Après le cours [pv Benjamin]

Benjamin s'approcha de la table où se trouvait les enfants. Tous étaient concentrés sur ce qu'ils faisaient et quasiment aucun enfant ne parlaient. Il aimait ces moments de silence, quand plus aucun enfant ne crient ou se chamaillent, et où chacun s'amusent avec leurs crayons a dessiner ce qu'ils ont au fond d'eux. Avec l'âge on devient plus réaliste, perdant un peu de la fantaisie que l'on quand on est jeune et innocent. Benjamin aimait ces cours là, rien que pour voir une petite fille dessiner un arbre rose, ou un garçon penser qu'un ballon peut devenir une poule en le dessinant. Aujourd'hui le thème était simple : celui de la famille. Il laissait libre aux enfants de dessiner sur n'importe quelle feuille, qu'elle soit blanche ou verte et avec n'importe quel crayon. Puis après ils pourront l'offrir fièrement à leurs parents. C'était en somme une journée tranquille et de détente pour eux. Benjamin lui, de son côté, s'arrêtait face à chaque enfants pour s'agenouiller à leur hauteur et discuter de ce qu'ils faisaient, donnant parfois quelques astuces ou des idées pour que "leurs parents soient encore plus contents de leur dessin". Et chaque enfants l'écoutaient attentivement, piquants l'astuce de l'autre. Chacun apprenait à son rythme de toute manière, et Benjamin avait bien vu la nette progression des enfants depuis le début des cours en septembre dernier à aujourd'hui en juin. Et surtout cette petite Aurora dont il s'arrêta un moment près d'elle, comme interpellé par son dessin. Il se positionna pour être à son niveau, attrapant le bout de la feuille avec son doigt et le ramenant vers lui. La petite se taisait et le laissait regarder, habituée à toujours le voir observer les œuvres de tout le monde. « Qui avons nous ici ? .. Toi .. Maman, et .. » « Papá. » Benjamin eu un petit sursaut et il regarda la petite lui sourire poliment, posant fièrement face à son dessin. C'est vrai qu'il était joli et plein de couleur, effaçant presque une certaine tristesse. Benjamin redonna la feuille, décoiffant au passage la petite : « Joli dessin Aurora. » lui dit-il en souriant, articulant chacun de ses mots pour qu'elle comprenne où il voulait en venir. Il est vrai qu'elle restait souvent silencieuse, étant originaire d’Espagne et ne parlant que très peu l'anglais. Mais Benjamin s'y faisait à force de bien la connaitre. La petite restait parfois avec lui le mercredi après-midi, quand sa mère ne pouvait pas la garder ou que la baby-sitter était absente. Benjamin se retrouvait alors avec la petite, souvent observé par les femmes toujours émerveillaient de voir un homme s'occuper de son enfant. C'est vrai qu'il était souvent la seule personne de sexe masculin à regarder sa 'fille' jouer, assis sur un banc dans un parc pour enfant. Il se surprenait même parfois en train de discuter avec les autres mères. Très étrange comme situation, mais ça lui était reposant.
Ce jour-là, Roxanne était venue chercher sa fille comme toujours. Benjamin était à ce moment là occupait à aider les derniers à nettoyer les tables et ranger les feutres dans les pots. Il ne vit que très rapidement la jeune femme regarder le dessin, et en voyant son visage qui eu la même réaction de surprise que lui face au père, il baissa la tête machinalement, légerement gêné. Un instant il attrapa son chiffon près de levier où la peinture était installé, et sursauta en se retournant, voyant la jeune maman apparaitre juste derrière lui. « Bonjour, vous allez bien ? Cela s’est bien passé aujourd’hui ? » Benjamin eu un petit sourire timide, comme à son habitude, et regarda au dessus de l'épaule de Roxanne, la petite Aurora qui était en train de ranger son papier et un carton dans son cartable. « Comme toujours madame Marquez, comme toujours. » Il commença à frotter ses mains contre le torchon, puis le posa. Ce n'était pas rare que madame Marquez vienne discuter avec lui, pour lui demander comment avait été le cours. Et celui-ci se passait toujours très bien, à force tout les deux en étaient conscients en voyant la petite sourire à pleine dent en discutant avec les derniers élèves restants. A vrai dire, Roxanne Marquez était bien la seule mère à venir lui parler après les cours. Ça lui faisait une bonne compagnie et puis à force ils sont devenus plutôt amis.

- Je vous offre un café, si vous êtes libre ? Je vous dois bien cela après tout ce que vous faites.

Benjamin se sentit tout de suite gêné d'accepter. Ce n'était pas la première fois qu'il venait boire le café avec cette femme, d'ailleurs la dernière fois avait été chez elle, toujours par la demande très discrète de la petite. Elle semblait ne pas se faire à l'idée de quitter si tôt Benjamin le mercredi, habituée à rentrer chez elle vers les six heures du soir. « Je ne vois aucune raison de refuser, ça me fait plaisir. De plus, mon second cours est annulé car mon collègue avait souhaité emmener les jeunes à une exposition qui semblait les tenir à cœur. » Quelque chose qui tombait à pic, et Aurora l'avait bien comprit en demandant implicitement à sa mère de l'inviter à rester avec elles. Mais peu importe la demande, il se sentait toujours gêné. « Permettez ? » Prenant son souffle, il commença à marcher en direction de son sac posé à une table plus loin, une sorte de cartable en cuir à bretelle, et rangea les dernières feuilles qui trainaient. Il regarda dehors le magnifique temps qu'il y avait, et se décida à ne porter son manteau que sur son bras. Enroulant son cou de son sac, il s’avança de nouveaux vers les deux belles femmes. Tout le monde était déjà partis et il ne restait plus qu'eux.

- Je suis prêt ! Où voulez vous que l'on aille en particulier ?

Dit-il en souriant à la petite juste à côté, puis à sa mère.

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« On peut en prendre à emporter pour aller dans le parc juste à côté. Cela évitera qu’Aurora reste assise sans rien faire. » Roxanne montrait à Benjamin les feutres qu'il avait rangé tout à l'heure. Il fit de suite demi-tour vers eux pour les mettre dans son sac, qu'il garda auprès de lui. Comme ça si jamais la petite voulait dessiner un peu, elle avait de quoi s'amuser. Il revint vers elles, et ils se mirent tout les trois en route. La marche était de rigueur, de toute façon le parc et le bar à café n'était pas très loin d'où ils étaient, et étant donné le beau soleil, c'était bien plus intéressant d'y aller à pied. Benjamin prit un café au lait, tandis que Roxanne opta pour un café noir. Aurora elle, prit une simple glace. Tandis que Benjamin remuait son café dans sa tasse avec sa petite cuillère, il parlait de tout et de rien à la maman. Du beau temps, de l'exposition de son collègue, de son cours de la matinée avec le projet qu'il avait donné aux enfants. Et tout ça en oubliant le temps qui passait. Roxanne quand à elle, écoutait attentivement, riait parfois, et donnait son avis. « Vous ne m’avez jamais dit d’où vous venez ? Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler avec les enfants ? Cela doit être formidable. Je regrette souvent de ne pas avoir suffisamment de temps de libre, et j’ai même pensé à abandonner ma carrière pour me consacrer à Aurora. » Benjamin eu un petit sourire en coin. Il s'occupait souvent d'Aurora le mercredi car sa mère ne pouvait pas se libérer pour s'en occuper. Mais malgré ses absences, elle était toujours très proche de sa fille. « Je comprend qu'on veuille arrêter de travailler pour rester avec ceux qu'on aime. Mais parfois pour vivre il faut savoir faire des choix. » De son côté, il n'avait pas grand monde qui l'attendait le soir en rentrant. Même pas un petit chien, il vivait tout seul dans son appartement tout petit avec juste un salon et une chambre. Quand à la cuisine ? Elle se collait au couloir de l'entrée. « Je viens de Mackay, je suis à Bowen depuis bientôt deux ans. Mon père y vivait quand il était tout petit, c'est lui qui m'a montré cet endroit. Il voulait que je me sorte du train train quotidien de mon ancienne vie. » Il marqua un temps de pause pour réfléchir à ce qu'il allait dire ensuite. « Je travaille avec les enfants parce que je les aimes. Je crois. Ils sont encore si innocents, et ils ne sont pas là à donner leur avis sur les choses parce qu'ils ignorent tout du monde. Je les aimes pour ça. » Il posa sa main sur son avant-bras, passant l'autre dans ses cheveux en faisant un petit sourire à cette belle femme qu'était Roxanne. Tout deux ne vivait pas le même mode de vie, mais ils se comprenaient, c'était déjà ça.
Après avoir chacun finis leur tasse, ils s'en allèrent vers le parc pour qu'Aurora puisse y jouer tranquillement. Là-bas, un air de jeu était offert pour les enfants désirant s'amuser, avec des bancs tout autour pour que les parents puissent y jouer. Benjamin connaissait bien cet endroit, il emmenait parfois Aurora y jouer, quand il ne savait pas quoi faire. Ils se posèrent sur un banc, posé exactement sous un arbre pour leur faire de l'ombre. « Tant que j’y pense, j’espère que vous savez monter à cheval. Elle risque de vous le demander, elle m’en a parlé il y a quelques jours, mais ne lui dites pas que je vous l’ai dit. » Benjamin ria avec elle et fit un simple "oui" de la tête pour lui promettre de ne rien dire. Il a fait du cheval, un jour, mais c'était il y a bien longtemps. Peut-être qu'il n'avait pas oublié comment faire, mais c'était difficile à dire. « [color=violetElle vous apprécie beaucoup. J’ai même trouvé cela bizarre au début, elle s’attache rarement aux gens depuis la mort de son père. Qu’avez-vous fait de ma fille ?[/color] » Très bonne question. C'est vrai qu'au début la petite Aurora n'était pas très causante. C'était sa mère qui était venue l'inscrire en milieu d'année, deux mois après le début des cours, disant qu'elle s'intéressait au dessin. Mais au début se fut difficile pour elle de s’intégrer. Elle parlait à peine l'anglais, et le peu qu'elle disait comme mots, étaient incompréhensibles à cause de son accent espagnol. Mais au fil du temps, et avec l'aide de Benjamin qui s'occupait d'elle, elle apprit à se faire quelques amis et donc à s’intégrer dans le cours. Et sans qu'il n'en fasse attention, Benjamin s'était retrouvé à être aimé par la petite. « Je ne sais pas, il faudrait lui demander. » Répondit-il en plaisantant à son tour.
Il tourna la tête vers l'air de jeu, où Aurora s'amusait avec les autres enfants. Elle allait parfois vers les filles, en restant à côté à les regarder jouer. Certains passaient à côté d'elle pour lui tapoter l'épaule, l'obligeant à les courser pour entamer une partie de chat perché. Un moment, elle s'arrêta pour tourner la tête et regarder en direction des deux adultes sur le banc. Elle eut un petit sourire et leva son bras pour les saluer. Benjamin leva sa main pour lui rendre la pareille, puis se retourna de nouveau vers Roxanne.

- Je dois avoir un don avec les enfants. Pour tout vous dire, je n'en ai jamais eu. J'avais ma femme, Lucy vous vous souvenez ? Mais jamais on eu l'idée, ou l'envie surement, d'avoir un enfant. Pourtant j'aime beaucoup les enfants, et je crois que je n'aurais pas était un mauvais père ..

Il regarda un instant la petite qui jouait. C'est vrai qu'avec elle, et les autres enfants de son cours, il n'y avait jamais eu de problèmes. Même avec ses étudiants de la fac, tout se déroulait toujours très bien. Mais il n'était pas là pour se juger en tant que père puisqu'il ne l'a jamais était. Surement était-il trop tard maintenant pour penser à en avoir un jour ? En tout cas c'est ce qu'il se disait. Prenant un temps de silence, il finit par le briser en demandant par curiosité :

- Mais, et vous ? Vous avez pu vous libérer exceptionnellement aujourd'hui ?

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Benjamin n'était pas trop sûre de vouloir un jour fonder une famille. Pour lui, ce n'était pas la première chose à laquelle il pensait, et aussi en venant ici à Bowen. Tout quitter pour tout recommencer, et être tranquille loin des problèmes. Son travail lui permettait de bosser ce qu'il aimait à des personnes qu'il aimait, les enfants. Quand aux femmes il en fréquentait certaines sans non plus aller trop loin. Il est de ceux qui passent leur journée le nez dans le travail. Surement était-ce un bon point commun avec Roxanne, même si il savait que ce n'était pas du tout les mêmes choses. Lui pouvait sortir quand il le voulait, et c'était son choix que de travailler plus qu'il ne devrait. Mais pour elle, c'était une obligation. Et aujourd'hui elle avait pu se libérer non pas par envie, mais parce qu'elle n'avait rien à faire. Son client avait voulut la rouler, comme elle disait. Benjamin l'écoutait parler, un peu perplexe. Chercher à trouver un avocat qui accepterait de falsifier des documents pour pouvoir se libérer plus facilement d'accusations, ce n'était pas vraiment très loyal. Et puis Roxanne n'était pas ce genre d'avocat qui fait tout pour l'argent. Bien sûr elle peut prendre la défense d'un coupable, mais non d'un tricheur. Et Benjamin resta là, assise face à elle, et fier de ce qu'elle avait fait. Et même si elle perdait une affaire et donc de l'argent en conséquence, celà ne l'atteignait pas. Et elle s'était libérée malgré tout pour aller voir sa fille Aurora. Et la voilà avec elle, sur un banc à l'ombre du soleil, à regarder tout deux la petite s'amuser avec les autres enfants. « Je travaillerai à la maison après avoir emmené Aurora diner quelque part. Vous connaissez un bon restaurant ? » Mais malgré tout, il fallait qu'elle bosse un minimum. Benjamin comprenait ça. Il marqua un temps de pause pour réflechir à un bon restaurant où allait. Mais en général ceux où il allait était avec des femmes qui au final le repoussait toutes car il ne cherchait que de l'amitié. Pauvre Benjamin. Mais de bons restaurants en ville, ce n'était pas rares. Par contre un endroit plutôt simple et familial pour la petit de huit ans, c'était plus compliqué à trouver. Il songea un instant que le prix ne gênerait guère Roxanne, mais étant donné sa perte d'aujourd'hui, il mit cette fois le prix dans les rigueurs. « Je connais un restaurant dans le Northern District, pas très loin de la bibliothéque où j'étais allé manger un jour avec deux amies. Ils servent des crêpes délicieuses, et où on peut choisir la garniture que l'on veut dedans ! Et le service là-bas est rapide. » Un endroit simple et calme, et où toutes les deux seront très bien face à face pour discuter. De plus les fauteils sont confortables et il y a un menu enfant dont les avis sont très bénéfiques. Bref, connaissant la petite, il savait que l'endroit lui plairait. Tournant de nouveau la tête vers l'air de jeu, il regarda Aurora attraper un garçon pour qu'il soit le loup à son tour. Elle semblait s'être bien intégurée au petit groupe, lançant des regards amusées aux autres, et poussant certains à fuir quand le loup arrivé. Mais même si Aurora souriait souvent, qu'elle faisait preuve d'une grande joie de vivre, Benjamin n'était pas dupe quand il la voyait dessiner à son cours son père à côté d'elle et de sa mère. Et puis, au début, elle restait souvent seul. Ca ne devait pas être si simple. Surtout que la voir autant s'accrocher à lui et l'appeler des fois 'papa' en disait long.

- Je pense que ça fera beaucoup de bien à Aurora d'être avec sa mère. Elle est très attachée à vous, ça lui arrive de me parler de votre travail et de me dire que vous êtes une super héroine qui enferme les méchants et sauvent les pauvres innocents.

Benjamin eu un petit sourire en coin. Parfois quand ils étaient tout les deux ensembles le mercredi, elle venait chez lui dans son appartement et voulait absolument regarder encore et encore les cassettes très vieille que Benjamin avait gardé, et où dedans se trouvait un projet à lui quand il était au lycée, où il avait fait un court-métrage au dessin d'un lapin qui sauvait avec son épée carotte les amis du terrier géant. Il avait proposé ce film comme projet de fin d'année, dont le thème était 'pour les enfants', et il avait reçu beaucoup d'avis positifs et encourageants. Alors, il regardait ce même film encore et encore, avec un chocolat chaud à la petite, et lui un café au lait. Puis Aurora repartait en imitant ce héro lapin. Depuis ce jour elle mangeait beaucoup de carottes et d'autre légumes. C'était amusant à voir quand ils mangeaient ensembles le midi.

- Je suis content de pouvoir m'occuper d'Aurora. C'est une fille adorable, et elle me rappelle parfois vous, je ne sais pas pourquoi. Je crois qu'elle aura ce même besoin de justice et d'équilibre que vous. Elle aidera beaucoup de personnes dans le besoin.

Benjamin, pour son âge de 31 ans, arrivait à admirer une petite fille de 8 ans. Comme si c'était lui l'enfant et elle l'adulte. C'était toujours drôle de les voir ensembles. Mais Ben savait qu'Aurora était très mature pour son âge.

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