Heaven's door | Amber

Donovan & Amber

Heaven's doors

Les hormones, elles peuvent être vos pires ennemies.  Ah ça, quand on attend un enfant de l’homme qu’on aime et qui vous aime, c’est carrément le nirvana parce que la libido est à son top et n’arrête pas de vous chatouiller à tout moment de la journée.  Mais quand vous n’êtes pas avec le père de vos enfants, que vous êtes seule et célibataire, là mes enfants je peux vous dire que c’est une vraie torture.  J’ai pas l’habitude d’être mise au régime sec déjà en temps normal, mais là c’est encore plus difficile à vivre.  Oh lui il est bien, pas de souci pour lui !  La vie est belle, il a sa Victoria, moi...  Tout va bien, il n’a qu’à choisir laquelle il veut se taper !  Et c’est pas moi.  P**** de b***** de m****** !  C’est carrément du sadisme de m’allumer comme ça et d’ensuite se reculer pour me regarder comme si j’étais un monstre !


Et alors ?


Oui... ET ALORS !??!!!  Je suis enceinte, c’est pas transmissible ducon !  Qu’est-ce qu’il y a, mon corps te dégoûte maintenant ?  Mais bon dieu qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?  OK, je l’ai embrassé tout à l’heure... Mais je me suis excusée, et je suis allée me foutre de l’autre côté de la cuisine pour éviter toute dérive.  Monsieur me fait sa crise et m’accuse de tous les maux de la terre, comme s’il n’était pas au moins à moitié responsable de la situation, il m’embrasse comme si, comme moi, il avait été en manque pendant des mois, me caresse comme il sait si bien le faire, et après il... Il me fait CA ?  J’ai envie de l’étrangler, je suis... Je suis folle de rage, mais aussi et surtout folle de douleur, en colère contre moi d’être si conne, d’avoir été assez débile pour tomber amoureuse de cet enfoiré égoïste qui ne vaut même pas la peine que je lui accorde un regard !

Je respirais difficilement, encore sous le coup du désir qu’il avait fait naître en moi et qui se mêlait à toutes les émotions que je ressentais pour l’instant et qui bouillonnaient dans mon esprit comme de la lave prête à exploser.  Je descendais du plan de travail pendant qu’il s’adossait au frigo et ramassait mon haut que je renfilais à la hâte pendant qu’il me rabâchait encore et toujours sa foutue Victoria.  Après avoir parlé de mariage tout à l’heure, voilà à présent qu’il l’appelait «sa femme» et je commençais à comprendre que de toute évidence, il ne m’avait pas tout dit.  S’il était marié avec elle, alors la situation était bien pire que je ne le pensais, et pour elle, et pour moi.  Et le pire dans tout ça, c’est qu’il essayait de jouer sur mes sentiments pour sauver son couple.


J’ai toujours été honnête avec toi Don, depuis le début je le suis.  On ne peut pas vraiment dire que ça soit le cas de ton côté.  Personne ne t’oblige à quoi que ce soit, tu prends tes décisions mais ton problème, c’est que tu n’arrives pas à les assumer ensuite.  T’es marié avec elle ?  La moindre des choses aurait été de me le dire parce que même si tu estimes que ça ne me regarde pas, je suis la mère de tes enfants, les seuls que tu aies pour l’instant.  Tu ne veux pas être un monstre avec elle, mais n’est-ce pas déjà le cas ?  Est-ce qu’elle sait pour nous ?  Est-ce qu’elle est au courant que bientôt des petites têtes blondes vont t’appeler «papa» ?  Je parie tout ce que j’ai que tu ne lui as rien dit n’est-ce pas ?  Alors ne vas pas sous entendre que je te pousse à devenir un monstre pour elle aussi.


C’est étrange, parce que je parlais avec un ton calme et posé, comme si je faisais une constatation banale de notre histoire.  Je l’aime.  Je suis certaine que Victoria l’aime aussi.  Mais lui ?  Lui je crois qu’il n’en aime aucune de nous deux.  S’il m’aimait, il serait avec moi à l’heure qu’il est, il m’aiderait dans cette grossesse difficile.  S’il aimait Victoria, il n’aurait pas flanché ce soir.  C’est peut être rapide comme théorie, mais c’est comme ça que je vois les choses.


Deux femmes qui t’aiment et tu vas te retrouver seul.  Plus que le fait d’en avoir mis une autre enceinte, le fait de lui cacher l’information, de lui cacher qu’elle est en ville est encore pire.  Mais tu vois j’aime pas être le second choix, celle qu’on prend par défaut, alors je ne serai pas là quand elle t’auras mis dehors, ça sera trop tard.  Je ne voulais que t’aimer et tu as ruiné ma vie.  Tu lui a fait la même chose et j’y suis pour rien, tu l’as très bien fait tout seul.  Alors sors d’ici maintenant.  On établira le droit de visite pour les enfants, je te le ferai savoir quand ils seront nés, mais je ne peux plus te laisser me faire du mal comme ça.  Vas-t’en.

Donovan & Amber

Heaven's doors

C’est la merde, pas de doute là-dessus.  Je ne peux pas vous décrire toutes les émotions qui me traversent actuellement, mais une chose est sûre, elles sont toutes négatives.  C’est violent ce qui me traverse en ce moment, un sacré coup dur auquel je ne m’attendais pas.  J’imaginais pas qu’une de ses visites finirait comme ça, déjà que c’était difficile en temps normal, là j’étais tombée plus bas que terre.  Beaucoup de choses avaient été touchées ce soir.  Mon orgueil, mes bonnes résolutions, mais surtout mon coeur.  Ca se fait pas de maltraiter le coeur d’une femme comme ça bon sang, personne ne lui a appris ça ?  Je sais, j’ai été prévenue.  Par lui déjà, qui est arrivé avec cette arrogante nonchalance en me disant qu’il avait envie qu’on se revoie mais qu’il voulait m’appeler autrement.  Par Val aussi, qui m’a dit que j’avais tort de m’attacher à lui, qu’elle était sûre qu’il passerait son temps à me faire du mal.  Mais bon dieu qu’est-ce qu’ils s’imaginent ?  Qu’on choisi ?  Je ne sais pas ce que je donnerais pour rencontrer cet enfoiré de prince charmant en collants qui me ferait oublier tous les autres et qui me rendrait heureuse jusqu’à la fin de mes jours... Mais Hey, Ho !  On n’est pas dans un putain de conte de fées, OK ?  Ici c’est la réalité, et dans la réalité les princes charmants sont des connards dans le genre de Don qui vous mettent le cerveau à l’envers pour ensuite vous dire d’aller vous faire foutre !  Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils osent vous mettre au visage tous les problèmes en disant qu’ils sont uniquement de votre faute, ils vous inondent de reproches et bien entendu, leur seul tort aura été les minables dix minutes qu’il leur aura fallu pour vous mettre tous les deux dans la merde !  Le reste, c’est pour votre poire !


Oh oui, c’est facile pour vous les hommes, hein ?  T’as qu’à avorter !  Ben voyons... On voit bien que c’est pas toi qui les porte ces bébés !  C’est pas toi qui devra aller à l’hôpital pour qu’on te foute un aspirateur qui tuera les enfants que tu portes pour le seul prétexte que ça arrange pas leur père qu’ils soient là et que ça va perturber sa petite vie !  C’est moi l’égoïste ?  Ou toi qui veut tuer deux enfants pour pouvoir roucouler tranquillement ?  Bon dieu assume !  Assume ces enfants, ou bien assume de me dire que tu ne veux pas en entendre parler, mais arrête de me renvoyer ça en plein visage parce qu’on parle d’un avortement là, pas de l’achat d’un chien !


Comment on peut être aussi froid ?  Comment on peut envisager l’avortement de façon si légère ?  Vous savez, vous me trouverez bien plus dans les manifs qui demandent la légalisation de l’avortement que dans celles qui sont contres.  Moi les cul-bénit qui viennent donner des leçons sans savoir ce qui se passe dans la vie d’une femme qui décide de mettre un terme à sa grossesse, j’ai envie de les exploser.  Mais justement, c’est pas pour ça non plus que j’adhère à l’idée d’avorter juste parce que «ça n’arrange pas d’avoir des gosses»... Et il ne m’a pas fallu longtemps pour savoir que je ne pourrais jamais me débarrasser de ces enfants, je ne peux pas avoir ce regard froid sur eux, comme s’ils étaient des objets qu’on veut mettre aux ordures, et ça me révolte que Don en soit encore à penser ça, qu’il continue de me balancer à la figure que J’AI décidé, que JE brise sa vie... Mais putain !  Désolée de pas être un monstre sans sentiments qui ne peut pas envisager de tuer une vie qui grandit en elle, désolée que ça tombe mal dans ses roucoulades avec sa Victoria !  En attendant lui il les verra un week-end sur deux et la moitié des vacances, moi je les aurai toujours avec moi.  Je vais devoir les mettre au mode, c’est moi qui devrai me lever pour les nourrir et les changer, qui devrai les veiller quand ils seront malades, moi qui suis loin de ma famille parce que Monsieur a enfin pu passer la bague au doigt de sa chérie !  Quel culot, j’vous jure...  C’est pas le mariage qui me choque... C’est juste qu’il ne m’en ai rien dit.  C’est de la lâcheté ça, rien d’autre, et quoiqu’il en dise, c’est pas honnête, pas du tout.  Et l’entendre réduire notre histoire a du désir...  Ca fait tellement mal !  Si c’était le cas pour lui, c’est pas le cas pour moi...  Au tout début c’était ça oui, mais ça fait belle lurette que j’ai dépassé ce stade.


T’en fait pas...  S’il n’y a que ça pour arranger tes petites affaires, je vais m’en aller.  Là je peux pas prendre l’avion, mais quand les bébés auront 3 ou quatre semaines, ils pourront.  Je vais rentrer à Brisbane, t’auras même pas à les reconnaître, t’auras plus à me supporter à côté de toi et tu pourras continuer à mentir à ta femme.  Je ne suis pas le monstre d’égoïsme que tu crois que je suis.  Je voulais juste que mes enfants aient un père, et que toi tu puisses être dans leur vie et jouer ton rôle.  Mais vu le nombre de fois où tu m’as déjà reproché de ne pas m’en être débarrassée, il est évident que tu n’en as rien à foutre et que tu ne les vois que comme des boulets qui vont débarquer dans ta vie.  Pars tranquille, t’auras plus jamais à me voir.


J’avais trop de fierté pour supplier encore, et je n’avais pas envie que mes gosses aient un père qui les assume par obligation.  Ce soir ça avait été trop loin, et croyez-moi les mots ont été bien pires que les actes.  Don s’était arrêté à mi-chemin entre la porte d’entrée et la cuisine pour écouter ma réponse, je passais à côté de lui pour rejoindre les escaliers qui menaient à l’étage sans un regard de plus.

Donovan & Amber

Heaven's doors

J’me sens... Je sais pas... Fatiguée, lasse de ces reproches. Ils sont injustes, et ça me rend dingue de les entendre. Je dois me battre avec bien plus de choses que lui, j’ai bien plus de responsabilités. Je ne lui ai même pas demandé un centime, c’est pas ce qui m’intéresse, et pourtant j’ai l’impression d’être mise au pilori comme si j’étais coupable de manipulation, comme si j’étais la garce qui n’avait en tête que l’envie de détruire. Je suis désolée de ne pas être une sainte, mais je n’ai jamais prétendu l’être. Je me bats pour mes gosses, oui, je veux ce qu’il y a de mieux pour eux, qu’ils aient un père présent autant que possible dans leur vie. J’ai déjà consenti beaucoup d’efforts, beaucoup de sacrifices pour ça, c’est pas pour me faire traiter comme ça. J’en ai marre d’entendre que j’ai tout décidé toute seule, comme si l’avortement était une décision facile à envisager, marre d’entendre que je débarque comme une furie pour ruiner sa vie, comme si je n’avais que ça à penser et comme si j’étais le diable en personne. Il est parti, sans un mot, il m’a laissé avec le coeur brisé, et j’aurais voulu pouvoir avancer, rentrer chez moi et continuer ma vie sans avoir à le croiser encore et encore parce que ces enfants auront créé un lien qu’il sera impossible à briser. Moi aussi ça bouleverse ma vie, il a tendance à l’oublier. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’il continue de tout me foutre sur le dos, et à l’entendre, je suis une emmerdeuse qui veut tout le monde à ses pieds. Là je me retourne et le fusille du regard.


Tu m’as pas dit que tu m’aimais Don... T’as dit qu’on se détestait parce qu’on était frustrés de ne pas pouvoir coucher ensemble. Et en gros que j’allais toujours être une tentation à laquelle tu pourrais céder mais sûrement pas s’attacher et que j’allais t’en vouloir pour ça. Me dire ça, c’est pas me dire que tu m’aimes...


C’est dingue... Depuis que j’ai débarqué ici, c’est comme si on parlait deux langues différentes. La complicité si forte qui nous unissait à Bangkok semble s’être éteinte comme par magie. De la magie noire qui le fait me voir comme une ennemie. Je suis perpétuellement sur le banc des accusés, on n’arrive à rien de constructif et définitivement non, le voir comme un monstre ne m’aidera pas à oublier. La vérité, c’est que je ne pourrai jamais oublier.


On choisit pas ce qu’on ressent. Quand je t’ai demandé d’arrêter de m’appeler Victoria, c’est parce que j’étais amoureuse de toi et que je ne supportais plus que tu voies une autre à travers moi. J’avais envie de te secouer, de te dire «regarde moi ! J’existe !» et j’avais toujours l’espoir qu’avec le temps tu finirais par guérir de cette rupture et qu’on aurait une chance. Traite moi d’idiote d’avoir espéré... Mais pour moi ces enfants ne sont pas nés d’un coup d’un soir ou d’une aventure sans lendemain. Je t’aimais, et je t’aime encore. Je peux pas faire comme si ça me faisait rien et depuis que je suis arrivée ici je me prend dans la figure sans arrêt que tu en aimes une autre, que tu l’as même épousée et que même si tu ressens je ne sais quoi pour moi je serai toujours la numéro deux, celle qui n’aura jamais droit à rien parce que la numéro un est là. Tu crois que c’est facile de savoir ça ? De se dire que la seule chance que l’homme que j’aime me revienne c’est qu’il se fasse plaquer pour de bon par la femme de sa vie et que je devienne un choix par défaut ? Non Don, c’est pas facile, ça fait mal, t’imagine pas à quel point. Tu m’accuse de foutre ta vie et celle de plusieurs autres personne en l’air et moi dans cette histoire ? Tu aurais voulu que j’avorte, c’est vouloir aussi en quelque sorte effacer les traces qui restent de notre histoire. Je veux pas que tu sois à mes pieds Don. Je t’aime et j’en crève que ça soit pas réciproque, ça me tue de te voir si proche et si inaccessible. Contrairement à ce que tu penses, je ne fais pas un caprice, et je ne suis pas sûre de moi. Moi non plus je ne sais pas où je vais, comment je vais gérer ça, je suis terrifiée à l’idée de mettre ces bébés au monde parce que je ne sais pas comment faire pour que tout se passe bien, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, et je m’en veux de pas avoir été foutue de faire les choses bien, de ne pas leur donner une vraie famille. Je suis pas venue de bousiller la vie Don, mais la mienne l’est totalement et j’espérais juste du soutien et un peu de bienveillance.