(#17) si les meilleurs partent en premiers, alors qu'est-ce qu'on fout là, nous ? (perry)

C'est dans les escaliers qu'elle sent les premiers sanglots monter dans sa gorge. Elle s'est retenue jusqu'ici, c'est déjà pas mal. La vision d'Emrys torse nu avec sa chemise sur les épaules de cette fille en sous-vêtement.. ça a fait beaucoup en même temps. Elle a envie de vomir. Elle aurait pu aller se saouler jusqu'à oublier tout ça dans un bar du coin, mais sa peine est bien trop grande, elle sait qu'elle n'aurait pas tenu longtemps avant de craquer. Alors, autant rentrer. Sa vision s'est brouillée, floue à cause des premières larmes qu'elle essaie pourtant de retenir encore. Elle réussit néanmoins à ouvrir la porte. Il doit être plus de vingt-trois heures, elle espère secrètement que tout le monde est sorti. Elle n'a pas vraiment envie de devoir expliquer ça à Dasha par exemple... C'est en la refermant qu'elle a vraiment l'impression qu'elle vient de fermer en même temps toutes ses chances avec lui. Perdant rapidement le contrôle, elle se laisse glisser jusqu'au sol, le dos contre la porte d'entrée, et laisse ses premières larmes couler. Elle est partagée entre l'idée de retourner là-bas, d'aller le retrouver, de lui dire qu'elle oubliera, qu'elle veut continuer d'avancer avec lui quand même. Et il y a son côté trahi qui lui rappelle le goût amer de la rancoeur lorsqu'elle est tombée sur cette scène. Et qui fait naître en elle une colère dévastatrice. Elle sanglote alors, d'abord en silence, puis ensuite un peu moins, au fur et à mesure qu'elle se vide de tout ça. Ses mains tremblent, elle repousse tant bien que mal les mèches de ses cheveux blonds qui se collent à ses joues. Elle n'a même pas jeté un oeil dans le salon. Peut-être y a-t-il quelqu'un, au travers de ses larmes il lui semble voir le reflet de la télé, ou peut-être hallucine-t-elle. De toute façon, il lui semble bien que c'est la première fois en deux ans qu'elle pleure dans cette maison.

Elle entend alors un bruit de pas et comme par un instinct sourd et ancien, ses pleurs cessent ; elle lève vers la personne qui arrive un regard presque affolé. Mais heureusement, c'est Perry. Elle ne pouvait pas mieux rêver, en fait. Elle le regarde, les larmes auréolant encore son regard turquoise, tandis qu'elle le voit tout déposer pour venir à ses côtés instantanément. Dès qu'il la prend contre lui, elle se laisse aller de nouveau, sanglotant difficilement. Elle s'accroche à lui, agrippe ses mains à son t-shirt dans son dos, ne se souciant même pas du fait qu'elle est en train de l'inonder de ses larmes. Elle lui est reconnaissante. Parce qu'il ne lui demande pas d'expliquer, parce qu'il ne cherche pas à dire « ça va s'arranger » – parce que là, avouons que c'est mal parti pour que ça s'arrange – et parce qu'il sait quoi faire et quoi dire, à chaque fois. « tu veux des chocapics ? » Ça la fait sourire, même si elle hoquète de sanglot en même temps. Elle se détache de lui, reniflant comme une enfant, hochant la tête sans répondre. Elle s'empare du paquet de chocapics et c'est là, assise derrière la porte, qu'elle commence à en manger, comme une gosse, lui tendant le paquet de temps à autre. Ses pleurs finissent un peu par se tarir même si elle tremble encore un peu, même si ses yeux restent emplis de cette tristesse qu'elle ne connaissait pas, même si elle a toujours ce goût amer dans la bouche, quand bien même le chocolat. Elle relève alors son visage rougi vers lui. « Merci. » Et elle se sent presque obligée, honteuse, d'ajouter un : « Et désolée.. » Elle se mord la lèvre. Le petit paquet de chocapics est vite terminé et elle se demande s'il ne vaudrait pas mieux bouger de derrière la porte. Si Dasha ou Poppy rentrent, ils vont vite déménager à l'autre bout de la pièce s'ils se mangent un coup de porte quoi.

De toute façon, elle n'a pas réellement envie d'expliquer. Elle voit encore toutes ces images qui vont la hanter sûrement autant que la mort de ses parents, c'est pour vous dire. Elle se sent trahie et en même temps, inconsciemment, elle ne veut pas raconter parce qu'elle sait qu'elle essaierait de le défendre. De lui trouver une excuse. Qu'elle laissera ses sentiments prendre le contrôle sur son jugement. Alors non ! Il faut qu'elle garde sa colère. Qu'elle se souvienne du malaise qui s'est élevé en elle. « J'vais sur le canapé. » annonce-t-elle en se relevant à la manière d'une gosse de six mois, c'est-à-dire en se penchant en avant et en levant les fesses d'abord, appuyée sur les mains. Elle retourne sur le meuble récupérer tout ce que Perry y a laissé, décidant qu'il a décidément eu une bonne idée en prenant tout ça, que ça lui sera utile. Elle va s'asseoir dans le salon en tailleur, devant la télé qu'elle ne regarde même pas. Elle tourne son visage vers Perry, attendant qu'il la rejoigne. Et quand cela est fait, elle ne trouve qu'à dire que : « Je crois qu'il m'a trompée. » Elle ouvre une petite bouteille d'un alcool fort dont elle ne sait même pas le nom. Elle en boit une première gorgée. Ça lui brûle la trachée, ça la soulage. Détourner la douleur physique qu'elle ressent au fond d'elle. Elle regarde Perry de nouveau. « Je me suis sûrement trompée sur lui. » Et le plus dur pour une fois n'est pas de l'avouer. Mais bel et bien de se le répéter. Elle se cale contre lui, cherchant son réconfort.

Pandore déteste se montrer comme ça. D'ailleurs, elle croit bien que Perry ne l'a jamais vue pleurer. Elle a l'impression d'être terriblement faible, et elle l'est. Peut-être que son amour pour Emrys est si fort que ça la dévaste à ce point-là. Pour l'instant, elle veut juste oublier, ça suffira. Elle n'attend pas spécialement de réponse. Elle est même plutôt contente qu'il ne lui sorte pas des trucs du style « t'en fais pas, ça va s'arranger » comme le font quatre vingt pour cents de la population. « t’es sur qu’elle est pas lesbienne ? » Elle ne peut pas s'empêcher de lâcher un éclat de rire, qui se transforme vite en un sanglot caché. Elle renifle et quand il lui fait un bisou sur la joue, elle sourit, réconfortée. Ah, elle l'aime son Perry. Panda hausse les épaules, elle n'en sait rien. Et si ça ne tenait qu'à elle et qu'il n'y aurait pas toutes les conséquences des lois après, elle irait de ce pas l'étriper, cette traînée. Elle se colle contre lui, cherchant sûrement un peu de réconfort, un peu de chaleur. Elle boit une nouvelle gorgée de la bouteille. « C'est quoi ce truc au fait ? » demande-t-elle en étudiant la bouteille dans la semi-obscurité, même si elle ne voit pas grand chose. Elle la garde pourtant soigneusement, possessive avec la bouteille. Elle soupire, restant contre lui, écartant ses cheveux blonds et certains humides à cause de ses larmes. Elle se sent un peu honteuse de s'être montrée comme ça devant lui. Comme pour se faire pardonner, elle plaque brièvement ses lèvres dans son cou, avec un petit sourire.

De toute façon pour ce soir, Pandore n'a plus envie de réfléchir. Bon ok, peut-être qu'en ne laissant aucune chance à Emrys pour s'expliquer, peut-être qu'elle n'a pas réfléchi du tout. Qu'elle a tout gâché – encore. Mais il est trop tard pour revenir en arrière, n'est-ce pas ? Alors, elle profite juste de la chaleur de Perry. « bah j’en sais rien, j’ai trouvé ça au fond du placard, c’est p’t’être dangereux fais gaffe ! » Elle se met à rire et pour toute réponse, reprend une longue gorgée. Elle s'en fiche, là, elle n'a plus rien à perdre. Elle pourrait bien crever à cause de ce truc qu'elle ne s'en soucierai pas. Enfin, elle ne veut pas perdre Perry. Maintenant qu'elle a déjà perdu Emrys ... Elle lui plante un bisou dans le cou et lui, répond alors en l'embrassant au coin des lèvres. Elle le regarde avec un regard ardent, un sourire sur les lèvres aussi malicieux qu'il est sincère. Elle réfléchit où est-ce qu'elle peut bien le faire à présent. Enfin... elle a bien son idée hein, ses lèvres l'appellent pas mal à cet instant-là, mais elle ne veut pas céder trop vite. Comme si ça n'était qu'un jeu, elle se redresse alors, elle lui fait signe de se redresser un peu. Elle pose la bouteille et lui retire son t-shirt. Pour la bonne continuation du jeu hein, bien évidemment.   Son regard se pose un instant sur ses abdominaux – se serait-il mis à la muscu avec plus d'ardeurs ? – avant de venir l'embrasser sur le torse, avec un sourire espiègle, plein de défi comme si elle le défiait de trouver "mieux". Ne jamais commencer à ce jeu avec Pandore. Elle n'abandonne jamais un défi avant de l'avoir terminé. Avant de l'avoir remporté. « Y a personne dans l'appart' là ? » Elle n'attend pas de réponse, il lui semble bien que toutes les autres pièces sont vides. Elle attrape la télécommande de la chaîne-hifi, déversant alors dans le salon une musique entraînante. Elle monte un peu le son et se retourne vers lui. « Danse avec moi. » Je ne sais pas à combien de degrés doit être cette bouteille, mais ça a l'air puissant. A moins que ça ne soit toutes ses émotions et ses nerfs qui retombent, dans un dangereux cocktail d'ivresse.

Les limites sont franchies. Les regards sont bien trop équivoques, bien trop directs. Mais Pandore s'en fiche, Pandore veut se lâcher, Pandore s'en moque. Pour une fois, elle veut arrêter de se poser des questions avec lui et juste profiter de l'instant présent. Et ça serait mentir qu'elle n'a pas de drôles d'idées qui lui traversent l'esprit à cet instant-là. Des idées qui ne lui sont encore jamais vraiment venus avec Perry. Tout de même, son meilleur ami.. Ça change quoi, au fond ? Taquine, elle lui propose de danser. « t’es sure ? Nan parce que j’suis vraiment une grosse brêle. » Elle hausse les épaules, elle s'en fiche elle. Elle n'est pas là pour un concours de danse, d'ailleurs elle ne calcule aucun de ses mouvements à ce moment-là. Mais il ne vient pas vraiment danser, il la dévore plutôt du regard. Lui lançant alors un coup d'oeil enflammé, elle finit par ralentir pour le regarder à son tour. « j’trouve que t’as vachement plus de vêtements que moi, c’pas juste ! » Lui lançant un sourire espiègle, elle l'étudie des pieds à la tête, convenant rapidement que... oui c'est vrai, il est déjà en caleçon alors qu'elle non. De toute façon, elle a bien trop chaud. Elle se rapproche de lui, légèrement aguicheuse. Peut-être est-ce l'alcool, peut-être est-ce la peine, peut-être est-ce simplement l'envie. Elle pose ses mains sur ses épaules en le regardant droit dans les yeux. « Et si tu m'aidais à me dévêtir, hein ? ... Comme ça tu profites en même temps. » Elle sait qu'elle n'a jamais utilisé un ton comme ça, ou des mots pareils, mais à quoi bon ? Elle ne voit plus vraiment ce qui la retient de faire ça, à présent. Et ça serait mentir qu'elle n'en a pas envie. Elle remonte sa main dans la nuque de Perry, qu'elle caresse doucement du bout des doigts dans l'attente de sa réaction.

De toute façon, ils se sont toujours trouvés plus ou moins sexys, et ne se le sont jamais réellement cachés. Oui Perry a déjà dis à Pandore qu'elle était jolie, et oui elle lui a déjà dis qu'il était bien foutu. Bon, ok. Ils se sont embrassés, quelques fois, entre deux coups de tonnerre, le genre de baisers chastes déposés sur les lèvres avec une certaine naïveté. Jamais plus loin, au grand contraire que ce que tous pouvaient imaginer. Bon, très bien. Et là, la voilà qui franchit les limites. Elle le regard avec un regard ardent et brûlant de sous-entendus. Ses yeux disent ce que ses lèvres étouffent. Perry s'approche, il accepte donc de la dévêtir. Il lui retire peu à peu ses vêtements et lorsqu'il dépose un baiser sur sa joue, elle fronce les sourcils, comme si c'était un peu déplacé dans l'atmosphère bouillonnante qui s'est installée. Mais il se rattrape bien vite en embrassant sa nuque et elle ferme les yeux doucement. Quand elle les rouvre, elle est en sous-vêtements. Égalité. Etrangement, elle a envie de prendre son temps, de profiter, avec le pressentiment que Perry – SON Perry – ne lui appartiendra qu'une seule fois, qu'une seule nuit. Il se recule, il la regarde; elle se sentirait presque gênée. Presque. « j’espère que personne ne nous voit sinon il va tomber dans les pommes devant des gens aussi sexy que nous ! » La française a un sourire aguicheur sur les lèvres. Elle secoue la tête doucement, avant de s'avancer vers lui, brisant la distance qu'il a mis entre eux en reculant. « Alors heureusement que l'appartement est désert, oui. L'avenir nous appartient, on dirait. Ou du moins, pour une nuit. » Ses yeux brillent de malice, tandis qu'une de ses mains délicates se loge dans sa nuque et l'autre sur sa joue. Elle passe d'un oeil à un autre, avant de regarder ses lèvres, pour finalement remonter. Elle colle légèrement contre corps contre le sien, et quand bien même n'est-ce pas la première fois, cette fois-là, c'est différent. Elle dépose alors ses lèvres sur celles de son meilleur ami, qui à cet instant-là, n'a plus vraiment le rôle du meilleur ami hein, entre nous. Et son baiser n'a plus rien de ceux, naïfs, qu'ils ont déjà pu échanger.

C'est trop tard, oui. Pandore ne sait pas vraiment pourquoi, elle ignore un peu ce qui a sauté dans leurs barrières respectives. Elle se demande un peu pourquoi ça arrive, et un peu aussi pourquoi ça n'est jamais arrivé avant. Ça lui semble si... naturel, sur le moment. Il répond à son baiser, c'est bien la preuve qu'il en a envie lui aussi et alors, rien ne les arrêtera plus. Une fois sur le canapé, elle met fin à leur baiser pour le regarder droit dans les yeux. Le souffle court, elle ne saurait pas clairement quoi dire, en fait. Elle n'a pas vraiment besoin de parler, avec lui. Alors, elle repart une nouvelle fois à l'assaut de ses lèvres, ceinturant son bassin avec ses jambes. Prête à franchir la ligne qu'elle s'était toujours interdite de dépasser. Comme quoi, nulle règle n'arrête Pandore. Pas même les siennes. (...) Essoufflée, elle laisse retomber sa tête dans le moelleux du coussin du canapé. Voilà. Le point de non-retour est franchi, elle ne saurait même pas se dire si elle est soulagée, contente, honteuse, ni rien. Non, ils l'ont juste fait. Et Pandore ne peut pas nier sur le fait qu'elle en avait réellement envie. Elle crochète le regard de Perry, esquissant un fin sourire. « Bon, ok, maintenant je comprends tes partenaires. » fait-elle avec un clin d'oeil. C'est quand même un compliment, hein, au cas-où il ne comprendrait pas, restant contre lui, ses jambes encore entremêlées aux siennes.