut lui faire plaisir que je m’en aille. Alors soit. Je sais que je peux retrouver un boulot rapidement et comme elle l’a si bien dit, je peux me le permettre. Je frissonne sous ses menaces, mais le cache tant bien que mal. J’essaye de détendre le col de ma chemise, pour me donner de la contenance. En façade, j’élargis mon plus beau sourire moqueur. « Essaie. » Je la défie d'un ton affable. « Essaie de me séparer de ma femme, on va voir si tu y arrives. » Ce que je peux être bête parfois. Pourquoi je lui donne un os à ronger ? « Je ne compte pas commettre une autre erreur pareille, ne t’en fais pas. » J’essaye de me rattraper, pour qu’elle ne sorte pas les griffes trop vite. Elle change de sujet. Oui... Nous sommes là pour le dossier. Je ne l'ai pas oublié. Elle m’explique le cas de notre cliente. Non sans m’envoyer une grande pique en pleine face. Je grogne, elle pousse le bouchon un peu trop loin. « Je n’ai jamais renvoyé qui que ce soit pour ses valeurs ou son physique, qu’est-ce que tu racontes ? » Je suis offusqué. Je saisis la chemise en carton et commence à lire les documents avant de me couper dans mon élan. « Sérieux Paige, si tu veux qu’on arrive à avancer sur cette affaire... Arrête les attaques dissimulées. » Ou pas d’ailleurs. Car elle est fière d’elle. En soupirant, je me lève, quitter la pièce pour me rendre dans la minuscule salle de pause. Prendre un verre d'eau, ça ne peut pas me faire de mal. Il faut rester hydraté, c'est bon pour la peau. « Tu veux quelque chose ? » Je suis menteur, mais pas totalement un connard.
Paige le fixa un instant, une certaine exaspération se lisant dans ses yeux. Elle avait beau essayer de se concentrer uniquement sur le dossier devant elle, la présence de Liam ne facilitait rien. Depuis le début de cette histoire, chaque échange entre eux avait des relents d'amertume, de non-dits, et d'une tension presque palpable. Mais ici, dans ce bureau, ils devaient être professionnels. Peu importe les antécédents, peu importe ce qu'il avait fait à Jude. Et surtout, peu importe ce qu'elle en pensait.
Liam jouait la carte de la nonchalance, mais Paige n’était pas dupe. Ce masque qu'il portait pour tenter de désamorcer la situation n’avait aucun effet sur elle. Au contraire, cela ne faisait qu'aggraver les choses. Alors, lorsqu'il tenta de se justifier une nouvelle fois, de détourner l'attention en plaisantant presque sur la situation, elle prit une profonde inspiration.
« Liam, tu veux que je fasse comme si de rien n’était ? Très bien. » Paige croisa les bras, son ton restant étonnamment calme, presque détaché. « Je peux le faire. Mais ne te méprends pas, je ne suis pas idiote. Tu sais très bien ce que tu as fait, et ce que tu es en train de perdre. »
Elle s'arrêta, le laissant digérer ses paroles, avant de reprendre. « Ce n'est pas à moi de te pardonner. Ce n'est pas à moi de décider si tu mérites une seconde chance. » Son regard était direct, mais sans animosité. Juste la constatation d’une réalité. « Tout ce que je demande, c’est qu’on se concentre sur ce dossier. On est là pour bosser, rien de plus. »
Lorsqu’il lui proposa un verre, elle hocha simplement la tête, comme pour clore définitivement cette parenthèse personnelle. Ils avaient tous les deux assez de soucis à gérer en dehors de ces murs. Inutile d’en rajouter.
Quand il revint avec les verres, Paige reprit la parole, un peu plus posée cette fois-ci. « Si tu veux qu'on avance sur cette affaire, il va falloir qu’on mette ça de côté, toi et moi. Ce n’est pas le moment de régler nos comptes, ni de relancer d’anciennes querelles. » Elle feuilleta les documents du dossier sans le regarder, comme pour insister sur le fait qu’ils avaient autre chose à faire.
Ils avaient une affaire à gérer, une cliente en difficulté, et il était temps de mettre de côté les rancœurs personnelles. Paige saisit la chemise en carton contenant tous les éléments du dossier et la déposa au centre de la table.
« Alors, notre cliente, Sidney Winterson. » Elle lança un regard à Liam, lui signalant clairement que c'était l'heure de travailler. « Présentatrice météo depuis dix ans sur une petite chaîne locale. Virée sous prétexte qu'elle ne répond plus aux critères de l'entreprise. Officieusement, ils estiment qu’elle n’est plus assez jeune et jolie pour l’antenne. »
Elle fit glisser quelques documents vers lui, son visage concentré à nouveau sur le dossier. « Classique, non ? » ajouta-t-elle avec un sourire sarcastique. « Ils prétendent que c'est une décision purement professionnelle, mais tout dans les témoignages des cadres sonne comme un licenciement déguisé. »
Elle continua à éplucher les pages, avant de lever les yeux vers Liam. « Et oui, j’ai creusé du côté des anciens employés de la chaîne. Apparemment, Sidney n’est pas la première à subir ce genre de traitement. Une des anciennes présentatrices a été remerciée après sa première grossesse. Ils ont utilisé les mêmes excuses. C’est leur petit procédé habituel. »
Paige tourna la page suivante et haussa les épaules. « Je sais, rien de surprenant dans ce genre d'affaires. Ils veulent des visages jeunes pour attirer l’audience, c’est tout. C’est tellement flagrant que ça en devient presque risible. »
L’atmosphère se détendit légèrement tandis qu'ils continuaient à discuter des détails de l’affaire, et Paige, d’humeur un peu plus légère, se permit une remarque plus espiègle. Elle fit mine de réfléchir un instant, puis lança avec un sourire en coin : « Tu sais ce qui pourrait vraiment aider notre cliente ? Que tu séduises le directeur des ressources humaines. Vu qu'il n'apprécie apparament que les gens au physique séduisant, il a sûrement un faible pour les hommes bien coiffés et sûrs d'eux. »
Elle capta le regard surpris de Liam et ne put s'empêcher de sourire. « Quoi ? Je fais preuve d’un peu de créativité, c’est tout. Après tout, on est là pour aider notre cliente, non ? »
Un silence s’installa, ponctué par un léger rire contenu. Le ton restait sérieux, mais il était clair que l’échange entre eux avait pris une tournure plus légère. Paige se replongea alors dans les documents, satisfaite de cette accalmie. Elle n’avait pas oublié le passé, mais pour l’instant, le présent et cette affaire en valaient bien un peu d’humour.