john&leighton ► one of a kind.

Ce jour-là, John l'avait passé à ne rien faire. Strictement rien faire... comme à son habitude. En fait, le matin, il s'était rendu dans une boulangerie et s'était offert une pâtisserie, une religieuse au chocolat au lait. Elle n'était pas donnée, au contraire. Il avait trouvé le prix assez élevé, mais son apparence semblait en valoir le coup. Depuis ses sept ans, il adorait le chocolat. La première fois qu'il en avait mangé, c'était son père qui lui avait ramené d'un cargo après une attaque. Son équipage avait ramené bon nombre de marchandises, la plupart pour leur usage personnelle. John ne mit pas beaucoup de temps avant de manger sa pâtisserie. Une fois terminée, il s'arrêta compter combien il lui restait en poche: après réflexion, il décida qu'il restait de quoi s'en offrir encore une, une autre fois. Le reste de la journée, il le passa à marcher dans Bowen. Il se perdait encore bien trop souvent... Une fois la nuit bien tombée, il remarqua une fille suivant un homme. Intrigué, il se mit à la suivre aussi. Il n'avait encore jamais croisé "d'humain" suivant quelqu'un avec tant d'efforts de discrétion. Elle s'arrêta dans une ruelle où personne d'autre se trouvait, après avoir "quelque peu" brutalisé l'homme. Puis, elle sortit une arme à fois et lui tira dessus, sous le regard plus que surpris du pirate. Elle avait le droit de tuer les gens comme ça ? Pourtant Shahid lui avait dit que c'était interdit. Il s'approcha de la fille, essayant d'être lui aussi discret pour ne pas la faire fuir.
-M'dame, on a le droit de tuer des gens ? En tous cas, si on a pas le droit, vous êtes géniale d'avoir fait ça malgré tout.
Mais, pourquoi avait-t-elle tué cette homme ? Il n'y avait pas pensé sur le coup, mais à bien y réfléchir ce n'était pas dans les habitudes des gens normaux...

Peut être que quelqu'un de normal n'aurait pas réagit de cette façon ? L'inconnue s'avança vers lui, un regard angélique sur le visage. Il avait l'air de confirmer de confirmer le proverbe disant que les apparences étaient trompeuses... En plus, sa réponse semblait confirmer ce que Shahid avait dit à John dans l'avion. Que tuer des gens était considéré comme illégal. Elle poussa contre le mur et passa son arme sur son menton, comme si que ce geste était sensé effrayer ou au minimum inquiéter John. Il la regarda d'un air impassible, presque hautain. Et maintenant, tu trouves ça toujours aussi génial ?!, chuchota-t-elle. Quelle dommage, les mains de John étaient toujours libres ! Elle n'était pas bien maligne. Il baissa les yeux, sorti de sa veste l'un de ses couteaux et le leva doucement à côté de sa tête en souriant d'un air à la fois débile et provoquant. Elle ne devait pas s'y attendre.
-Ce que je veux ? Bah, rien. En fait je passais, et je vous ai vu suivre ce...
John porta son regard sur l'homme au sol pour terminer sa phrase, puis repoussa gentiment la jeune femme et son pistolet.
-Mais bon, je sais pas pourquoi mais j'ai comme l'impression que quelqu'un de "normal" aurait peur à ma place. Qu'est-ce que je suis sensé faire en fait ? Partir en courant raconter ça à la police, c'est ça ?
Continua-t-il interrogatif. A présent c'était lui qui frôlait le menton de son interlocutrice avec son couteau.
-Mais je le ferais pas. Je suis sûr qu'il m'ont de fiché. Je crois que c'est ça qu'on dit... Mais bon.

Bah... normalement... ouais. Toute personne saine d'esprit aurait appelé les flics et là, j'aurai été dans l'obligation de l'abattre. C'est comme ça que ça marche, d'habitude. Mais toi, tu n'es pas comme les autres. John l'écoutait, attentif. Jamais il n'avait croisé une telle personne en deux mois. D'habitude, les gens étaient tous... fades. Sains d'esprit, pour reprendre l'expression de la blonde. Peut être s'agissait-il de l'expression la plus adaptée. Elle attrapa son poignet. Il porta rapidement son regard sur sa main qui s'éloignait du visage de la blonde. Il ne pu se retenir un petit rire de s'échapper.
-Ma main gauche est toujours libre. Et je ne sors jamais sans plusieurs couteaux, rassures-toi.
Informa-t-il en sortant un second couteau de sa veste. Il n'avait pas la moindre idée de la façon dont les gens réagirait dans cette situation, dans le doute il vaut mieux être prudent. Et peut être arrêter de se moquer tant de cette inconnue. Avec les gens banaux, dans le pire des cas ils étaient vexés, mais comment réagit une fille armée ? L'expression qu'elle utilisé intrigua John. Bienvenue au club, quel club ? C'était sûrement une expression utilisée pour marquer un point commun. En tous cas, il avait visiblement bien retenu la signification de "fiché".
-Ce que j'ai fait ? Pas grand chose. J'ai hacké quelques ordinateurs... mais je pense pas que ça soit pour ça. T'as déjà entendu parler de John the Knife, ou bien de Guo Li aux informations à la télévision ?

Bottes secrètes ? De quoi parlait-elle ? Elle avait des chaussures secrètes ? En quoi cela était-il sensé être inquiétant ? A moins qu'il ne s'agisse d'une autre expression anglaise. L'anglais avait beau être l'une de ses langues maternelle, John n'avait jamais entendu ces expressions. Mais poser la question à la jeune femme reviendrait à avouer qu'il n'était pas si parfait qu'il le croyait, et ça, c'était absolument hors de question. Il cru rêver lorsqu'elle annonça qu'elle n'avait absolument pas entendu parler de John the Knife et Guo Li.
-Jamais jamais ? Mais quelle inculte. Guo Li... il était un capitaine craint par tous les pirates du monde actuel.
Il marqua une pause. Elle allait sûrement le prendre pour un illuminé, pour un fou. Aujourd’hui, peu de gens se doutaient que les pirates existaient encore. Tout du moins, peu devaient se douter qu'il pouvait arriver que l'un décide d'abandonner son ancienne vie.
-John the Knife, c'est son merveilleux et talentueux fils... John Li. Un jour, il en a eu assez que l'on rit de sa petite taille et n'a pas hésité à lancer l'un de ses couteaux dans le cœur d'un haut gradé pour que ça cesse. Lorsque son père a été tué... ça a été le seul à essayer de le venger, malgré ses... seize ans, il me semble.
John rapprocha sa main libre tenant le second couteau du visage de l'inconnue. Il se mit à ricaner, doutant qu'elle s'attende à ce qui allait suivre.
-Cette personne si parfaite... tu l'as en face de toi.

Pas la une des informations, d'accord, mais tout de même... après, peut être qu'en réalité, juste la police aimait courir après lui et que l'Australie n'en avait rien à faire. Les Etats-Unis se souciaient sans doutes davantage d'eux. Quoique, ce n'était même pas sûr. A un moment, elle sembla frissonner. Mais le discours qu'elle tint ensuite poussait à faire penser que ce frisson n'était pas réel.
-Parfaite, rien que ça ? Et je me vante pas, où tu vas chercher ça ? Mais sinon, son histoire elle m'intéresse bien à la petite Leighton. En tous cas, si c'est elle que j'ai en face de moi, elle est belle.
Les chevilles qui enflent à cause de l'absence de modestie, ah ça, soit John n'avait jamais connu soit il était tellement habitué à présent qu'il ne s'en rendait même plus compte. Il pouffa après sa dernière phrase, curieux de découvrir sa réaction. A la demande de la jeune femme, il baissa sa main gauche et rangea le second couteau. Il pourrait toujours le reprendre si besoin était. Au moins, elle avait demandé poliment...

John écoutait attentivement le récit de la jeune femme. Jamais il n'avait rencontré quelqu'un de ce genre... comme quoi, contrairement à ce qu'il pensait, les gens n'étaient pas tous si inintéressants que ça... et puis, elle n'avait pas une histoire si intéressante que ça. Vu la façon dont elle l'avait introduit, il s'attendait à bien mieux, bien plus intéressant... Elle n'avait même pas encore risqué sa vie pour venger son père, elle attendait trop !! Pourquoi devait-elle passer par toutes cette étape avant d'assouvir sa vengeance ? Il regarda Leighton d'un air déçu.
-Oh. Bon bah... Ravi de te rencontrer Leighton la tueuse à gages. Dis, ça rapporte comme métier ? Car bon, je vais pas rester hacker toute ma vie... y a rien d'intéressant à hacker ici.
Le seul point négatif, c'était que le métier de la jeune femme n'était pas légal. Quel dommage...

Spoiler:

Plus il y pensait, plus John trouvait l'histoire de Leighton bizarre. D'accord, elle voulait venger son père, mais de là à tuer des gens qui ne lui avaient rien fait alors que la personne l'ayant tué ne s'était même pas pris à elle... peut être était-elle vraiment très proche de son père pour en arriver à là. Ou alors elle n'avait pas pris la peine de lui donner plus de détails. Il fut à nouveau déçu lorsqu'elle lui annonça qu'il valait mieux qu'il reste hacker. Lui qui se faisait une joie de changer d'emploi. Le fait d'avoir un patron ne le gênait pas, après tout la grande majorité de sa vie, il recevait des ordres. Certes, c'était de son père et non pas d'un inconnu insupportable ou autre chose de ce genre là, mais il avait quand même tout intérêt à obéir. Il soupira lorsqu'elle lui demanda ce qu'il faisait à Bowen.

- En fait, je pourrais être n'importe où d'autre... à Colombo j'ai rencontré un homme qui a accepté de m'aider à quitter mon ancienne vie.

Il soupira à nouveau puis rangea le premier couteau qu'il avait sortis, doutant qu'il lui soit utile.

- A un moment, en janvier, j'ai fini par péter un câble et j'ai légué le poste de capitaine à ma meilleure amie...

A bien y réfléchir, comme tous les métiers, celui de tueur à gages était sans doutes lassant à force. Apparemment, il suffisait juste de se procurer une arme et de savoir tirer, ce qui n'était franchement pas bien compliqué. Mais le travail semblait consister uniquement à tuer les gens qu'on nous dit... rien de bien passionnant, en fait. Cependant, c'était toujours plus palpitant que les métiers 'normaux'. A bien y réfléchir, être hacker aussi pouvait être intéressant. De cette façon, John pouvait apprendre davantage sur les gens 'normaux', par leurs sites personnels. Leighton lui demanda ensuite des détails sur son départ. Elle semblait étonné qu'il soit partis comme ça. John hausse les épaules.

-Que voulais-tu qu'ils fassent pour me retenir ? C'était moi qui commandait, et depuis l'épisode de Chai, je les effrayaient trop. Et puis, après celui avec Keita, ils me respectaient trop pour contredire mes décisions.

Eh oui, le petit John the Knife, après tant d'années de moqueries, il avait fini par obtenir le respect. Certes, il ne pouvait pas avoir la certitude qu'elles n'avaient pas continuées derrière son dos, mais il était quasiment sûr et certain qu'après Keita, il était réellement respecté...