Kids are great (w/Aïnhoa)

Lorsqu' Aïnhoa m'avait demandé de garder son fils pour l'après midi, je n'avais pas su lui dire non. J'avais beau travailler jour et nuit sur un projet qui me tenait à cœur en ce moment, un break m'était nécessaire. De plus, Pénélope allait être ravi d'avoir de la compagnie. Nous avions évoqué l'idée de faire du kart la dernière fois que le jeune garçon était venu à la maison et j'allais tenir ma parole.
La belle brune m'avait déposé son fils et avait filé assez rapidement en me laissant avec les deux terreurs. Je les avais soudoyé avec une glace avant de les amener sur la piste de kart qui se trouvait à l'arrière de la maison. Ce n'était pas la première fois que Pénélope venait là, du haut de ses deux ans elle prenait gout aux mêmes passions que moi. Du coup elle connaissait bien toutes les règles de sécurité, l'obligation de porter une combinaison et un casque, les quelques règles de signalisations sur le circuit... Et si elle avait bien su parler, elle aurait probablement tout expliqué à son ami, mais ce fut moi qui le fit. Son sourire en disait long sur son état d'excitation. Il enfila la combinaison que je portais à son âge, un casque et je le mis sur un kart avant de m'installer sur un second avec Pénélope sur moi. Nous étions fin prêt et après un tour de chauffe, nous nous mirent à faire la course. Il n'était pas mauvais pour un garçon qui ne faisait pas ça tous les jours, il était impressionnant. L'après midi passa à une vitesse folle et après plusieurs heures passer auprès des karts, les deux monstres étaient épuisés. Moi aussi d'ailleurs. Et c'est alors que nous étions tous affalés sur les transats à côté de la piscine que la mère du jeune garçon refit son apparition.

Hey... Dis-je en relevant à peine la tête. Je pense que je les ai épuisé.

Intérieurement, la jeune maman bénissait Knox d'exister dans sa vie, et surtout d'être d'une telle générosité. Elle le lui rendait autant que possible, mais il fallait dire que quand il avait répondu présent pour la dépanner en urgence une après-midi, que Judas n'était pas disponible, ni April, ni aucun de ses proches de confiance, elle lui aurait bien sauté au cou. Elle n'avait pas eu le temps de le remercier proprement, déposant Laël rapidement avant de repartir sur sa moto pour la grande table ronde afro-féministe à laquelle elle s'était inscrite. Elle avait l'habitude d'emmener son gamin à toutes sortes d'activités, que ce soit au cabaret quand elle devait avancer sur des costumes avec tout le matériel de là-bas, à un rendez-vous bancaire ou dans une manifestation pour les droits LGBT+. Mais elle savait aussi que c'était un petit garçon, avec des centres d'intérêt d'enfant, et qui avait aussi besoin qu'on prenne en compte son âge et ses choix d'activités. Et puis depuis qu'Aïnhoa avait rencontré Knox, Laël avait appris à connaître la petite Penny, et s'en accommodait étonnamment bien, la traitant comme une petite soeur. Au grand plaisir, et avec une petite pointe d'angoisse aussi, de sa maman, qui ne comptait absolument pas sur le fait qu'il lui réclame une sœur, même si elle était bien attendrie par le comportement de son fils avec Pénélope. En fin d'après-midi, prenant congé de la table ronde dans l'idée de ne pas trop traîner, même si elle avait passé un excellent moment, Aino' était de retour à la propriété de Knox. Elle fit le tour du terrain pour retrouver deux petits bouts affalés dans les transats, ainsi que son ami adulte. « T'es sûr que c'est pas l'inverse ? » demanda la Belgo-Sénégalaise en relevant ses lunettes de soleil sur ses cheveux ébène, sourire narquois aux lèvres.

La journée avait été riche en émotions et tout le monde était fatigué à présent. Moi compris. En tournant la tête, je vis que Pento s'endormait et ça ne m'étonnait pas, car elle n'avait pas fait sa sieste. Laël luttait, mais il tenait bon et c'est à ce moment là que sa mère arriva. Elle devait également avoir eu une journée bien remplie.
Ils étaient deux contre moi. Je partais d'avance avec un handicap. Dis-je pour me justifier. Aïnhoa devait savoir la galère que cela pouvait être que d'occuper des enfants, l'énergie que l'on devait déployer pour réussir à les captiver et les rendre heureux. En tout cas, moi je trouvais ça épuisant. J'adorais et c'était clairement quelque chose que je faisais de bon cœur, mais avant d'avoir Pento en charge je n'aurais jamais pensé qu'il était aussi compliqué d'être une figure parentale pour un enfant. Ça ne consistait pas juste à les concevoir avant de les regarder grandir. C'était un boulot de malade.

Tu veux rester manger ? Tout le monde était fatiguée, mon frigo était plein, c'était la meilleure solution possible. Celle des flemmards. En plus s'ils ont un regain d'énergie on les mets dans la piscine et après on est certain qu'ils feront la grasse matinée demain matin.  Est ce que j'utilisais cette technique avec Pénélope quand je voulais dormir un peu plus tard que la normale ? Oui. Est ce que ça faisait de moi un mauvais père ? Peut être. Mais elle ne m'en voulait pas et trouvait toujours le moyen de venir me rejoindre dans mon lit.

Au vu du manque de réaction de son fils quand elle arriva dans le jardin, affalé sur un transat et peinant à lever le bras pour faire un coucou de la main à sa mère, Aïnhoa comprit qu'ils avaient passé une bonne journée. Et quelque part dans son esprit de maman un peu coupable, elle se réjouit de se dire que Laël s'endormirait comme un loir ce soir. Knox semblait cependant presque dans le même état que les enfants, tirant une réponse taquine à la jeune femme. « Je te l'accorde. » répondit Aino en riant face à la justification de son ami, venant s'asseoir dans le transat d'à côté. S'occuper des deux terreurs une après-midi, y avait de quoi être fatigué. « Encore merci d'avoir pris Laël avec vous, je sais que c'était vraiment last minute. » dit-elle avec un sourire plein de gratitude au garçon, les yeux pétillants. Il fallait le dire, avoir des amis parents, c'était vraiment un plus. Et puis, elle savait que chez Knox, son fils passait des super moments, elle lui faisait totalement confiance à ce niveau. Et à tous les niveaux, en fait. « Oh, t'es sûr ? T'as déjà fait beaucoup aujourd'hui ! » répliqua la brune en haussant des sourcils agréablement surpris. C'était une idée tentante, mais elle devait déjà une fière chandelle à Knox et n'avait aucune envie de lui imposer une charge de plus. « Ça me ferait fort plaisir, et à Laël aussi. Mais t'as qu'à me dire ce que je prends dans le frigo, et c'est moi qui vous fait à manger. Vous l'avez bien mérité ! » proposa-t-elle en se relevant. « S'ils ont un regain d'énergie après ça, c'est officiel, des robots ont remplacé nos gamins. » pouffa la jeune fille en couvant du regard les deux enfants, mais bien heureuse qu'il n'aient plus quatre tonnes d'énergie à revendre.

Nous étions à présents quatre larves sur des transats, à ne plus bouger en attendant qu'un peu d'énergie ne nous revienne. C'est pour cela que je proposais à la jeune femme qu'elle reste manger avec son fils. Mon frigo était plein, des choses rapides à faire ou des plats déjà tout fait pour les jours de rush - ou de flemme intense -. Ça me ferait plaisir, vraiment. Dis-je en tournant le visage vers elle. Laisse moi cinq minutes et je balancerais quelques trucs sur le barbecue. En bon Australien, le barbecue était la solution facile.

J'avais un peu trainé avant de trouver le courage de me lever. Comme un phoque un peu trop gras, j'avais roulé jusqu'à réussir à me remettre droit sur mes jambes. La vieillesse commençait à se faire ressentir. Dans ma cuisine, je mis la main sur quelques saucisses, des légumes et même de quoi faire des smore's au dessus des flammes. J'étais ko, mais je savais que ce repas allait être vite prêt et que les petits allaient aimer. C'était le plus important. Alors je mis le repas en route avant de revenir m'affaler à côté d'Aïnhoa. Ce sera prêt dans une dizaine de minutes. L'informais-je avant de regarder les enfants qui étaient vraiment calmes. C'était troublant. C'est des robots, ils m'ont épuisé. Tu les aurais vu, ils ne voulaient plus s'arrêter. Laël est très doué d'ailleurs, il a faillit me battre plus d'une fois.

Ta journée s'est bien passée ? J'étais curieux, c'était un défaut que je n'arrivais pas à corriger. Elle devait s'être dépassée, car elle était aussi crevée que nous. Voir plus.
Bientôt c'est eux qui nous mettrons au lit.

« Merci, c'est adorable. » sourit la brune alors que Knox soulignait qu'il le faisait vraiment avec plaisir. Elle hocha la tête avec enthousiasme quand il parla de barbecue, et n'eut pas le temps d'approuver que les enfants lâchaient un cri de joie à l'idée de mets grillés et parfumés. « C'est une super idée. » renchérit Aino', même si elle n'avait sans doute pas besoin de le préciser. Ils restèrent donc encore un moment allongés au soleil, sans aucune volonté de bouger le moindre muscle. Le jeune papa finit par se motiver toutefois, refusant toute aide, pour aller préparer le barbecue. Elle songea à combien elle avait de la chance de pouvoir compter sur un ami comme lui, même si les services qu'ils se rendaient étaient mutuels, il était toujours là, que ce soit pour donner un coup de main ou passer une belle soirée tous ensemble. Il n'était pas qu'une personne de confiance pour garder Laël, mais un ami attentionné, et un papa qui faisait de son mieux avec ce qu'il avait comme bagage, tout comme elle. « Tu vas en faire de futurs champions ! Attends que je les mette sur une moto quand ils seront plus grands. » s'amusa la belle brune, bien qu'elle ait déjà emmené son fils à l'arrière de sa Yamaha à quelques occasions. Il fallait croire que la passion des moteurs et du bitume, c'était quelque chose qui se transmettait. « Oui, c'était vraiment super intéressant comme table ronde. Y avait beaucoup d'intervenantes, on a partagé beaucoup d'expériences, des pistes pour des projets d'inclusivité dans l'espace public, un potentiel festival artistique et culturel, et... Des tas de choses, en fait. » répondit la jeune maman avec enthousiasme, comme toujours quand elle parlait activisme. « Mais ouais, ça prend de l'énergie aussi. Et ça en donne à la fois, paradoxalement. » acquiesça-t-elle en riant quand Knox affirma que bientôt, c'était leur descendance qui les borderaient dans leur lit. « M'en parle pas, déjà qu'ils grandissent beaucoup trop vite à mon goût. » plaisanta-t-elle, passant un regard plein de chaleur sur son petit garçon, qui de fait, était de moins en moins petit.

J'avais mis le barbecue en route avant de revenir m'affaler auprès d'Aïnhoa. J'avais beau être ko, ça ne m'empêchait pas de parler pour autant. Les petits étaient en train de se reposer, je racontais donc la journée à leur place. Nous avions piloté comme des champions, c'était quelque chose que j'adorais faire et surtout partager. Mais contrairement à mon amie, je n'étais pas très à l'aise sur un deux roues, le confort précaire de ma monoplace me convenait bien mieux. Je te laisserais gérer ça, je n'ai jamais été super bon pour contrôler une moto. J'adore les sensations quand je suis à l'arrière par contre. Dis-je honnêtement.

Je lui avais demandé comment s'était passé sa journée, n'ayant aucune idée de ce qu'elle avait pu faire. Elle se mit à parler avec tellement d'entrain que je ne pus retenir un sourire. Elle aimait sincèrement ce qu'elle faisait, c'était assez chouette de la voir ainsi. Il y a quelques années de ça, il y avait un festival des arts à Bowen. Ça a duré quelques années et après il y a eu le Covid... C'était franchement sympa et il y avait toujours des artistes supers à découvrir. Il y avait aussi eu un festival du même type quand j'étais beaucoup plus jeune, mais je n'en avais plus un très grand souvenir. Je t'avoue que je ne m'investis pas vraiment dans la vie de la ville. Peut être que quand j'abandonnerais mon boulot et que j'aurais plus de temps.

Je me levais pour aller voir le barbecue, me rendant vite compte que c'était déjà prêt. Je retirais tout du feu avant d'aller voir Pento et nos invités. La petite était endormie et je ne comptais absolument pas la réveiller pour manger. Elle avait besoin de son sommeil et pourrait de toute façon manger plus tard. Tu veux manger sur la table ou rester sur le transat ?

« T’inquiète, je gérerai cette partie de leur éducation. » assura Aïnhoa en riant, alors qu’ils parlaient du jour où elle emmènerait les deux rejetons en moto. « Je t’emmène en balade quand tu veux, tu sais hein, y a qu’à demander. » précisa-t-elle ensuite quand Knox admit que, s’il n’aimait pas tellement conduire ce genre d’engin, il aimait profiter de la balade à l’arrière. La motarde, elle enfourchait sa Yamaha chaque semaine, que ce soit par nécessité ou envie, même si elle essayait de privilégier le bus quand c’était possible. Mais elle aimait trop rouler que pour se priver de sorties juste pour le plaisir, et ça ne la dérangeait aucunement de balader d’autres personnes avec elle. « Oh mais oui, je vois bien, j’y ai même participé ! J’avais fait un slam, y avait un coin avec un programme entièrement afroféminin. » se remémora Aïnhoa quand le jeune père mentionna le festival des arts, avant que la plupart des événements ne plongent suite à la pandémie. « Si t’as envie de t’investir plus, moi je peux te traîner sans scrupules à quelques trucs auxquels je participe, une fois de temps en temps. Ne fut-ce que quand je fais un petit concert au Hendrix, ou quoi. » proposa la Belgo-Sénégalaise avec un sourire sincère, emprunt d’une petite lueur de défi. Ce n’était absolument pas pour le forcer, mais s’il avait besoin de quelqu’un pour lui proposer des activités et sortir un peu plus faire des choses, elle n’était pas en reste. Knox se leva pour surveiller le barbecue, pendant ce temps, Aino alla chercher les boissons et les sauces au frigo, histoire de mettre la main à la pâte. « Non dis, je sais qu’on ressemble à des phoques apathiques, mais on va quand même se mettre à table. » rit-elle avant d’aller chercher la vaisselle. « Ah, on en a déjà perdu une… » remarqua à son tour la couturière, alors qu’elle voyait la gamine endormie, la bouche ouverte, l’air totalement exténué, alors que Laël lui se mettait doucement en mouvement pour venir à table. « Je réveille Pénélope ? » demanda gentiment le petit garçon à l'attention de Knox.

Je ne me sentais pas autant en sécurité sur une moto que dans une F1 et pourtant les risques étaient sensiblement les mêmes. La vitesse et le peu de protection rendaient la pratique de ces deux sports très dangereuses. Je ne m'étais jamais blessé à moto, mais j'avais failli perdre la vie plus d'une fois derrière le volant de ma monoplace. Est ce que ça m'avait arrêté? Absolument pas. J'aimais prendre des risques, et l'idée de monter sur la Yamaha d'Aïnhoa était très tentant.

Donne moi les dates et je serais ravi de venir te voir. Ça fait longtemps que je ne suis pas sorti en ville pour juste profiter d'une soirée. C'était tentant. Je vivais reclus dans ma maison avec Pento et Mercy, alors qu'il y avait tout un monde exaltant à découvrir. Je vivais pourtant dans la décadence absolue il y a quelques années de ça, mais l'âge m'avait apaisé. Ou bien les obligations de la vie.

J'étais parti m'occuper du repas pendant que la Belgo-Sénégalaise prenait les condiments dans le frigo. Tout se mettait en place tranquillement, dans le calme. Les odeurs de viandes grillées m'avaient ouverts l'appétit. Quand le jeune garçon me demanda s'il devait réveiller Pénélope, je lui fis non de la tête avant de lui faire signe de nous rejoindre. La table était mise et il y avait beaucoup de plats posés entre nos assiettes. C'était généreux, mais simple. Je proposais de servir, mais avant que je ne puisse poser mes fesses sur ma chaise, j'entendis la voix endormie de Pento. Elle était encore très loin dans ses rêves, mais chouinait car elle était seule dans son coin, alors je partis la chercher. Elle avait besoin de contact et elle était bien trop petite pour que je lui refuse. Alors c'est avec la mini blonde dans les bras que je me mis à manger. J'espère qu'il y a tout ce qu'il faut, parce que je ne suis pas sur qu'elle me laisse bouger de si tôt.

« Ça roule, je te tiendrai au courant ! » acquiesça Aïnhoa, qui n’hésiterait pas à lui envoyer un message quand elle serait invitée à performer une prochaine fois. Ce n’était que de temps en temps, quand on lui proposait un créneau ou quand elle montait un petit projet avec d’autres personnes, ou participait à un événement, mais ça se produisait tout de même de temps à autres. « Après, on n’est pas obligés d’attendre que je monte sur scène, je peux juste t’envoyer un message la prochaine fois que y a un truc intéressant à faire ou voir en ville. » poursuivit la belle brune en souriant, creusant des fossettes dans ses joues tachetées. Ils passèrent à table, sans Pénélope pour commencer puisque cette dernière voguait encore sur le fleuve des rêves, et ce fut avec grand appétit que Laël et sa mère attaquèrent le repas. « C’est délicieux, j’avais presque oublié le goût de la viande. » commenta la jeune femme en se délectant de ce qu’il y avait à grignoter. Elle n’achetait que rarement de la viande, préférant choisir des protéines plutôt végétales, autant pour elle que pour Laël, dans un souci d’écologie. Elle ne se considérait pas comme végétarienne pour autant, mais elle espaçait tout de même suffisamment les plats contenant de la viande que pour en oublier la saveur qu’elle adorait au fond d’elle. Par chance, ou peut-être parce qu’elle l’avait éduqué ainsi, le baignant entre autres dans les luttes environnementales, Laël ne s’en plaignait pas, se satisfaisant sans problème d’un régime flexitarien et se délectant des plats plus diversifiés et moins répandus qu’Aino pouvait préparer. Et puis, elle faisait quelques exceptions quand il s’agissait de cuisiner des plats typiquement congolais ou espagnols. Knox partit chercher la petite qui s’était réveillée, pour la garder un peu près de lui, tirant un sourire à la brunette. Elle savait à quel point il tenait à cette gamine, et tout l’amour qu’il lui transmettait. « T’inquiète, tout est parfait. Et puis, on sait se lever aussi. » répondit la jeune maman avec un clin d’œil, avant de continuer à profiter du repas, dans la bonne ambiance générale, tous les quatre.

hj : ça te va si on clôture ?