#17. Il y a un monstre sous mon lit. ► ft. Perry

Je dormais tranquillement, je faisais même un rêve plutôt cool. Quand à je ne sais pas trop quelle heure, en tout cas en plein milieu de la nuit, j’ai entendu un cri. En fait, je n’étais même pas sur que c’en était, peut être que c’était simplement un rêve. En tout cas, ça m’avait réveillé. On dirait que c’était venu de la chambre de Penny, qui est à côté de la mienne. Je me levais, à moitié endormi encore et donc sans tous mes esprits, et ouvris la porte. Visiblement j’étais à la ramasse. Les filles étaient dans le couloir, se doutant peut être que je ne serais pas debout à une heure pareille. Je leur fis signe qu’elle pouvaient aller se re-coucher que je m’en occupais. J’entrais en essayant de faire le moins de bruit possible. Le fait que tout le monde soit réveillé à confirmé ce que je pensais : c’est Penny qui a crié. Je venais m’asseoir sur son lit de façon à être à côté d’elle. « Penny, qu’est-ce qu’il y a ? » J’ai déjà réconforté les gens, je réconforte souvent Panda lorsqu’il y a de l’orage. Parce que oui Pandore a peur de l’orage. Mais je ne suis pas non plus un professionnel pour ce qui est de réconforter, il m’arrive de dire les choses qu’il ne faut pas.

En fait les enfants ça a jamais été mon truc, mais avec Penny, je veux être un père exemplaire. Enfin, autant que je peux l’être, comme on dit chassez le naturel il revient en courant (ou en tout cas c’est une expression qui ressemble, j’en suis sur !). « Je crois que…il y a un monstre sous mon lit et j’ai peur. » j’ai souvent fait ce cauchemar quand j’étais petit. Mais je doute que Penny, la fille de six ans la plus intelligente au monde (j’en suis persuadé), rêve de ça, surtout maintenant. Mais je préférais rien dire. Si je parlais de Patty, ça la ferait sans doute pleurer encore plus, alors tant qu’elle n’aborde pas le sujet, je préfère l’éviter. Elle se mit assise à côté de moi et me prit dans ses bras. J’en fis de même, j’adore les câlins. Je suis un mec assez affectueux, je suis un peu un gros nounours. Je lui caressais les cheveux, des fois ça marche pour réconforter. « J’ai fais un cauchemar et je n’arrête pas d’en faire depuis que maman est partie dans le ciel…» j’arrive pas à m’y faire, elle est morte. Bon, ça faisait quasiment vingt ans que je n’avais plus de nouvelles, mais c’était ma sœur jumelle, on était relié, on ressentait les mêmes choses, même à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. « Désolé, je voulais pas, je ne veux pas te faire de la peine ni du chagrin. » si ça continue c’est moi qu’elle va devoir réconforter, et je suis sure qu’elle fera ça très bien. « tu sais…j’étais comme toi quand mes parents sont partis au ciel, mais j’étais plus petit alors c’était différent. »

Penny c’est la seule personne qui me rallie à mon passé, lorsque j’étais à Denver, dans le Colorado. Tous les autres ne sont plus là. Je sais que je suis le prochain, il ne reste que moi de vivant dans la famille, tous les autres ont été tués. Je profite. Mais je sais que tant que le tueur sera toujours dans la nature, je ne serais pas tranquille. Je préfère qu’il s’en prenne à moi plutôt qu’à Penny. Même si je ne la connais pas très bien encore, c’est ma fille et je ferais tout pour la protéger. « Maman ne m’a jamais parlé de mes grands parents…elle n’a jamais voulu que je sache tout ça. Enfin je sais qu’ils sont, eux aussi, au ciel mais je ne sais rien d’autres. » Patty a bien fait de ne pas lui en parler. Parce que connaissant Penny ça l’aurait terriblement tracassée. Il vaut mieux dire ce que tout le monde m’a dit : ils sont morts dans un accident de voiture. C’est ce que tout le monde m’a toujours répété, mais je sais bien que c’est faux. Pourtant, j’ai toujours fait comme-ci je croyais ce qu’il me disait. « il ne vaut mieux pas que tu en saches plus, t’es encore trop p’tite. » je préférais ne rien lui dire, je ne veux pas qu’elle ait peur, elle a déjà assez de soucis comme ça. « Tu sais…moi aussi ça m’arrive d’avoir peur. J’ai peur d’aller au ciel ou…» ce qui est tout à fait normal ! Moi aussi j’ai peur. « Que tu partes toi aussi…parce que je n’ai plus de famille sans toi…» De toute façon on finit tous par partir, mais vaut mieux pas lui dire ça. « ouai, j’comprends. Mais tu sais, en général les parents adoptifs sont sympas. Les miens étaient géniaux ! » ouai bon c’était pas forcément la meilleure chose à dire.

« Tu dis tous les jours que je suis plus intelligente que les filles de mon âge et pourtant vous me cachez toujours des choses… je ne sais même pas pourquoi maman n’est pas là, enfin… pas totalement. » moi aussi on m’en a caché des choses beaucoup de choses ! Ma sœur par exemple, je ne l’ai plus jamais revu, je ne connaissais même pas l’existence de Penny avant qu’on me propose de l’adopter. Il y a des tas et des tas de choses qu’on ne m’a jamais dit. D’ailleurs, sur la mort de Patty, je ne sais pas grand chose non plus. C’est juste par déduction, c’était évident ! Il n’avait pas fini le boulot il y a vingt ans, du coup maintenant, il essaye de se rattraper. « On m’a dit que c’était toi ma nouvelle famille…alors tu n’a pas le droit de me laisser. » ça s’est sur, je n’ai pas le droit, mais des fois on a pas le choix. « t’inquiètes pas, je te laisserais jamais. » enfin si, mais je serais un vieux de quatre-vingt-dix ans tout moisi, alors c’est différent. « tu vas voir quand t’auras dix ans de plus, ce sera pas la même chose, tu voudras plus que je t’accompagne à l’école. J’suis déjà passé par là ! » dis-je en souriant. Le meilleur moyen de ne plus être triste, c’est de penser à autre chose !

« Mais si un jour tu dois partir je vais aller où moi ? Je veux pas d’un autre papa ou d’une autre maman…» ça se tient ! Surtout que je me souviens comment j’étais, moi, à l’époque, quand j’ai été adopté. Mes parents venaient de mourir et je n’avais aucune envie d’avoir une nouvelle famille. Pendant un an j’étais resté dans l’orphelinat, je m’y étais habitué, et surtout, j’avais ma sœur avec moi. Et puis voilà que je me retrouve au Texas avec des gens que je ne connais pas et sans ma sœur. En plus, j’étais persuadé qu’ils ne m’aimaient pas, enfin surtout que Poppy ne m’aimait pas. Mais après avoir fait mon rebelle, je me suis rendu compte qu’ils ne voulaient que me faire plaisir et me rendre heureux. Oui, je sais, ça fait un peu ridicule comme histoire mais bon. C’est quand même vachement tragique ! « Je n’ai que 6 ans et je n’ai jamais connu mon papa et je ne le verrai jamais, et je me retrouve ici à des milliers de kilomètres de ma vie d’avant avec toi… et des fois c’est perturbant, et ça me fait peur. » tu m’étonnes qu’elle ait peur ! A sa place, je serais pareil, surtout que moi, des fois, je flippe pour vraiment rien du tout… « C’est de l’adolescence que tu parle non, toutes ces personnes avec des boutons sur le visage ? » oui c’est ça, avec la première fois, la première cuite, la première cigarette, et tout ça. Mais bon, ça on ne va peut être pas lui en parler tout de suite, elle est encore trop jeune pour connaître tout ça. Moi, j’me souviens très bien de ces trois trucs qui sont la transition vers l’âge adulte. La cigarette, ça n’a pas duré longtemps, j’ai très vite compris que ça n’avait pas franchement d’avantage, enfin, j’en avais surtout marre de puer à trois kilomètres. Bon après les cuites et les coucheries c’est une autre histoire, mais maintenant je suis plus raisonnable. « Toi aussi tu en avais des boutons quand tu étais adolescent ? » j’ai toujours eu la peau parfaite, j’aurais pu faire une pub pour Nivéa. En fait je ne suis jamais vraiment sorti de l’adolescence. « oui, comme tout le monde, mais j’étais pas recouvert de boutons non plus… Tu vas voir, toi aussi tu en auras quand tu seras grande ! » c’est peut être pas hyper rassurant.

« Et, pourquoi avec maman vous vous voyez pas avant ? Vous vous parliez des fois au téléphone ? » avant, quand j’étais petit, j’arrêtais pas de poser des questions. Et on me répondait tout le temps « t’es trop petit » ou des phrases dans le genre. Mais maintenant je comprends. Je peux pas tout lui dire, je peux même pas lui dire un petit peu sinon j’suis foutu, elle va me cuisiner jusqu’à ce que j’avoue tout. « nan, on pouvait pas. » je ne savais même pas où elle était, si elle avait gardé son vrai nom, elle était l’équivalent d’une inconnue. Maintenant, je m’en veux un peu de ne pas avoir plus rechercher pour la retrouver, mais c’est trop tard pour penser à ça tout de suite, c’est plus la peine. « Des boutons ? Tout le monde en as ? C’est obligé ? Même maman elle en a eu ? » demanda-t-elle. « oui, tout le monde en a, enfin quasiment tout le monde. J’pense qu’elle en a eu, j’en sais rien, faudrait demander à quelqu’un. » dis-je en souriant. S’il n’y avait pas eu Penny je n’aurais jamais su qu’elle était morte, tous ses souvenirs ne seraient pas revenus comme ça. Mais je suis content de l’avoir adopté, même si maintenant je dois faire plus attention. Je ne veux pas qu’elle me voit ramener quelqu’un le soir ou boire de l’alcool, je veux qu’elle me voit comme un bon père, ce que j’essaye d’être. « J’ai menti… en faite, je n’avais pas de monstre sous mon lit…» une fois de plus, cela me fit sourire. « je sais. » phrase simple. A chaque fois que je dis ça, je pense à Star Wars et à Han Solo. Quand Leia lui dit « je t’aime » c’est ce qu’il répond « je sais. ». « Peut être que tu voudrais dormir toi… non ?! » c’est censé être moi qui prend soin d’elle, pas elle qui prend soin de moi. « tu sais j’ai tout le temps de dormir. Je peux rester avec toi si tu veux. » dis-je en m’allongeant sur le lit. Je la faisais s’allonger à côté de moi de façon à ce qu’elle puisse mettre sa tête sur mon ventre. Ça me fait penser à quand je dors avec Panda lorsqu’il y a de l’orage.

« Pourquoi ? Pourquoi vous ne pouviez pas vous parler ? Pourquoi vous habitiez aussi loin ? » on irait qu’elle est aussi curieuse que moi Penny. En fait, ça doit être un truc de famille ça. Mais je ne me laisse pas avoir, si je réponds quelque chose, elle va encore creuser et va finir par déterrer l’os (on dirait un docu’ scientifique là). Je préfère ignorer comme un débile sa question, ça passera mieux. Si je lui dis qu’on ne se parlait pas parce qu’on ne pouvait pas, elle allait me poser une tonne de questions et je préfère éviter ça. « Moi j’aurai jamais de frère ni de sœur mais, tu l’aimais pas ma maman ? » bien sur que je l’aimais Patty, c’était ma jumelle. Mais disons qu’avec le temps j’ai appris à moins penser à elle, à l’oublier, mais elle était toujours là, je ne pouvais pas complètement l’oublier, c’était impossible. Penny et moi sommes totalement différents, j’aimerais bien qu’elle connaisse plus ce qu’elle aime et plus ce que moi j’aime, après tout nos goûts, à mon avis, ne sont pas vraiment différents. Comme je suis encore très gamin dans ma tête et elle plutôt mature, bah on doit pas être si éloignés que ça finalement. « Tu sais que j’ai menti… comment tu sais ? » parce que j’ai déjà fait le coup quand j’étais petit. Je m’en souviens, quand je mentais. Penny ment comme moi, je le vois. En général, je ne vois pas quand les gens mentent, mais elle si, je le vois, je ne sais pas vraiment pourquoi, peut être parce qu’on est lié, même si ce n’est pas comme ça l’aurait du être. C’est ma nièce et finalement, je suis devenu son père, ça doit pas arriver souvent ce genre de trucs. « tu sais je ne mens jamais ein, c’était parce que j’avais peur de te dire ce que j’avais vu dans mon rêve… maman ne serait pas contente de moi…» dit-elle sans mentir cette fois. « oui je sais. Mais tu sais, c’est normal. Bon, le meilleur moyen de plus faire de cauchemars, c’est de penser à autre chose. Alors, tu regardes quoi à la télé ? Parce que j’sais pas vraiment c’que t’aimes moi… »