(#17) hey babe ! (romane)

Si elle passait pas son temps libre à corriger ses copies ou à surfer, elle le passait à l’appartement 17, sûrement l’appartement qui abritait le plus grand nombre de personnes dans l’immeuble. On pouvait y croiser Dasha, Perry et sa fille, Poppy ou encore Pandore. La plupart du temps elle y allait pour voir Dasha et Perry. Mais plutôt Perry en fait. C’était pas cool, mais elle prétendait venir voir son amie alors qu’en réalité elle utilisait ce prétexte pour voir Perry. Elle ignorait si Dasha était au courant mais elle n’attendait pas du tout le jour où celle-ci demanderait des explications parce qu’elle ne comptait pas lui en parler. Elle n’en avait d’ailleurs parlé à personne, ce Perry ne la laissait pas indifférente certes, mais il ne se passait rien, rien du tout.
Elle frappa à la porte de ce fameux appartement 17 en pensant y trouver Dasha mais espérant secrètement y trouver Perry. Romane n’avait pas pour habitude d’appeler ou de laisser un message pour prévenir qu’elle viendrait, elle préférait débarquer à l’improviste et la plupart du temps il y avait toujours quelqu’un. Elle attendit quelques secondes avant d’entendre du bruit de l’autre côté et lorsque la porte s’ouvrit… c’était Perry, tout souriant, en caleçon qui se trouvait derrière celle-ci. Elle fut surprise mais loin d’être déçue, elle prit le temps d’observer un peu son torse nu avant même de dire quoi que ce soit.
- Dasha est là ?
Elle entra sans attendre sa réponse avant de constater qu’il n’y avait personne.

Il était totalement seul, et content de la voir en plus. D’ailleurs elle était secrètement contente qu’il soit seul mais elle cachait sa joie derrière un léger sourire qu’elle avait l’habitude d’avoir. Elle était entrée sans même qu’il l’y invite, puis il avait répondu que Dash n’était pas là.
- Enfin tu tombes bien, j’suis hs, j’ai besoin qu’on me remonte le moral.
Lui remonter le moral ? Il n’avait pas idée de ce dont à quoi elle pensait à cet instant précis. S’il avait besoin qu’on lui remonte le moral, Romane était sans aucun doute la personne qui tombait à pic. Elle lui adressa un sourire avant de poser son sac dans un coin et de s’installer sur le canapé comme si elle était chez elle. La française jeta un œil sur la télé. Il était vraiment en train de regarder bob l’éponge ?
- Mon pauvre, c’est vrai que t’as l’air vraiment déprimé.
Elle avait dit ça avec un sourire narquois et un air moqueur. Alors qu’il s’apprêtait à la rejoindre sur le canapé, elle ne put s’empêcher d’avoir les yeux baladeurs mais elle essayait de faire ça discrètement même si la discrétion n’était pas vraiment son fort.
- Tu veux pas t’habiller ?
C’est pas que ça la dérangeait, mais si elle voulait éviter de lui sauter dessus d’ici dix minutes il fallait qu’il ait au minimum trois couches de vêtements sur lui. Mais elle connaissait assez Perry pour savoir qu’il s’en fichait de se trimballer en caleçon devant qui que ce soit.
- Alors, qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle sur un ton ironique comme s’il se passait quelque chose de grave.

Apparemment, il n’allait pas s’habiller, il allait rester à moitié nu, assis à côté d’elle. Personne n’imagine à quel point c’était difficile de ne pas le regarder, surtout qu’il devait avoir l’habitude. Romane ne savait pas tout mais elle avait eu beaucoup d’échos sur lui, c’étai un sacré tombeur le Perry. En tout cas elle ignorait ce qui pouvait bien le mettre dans cet état. En plein après-midi, être en caleçon affalé devant bob l’éponge en mangeant des céréales, il fallait vraiment avoir pris un gros coup.  En plus il avait cet air de chien battu, qui la faisait littéralement craquer, chose qu’elle s’empressa de dissimuler une nouvelle fois. Elle était là, assise sur le canapé du salon, seule avec lui. En fait elle en avait secrètement rêvé et maintenant que ça arrivait, elle ne savait pas du tout quoi lui raconter. Elle ne se voyait pas trop lui raconter sa vie, en fait…
- Alors je suis censée faire quoi là ? Te prendre dans mes bras pour te réconforter ?
Cette question n’était pas très courante il fallait l’avouer. D’habitude pour réconforter quelqu’un c’est ce qu’on fait, mais mine de rien elle ne le connaissait pas réellement, alors elle avait préféré demander. De toute façon, ça l’étonnerait qu’il lui raconte pourquoi il était en déprime totale, mais elle décida d’essayer quand même.
- C’est à cause d’une fille ?
Bah oui, c’était la première chose qui lui venait à l’esprit. Les hommes ne déprimaient pas souvent et lorsque ça arrivait, c’était souvent une fille qui était cachée derrière. Et d’un côté, elle était curieuse de savoir s’il avait quelqu’un dans sa vie ou s’il venait de se faire larguer, qui sait.

Elle finit par choisir l’option de ne rien faire. Rien du tout. Elle n’allait même pas avoir un geste affectif envers lui. Elle avait peur que ça dérape et elle se connaissait assez pour savoir que c’était fort probable. Surtout avec Perry. Du coup, elle avait préféré mettre de la distance entre eux, comme elle faisait avec tout le monde d’ailleurs. C’était sa technique bien à elle pour éviter de trop se rapprocher des gens et donc de s’attacher. Sauf que même avec cette distance, il y avait cette chose qui se passait dès qu’elle le voyait. Cette attirance qui était toujours présente. Elle ignorait s’il ressentait la même chose et elle n’allait jamais lui demander. Elle sourit lorsqu’il se mit à rire, juste après qu’elle lui ait demandé si c’était à cause d’une fille.
- En quelque sorte.
Bon ce n’était pas réellement une réponse mais il n’avait sûrement pas envie d’en dire plus. Pourtant elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils comme pour insister, pour qu’il lui explique. Il comprit directement puisqu’il enchaîna.
- Mais c’est pas c’que tu penses… en fait hier j’me suis pris un râteau et j’arrive toujours pas à m’en remettre.
Elle allait vraiment commencer à penser qu’il devenait sentimental. Après tout, même les plus séducteurs peuvent tomber amoureux. C’est d’ailleurs souvent ce qu’il se passe, dès qu’ils ont trouvé la bonne, ils tombent sous le charme et oublient la façon dont ils se comportaient avant. Romane eut un sourire en coin, ne sachant pas trop comment elle pouvait lui remonter le moral. Après tout, si c’était juste un râteau, il s’en remettrait vite.
- Allez, faut te changer les idées !
Sans réfléchir, elle posa une main sur son épaule pour insister sur sa remarque. Elle l’enleva directement en baissant un peu le regard, finalement la distance qu’elle avait voulu mettre n’avait pas vraiment fonctionné. Mal à l’aise, elle essaya tout de même de ne rien montrer. Elle qui était d’habitude très extravertie, il faut croire que Perry avait un pouvoir assez spécial sur elle. Quelques secondes après elle reprit comme si de rien était.
- C’est pas en restant devant bob l’éponge que tu vas t’en remettre.

- hey ! c’est vachement bien comme série, déconne pas.
Elle hésita à rire mais ne fit rien mise à part lever un peu les yeux au ciel en souriant, comme pour se moquer de lui. Décidément c’était vraiment un grand enfant, elle le trouverait presque mignon. Bon d’accord, elle le trouvait vraiment mignon et son attitude la faisait littéralement craquer.
- Il y a mieux pour se remettre d’un râteau.
Elle se mit à rire pour détendre un peu l’atmosphère, et surtout pour se détendre vu le malaise qu’elle avait ressenti après avoir mis sa main sur l’épaule de Perry. Un simple contact avec lui la faisait frissonner, elle se demandait bien pourquoi il lui faisait un tel effet. Pourtant ses questions restaient sans réponse, du coup, elle décida de ne plus s’en poser.
- alors tu pensais à quoi pour me remonter le moral ?
Elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Ce qu’elle redoutait le plus était justement en train de se passer. Elle perdait tous ses moyens devant ce regard qu’il lui lançait. D’habitude elle jouait franc jeu avec les hommes, surtout ceux avec qui elle couchait. Ce n’était que du sexe, rien d’autre. Elle savait qu’avec Perry l’attirance était purement physique mais elle ignorait pourquoi il lui faisait cet effet. Cette sensation bizarre quand elle était avec lui, surtout ce jour-là, vu qu’elle était totalement seule avec lui. L’espace d’un instant elle pria pour que quelqu’un entre dans l’appartement, n’importe qui, Dasha, ou même Poppy. Elle avait envie que ça dérape mais en même temps, elle essayait de s’en empêcher. Pourtant rien ne marchait.
- Je sais pas, tu penses à quoi, toi ?
Elle le fixa pendant de longues secondes avant de s’approcher de lui. Désormais elle n’était plus maîtresse de son corps, elle n’avait plus du tout de moyen. Elle reprit ses esprits une fois que ses lèvres furent collées à celles de Perry, ce qui n’était pas du tout déplaisant. La française se détacha un peu de lui mais en laissant quand même une distant minime entre eux. Elle le fixa sans dire un mot. En fait elle hésitait entre s’excuser ou continuer parce qu’au fond c’était ce dont elle avait envie depuis qu’elle le connaissait.

Au moins, il était content et allait sûrement se remettre très vite de son râteau grâce à elle. Il l’avait regardée en souriant juste après ce baiser non contrôlé de sa part, elle était un peu gênée mais elle se sentait bien. Elle attendait ça depuis qu’elle le connaissait, elle aurait voulu se contrôler et rester simplement ami avec lui, parce que Perry comme pote, ça n’a pas de prix. Mais elle n’avait pas réussi, pas du tout même. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’il était déjà en train de l’embrasser une nouvelle fois, cette fois-ci en la faisant basculer sur le canapé. Elle le laissa faire en appréciant le moment. Elle s’autorisa même à passer sa main sur le dos nu du jeune homme ainsi que sur son torse. Quelques secondes plus tard elle mit fin au baiser, le fixant du regard en reprenant un peu sa respiration.
- Tu sais Perry…
Non. Surtout pas. Il ne fallait pas qu’elle dise un mot de plus. Un seul mot et tout serait gâché. Elle avait un peu le don de tout gâcher mais cette fois-là, elle n’allait pas le faire. Elle fit mine d’avoir oublié ce qu’elle voulait dire et camoufla tout ça avec un sourire. La française passa une main dans les cheveux de Perry et déposa un baiser sur ses lèvres avant de s’attaquer à son cou. Tout ce qui était autour avait disparu. L’appartement, l’arrivée potentielle de quelqu’un, bob l’éponge, le râteau, tout. Désormais elle ne ressentait que cette forte envie, cette attirance qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle le voyait. Maintenant que l’occasion se présentait, elle était comme une adolescente qui allait échanger un premier baiser.

Ils sont là, allongés sur le canapé du salon, l’un sur l’autre alors que n’importe qui peut entrer dans l’appartement à tout moment. Mais ce qui compte à cet instant, c’est ce qui est en train de se passer entre eux. Elle n’a rien dit, de peur de casser l’ambiance, mais elle aurait aimé lui dire ce qu’elle pense. Parfois il vaut mieux laisser passer les choses plutôt que de tout rater. Elle a donc décidé de profiter du présent et de ce moment que Perry lui offre. (…) La française se lève et remets ses vêtements, un peu mal à l’aise et essayant au maximum d’éviter de croiser son regard. Lui, qui n’a pas tellement de couches de vêtements à remettre, se rhabille vite fait bien fait et ils se retrouvent donc tous les deux vêtus. Elle se rassoit sur le canapé. « Repasse me remonter le moral quand tu veux ! » Elle se décide à le regarder, de peur qu’il pense qu’elle n’a pas apprécié leur moment ou qu’il se rende compte qu’elle est un peu mal à l’aise. Cette sensation étant plutôt nouvelle pour elle, elle ne sait pas comment réagir. D’habitude, quand elle couche avec un homme et que c’est juste « un  coup », elle s’en va et n’y repense plus. Cette fois elle a l’impression qu’elle ne va penser qu’à ça, qu’il n’est pas juste un coup, et pourtant si. Elle connaît brièvement la réputation de Perry et son comportement avec les femmes, espérer donner une suite à cette relation serait espérer pour rien. Elle lui adresse un sourire en coin et se recoiffe un peu. « Alors c’est comme ça, je viens, on couche ensemble et je m’en vais ? » Il y a un ton ironique dans sa phrase, même si c’est un peu sa façon de comprendre comment il définit le moment qu’ils viennent de passer.