all the right moves + enya

Il referme la porte doucement derrière lui et la verrouille avant de remettre la clé du Café dans sa poche. Il se demande même comment il arrive à rester aussi calme. Il ne comprend pas encore… du moins pas tout à fait. Il ne réalise pas non. En une petite soirée de travail, il venait de perdre une amie et une petite amie… il y avait mieux comme journée. Il grimpe dans sa voiture tel un zombie dans un silence funèbre. D’accord il n’y avait pas de quoi faire du bruit étant donné qu’il était seul – dans tous les sens du terme – mais ce silence était plutôt glacial encore. Il démarre et prend machinalement la route vers son appartement. Une fois arrivé au niveau de son immeuble, il ne coupe pas tout de suite le moteur. C’était quoi son plan ? Rentrer, prendre une douche et dormir comme si de rien n’était ? Il ne pourrait pas dormir. Non.. Pas après ce qui venait de se passer. Sa gorge se noue, ses mains moites se referment le volant, sa respiration s’accélère, ses dents se serrent, les larmes lui montent doucement aux yeux, mais il se refuse d’en faire couler une. Non il n’a jamais pleuré pour une fille, il n’a que très rarement pleuré ses parents alors il n’allait pas commencer maintenant… Voilà à quoi se résume sa vie. Finalement il est tout simplement destiné à être seul. C’était si compliqué d’être entouré, d’aimer, .. pour au final perdre tout le monde. Il avait été bien mieux à son propre compte jusqu’à maintenant. Encore à l’arrêt, il braque le volant à gauche et roule vers nulle part. Il aimait bien rouler, pour ne plus penser. Il fallait qu’il évacue ou il allait imploser. Au bout de quinze minutes en excès de vitesse, il freine brusquement. Il relève la tête pour voir qu’il est au beau milieu de la cambrousse ou d’une forêt, il ne sait pas trop vu l’obscurité et à vrai dire il s’en fiche. Il descend et s’en va marcher un peu plus loin, passant ses mains dans ses cheveux pour soulager un mal de crâne indéniable… Il a envie de hurler, mais là maintenant, il ne peut rien faire à part s'appuyer contre ce foutu arbre qui est là.

Cette main invisible qui te serre les tripes, ce démon avide de tes cries. Il t'empêche de dormir. C'est les yeux grands ouverts dans la nuit noir, près de ta femme, que tu te rends compte que Sergent Martinez aura une fois de plus raison sur toi. Il t'empêche de dormir... Comme il le fait si bien depuis de nombreuses nuits depuis ton retour à Bowen. Et bien qu'il ne s'agisse là que d'un simple souvenir, celui-ci est pourtant si réel, si puissant, que tu en viens à te demander si oui ou non il était près de toi à ce moment précis, dans ton lit. Tu te sors des couvertures d'un mouvement brusque. Tant pis si tu réveilles ta femme au passage. Elle le sait mieux que quiconque que ce fichu Martinez hante tes nuits depuis l'agression... Tu dévales l'escalier pour te rendre à la cuisine et t'installe au comptoir, fixant le vide devant toi. Eh merde. Tu poses ton visage au creux de tes mains et tu prie silencieusement pour que ça passe. Au bout d'un certain temps, tu relèves la tête et tu te décide à faire un truc que tu n'as jamais fait avant : prendre la fuite, prendre l'air. Sortir, partir. Loin ? Tu ne le sais pas encore... Tu remontes à l'étage, enfile des vêtements et redescend. Tu te retrouve en moins de deux dans ta voiture, roulant vers une destination x.

Tu roules et tu roules. Tu ne sais pas vers où et tu t'en fous. Seulement, sur la chaussée, tu croises une voiture familière. Tu ralentis jusqu'à t'arrêter et tu te stationne finalement près de cette dite voiture. Oui, tu l'as déjà vu quelque part... Mais où ? Tu décides de te la jouer à la James Bond et tu pénètres dans la broussaille. Après quelques pas qui te semblèrent prendre une éternité, tu aperçu une silhouette familière se dresser devant toi, adossée contre un arbre. Tu t'approches, sur tes gardes. Et rendu à la hauteur de cette personne, tu te rends compte qu'il s'agit d'Emrys. Un jeune serveur duquel tu t'étais un peu prise du rôle de mère. Tu n'oses pas parler, mais tu te résigne à le faire. C'est soit ça où il fait le saut en te voyant... « Emrys ? Tu vas bien ? » dis-tu, la voix pleine d'inquiétude. C'est comme si tes propres soucis s'était évanouis pour laisser place aux siens. Que faisais-t-il là ? Allais-t-il bien ?