SAMUEL ϟ je te traquerais, je te trouverais feat. Leighton

Il était en mode « traque ». Il avait son costard, mais il était légèrement détendu, avec la cravate dénoué, les mains dans les poches, mais l’arme caché derrière, coincé entre son corps et son pantalon, sous sa veste. Il avait les lunettes au dessus de la tête, et une barbe de quelques jours qui le rendait presque sexy. Il frottait légèrement son visage, et il avait une clope au bec. Malheureusement, après le départ de Sunniva et Daeron, il avait commencé à fumer, et Callie n’allait pas l’apprécier. Elle allait être très en colère, mais il s’en foutait un peu. Pour l’instant, il voulait juste souffler un peu. Il était en congés payés, mais il s’en foutait royalement. Il avait besoin parfois de « traquer » pour pouvoir survivre, car son métier, c’était tout ce qu’il était. Il était accompagné de son chien, Icarus, qui se baladait un peu partout. Il avait guéri, et c’était tant mieux, ça lui éviterait de souffrir encore trop longtemps et de l’emmener chez le vétérinaire, même si c’est vrai que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son ami des bêtes, Rafaël. Il se posa tranquillement dans un bar, pour éplucher le journal quotidien, quand un visage le frappa de plein fouet. Sa mémoire était photographique, et ce visage là, il ne pourrait pas l’oublier. Elle était tellement belle cette femme, d’une beauté époustouflante mais… elle était une criminelle. Il devait l’aborder, mais comment ? Il n’en avait aucune idée. Il ne pouvait pas se présenter en tant que flic, elle allait fuir. Il ne pouvait pas la draguer sans passer pour un gros lourd. Il soupirait, mais il se levait, pour aller l’aborder. « Excusez-moi mais… j’ai vraiment l’impression de vous connaitre. Vous n’étiez pas sur Paris récemment ? » Bonne entrée en matière. On ira voir comment ça se passe au fur et à mesure. Improvisation quand tu nous tiens.

Il jaugea son visage pour voir si c’était bien la femme en question que les forces de police recherchaient mais il n’en était pas sur. Mais étant dans le doute, il n’allait pas tenter le Diable et l’arrêter en pleine rue, surtout s’il s’avérait que ce n’était pas elle. Il fit en sorte de paraitre totalement à l’aise dans son rôle, et il passait sa langue entre ses lèvres en s’accroupissant pour caresser la tête d’Icarus qui venait voir la jeune femme que Samuel interrogeait indirectement. Il gratta son ventre et d’un regard, il invita la femme à le toucher. Il était toujours blessé, mais il allait mieux, alors il était temps pour lui de recevoir l’amour qu’il avait toujours méritait. « Désolé, au temps pour moi… Oui, il s’appelle Icarus. C'est un beauceron. Il sort tout juste de convalescence. » Il sourit légèrement et repensait à la conversation qu’il avait eue avec Steeve. Il avait eu du mal à faire accepter à son frère cet animal, alors aujourd’hui, il le chouchoutait comme si c’était son fils… son fils, son cher fils, Daeron. Il ne le reverrait jamais. Mais il espérait qu’il grandisse comme il le fallait, avec un bon souvenir bref de son père. Il se releva, et il sourit à la jeune femme brune en face de lui.

« Vous venez d’ici ? » Question bateau, d’engagement de conversation purement… classique. Mais il fallait bien commencer quelque part. Alors cette approche était parfaite pour commencer quelque chose. Il passait sa langue entre ses lèvres, et il sortit une clope de son sac. Il s’était mis à fumer il y a peu de temps, à cause de tous ses problèmes, et au moins, il se détendait comme ça. Il tendit le paquet à la jeune femme pour lui en proposer une. Il se pencha pour prendre un bâton, et le lancer loin, pour que son chien coure le lui rapporter. Il avait besoin de faire de l’exercice pour qu’il puisse se rétablir, et c’était en se baladant constamment entre maître et animal que ça risquait de fonctionner.

Elle paraissait ne pas se rendre compte que Samuel était agent fédéral. Il fallait qu’il soit minutieux, précis, et didactique pour apprendre à connaitre la jeune femme et lui tirer les vers du nez. Mais dans un sens, il appréciait la jeune femme. Etait-il en train de devenir un flic ripou ? Il passait sa langue entre ses lèvres et tira longuement sur sa cigarette, puis mit les lunettes sur le nez tant le soleil commençait à être fort, et au zénith de la journée. Icarus revenait de sa balade avec le bout de bois, et Samuel lui caressa le dessus de la tête pour le féliciter. Il plongea sa main dans sa poche pour en sortir quelque chose à grignoter et lui donner. « Oh, Sydney. J’y ai déjà bossé auparavant ! » Il sourit en se rappelant la prise d’otage dans la bijouterie. Il n’avait pas vraiment été l’homme de la situation, mais il avait été appelé en renfort pour venir en aide à ce kidnapping cloitré. Il était chargé de la protection des otages libérés, et il était rentré rapidement quand il avait su que son fils était malade. Un petit rhume, rien de plus. Quelques semaines après Sunniva était partie.

Il affirma d’un signe de tête. « Je suis dans la fonction publique depuis pas mal d’années. Je suis plutôt un vieux ! » Il se mit à rire, à moitié sarcastique. Il approcha légèrement de la jeune femme, en lui montrant le bar à côté, comme pour lui proposer de boire un verre avec lui. Elle n’allait pas refuser, quand même ? Il frotta la tête de son chien. « Vous faites quoi dans la vie ? »

Elle avait des soupçons. Mais il n’avait pas envie de lui mentir. Il ne l’avait pas fait une seule fois depuis qu’elle était arrivée, ça n’allait pas commencer maintenant. Il n’aimait pas le mensonge, en fait. C’était quelque chose qu’il ne supportait pas, et c’était toujours en disant la vérité qu’il avait obtenu ce qu’il voulait dans ce métier. Quand il avait vu la photo de la personne recherchée, il n’y avait pas accroché de prénom. Juste le visage était connu, et il savait très bien que c’était elle. Il cherchait ensuite à savoir ce qu’elle attendait de lui, si elle savait quel était son but. « Exactement. Je suis flic. Mais je ne suis pas en fonction là, je me balade. » Il balança son menton pour montrer Icarus, comme pour affirmer ses dires. Et c’était vrai. Il cherchait juste à sortir l’animal –à la base. Et c’est par hasard qu’il était tombé sur la jeune brune. Il n’avait pas pu se permettre de récupérer la perche que lui destin lui tendait tant il était content de continuer à bosser malgré ses jours de congés. Il n’aimait pas ne pas bosser car c’était grâce à son boulot qu’il arrivait à avoir la tête ailleurs. Et même pendant ses vacances, il ne pouvait s’empêcher d’être à l’affut de la moindre tâche qui l’évaderait de son train-train quotidien.

Elle travaillait donc chez Chanel. Son visage ne trahissait pas le mensonge. Soit c’était la vérité, soit elle était très bonne actrice. Dans tous les cas, elle était noyée jusqu’au cou, mais ce n’était pas comme ça qu’il allait récolter les preuves pour l’inculper, surtout sans mandat. Il continuait donc son non-interrogatoire dans la rue, comme il le faisait actuellement. « Et moi Samuel. Enchantée de vous connaitre. Vous aimez la ville ? » C’était tellement bateau qu’il voulait se foutre de sa propre gueule.