#22 + we can escape to the great sunshine (panda)

Eh oui, ce soir, soirée chez Maxine. Emrys n'y a opposé aucune méfiance. Pourquoi se méfierait-il d'une fille, hein ? Ah mais c'est qu'il ne sait peut-être pas tout de notre chère Pandore. En même temps, il ne peut pas tout savoir d'elle. Exactement de la façon qu'elle ne sait pas tout de lui. Sinon, ça ne serait pas aussi excitant. Elle s'est faite belle, porte une jupe noire qui couvre ses jambes jusqu'aux genoux et un joli haut rayé. Légèrement maquillée, elle sonne une deuxième fois en s'impatientant un peu. Mais heureusement, son amie est là pour lui ouvrir cette fois. Elle se laisse faire, profitant de son contact avec un sourire affectueux. Max est bien une des seules ayant droit à la clémence de Pandore qui se voit être gentille avec une fille. Bah ouais, généralement, le courant ne passe pas des masses et elle a tendance à vouloir les mordre plutôt qu'être appréciable. C'est une image, bien évidemment. Toi aussi tu m'as manquée ! Et c'est vrai. Elle l'aime bien sa petite Maxine. Elle entre alors, se débarrassant de son manteau. Lui adressant un regard espiègle et joueur, elle lance, désinvolte : Du sec. Tu m'as pris pour une débutante ou quoi ? avec un clin d'oeil presque provocateur, se laissant tomber dans le canapé, faisant exactement comme si elle était chez elle.

Oh non, ce que veux Pandore, ce n'est pas forcément se bourrer la gueule comme on dit ! Juste passer une bonne soirée. Elle ne forcera pas son amie à boire. Elle tient réellement à Maxine. Et ça arrive si peu souvent qu'elle s'autorise à apprécier quelqu'un à sa juste valeur... Certes, elle devrait donner l'exemple, mais jamais Panda n'a prétendu à ce rôle de donneuse de conseils ou d'exemple. Au contraire, elle se considère comme une erreur. Elle ne souhaite à personne d'être comme elle l'est. Elle la laisse les servir, l'observant calmement. Elle la trouve toujours aussi ravissante, mais elle se garde bien de le lui dire. Disons que ça ne faciliterait pas les choses. Elle préfère quand c'est tu, quand il y a cette infime tension physique entre elles. « À ta santé, chérie ! » Elle attrape le verre tendu, souriant face à son "surnom". Elle trinque contre son verre, décontractée. « À nous, plutôt ! » fait-elle avec un haussement de sourcils, avant de boire une première gorgée. Elle sent l'alcool lui brûler doucement la gorge et elle se tourne ensuite vers Maxine. Naturellement charmeuse – c'est ancré dans sa peau – elle la détaille doucement, avant de murmurer : « Dis-moi, si tu te fais toujours aussi jolie que ce soir, tu dois en faire tomber. »

Il y a toujours eu ce petit jeu entre elles. Ces compliments, ces façons presque directes de se tourner autour sans jamais s'avouer qu'elles se plaisaient clairement. Parfois, Pandore regrette un peu. Bah ouais, elle regrette de ne pas avoir été plus entreprenante avec elle avant de se mettre en couple. Mais d'un côté, c'est peut-être mieux ainsi. Maxine lui plait vraiment. Et il sait qu'il en aurait fallu de peu pour que ça soit au-delà de physiquement simplement. Et déjà qu'elle digère mal le fait de s'être amourachée, elle n'aurait pas vraiment supporté ça. Elle a beau être bisexuelle, elle n'imagine pas sa vie avec une fille, c'est ainsi, que voulez-vous. Dans sa tête, tout ne marche pas toujours droit. Alors, c'est peut-être mieux comme ça. « Oh, j'essaie de me mettre à ton niveau, et j'y suis pas encore. L'échelle est haute. » Elle sourit tout de même, flattée. Elle ne se considère pas comme telle. Elle a beau paraître hautaine parfois, c'est presque dingue de croire qu'elle a en fait une confiance en elle plus basse que la moyenne. Elle fait mine de prendre le compliment avec classe, se calant confortablement dans le canapé en détournant son regard quelques secondes. « Oh, je vois. Mais tu sais, je pense qu'on est à peu près du même niveau, toi et moi. » Elle boit une autre gorgée, avant de tourner de nouveau la tête vers elle. Elle a souvent tendance à oublier qu'elle n'a que dix-neuf ans. Parfois, elle se sent coupable d'ainsi attiser leur désir mutuel, sachant très bien qu'il ne pourra rien se passer. Mais le jeu, la provocation, la séduction ; ça a toujours fait partie de la vie de la française. Elle aurait bien du mal à s'en passer. « J'imagine que tu dois avoir foule d'amants... À ton âge, moi, je n'étais pas aussi séduisante. »

Et pourtant. Elle pourrait y croire, parce que cinq ans de moins ou pas, Panda a souvent été sous le charme de la jolie blonde. Elle dégage quelque chose de sauvage et de fragile à la fois. En fait, elle a clairement l'impression de se retrouver dans les traits de Maxine. Et.. comment dire... ça développe aussi un certain côté protecteur. Elle ne voudrait pas qu'elle devienne comme elle. « Ah oui, et tu étais quoi, à mon âge ? » Panda est un peu étonnée par la question. Elle se met lentement à réfléchir, fixant son verre et ce qu'il contient. Elle esquisse un sourire sans joie, plein d’auto-dérision. « Hmm... une garce, qui pensait tout connaître de la vie et qui pensait que rien n'pouvait l'atteindre. », répond-elle avec un léger soupir et un sourire sombre. C'était vrai. À l'époque, elle se croyait invincible, à tracer du bout de sa plume ses articles assassins, jusqu'à-ce que ça lui retombe clairement sur le nez. Encore plus garce qu'aujourd'hui. Oui, c'est possible. Elle prend une nouvelle gorgée et croise les jambes, haussant les épaules. « Alors réfléchis toujours à deux fois avant de faire ce qui te semble être une connerie. » fait-elle alors avec un sourire attachant.

Elle a l'air surprise par ce que la blonde lui raconte. Pourtant, ça n'est que la vérité. Une putain de triste vérité, d'ailleurs. Elle acquiesce et Panda prend une gorgée de son verre. « T'sais qu'à première vue, t'as pas du tout l'air comme ça. La première fois, j'ai cru que t'étais une pucelle coincée du cul t'sais. J'ai cru que.. t'étais un ange. Au fond, t'en es pas un, mais.. si en fait, t'es un ange. Avec moi en tout cas. » Elle s'étouffe presque. Une "pucelle coincée du cul" ? Pandore ? Waohw, Maxine doit bien être la seule à en avoir une telle impression, quand bien même n'est-ce que la première. Ben oui, quoi. La moitié de Bowen sait bien que la journaliste est une mangeuse d'hommes – et de femmes même si ça, beaucoup moins sont au courant – il lui arrive même de rencontrer des gens qui le savent alors qu'elle ne les connait ni d'Eve ni d'Adam. « Ah bon ? J'suis flattée de voir que je te donnais l'image d'une coincée plutôt que d'une traînée, c'est gratifiant. Et non j'suis pas un ange chérie, enfin avec toi peut-être mais avec toi c'est différent. », fait-elle avec un petit clin d'oeil affectueux. Elle prend une nouvelle gorgée, soupirant doucement de contentement, prête à passer une soirée... tranquille ?