day'n'nite (poppy)

Bon dix-huit heures, Milo se félicita d’avoir tenu jusqu’ici depuis 8h ce matin en ne s’octroyant qu’une pause d’une heure ce midi et sans passer au moins une vingt minutes à se balader dans l’entreprise. Oui, aujourd’hui faisait parti de ces jours où il travaillait réellement. En même temps avec les 200 employés de l’entreprise, il fallait bien. Il remballa ses affaires, son ordinateur portable, mis le tout dans sa sacoche et souffla deux minutes avant de la fermer. Une fois sa veste mise, il donna un rapide coup d’œil dans la vitre pour se voir et jugea son reflet d’un sourire. Cette veste lui allait à ravir et il était content que Nate lui ait offert. Il éteignit la lumière de son bureau et partit. Giselle avait déserté depuis deux bonnes heures maintenant alors avant de rentrer chez lui, Milo s’assit à son fauteuil et commença à fouiller son bureau. Cela faisait maintenant deux mois qu’elle travaillait dans l’entreprise et il ne l'avait pas encore fait ? un crime selon le boss Bradshaw. De toute façon, la vie privée de ses employés, il ne connaissait pas. Celle de Giselle, encore moins… Rite de passage de toutes ses secrétaires. Sauf la fois où par faute de temps il avait dû prendre une vieille secrétaire en intérim. Autant dire qu’il avait respecté sa vie privée, et plutôt deux fois qu’une. Enfin, le revoilà encore une fois, comme à chaque nouvelle secrétaire, les mains dans les tiroirs à fouiller. Pourquoi il faisait ça ? franchement il ne savait pas, ça l’amusait puis.. grâce aux magazines beauté de son ancienne secrétaire, il a réglé ses problèmes de points noirs qu’il ne supportait plus, tester une recette de pizza divine et qui n'avait pourtant la moitié de calories de celle qu’il commande, enfin bon, il n’y voyait que du bon. Heureusement que le DRH était dans les étages inférieurs et qu’il ne venait voir Milo que sur rendez-vous. S’il le voyait la maintenant, aucun doutes qu’il alerterait Marius ou encore le syndicat ou quoi que ce soit, les deux-là ne peuvent pas se blairer. Garder des gens qu’il ne peut pas voir dans l’entreprise, c’est le grand truc de Milo. D’ailleurs après avoir trouvé un magazine people qu’il garda en main, il partit vers l’ascenceur où il croisa l’autre personne qu’il aurait dû virer il y a bien longtemps avant qu’elle ne se révèle réellement, c’est Poppy, enfin, Lyne comme elle se fait appeler dans l’entreprise. Il ne relève pas la tête, trop concentré à lire les derniers ragots des peoples du continent américain, et rentre sans le vouloir dans une Lyne occupée et pressée de quitter les bureaux. Milo regarde dans qui il est rentré et souffle bruyamment à la vue de la blonde. Néamoins, gentleman qu’il est, il se baisse pour ramasser ses affaires ainsi que son magazine qu’il s’empresse d’essayer de cacher, ça la foutrait mal qu’elle l’est vu. « Hmm… tu fais des heures sup’ ? »

Bon dieu elle en a des classeurs, des plans marketing et tout celle-là. Elle en a tellement qu’on ne voit plus le beau parquet qu’ont fait installé les ouvriers il y a un mois. Crime. Finalement, retrouver son magazine people s’avère être plus dur qu’il n’y parait parmi toutes ses stratégies marketing, plans de croissance et autre. Lyne ne s’accorde aucun laissé aller, si ce n’est du vernis à ongle rouge qui s’écaille et un chignon qui passé dix-huit heures ne ressemble plus vraiment à rien. D’ailleurs en le voyant Milo se demande à quoi il peut bien ressembler passer dix huit heures.. Certes sa veste le met en valeur mais il n’a pas vraiment prêté attention à sa coupe toute à l’heure devant la glace. Arf, le connaissant, il devait être pas mal, les cheveux ébouriffés.. « Il faut bien que certaines personnes ici travaillent. ». Ca c’est dit au moins. Toujours dans la continuité de son comportement, Lyne reste Lyne. Oui, puisqu’elle passe ses journées dans l’entreprise, qu’elle a fait de très bonnes études, il n’y a forcément qu’elle qui travaille. Milo soupire, pourquoi est-ce qu’il ne l’a pas viré encore ? Ah oui, parce qu’elle bosse et que pour il ne sait quelles obscures raisons, son associé Marius la supporte. Il se demande souvent comment il le peut d’ailleurs. Lyne est un personnage difficilement appréciable. « Oui, je suis d’accord avec toi. » dit-il, comme si il essayait de prouver que c’est elle dont elle parlait, une personne qui fait du 8h-18h tous les jours. Son magazine coincé dans la doublure de sa veste, il encaisse la réplique de sa chère collègue. Oui, ça la fout mal qu’elle l’ait vu. Milo s’empourpre à vue d’œil, il se sent rougir, comme un enfant qu’on vient de prendre la main dans le pot de confiture mais en pire. ROUGIS PAS MILO NE ROUGIS PAS ! se dit-il tant bien que mal. Il sort d’une main quelque peu tremblotante le magazine. « Oh ça ? ..euh..hmm.. juste un magazine que ma secrétaire a oublié sur son bureau, je voudrais pas que l’équipe de ménage de nuit lui vole… Je lui rendrai demain.. pff, je lis pas ça moi… ». Il roule des yeux, soupire, a des petits sourires comme si il était gêné pour sa secrétaire de lire ce genre de magazine…oui Milo-Peter Bradshaw en mode Meryl Streep gagnante des Oscars est de retour. Avant qu’elle ne s’attarde plus longuement sur la couverture du magazine et voit « TEST : quelle petite amie es-tu ? » écrit en rouge, Milo s’empresse de le ranger dans sa sacoche qu’il referme vite. Il la regarde dans les yeux, lui offrant un sourire pour combler le vide, appuyant frénétiquement sur le bouton. Son seul sauvetage possible maintenant est que l’ascenseur arrive au plus vite, et encore. Il serait tenté de prendre les escaliers mais finalement, les portes de la cabine s’ouvrent. Il laisse passer devant Poppy qui revient à la charge, décidément, Milo ne sortirait pas indemne de cet ascenseur, elle allait le manger tout cru. « Tu vas aussi au sous-sol je présume. » dit-il en appuyant sur le bouton. « Oui aussi étonnant que cela puisse te paraître …Lyne, j’ai travaillé. Choquant hein de la part d’un pdg ? ». Il insiste d’une voix qui se veut provocatrice sur son prénom, Lyne. « Tu vas faire quoi en rentrant ? Boire du sang et aller dormir dans ton cercueil ? »dit-il dans un rire bruyant. Si Lyne n’est pas un vampire, alors Milo ne sait sûrement pas qui elle est. De toute façon, il faut bien se battre pour garder son job.

Voilà qu’elle commençait à le prendre pour un enfant de huit ans. Allez, plus que quelques minutes et il pourrait rentrer chez lui, se commander indien et se poser devant The Amazing Race. Il fallait qu’il garde son tempérament face à une Lyne au summum de son agacement. Quand il vit sa main s’approchait il se dit que non, il devait rêver. Eh bien non, vingt secondes plus tard ses cheveux étaient bel et bien ébouriffés par la main démoniaque de sa collègue. Ce n’était pas souvent qu’il avait des contacts physiques avec elle, pas même une bise le matin ou encore au Noël ou Nouvel An de l’entreprise, oh non. Une poignée de mains, voilà ce qu’il lui avait donné la première fois que Marius lui avait présentée. Comme quoi, il avait directement eu un bon pressentiment… Enfin c’est ce qu’il aime à se dire. En vérité il avait mangé un kebab à la cantine et voulait éviter tout contact physique avec une personne avant d’avoir pu se laver les dents dans sa petite salle de bain adjacente à son bureau. « Mais je n’ai pas honte puisqu’il ne m’appartient pas. » Décidément. Puis elle a trop de répartie, il aime pas ça, les gens qu’ont de la répartie. L’entendre l’appeler PDG fait sourire Milo, enfin elle l’admet. Malheureusement, l’idée qu’il doive un jour l’appeler ainsi lui donna des frissons dans le dos. Il se frotta le bras pour se réchauffer un peu. « J’oubliais, tu sais pas ce que c’est que d’être PDG, autant pour moi. Je te parle de choses que tu ne connais pas. » Oui, tant qu’elle n’est pas assise dans son fauteuil en cuir, qu’elle n’utilise pas sa petite salle de bains de 10m², elle n’est pas PDG. Tout au plus, future candidate.. D’ailleurs, cela l’angoissait. Être coincé avec elle pour ne serait-ce que cinq minutes le stress au plus au point et Milo commence déjà à chercher pour des trappes dans l’ascenseur. Ça va, il y en a une au-dessus de sa tête. Non pas qu’il croit réellement au rumeur disant qu’elle est un vampire mais.. vaut mieux pas prendre de risque hein. Il s’en voudrait de finir la gorge ouverte, vidé de son sang par sa pire ennemie tout ça parce qu’il a pas écouté les blagues de certains de ses collègues. D’ailleurs, il est fier de sa blague. Oui vraiment. Il imagine déjà la situation. « Ha, ha, ha. Mais quel humour ! Tu m'as démasquée, félicitations. » Milo sourit, ajoutant : « Oh, depuis bien longtemps…. » . Cela veut bien dire ce que ça veut dire. La semaine où elle est arrivée dans l’entreprise, il l’avait cerné, et depuis, il est toujours sur ses gardes. Sauf là. L’ascenseur s’arrête. En temps normal il aurait commencé à crier comme une fillette, mais la présence (et quelle présence) de Lyne l’en empêche. Se retenant de paniquer, il commence à guetter la réaction de sa collègue. Finalement elle a l’air aussi emmerdée que lui. Ce n’est pas franchement la fin de soirée qu’ils imaginaient et encore moins la fin de soirée idéale. « Oui.. bien sûr, un gamin comme moi. Ou alors, autre théorie, une manipulatrice voleuse de job comme toi qu’a coupé l’électricité ? je dis ça.. je dis rien. » dit-il, roulant des yeux. Faites que le courant ou quoi que ce soit s’arrange..et vite. « Heureusement que j’ai mis à enregistrer The Amazing Race… » chuchote-t-il pour lui-même. C’est pas comme si Harley s’inquiéterait de ne pas le voir rentrer ce soir, bien au contraire, sa colocataire temporaire en sera même ravie. Finalement, Lyne laisse échapper ce qui ressemble bien à un petit signe de faiblesse. Enfin, petit. Milo rit aussi, c’est contagieux faut croire..la panique. « Quoi ? Qu’un ascenseur tombe en panne dans une entreprise de technologies ou le fait qu'on soit tous les deux dedans ? ». Il affiche un grand sourire. Si elle s’attend à une trêve durant ces quelques moments c’est foutu. Il sort son téléphone, essayant de voir si il ne pourrait pas téléphoner à Harley, un dépanneur ou encore Marius. « Et en plus de ça..je ne capte pas. Fantastique. Lyne, ton téléphone. » dit-il, secouant sa tête pour lui indiquer de regarder si elle captait.